[FB] A friend, A teacher, A brother | PV Aerys

En voilà des vacances qui s’étaient prolongées … Ce n’était certainement pas de gaieté de cœur que le prince aventurier avait respecté à la lettre sa convalescence qui lui demandait de faire un minimum d’efforts. Non, c’était plutôt pour éviter d’inquiéter plus encore ses proches. Il y avait presque matière à croire qu’on lui interdirait de quitter ces quatre murs dans le cas contraire. Plutôt mourir ! La politique, les cortèges royaux, tout cela … ce n’était pas sa tasse de thé.

Maintenant que Zachary avait retrouvé sa liberté puisque sa blessure n’était plus qu’un mauvais souvenir, il comptait bien reprendre l’entraînement afin que ses réflexes ne perdent rien en matière de précision. Quel heureux hasard dans ce cas qu’il croisa Aerys dans le château. Depuis leur mésaventure en forêt, il avait bien réfléchi à un moyen de lui venir en aide sans que cela ne passe pour de la simple pitié. Cela lui éviterait de risquer sa vie pour trouver d’autres ingrédients de potion, d’autant plus que les effets ne perduraient pas, de toute évidence. Un preux chevalier pouvait se targuer de subir la défaite contre une horde de ces monstres terrifiants, il en était la preuve vivante, mais manquer de force et de vitalité par contre, cela devait miner le moral à l’Argenté, s’il choisissait de persévérer dans cette voie. Le Garde Blanc lui avait donc demandé de le rejoindre au camp d’entraînement un peu plus tard en journée si le cœur lui en disait, car il avait besoin d’un partenaire, avant de poursuivre sa route. Ils trouveraient un moyen de réveiller sa force intérieure ensemble, petit à petit, il en était persuadé.

Aller au devant du combat le ventre vide n’était jamais recommandé. Zachary doutait qu’ils en arrivent à la joute, pas dès le premier jour du moins, mais il devait montrer l’exemple, aussi prit-il un goûter léger. Le réconfort d’une liqueur d’ambre devrait attendre après leurs efforts acharnés. Ensuite, il se dirigea vers la caserne et repéra le meilleur endroit pour s’entraîner légèrement en retrait, saluant au passage quelques-uns de ses camarades. La plupart avaient terminé ou presque leur entraînement matinal. Il ne faisait pas trop chaud, toutes les conditions semblaient réunies pour un franc succès. Bien qu’il risquait d’en entendre parler pendant un moment de sa petite absence, que ce soit par pique ou par admiration…

Une silhouette à l’horizon le tira de ses réflexions, ce qui aurait pu finir par le faire grimacer dans le cas contraire. Ou rire. Nous ne le saurions sans doute jamais. Messire Thorvald était arrivé ! Il lui fit de grands signes avec le bras, impossible de le rater, mais ça se saurait si la discrétion était le point fort de ce guerrier inné.

« Ser Aerys ! Approchez, je nous ai pris de quoi faire quelques exercices tranquilles. »

Son visage transpirait la bienveillance. De toute façon, ce n’était pas le matériel qui manquait ici, il suffisait de faire preuve d’un peu d’ingéniosité. Soulever des pots sans les casser devrait être dans la mesure du possible non ? Il fallait bien évaluer l’étendue des dégâts avant de mieux conseiller le Conseiller.

Il le savait, Aerys avait eu de la chance de sortir vivant de sa petite sortie de cueillette. Les chemins et les forêts n'étaient plus surs depuis que des monstres avaient faits leur apparition sur Hyrule. A la base, il n'y était pas allé tout seul mais le garde qui était censé le protéger s'était pris un goblin. Le conseiller avait alors pris ses jambes à son cou - il aurait pu aussi crever après avoir autant couru - mais il s'était fait stopper par un autre goblin alors qu'il était parti se cacher dans la forêt. Ce dernier l'aurait volontiers dévoré tout cru mais heureusement le prince Nohansen était arrivé pile au bon moment. Ce qui n'avait pas empêché Aerys de se faire une légère entorse en tombant dans un trou. Oui un trou. Qui creusait des trous en pleine forêt ? Certainement pas lui. Plus de peur que de mal au final, mais l'hylien avait bien boité avant de reprendre un pas normal. Sans compter bien évidemment sa santé qui s'était dégradé après avoir couru au delà de ses limites. Ce n'était pas qu'il n'était point sportif, c'était plutôt que son corps fragile n'arrivait pas à suivre.
Une fois remis de cette mésaventure, il avait croisé Zachary - son sauveur. Qu'il avait d'ailleurs remercié bien avant de l'avoir sorti de ce mauvais pas. Le garde lui avait alors proposé de venir s'entraîner avec lui. Aerys ne voyait pas vraiment l'intérêt vu son faible taux d'encaissement. Cela dit, il n'avait pas vraiment fait beaucoup d'entraînement depuis son arrivée au palais. Il avait appris à se défendre il y avait quelques années maintenant et même s'il ne pouvait pas vraiment encaisser un coup de poing, il était assez agile pour les éviter. Le conseiller avait donc accepté la proposition, se demandant tout de même s'il avait bien fait. Bien évidemment, il avait fait promettre à Zachary de ne pas en toucher un seul mot à Jacerys. Ce dernier serait bien capable de se moquer de lui en apprenant cela.

Le jour J était arrivé, et pour l'entraînement Aerys avait laissé de côté ses habits de conseiller pour une tenue plus décontracté et légère à porter. Il ne savait pas réellement ce que le prince avait en tête ni ce qu'il comptait lui faire faire. Etait-il nerveux ? Un peu. Si le garde était doué avec une épée, la discrétion n'était pas son fort. Cependant, durant quelques secondes, un sourire d'amusement s'était affiché sur le visage d'Aerys. Si bref, que quiconque l'aurait vu aurait cru avoir rêvé.

- Pas besoin d'alerter tout le royaume. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir le seul homme qui se trouve ici.

Il ne pouvait s'empêcher de le réprimander. Aerys regarda autour de lui avant de poser à nouveaux ses yeux sur son interlocuteur.

- Qu’avez-vous donc prévu ? Je vous préviens, je n'ai pas vos muscles.

Il préférait le prévenir tout de suite même si Zachary avait dû le remarquer tout seul.

À vue de nez, devant la mine renfrognée du chevalier qui approchait, la journée allait être longue. Le léger reproche dans sa voix grave confirmait les doutes. Il en faudrait plus cependant pour démonter Zachary Nohansen et son enthousiasme. Le dernier commentaire qui se voulait peut-être une pique un peu vexée le fit même sourire en coin. Il n’oserait pas se moquer ! Simplement, cet obstacle à lui seul n’était pas insurmontable. Personne ne naît avec autant de muscles. Le corps se travaille, tout comme l’esprit.

« Ne croyez pas à tort que la force brute suffit à décider la victoire ou la défaite. »

Il posa lui-même la main sous son menton, en souvenir de l’attaque qui l’avait mis à mal. La fine cicatrice sur son visage avait pratiquement disparu, ce n’était plus qu’une question de temps. En voilà de bien sages paroles, mais Zachary avait été à bonne école, après tout. Quoi qu’il en soit, il était inutile de remuer le couteau dans la plaie pour le moment. Ce n’était pas en se lançant dans cette entreprise avec une attitude défaitiste ou en se chamaillant pour savoir qui avait raison qu’ils en tireraient des résultats. Certes, le garde blanc avait peut-être sa part de responsabilité dans l’humeur maussade de son ami. Il avait brillé une fois de plus au combat grâce à la volonté d’Hylia qui lui avait conféré ces étranges pouvoirs, ainsi que les yeux d’aigle de son compagnon d’infortune qui avait assuré ses arrières, autant que possible. Devant sa question cependant, le prince ne put retenir un large sourire victorieux, à défaut de lever les bras de nouveau ou au moins les pouces : il allait essayer !

« Pour commencer … Avez-vous déjà essayé de manier une autre arme que l’épée ou la rapière ? »

Le fils de Gabriel désigna de la main le matos qu’il avait emprunté. Il y avait un peu de tout, un fleuret d’escrime bien entendu, sans oublier les armes de jet allant de la lance à la hallebarde. Un arc était beaucoup plus léger, par exemple. Cela permettait aussi de garder ses distances. Sinon, un bon coup sur la tête avec un élan du poignet et on n’en parle plus, ce serait suffisant pour étourdir un adversaire afin de prendre ses jambes à son cou, ou retrouver son cheval pour sauver sa peau. Après tout, la chance finit toujours par tourner, et dans le cas de Aerys, cela pourrait s’avérer fatal s’ils ne trouvaient pas une solution, tant que ces sombres créatures roderaient dans les environs. Le plus simple serait sans doute de ne plus quitter la Citadelle, encore moins lorsque personne ne pouvait l’accompagner, mais c’était le meilleur moyen d’aggraver l’amertume de son frère d’armes.

« Si cela ne vous dit rien, nous pouvons tenter de commencer à améliorer votre endurance avec toutes sortes de poids. Rien de trop lourd, je vous assure. Il y a constamment de l’eau à mener à la cuisine et au lavoir, ou encore pour nourrir les animaux. »

Ainsi, son secret serait sauf. Zachary ne tentait pas du tout de se débarrasser de ses tâches en les confiant à quelqu’un d’autre. Il participerait à l’effort et lui prêterait même main forte en cas de besoin, dans le cas contraire, ils pouvaient ajouter le défi d’un chronomètre ! N’était-ce pas ainsi que faisaient les jeunes poulains avant de devenir des chevaux de guerre ? Hm. Une pomme ou une carotte ne serait probablement pas suffisant comme motivation dans ce cas de figure, mais un bon bol de soupe chaude par contre … Voilà qui était déjà plus alléchant.

Aerys avait haussé un sourcil suite à la réplique de son interlocuteur. Il était au courant que la force n'était pas nécessairement le seul élément qui permettait de définir la fin d'une bataille. Sinon, cela ferait bien longtemps qu'il serait mort enterré ou derrière les barreaux d'une prison. Il avait déjà cherché à pallier ses défauts grâce à son intelligence mais il y avait certaines situations qui ne pouvaient pas bien se passer sans un minimum de force. Le souvenir pas si lointain de sa sortie en forêt était encore bien présent dans son esprit. Si Zachary n'avait pas fait son apparition, qui sait ce qu'il se serait passé pour le conseiller. Cela aurait été dommage de trépasser à cause d'une banale cueillette au champignon. A la base il n’était pas sorti tout seul de la citadelle mais le garde chargé de sa protection avait eu une petite mésaventure sur le chemin qui avait conduit Aerys à s’enfuir dans la forêt.

- Je sais, mais parfois certaines choses nécessitent d'en avoir

Rétorqua t-il non sans un soupir. Aerys se demandait si c'était une bonne idée d'avoir accepté la proposition du soldat. Pas qu'il ne lui faisait pas confiance non plus mais l'autre homme ne semblait pas se rendre compte que le manque de force du conseiller ne dépendait malheureusement pas que de lui. Son corps était faible depuis sa naissance et malgré tout ses efforts durant son enfance pour changer cela et devenir fort comme son frère, aucun résultat n’en était sorti. Alors le jeune Thorvald avait finit par abandonner, laissant les muscles pour Jacerys. Ce dernier était brillant dans tous les domaines depuis toujours, ce qui agaçait le cadet et d’un même temps le rendait admiratif.

- J'ai appris à me servir d'une dague pour pouvoir me défendre un minimum

Et aussi à faire des potions mais ça c'était son petit secret. A défaut de pouvoir attaquer directement ses ennemis, il pouvait les éliminer discrètement sans se fatiguer. Cela dit même si Aerys manquait de puissance, il avait une bonne agilité qui lui permettait d'éviter des attaques. A court terme cependant vu qu'il avait peu d'endurance. Juste assez pour lui permettre de fuir et se mettre en sécurité. En tous les cas, les armes blanches de la taille d'une épée étaient bien trop lourdes pour lui et il s'épuisait très vite rien qu'à les porter. Quant à l'arc, il n'avait jamais essayé car son ancien maître d'arme lui avait déclaré que cela serait trop épuisant pour son corps de tirer une flèche encore et encore. Aerys n'avait pas cherché à le contredire là-dessus à l’époque.

- Vous m'avez pris pour un serviteur ? J'ai accepté de venir car vous m'avez proposé de m'aider à éviter de finir en brochette pour goblins non pour faire les tâches des domestiques.

Il était hors de question de porter de l'eau ou d'aller nourrir les chevaux. C'était peut-être ce qu'on disait de faire aux soldats débutants ou aux écuyers mais Aerys n'était pas un soldat, il était simplement un conseiller qui voulait rester en vie durant un affrontement. Sa seule arme était son intelligence mais étant donné l’avenir qui s’annonçait cela ne serait pas suffisant.
Il y avait surement pleins d’autres moyens de lui faire gagner en endurance sans avoir à faire tout cela. Avec toutes les armes rangées, rien qu’une hallebarde serait un poids idéals pour ses petits bras par exemple. Rien que de la soulever lui demanderait pas mal d’énergie.

Une dague ? Voilà qui ne devait pas lui être très utile contre un adversaire de taille dans un combat rapproché en effet, surtout qu’il était facile d’envoyer valser ce type de couteau pour peu qu’on en possède la force. Cependant, Zachary se garda bien de partager ce  constat, l’humeur du conseiller était déjà assez massacrante sans en rajouter une couche.

Hélas, toutes ses bonnes intentions étaient vaines, apparemment. C’était à se demander comment deux hommes aussi têtus l’un que l’autre allaient s’en sortir. Aerys refusait de retourner à la base pour tenter de bâtir son endurance. Et après il se demandait pourquoi il échouait ? Le jeune Nohansen soupira. La Citadelle ne s’est pas bâtie en un jour ! S’il préférait allait demander des conseils à son frère qui connaissait bien mieux sa situation, rien ne l’en empêchait, si ce n’est l’orgueil. Nul doute que Jacerys leur rappellerait cet échec commun pendant des lunes, s’ils ne trouvaient pas une solution, et il n’est pas dit que les autres maîtres d’armes accepteraient de tenir leur langue. Aussi bien prendre le taureau par les cornes. Littéralement.

« Soit. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenu. »

Le sourire léger et lumineux s’effaça du visage du prince pour laisser place au combattant de renom. Zachary avait essayé la méthode douce. Il était temps de changer d’approche, puisqu’on refusait de le prendre au sérieux, il ne voyait pas d’autre solution. Son rival devrait lui pardonner s’il déboîtait l’épaule de son petit frère a force de l’envoyer au tapis, mais il comprendrait probablement sur le fond. Parfois, il fallait apprendre à la dure. Un véritable ennemi n’hésiterait pas. Il fallait être constamment vigilant. Évidemment, Zachary ne mettait pas toute sa force dans ces mouvements rapides, ce n'était pas nécessaire selon le portrait que l'on venait de lui faire.

« Vous êtes mort. En effet, il y aura du chemin à faire. »

Oserait-il se moquer ? Certainement pas. Espérons que sa voix franche sans être tranchante annonce la couleur plus que son visage stoïque. Il venait simplement de lui faire une démonstration de ce qu’une bonne défense pouvait apporter. Aider les autres à faire des progrès faisait partie de ses tâches en tant que garde, et encore plus en tant que prince. Il était encore temps de rentrer à la maison, la queue entre les jambes. En attendant, Zachary lui tendit la main pour l’aider à se relever, s’il souhaitait recommencer, tenter de se défendre, maintenant qu’il serait sur ses gardes, après tout le but n'était pas de briser ses rêves, cela demanderait juste un peu de patience et du temps. Évidemment, il n’ignorait pas qu’il laissait ainsi une ouverture pour s’attaquer à son point faible, juste en dessous des côtes. La douleur était encore trop récente dans son esprit pour l’avoir oublié dans un simple effort de camaraderie. Il faudrait le vaincre avant de gagner le droit de manier les armes tant réclamées, même si cela signifiait faire preuve de fourberie dans ce cas de figure. Qu’allait choisir Aerys ?

S'il y avait bien un point commun que les frères Thorvald partageaient, c'était celui d'être têtu. L'un comme l'autre n'abandonnait jamais, ce qui parfois pouvait s'avérer être un défaut. Il y avait des jours où Aerys était réellement plus entêté qu'un autre, comme aujourd'hui par exemple. Il avait accepté la proposition de Zachary afin de pouvoir se défendre en cas de besoin, il ne comptait pas s'engager dans la garde. Déjà, ce n'était pas truc d'aller frapper une personne. Sa dague, il ne la sortait qu'en cas d'extrême nécessité, sa lame avait rarement fait couler du sang. Alors lorsque le prince avait demandé au conseiller d'aller chercher de l'eau et de faire des allers-retours afin de la conduire à divers endroits, c'était évidemment avec tout le tact qu'il avait en sa possession qu'Aerys avait refusé. Il n'était pas venu ici pour se tuer dans ce genre de tâche. Ce dernier connaissait sa force et ses limites, il savait parfaitement qu'à part l'épuiser ce genre de tâche était inutile. Tout ce qu'il souhaitait en étant ici, c'était d'apprendre à se battre avec une autre arme ou d'approfondir ses facultés. Sa réponse n'avait pas semblé plaire à Zachary qui n'avait pas perdu un instant pour revêtir son visage de soldat et mettre Aerys au sol. Ce dernier avait maudit son adversaire lorsque son corps avait durement heurté le sol. Il allait encore se retrouver avec des bleus partout, sans compter le reste. Meira allait encore le disputer de ne pas être plus prudent.

- Je n'ai jamais dit que j'étais doué. Je ne suis pas un soldat, évidemment qu'il y a du chemin à faire

Avait-il rétorqué avant de prendre la main tendue par Zachary. Il sentait que ce dernier se retenait tout de même dans ses coups, ce qui était à vrai dire une bonne idée car Aerys n'avait pas envie de finir avec un bras ou une jambe cassés. De plus, Jacerys n'apprécierait surement pas d'apprendre que son cadet s'était fait mal à cause du prince. Quand bien même celui-ci avait évité au conseiller de finir sur le menu d'un goblin. Le conseiller avait compris qu'il était en train de passer un test et qu'il devait le réussir afin que son maître d'arme du jour accepte de passer outre les tâches qu'il voulait lui faire faire et passer directement à l'étape suivante. Maintenant qu'il était prévenu, Aerys pouvait se mettre en position de combat. Le premier round avait été un peu de la triche car Zachary l'avait attaqué sans prévenir.

Si Aerys manquait de force, il était en revanche assez rapide pour éviter les coups. C'était avec son intelligence, la seule chose qu'il avait pour pallier sur ses faiblesses. Concentré sur son adversaire, le conseiller évitait de justesse les attaques même si quelques coups arrivaient à l'atteindre, ses pieds restaient bien ancrés au sol. Tout en combattant il essayait de trouver une faille, car personne n'était invincible et il savait que le prince était blessé quelque part. C'était en tous les cas ce qu'il avait entendu dans les couloirs. Son regard s'était illuminé en remarquant que Zachary avait du mal à tourner son corps vers le côté droit; il avait trouvé la faille. Le conseiller n'eut pas d'autre choix que de se prendre volontairement un coup afin d'être au plus près du prince et concentra toutes ses forces dans sa jambe pour envoyer son pied frappé la blessure de son adversaire.

Le silence s’était donc installé entre eux après cette première joute, certes un peu déloyale, mais dont la leçon porterait certainement ses fruits, une fois la tension et l’émotion mises de côté. Par la suite, il n’y avait que le bruit du vent déplacé par les mouvements rapides des deux hommes qui pouvait se faire entendre, ou peut-être un sifflement de frustration. Zachary ne put empêcher un sourire de s’étirer sur son visage, à mi-chemin entre la fierté et l’amusement. Ne venaient-ils pas de se prouver à tous les deux que la tâche n’était pas aussi colossale qu’ils pouvaient se l’imaginer ?

Ils continuèrent donc encore quelques minutes l’enchaînement. Aerys ne s’en sortait vraiment pas mal, et le but n’était pas de s’épuiser. Le Garde Blanc avait d’ailleurs lui-même promis de se ménager lorsqu’il reprendrait peu à peu ses fonctions, bien que Zelda avait besoin de lui, à ses pleines capacités. Au moins, le moindre mouvement ne le faisait plus souffrir ! Le cousin de la princesse réussit même finalement à atteindre sa cible de nouveau. Cela suffirait pour le moment. L'endurance ne semblait pas être un problème sur le court terme, du moins, le cadet de la maison d’opale savait anticiper les attaques. Ils pouvaient travailler là-dessus pour créer une riposte efficace.

Malheureusement pour le prince, cette ouverture était précisément ce qu’attendait son partenaire de combat afin de lui rendre la monnaie de sa pièce. Zachary s’attendait à ce que sa blessure soit encore sensible, étant donné que ses gestes demeuraient légèrement ralentis et tendus, mais pas à ce point. Cela lui prit un court moment avant de retrouver sa voix pour ensuite se redresser correctement, plutôt que garder les mains sur ses genoux.

« Je suppose que je l’ai bien mérité, celle-là. Je propose de faire une courte pause. »

Zachary s'efforçait de rester poli, en plaisantant de la sorte, mais c'était le type de situation dans laquelle il n'hésiterait pas à insister sur le fait que sa proposition n'en était pas vraiment une, bien qu'il n'aimait pas abuser de son rang, étant donné qu'il n'était après tout qu'un cousin de la branche royale. La prochaine fois, il se contenterait de superviser, en attendant d'être remis sur pied. Oh, en effet, il savait ce qu'était une blessure d'orgueil. Pendant qu'il reprenait bien son souffle en portant le petit seau à ses lèvres, non sans grimacer légèrement une dernière fois, il n'arrêtait pas de réfléchir à la prochaine étape pour redonner confiance au Conseiller et, surtout, lui donner une chance de pouvoir défendre sa vie sans avoir à constamment se fier aux autres.

« Avez-vous une affinité particulière avec la magie, ser Aerys ? C’est un avantage non négligeable. »

Il espérait qu’il ne s’agissait pas d’un autre sujet sensible. Cependant, de cette façon, ils pourraient peut-être tourner la page et se concentrer sur ce qui était réellement important. Ces petits incidents faisaient partie de la vie de chevalier.

Un sourire satisfait s'était affiché sur le visage du conseiller en voyant que son coup avait fait mouche. Cela apprendra à ce soldat de l'avoir sous-estimer et de lui avoir proposé de faire des tâches ingrates. C'était le seul mot qui lui venait à l'esprit en y songeant et surement que Zachary se serait indigné de les catégoriser de cette façon. Mais s'il y avait bien une chose chez Aerys, c'était qu'il se moquait bien de ce que son entraîneur du jour pensait. Il n'était pas venu jusqu'ici pour subir le même entraînement que les petits soldats du coin mais uniquement pour pouvoir se défendre tout seul si jamais il se faisait attaquer. Aerys ne comptait pas devenir un membre de la garde et encore moins de participer à une bataille. Il avait déjà suffisamment à faire avec son travail actuel et les monstres qui semaient la zizanie. Rien à voir avec de simples bêtes sauvages, ils étaient même pires qu'eux.

- D'accord

Une pause ne se refusait pas après avoir mis autant son corps à l'épreuve et il avait senti que ce n’était pas une proposition de la part de l’autre homme. Même si Aerys tenait encore sur ses jambes et s'était assis avec dignité il était tout de même au bout du rouleau et aurait volontiers fait une petite sieste dans ses appartements. A la place il se contenta de se servir de l'eau dans l'un des uniques verres en métal, grimaçant de dégoût en voyant Zachary porter directement le seau à ses lèvres. Est-ce qu'il était vraiment un prince ? Si jamais il osait faire cela dans son enfance devant son père, ce dernier l'aurait surement frappé fortement pour ses mauvaises manières. Aerys avait appris à bien se tenir dans toutes les circonstances car on ne savait jamais qui était réellement notre interlocuteur.

- J'ai en effet, comme mon frère, une affinité avec l'élément électrique.

Mais rien à voir avec les pouvoirs utiles que Jacerys avait. Encore une preuve que ce dernier était décidemment meilleur pour tout. Même la déesse Hylia n'avait pas été capable de se montrer équitable. Le conseiller ne laissa pas pour autant Zachary s'interroger longtemps sur les capacités magiques d'Aerys. Ce dernier tendit sa main vers le visage du prince, et du bout de son doigt lui donna un léger coup électrique qui n'était pas du tout mortel actuellement.

- C'est tout ce dont je suis capable de faire. Et n'essayez pas de me dire que je peux le développer, j'ai déjà essayé sans succès. J'ai fini par accepter que mon pouvoir soit à la hauteur de ce que peut endurer mon corps. Imaginez si j'étais capable de produire une boule électrique, cela serait dommage que je meurs de fatigue dans le processus non ?

Ce n'était pas totalement vrai qu'il avait accepté d'être aussi inutile en magie qu'avec ses poings mais...il n'avait pas d'autres choix de toute manière que de faire avec. Aerys n'avait pas encore trouvé de potions ou autre réponse pour level up sa magie.
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Le petit choc foudroyant contre son nez l’avait surpris et le fit grimacer, n’ayant pas eu l’occasion de reculer à temps, mais heureusement ce n’était pas trop douloureux, d’un autre côté, le prince était soulagé que son pouce ne trempe plus dans l’eau de son verre improvisé ou bien il n’aurait pas pu éviter les cheveux hirsutes et, cette fois, Aerys aurait eu bien raison de se moquer sans retenue. Pourtant toute cette journée partait de bonnes intentions !

Zachary n’était pas un homme qui se décourageait facilement quand il avait une idée derrière la tête, mais il fallait avouer que les cartes distribuées par le destin à notre pauvre homme ici présent n’étaient pas les meilleures qui soient … Ils allaient devoir se creuser les méninges tous les deux pour trouver une solution à ce problème d’endurance. S’il le fallait, Zachary était prêt à se lever à l’aurore tous les matins pour l’encourager à faire la course ! Cela faisait partie de son code d’honneur après tout d’aider ses camarades.

« Soit, nous ne saurions nous passer de votre présence, ser Thorvald. »

De la part de quelqu’un d’autre, cette petite taquinerie ponctuée d’un sourire léger aurait pu être reçue comme une pique désagréable, mais Zachary était honnête. Ce n’était pas n’importe quel manant qui pouvait siéger au Haut Conseil auprès de son oncle. Le cousin de Zelda était suffisamment au fait de la vie à la Cour pour savoir que le cadet de la famille présentait des points de vue parfois tranchés mais rafraîchissants, du moins, c’était ce qu’il en avait retenu. S’il savait … Zachary admirait aussi la ténacité de cet homme qui aurait pu abandonner la voie du chevalier pour se concentrer uniquement sur son rôle de conseiller. Alors, s’il lui demandait des conseils, il ne pouvait que lui indiquer la direction qui lui semblait la meilleure, même si chaque fois, il devait se heurter à un mur.

« Et si vous cessiez de vous comparer à Jacerys pour commencer ? »

À son tour de faire mouche, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Franchement, si le protecteur de la princesse avait voulu entendre parler de son rival toute la journée, il serait allé directement trouver le principal concerné pour reprendre l’entraînement, mais cela signifiait probablement qu’il aurait eu à subir des reproches ou des railleries. Après tout, était-ce la vanité qui avait poussé le Nohansen à foncer tête baissée vers le danger pour se retrouver ainsi blessé et lui donner plus de travail ?

« Vous n’êtes pas votre frère. Je ne suis pas Zelda. C’est comme cela. » conclut-il dans un haussement d’épaules en interrompant toute protestation supplémentaire qui pourrait s’élever entre eux. Est-ce qu’une telle clairvoyance étonnait le jeune homme ?

D’accord, cette fois, le prince d’Hyrule tendait peut-être aussi la perche pour se faire ridiculiser, mais il préférait qu’ils puissent en rire s’il était question de le comparer à la demoiselle. Cela leur ferait du bien à tous les deux après autant de sérieux, va. Dans le cas contraire, il pouvait toujours répondre à quelques questions.

« Vous n’avez pas soif ? » demanda-t-il finalement, étonné, comme si c’était tout naturel d’agir de la sorte. En un sens, ce l’était pour lui qui avait été bien obligé de vivre à la dure pendant ses deux années de voyage à découvrir son beau royaume et puis ils n’étaient pas tout à fait soumis aux regards de tout un chacun, alors autant que cette pause leur profite à tous les deux. C’était justement le but, apprendre à vivre de ses propres moyens loin de la supervision de la Cour et grand bien lui fasse si cela lui demandait de faire preuve d’ingéniosité ! Le petit prince n’avouerait pas à voix haute que ce train de vie lui manquait parfois mais de toute évidence cela avait fait son œuvre et, avec de la chance, n’en ferait qu’un homme meilleur, attentif aux besoins du petit peuple. Zachary avait cru qu’en mettant légèrement de côté les convenances, sans exagérer évidemment, cela prouverait peut-être à Aerys qu’il n’avait pas besoin d’être autant sur la défensive en sa présence, mais peut-être s’était-il trompé ? Certes, ils n’étaient pas non plus sur un champ de bataille. Une légère panique commençait à s’installer dans ses veines et il avait de la difficulté à demeurer assis et immobile plus longtemps, mal à l’aise de son faux pas, se demandant bien comment il allait réussir pour qu’Aerys garde le silence bien que recourir au chantage ou à des menaces ne lui aurait pas traversé l’esprit, s’il suffisait de si peu pour mettre à mal les fondations de leur famille respectable ou encore de nombreux faits d’armes et de courage. Parfois, il lui arrivait encore d’oublier qu’il restait un prince avant un soldat, et un chevalier avant un homme.

Aerys n'était certainement pas l'élève à lequel s'était attendu le prince. Il était pas du tout coopératif aux propositions données et restait campé sur ses positions en refusant de faire le larbin. Il ne voyait pas en quoi allez chercher de l'eau et en ramener ici allait lui apprendre à se défendre. C'était la raison de sa présence dans cette cour d'entraînement. Le conseiller savait pertinemment qu'essayer de lui faire gagner de l'endurance était peine perdue, il avait fini par s'y faire. S'il n'avait pas la force d'un colosse, il avait une cervelle bien meilleure. Savoir combattre par l'esprit était aussi une belle arme mais contre des monstres, c'était un peu...perdre son temps. Enfin, Aerys n'avait pas vraiment envie de revivre ce qui s'était passé lors de sa dernière sortie. Si Zachary n'était pas venu à son secours, il aurait servi de dîner à un goblin. Il tentait en tous les cas de faire comprendre à son interlocuteur qu'il était à son maximum et ce n'était pas dans la magie non plus qu'il fallait aller chercher. Une simple pichenette électrique en exemple.

- Effectivement, et vous n’aurez pas seulement le roi sur le dos mais aussi mon frère si jamais il m'arrivait quelque chose de fâcheux.

Du moins, osait il croire que Jacerys pensait encore à lui comme un frère. Un doute qu'il avait depuis pas mal d'année et n'avait pas non plus cessé de grossir dans son esprit depuis qu'il s'était retrouvé face à lui à la citadelle. Heureusement, étant tous les deux occupées par leur travail respectif, il était rare de les voir se croiser en dehors de la salle du conseil.

- Non en effet vous ne l'êtes pas.

Avait-il rétorqué d'un ton sec en dévisageant Zachary. Il n'allait pas nier qu'il avait la manie de toujours se comparer à son aîné, ce qui ne l'aidait pas non plus à se sortir de son mal être et de sa colère envers Jacerys. Leur père n'avait pas vraiment non plus mis du sien là-dedans, trouvant formidable chaque décision, chaque action de son plus vieux fils encore vivant. Derrière, il y avait Aerys, qui essayait tant bien que mal de se faire une place, de se faire une fois dans sa vie complimenter mais...le mot "fier" n'avait jamais franchi les lèvres du paternel en voyant le plus jeune.

- Même si vous avez accepté le fait que vous n'êtes pas votre cousine, je suis certains que vos parents n'ont eu de cesse de vous comparer à elle non ? Que cela soit il y a peu de temps ou dans votre enfance. D'autant plus que vous êtes un prince et que peut-être un jour Hyrule vous reviendra.

Aerys espérait que non, il croisait les doigts pour que rien n'arrive au roi Rhoam qui faisait de son mieux pour diriger son pays. Quant à sa fille et bien...elle était destinée à prendre sa suite mais le conseiller ignorait pour le moment si elle avait les épaules pour. Surement était-elle au moins, moins stupide que son cousin.

- Être un soldat ne vous oblige pas pour autant à vous conduire comme un porc sir Nohansen.

Rajouta-t-il en lui tendant une choppe en métal. Ce n'était en tous les cas pas Aerys qui allait boire à même un seau. Il avait certes soif, mais pas au point de se jeter dans un puits.

Alors qu’il ne cherchait qu’à encourager le jeune homme à voir au-delà de ses difficultés, voilà que cela se retournait contre lui. Zachary perdit doucement son sourire taquin, fixant son reflet dans l’eau entre ses mains, légèrement rembrunit et bien plus silencieux qu’il en avait l’habitude par le fait même. S’il y avait bien un sujet qu’il abhorrait, c’était qu’on lui rappelle ces responsabilités qui le rattraperaient peut-être un jour. Pour sa part, il avait tiré un trait là-dessus depuis longtemps et cela lui allait très bien ainsi. Pourquoi Zelda ne devrait-elle pas régner ? Elle était la fille de leur roi légitime et était l’exemple parfait d’une Dame de la Cour. Les confidences que lui avaient faites sa cousine lui revinrent en tête, ce qui lui fit froncer les sourcils, le doute pesait lourdement sur ses épaules depuis la lune de sang. Devrait-il vraiment se pencher sur des menaces invisibles au sein même du royaume à présent en plus des mille dangers qui entouraient déjà la jeune princesse lorsqu’elle quittait le château pour visiter la Citadelle à ses côtés ? Avait-il été si naïf, sans même s’en rendre compte ? Avait-il échoué dans son devoir ? Il n’abaissa pas les épaules pour éviter de nouvelles remontrances et parce qu’il avait plutôt tendance à dissimuler ses moments de faiblesse, tout comme il ne se laissait pas décourager aussi facilement, mais il y avait là de quoi réfléchir.

Il ne fallait pas s’étonner dans ce cas que le reproche suivant sonnait comme une insulte à peine voilée aux oreilles du prince. C’était son rôle d’être conseiller après tout et Aerys prenait visiblement son rôle très à cœur puisqu’il avait été offensé par la plaisanterie un peu maladroite. Un autre homme plus sensé aurait mis fin à cet échange avant qu’il ne devienne trop désagréable et que les mots dépassent la pensée. Cependant, la pique était peut-être méritée et pour être honnête … Il était tentant de vérifier si le chevalier n’avait vraiment aucun humour ou s’il faisait exprès pour se montrer aussi grognon, pour mettre un frein à l’enthousiasme du Nohansen ou par simple esprit de contradiction. Ce n’est sûrement pas le premier venu qui aurait osé en faire de même.

« Compteriez-vous me mettre dans l’embarras en racontant cette histoire au premier venu ? »

Un rire tonitruant s’échappa du gosier du blond tandis qu’il acceptait bon gré l’offrande tendue, remplissant la première choppe avant d’en chercher une autre pour l’offrir à celui qui venait de lui faire une petite piqûre de rappel. Comme quoi il n’était jamais trop tard pour apprendre à un vieux singe à faire la grimace, et voilà que l’entrainement prenait une tournure bien différente pour faire la leçon à Zachary ! Ah ça, il ne s’attendait pas à autant d’audace du frère plus en retrait des deux, mais finalement il ressemblait bien à Jacerys sur certains aspects ! Maintenant, il restait à voir s’il n’était qu’à moitié sérieux ou s’il allait demander quelque chose en échange de son silence. Le prince l’écouterait quoi qu’il en soit. Il n’avait pas d’autre choix à moins de concéder la défaite pour rebrousser chemin, en attendant que leur petite pause se termine.

Il n'était que le conseiller du roi, Aerys n'en voudrait pas à son interlocuteur s'il se faisait remettre à sa place. Du moins en apparence, car tout ceci n'avait pas été dit simplement pour blesser Zachary mais aussi lui rappeler qui il était. Certes, il n'avait pas choisi de naître prince et peut-être préférerait-il être sur un champ de bataille jusqu'à la fin de sa vie plutôt que sur un trône. Mais personne ne choisissait à vrai dire sa naissance, malheureusement. Et encore moins son destin pour certaines personnes. Aerys en faisait partie. Depuis qu'il était né on lui avait dit qu'il serait conseiller, ne lui laissant jamais réellement le choix de suivre un autre chemin. Jamais, le jeune Thorvald n'avait cherché à contredire son père, de crainte surement de le décevoir ou de s'en prendre une. Et le voilà finalement, à la place de son paternel auprès du roi d'Hyrule. Cependant, Aerys aspirait à quelque chose de plus grand, sans toutefois réussir à mettre un nom dessus. Son épouse était la première personne à l'encourager à se dépasser. Pas forcément dans un objectif de faire le bien cela dit mais ce n'était pas quelque chose que le conseiller se souciait. Il croyait dur comme fer qu'il méritait bien plus que sa position actuelle, et si pour cela il devait brosser la royauté dans le sens du poil, qui l'en soit ainsi. Cela n'allait pas le tuer. Si Aerys n'avait pas la force d'un guerrier, il pouvait se montrer aussi fourbe qu'un serpent pour arriver à ses fins. Il n'avait pas de sang sur les mains, pas encore.

Ce qui était à la base un entraînement de défense pour le conseiller, était devenu autre chose. La vérité, c'était qu'il n'appréciait pas vraiment le comportement de Zachary. Ce dernier lui avait demandé s'il comptait raconter à tout le monde ce qu'il venait de se passer. Aerys avait haussé les sourcils, alors que son interlocuteur s'était mit à rire. Non, décidément, il n'arrivait pas à suivre le prince.

- Pensez-vous vraiment que je sois ce genre de personne ?

Demanda t-il avec un léger sourire, acceptant le verre remplie d'eau. Voilà qui était bien mieux.

- Si je me suis permis de vous reprendre c'était uniquement pour votre bien, pas pour crier sur tout les toits votre comportement...Disons que cela sera notre petit secret

Rajouta t-il avant de cogner doucement sa choppe contre celle de Zachary. Un secret pas vraiment intéressant mais visiblement le prince tenait à son image, et c'était toujours bon à savoir. Quand on trouvait une faille il ne fallait pas hésiter à s'y engouffrer et s'en servir. C'était toujours utile pour plus tard. Aerys ignorait encore ce que le destin avait prévu pour le prince en cet instant. Ni que ses pensées allaient changer dans le futur.

Le prince ne pensait pas à mal, en laissant libre cours à ses pensées entre ses lèvres rieuses de jeune homme éhonté. À vrai dire, il n’avait pas vraiment réfléchi avant de prendre la parole. Il avait l’habitude que les autres lui pardonnent son comportement. Il était un bon vivant et il était donc évident que ses intentions n’étaient pas mauvaises. Enfin … habituellement. Son public actuel était plutôt sévère et n’entendait pas plaisanter en compagnie d’un petit fanfaron. Au moins cela répondait à la question qu’il se posait quant à l’humour de son compagnon d’armes, à moins qu’il soit vraiment pince-sans-rire.

Zachary pencha légèrement la tête face à la question qui lui était posée, songeur. Cette fois, il n’aurait pas d’autre choix que de mesurer ses mots. Que pensait-il d’Aerys ? Eh bien … pour être honnête, il lui cassait un peu les pieds aujourd’hui, mais c’était surtout parce que le grand blond n’aimait pas avoir tort ou encore que ses erreurs soient mises en évidence de la sorte.

« Je vous remercie pour votre discrétion. » répondit-il plus humblement. Une chose est sûre, personne ne pourrait lui reprocher de manquer de politesse.

Son large sourire n’était pas encore revenu sur son visage, car il se sentait encore légèrement embarrassé. Il se contenta donc de vider son verre avant de tenter quelques étirements simples avec son bras pour tester l’état de sa blessure. Il avait fait une promesse après tout … Il devait donc se ménager, mais son partenaire d’entraînement ne tenterait sûrement pas une attaque si déloyale une deuxième fois. Maintenant qu’il pouvait recommencer à s’entraîner un peu tous les jours, il aurait bien vite retrouvé son endurance habituelle. Du moins, il l’espérait de tout son cœur … Les médecins de la Cour lui avaient assuré que ce n’était rien de grave. Eleanor ne lui avait pas vraiment laissé le choix de recevoir un avis professionnel, mais après tout, seul un fils indigne l’aurait laissée se faire du souci alors que ce n’était pas nécessaire.

« Et maintenant ? »

Toutes ses idées brillantes avaient été refusées jusqu’à présent. Le mentor temporaire n’allait pas non plus s’assurer qu’il avait une alimentation équilibrée avec beaucoup de viande, en tant que noble, il était évident que ce n’était pas les vivres qui pouvaient lui manquer. Si messire Thorvald voulait tout arrêter là, parce que cela n’en valait pas la peine à ses yeux, eh bien, cela pouvait être leur petit secret aussi, mais cela n’exploitait pas pourquoi il s’était présenté ici. Dans le cas contraire, Zachary était ouvert à toute proposition afin de reprendre cet entraînement. Tous les autres maîtres d’armes avaient abandonné et pourtant, celui-ci ne semblait pas encore tout à fait prêt à laisser tomber son camarade même s’il en avait déjà fait les frais. À l’impossible nul n’est tenu !

N’était-ce pas un enseignement en lui-même que rester ouvert à un nouveau point de vue ?

Malgré ses paroles rassurantes, cela se sentait que Zachary n'était pas détendu pour autant. Qu'est ce qu'Aerys pouvait bien dire de plus ? Il était simplement un conseiller pas sa nourrice et donc nullement chargé de rapporter des problèmes comportementaux à qui que ce soit. Malgré tout, le prince était un adulte majeur et depuis bien longtemps d'ailleurs. Plus proche de la trentaine que de la vingtaine, mais on disait que parfois la tête ne suivait pas. Toutefois Aerys savait que son interlocuteur agissait en tant que soldat lorsqu'il le fallait. Etait-ce mal de se laisser allez finalement pendant quelques heures lorsqu'il n'y avait personne ? Lui-même avait fait preuve d'enfantillage lorsque son père avait eu le dos tourné autrefois. Ce n'était pas amusant de rester coincé dans une pièce avec seulement des livres pour passer le temps. Regarder Jacerys s'entraîner dans le jardin par la fenêtre avait été plus intéressant mais lorsque son paternel l'avait attrapé en flagrant délit, on ne l'avait plus revu faire cela suite à la soufflante qu'il s'était pris.

- Vous savez il n'y a rien de mal à laissez tomber pour quelques instants l'habit qui nous habille. D'être tout simplement...Zachary par exemple.

Il tentait de rendre plus à l'aise ce dernier. Peu certains d'y arriver ni même si le jeune homme allait comprendre ce qu'il voulait dire. Ce n'était pas non plus évident de laisser tomber l'armure, le masque qu'on avait longtemps forgé et porté. Aerys en savait quelque chose là-dessus, hissé en tant que conseiller auprès du roi, gagner sa confiance pour grimper plus haut encore et obtenir sa revanche, quitte à trahir sa famille pour cela. Loin de se douter de l’objectif du plus jeune des Thorvald et de son épouse.

- Ne m'avez-vous donc pas fait quérir pour m'apprendre à me défendre ? Je sais que j'ai refusé toutes vos pratiques d'échauffement. J'ai simplement besoin d'apprendre quelques trucs en cas de problèmes. Je ne demande pas à être aussi fort qu'un soldat. Je vous ai vaincu uniquement parce que vous étiez blessés, sinon je serai certainement encore sur ce sol.

Expliqua t-il avant de se lever, posant sa chope sur la table, pour tendre sa main vers Zachary afin de remettre debout ce dernier sur ses pieds. La pause était terminée, il était l'heure de se remettre à l'entraînement. Aerys ne pouvait pas non plus rester ici jusqu'à ce qu'il fasse nuit, il avait du travail qui l'attendait. Honnêtement, cela lui faisait du bien de sortir sa tête des parchemins et des sujets en cours. Puis le prince n’était pas de si mauvaise compagnie finalement.

Proposition épineuse que voilà, celle d’être lui-même tout en respectant les règles d’étiquette et de conduite de la Cour. Il devait sans aucun doute y réfléchir un peu plus longuement. Le prince appréciait cependant les efforts du conseiller qui semblait avoir réalisé qu’il était peut-être allé trop loin dans sa démarche pour rappeler à l’ordre plutôt brusquement le jeune homme avec une insulte tout de même non négligeable. Forcément, ce n’était pas en poursuivant dans cette voie qu’il obtiendrait les faveurs de l’Hylien. Bien qu’il lui avait proposé de son plein gré et avec enthousiasme de l’entraîner, le vent avait tourné depuis le début de la journée et Zachary commençait à se demander si c’était vraiment une bonne idée. Courage. Cela ne devrait pas être beaucoup plus pénible que supporter la voix monotone de l’un de ses professeurs lorsqu’il était plus jeune. Une de ses leçons lui revenait d’ailleurs en tête en cet instant. Un bon prince se doit toujours d’être à l’écoute de son prochain et prêt à lui tendre la main. En ce cas, il était curieux de découvrir ce qu’Aerys Thorvald attendait précisément de lui.

Une dague … oui, Zachary se souvenait d’avoir aperçu le reflet du métal lors de leur malencontreuse promenade qui aurait bien pu avoir une issue plus tragique, pour l’un comme pour l’autre. Ce plat avait tout intérêt à avoir été délicieux. Après tout, même si le prince faisait partie de la Garde Blanche et avait été couronné de nombreux succès à l’épée, il n’était pas invincible pour autant. Sa blessure récente en était la preuve. Il continuait d’ailleurs à se faire du souci quant à ce qui serait fait ou non pour sécuriser le royaume contre ces monstres et s’il ne faudrait pas monter une brigade spéciale affectée à ce combat de tous les instants, ou à construire de nouvelles murailles autour des villages, à tout le moins, mais ces décisions n’étaient pas de son ressort, hélas. Il ne pouvait faire que quelques suggestions, lui aussi, souvent prises à la légère, il en avait bien peur. Il avait donc espéré que sa présence soit plus utile aujourd’hui, à l’entraînement, et jusqu’à maintenant, il n’avait pas l’impression que c’était le cas.

Le combat rapproché comptait ses avantages et ses inconvénients. La balance penchait davantage du mauvais côté lorsqu’on prenait en compte tous les éléments de la présente situation. Cela demandait de la vitesse, de la précision et de la force. Le prince en était conscient puisqu’il avait testé ces deux types de réplique pendant sa propre formation avant de favoriser l’épée. C’est pour cette raison qu’il avait commencé par proposer de se tourner plutôt vers un arc ou une arbalète, au moins le temps que l’endurance s’améliore un tant soit peu chez son confrère. Toutefois, Zachary savait par expérience qu’il ne fallait pas s’avouer vaincu devant un défi après le premier échec. La Citadelle ne s’était pas bâtie en un jour ! Ainsi, il acceptait de donner quelques conseils comme demandé.

« Tout est une question d’équilibre, souvent, vous savez. »

Déstabiliser un adversaire pouvait décider de la victoire ou de la défaite, même si ce n’était que pour percer une défense. Il fallait savoir profiter de l’élément de surprise et de la moindre inattention, et donc, rester à l’affût. Tous les monstres n’avaient pas le même degré d’intelligence, et pourquoi devrait-il en être autrement, alors que c’était également le cas pour tous les peuples d’Hyrule ? D’ailleurs, même les bandits et les mercenaires n’étaient pas forcément à mettre dans le même panier … mais Zachary était en train de s’égarer parmi ses pensées, là, et il ne voulait pas encore avoir l’air de prendre les choses à la légère par simple distraction. Il restait encore à voir si le tout pouvait être mis en application.

« J’avais fait préparer un épouvantail si vous vous sentez l’envie de mettre ceci en pratique. »

Ce sera moins douloureux, autant pour le bon prince que pour le chevalier obscur. Et il en profitera pour s’assurer discrètement que sa posture ne ressemblait pas à n’importe quoi parce que dans ce cas il commencerait à se poser de sérieuses questions à propos des maîtres d’armes qui avaient pris l’Argenté sous leur tutelle quant à leur incompétence, mais pour le moment, il devait faire preuve de patience et aider de manière honnête, mais diplomate. Dire que c’est lui qui évitait autant que possible les dîners à saveur politique de sa famille …

Il n'était pas évident de reprendre sa place dans une telle situation. Toutefois Aerys espérait que le prince n'allait pas lui en vouloir pour son attitude un peu trop franche et inapproprié surement. Le conseiller n'avait voulu après tout agir uniquement pour le bien de son interlocuteur. Ce dernier n'était pas qu'un simple chevalier mais représentait aussi la Couronne sans être cependant au premier plan. A la base, Aerys était venu suite à la demande de Zachary pour l'entraîner à se défendre. Effectivement, se balader tout seul en ces temps sombres était compliqué pour l'hylien qui n'avait pas vraiment les compétences pour échapper à un goblin affamé. Sans l'intervention du prince surement serait-il déjà à l'heure actuelle dans un autre monde. Aerys espérait donc apprendre quelque chose avant de devoir retourner à son travail mais cela ne semblait guère d'actualité vu la motivation inexistante de son professeur du jour. Le conseiller ne souhaitait pas être en froid avec son interlocuteur qui lui avait sauvé la vie après tout. Aussi avait-il proposé de lui-même de reprendre l'entraînement ou tout du moins la raison qui faisait qu'ils étaient tous les deux-là.

- D'équilibre ?

Répéta-t-il, pas vraiment sûr de comprendre où voulait en venir Zachary. Il était évident qu'avoir deux pieds gauches n'aidait pas dans un combat mais le conseiller estimait que de ce côté-là, c'était pas mal. A vrai dire, bien que peu résistant Aerys avait une bonne esquive.

- D'accord faisons cela.

Approuva-t-il avec un sourire avant de laisser Zachary tout mettre en place. Cela faisait longtemps qu'Aerys ne s'était pas entraîné mais il avait une bonne mémoire et se rappelait les paroles de son ancien maître d'arme. Même si ce dernier avait rapidement abandonné l'idée d'apprendre au jeune hylien de l'époque à se battre, ce dernier avait continué à le faire seul durant quelques semaines avant de se faire reprendre par son père pour se plonger dans des activités plus intellectuelles.

Une fois son faux adversaire prêt, Aerys s’était donc mis en position de défense d'abord comme on lui avait appris afin de jauger son adversaire avant de passer à l'attaque.

Comme tout bon mentor qui se respecte, Zachary observait attentivement le chevalier qu’il avait pris sous son aile pendant ce nouvel exercice, bien que l’heure avançait et que d’autres camarades se trouvaient sûrement dans les parages.  Certes, le prince aimait s’amuser et même taquiner ses proches, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’il était incapable de faire preuve de sérieux, surtout lorsqu’on comptait sur lui, comme c’était le cas en ce moment.

Il tâchait de garder en mémoire les conseils qu’il avait lui-même reçu pendant son adolescence, par ses maîtres d’armes et son père, tous de valeureux guerriers que Zachary admirait. Il donnait alors ses conseils au fur et à mesure, d’une voix calme et patiente. Il fallait écarter un peu plus les genoux, garder le dos droit et maîtriser sa respiration. Une dague était une arme légère parfaite pour le combat rapproché. Cela avait ses avantages comme ses inconvénients, mais Aerys n’avait probablement pas assez d’endurance pour soulever un autre équipement sans que ses mains ne tremblent, donc il fallait s’en contenter. Il fallait juste déstabiliser l’adversaire et viser juste au niveau de quelques points vitaux ou non.

« Vous ne vous en sortez pas trop mal. »

C’était un véritable compliment venant de la part d’un homme aussi humble que Zachary Nohansen. Toutefois, les compliments ne sont pas tous gratuits et généreux. Il y avait un « mais » qui semblait flotter dans l’air entre eux, aussi, le prince préféra éviter de tourner davantage autour du pot.

« Vous m’avez prouvé que vous aviez l’intelligence nécessaire pour réagir en cas d’attaque et trouver un point faible pour vous défendre même si ce n’est que pour une pirouette. Alors que s’est-il vraiment passé dans cette forêt, dans votre esprit, et dans votre cœur ? » demanda-t-il à voix basse, un peu comme il l’aurait fait pour un enfant. Ce n’était pas exactement un reproche, juste une curiosité et une inquiétude sincère. N’avait il pas de raison de se battre pour sa vie ? Qu’avait-il réussi à faire avant que le prince ne se porte à son secours ? Ce n’était sûrement pas des souvenirs agréables à se remémorer, lui-même avait ressenti ce sentiments d’appréhension face au monstre. « Je n’ai pas à connaître la réponse. Je ne considère pas que vous avez une dette envers moi non plus. Je n’ai fait que mon devoir après tout. À vous d’en retirer des leçons ou non. » ajouta-t-il en haussant vaguement les épaules. Ils n’étaient pas forcément de proches amis jusqu’à présent, juste des camarades d’entraînement, sinon Zachary se serait sûrement senti moins mal à l’aise plus tôt, sachant que le conseiller pouvait comprendre ce dilemme entre ce qu’il fallait montrer aux autres et ce qui se pouvait bien se cacher au fond de son cœur. Évidemment, si le chevalier d’argent choisissait de lui répondre, il aurait alors le droit de poser à son tour une question indiscrète, selon les lois de la courtoisie. Dans tous les cas, ce serait sans doute suffisant pour cette première journée, à moins de les surprendre tous les deux, mais le Garde Blanc avait ses propres pensées et préoccupations …

Quoi qu’il en soit, en somme, Zachary était simplement soulagé d’avoir été présent au bon moment pour éviter que le malheur ne fauche une lumière de plus dans la Citadelle. Et cela valait aussi pour Jacerys, quand bien même le prince continuait à être méfiant de ses intentions envers sa chère cousine et légèrement contrarié de ne pas être suffisant pour assurer la garde personnelle de la princesse. Il apprendrait sans aucun doute le prix de cette arrogance, un jour.

C'était étrange de voit Zachary aussi sérieux mais à défaut de faire un bon souverain, il était un bon maître d'armes. Cela se voyait dans son regard qu'il avait cessé de le voir comme le conseiller moralisateur mais plutôt comme l'un de ses élèves. Aerys était grandement satisfait de ce changement de comportement, il détestait qu'on ne le prenne pas au sérieux, surtout lorsqu'il y mettait du sien. Si au début, cet entraînement avait mal démarré avec des échauffements qui étaient aberrants pour le plus vieux, à présent la pratique avait pris un virage plus sérieux. Aerys était bien décidé à montrer ce qu'il savait faire, qu'il n'était pas venu simplement par caprice mais avait réellement besoin de savoir se défendre durant un combat. Il ne pouvait rien faire contre son manque d'endurance mais au moins réussir à fuir la mort ou gagner du temps jusqu'à l'arrivée des renforts. Il écoutait donc les conseils de Zachary tout en malmenant le mannequin qui lui servait d'adversaire. Son corps commençait à lui rappeler qu'il avait des limites et ses coups se faisaient aussi moins précis. Son entraîneur du jour avait surement remarqué que Aerys était au bout de sa vie et ce dernier ne se fit pas prier en arrêtant pour se tourner vers son interlocuteur. Les joues rouges et le visage en sueur, le conseiller n'avait pas lambiner sur ses efforts. Il essuya son front humide à l'aide de sa manche, remerciant d'un sourire le compliment même s'il sentait le "mais" à la fin.

- Oh...Vous pensiez que j'avais volontairement couru vers la mort ?  

Aerys n'aurait jamais pensé que le prince se serait imaginer une chose pareille et cela se voyait sur son visage surpris. Le conseiller n'avait jamais montré aucun signe de ce genre là même s'il paraissait surement un peu dépressif parfois.

-  En fait, je confectionne moi-même mes potions de santé. Un soldat m'accompagnait mais un bokoblin avait surgit de nulle part sur la route et je me suis enfui en courant pour ne pas gêner le soldat.

Etait-il encore en vie d'ailleurs ? Aerys ne s'était jamais posé la question car après tout, il ne connaissait même pas le nom de la personne derrière son casque.

- Je suis donc arrivé essouffler dans la forêt où vous m'avez trouvé. Seulement, il n'y avait pas que des papillons et des sangliers mais aussi un autre monstre. J'étais déjà épuisé par la course que je venais de faire alors autant dire que mon endurance était déjà bien amoindrie.

Il n'y avait aucun secret là-dessus, son corps était faible alors il fallait bien des potions pour tenir le coup, surtout lorsque l'hiver arrivait pour ne pas rester couché des semaines. Cela dit, Zachary n'avait pas vraiment tort. Des sombres pensées avaient bien occupé l'esprit de Aerys lorsque son frère aîné était parti rejoindre la citadelle, le laissant seul avec son père. Aujourd'hui, ce n'était plus le cas, son coeur était obscur pour une autre raison.

- Je peux vous poser une question ? Qu'est-ce que cela fait de ne pas pouvoir protéger sa propre cousine mais de devoir regarder une autre personne le faire ?

Il parlait bien évidemment de Jacerys. Ce n'était pas non plus un secret, qu'ils étaient liés de manière fraternels même si cela se sentait que Aerys ne portait pas son frère dans son cœur. Le fils parfait n'avait pas seulement abandonné son cadet mais aussi volé la place qui revenait de droit à Zachary, du moins c'était ce que le conseiller pensait. Il était curieux de savoir l'avis du prince sur ce sujet.

Ah ! Le voilà rassuré ! Zachary ne regrettait pas d'avoir posé sa question. Malgré son caractère plutôt rembruni qui manquait d'enthousiasme, ce qui était encore plus évident mis en contraste avec l'énergie du prince, c'était un brave homme et il avait sa place à la Cour. Son influence au-delà des murs était peut-être limitée, mais le prince ailé estimait qu'il fallait au moins s'assurer que le peuple de la Citadelle ne soit pas laissé à lui-même, en proie à la misère et au désespoir.

Ce n'était sans doute qu'un idéal impossible à atteindre et pourtant Zachary s'était fixé cet objectif avec conviction. Son camarade de la garde semblait partager une détermination similaire afin de trouver une solution à son manque d'endurance, d'ailleurs. Le grand blond était étonné à son tour : il n'aurait pas deviné que de simples champignons pouvaient avoir un tel effet ! Le cadet des Thorvald disposait d'un vaste savoir. Voilà une grande qualité qui le rendait tout de suite plus sympathique. Il finirait forcément par trouver sa place.

Étant donné qu'il avait posé une question un peu indiscrète, Zachary ne voyait aucune objection à ce que le conseiller en fasse de même. De toute façon, il n'aurait pas vraiment eu le temps d'offrir une réponse au-delà d'un simple hochement de la tête pour l'inviter à parler en toute franchise avant que l'autre se lance. Eh bien, il n'était pas au bout de ses surprises. Bien que la personne en question ne fut nullement nommée, il n'était pas nécessaire d'être devin pour tirer sa propre conclusion qui était probablement la bonne.

« Si votre frère vous envoie pour tâter le terrain, j'ai le regret de vous annoncer que vous faites un bien piètre espion. » commença-t-il, toujours le mot pour rire.

Cependant, son sourire n'était pas aussi grand qu'à l'accoutumée. Il poussa même un petit soupir en posant ses mains sur ses genoux, ce qui devait donner l'impression qu'il portait un certain poids à cette pensée. Être simplement Zachary, hein ? Cela signifierait de laisser la place à tous ces doutes qui dévoraient son coeur. Avait-il agi de manière à décevoir son Roi qui regrettait d'avoir donné une si grande responsabilité à son neveu ? Ou bien avait-il vu juste et Zelda préférait-elle la compagnie du preux chevalier des Terres d'Opale ? En ce cas, il aurait mieux valu lui donner son congé que le condamner à une telle douleur, insupportable pour celui qui aimait précieusement sa cousine, un rappel qu'il était finalement condamné à la regarder s'épanouir de loin. Zachary n'avait pas hésité à tout sacrifier lorsque l'appel de son devoir avait sonné et qu'il avait pu revêtir l'armure de la Garde Blanche ; il avait donné sa vie et ses voeux librement, en tout bien, tout honneur. Pourtant ... cela n'était pas suffisant.

« J'aimerais pouvoir faire pleinement confiance à Jacerys. » conclut-il en croisant les bras, visiblement contrarié.

Cela leur faisait peut-être un point en commun. Il pouvait comprendre que le nombre de gardes augmentait la sécurité, mais il n'avait pas prévu d'être aussi facilement remplacé. Il osa une oeillade en direction d'Aerys. Qui de mieux placé pour l'aider à tendre un piège à son aîné ? Il n'oserait jamais priver Zelda de son bonheur auprès d'un ami précieux ... mais il craignait d'avoir finalement eu affaire à un opportuniste, derrière ses belles paroles et ses exploits, qui finirait par dévoiler sa vraie nature devant le prince, si c'était le cas, au moins pour le narguer ou dans d'autres circonstances, même si pour ce faire, il fallait mettre de l'eau dans son vin, au sens propre, comme au sens figuré. Ce n'est pas ce dont il manquait dans les caves du royaume, alors s'il fallait faire honneur à sa réputation ... Toutes les options sont bonnes. Il attendait avec impatience d'obtenir l'opinion de son nouvel ami à propos de toute cette situation ou s'il se faisait seulement de fausses idées. Après tout, cette décision n'était pas de leur ressort, et ce même si Zachary faisait partie de la famille royale, car il avait déjà sa part de reproches, en vérité, qui avaient peut-être trop longtemps été mis de côté et risquaient alors de refaire surface.

Bien évidemment il ne fallait pas que des champignons pour concocter une potion de santé mais cela faisait partie des ingrédients nécessaires. Aerys doutait que le prince sache ce qu'il y avait dedans, ce n'était pas vraiment son domaine de prédilection et généralement les médecins les fabriquaient eux-mêmes si besoin. Le conseiller avait toutefois dû bien occuper les froides nuit d'hiver pelotonné sous sa couette lorsqu'il était plus jeune et lire de tout et de rien faisait passer le temps. C'était de cette manière qu'il avait découvert une certaine passion pour l'alchimie même si bien sûr il ne savait pas tout faire. Certains ingrédients étaient en plus parfois rare ou inaccessible actuellement, comme ceux se trouvant dans le désert Gerudo par exemple. Aerys avait un petit fond d'aventurier mais pas au point de tenter le diable et de finir avec en plus une insolation. Cela ferait bien trop plaisir à son père d'avoir une raison de plus d'être déçu par son plus jeune fils. Jacerys avait réussi à tirer tout le tapis vers lui. Le grand et fier chevalier, partie défendre la Couronne. Se retrouver en tête à tête avec le cousin de la princesse était l'occasion de savoir ce que ce dernier pensait de tout cela. De simple rumeur avait atteint les oreilles du conseiller concernant la relation entre les deux hommes. Pas vraiment de grands amis, ce qui pouvait être compréhensif. Si Aerys avait été à la place du jeune prince, il se méfierait aussi de cet homme bien trop proche de Zelda.

- Je doutes fortement que mon frère enverrait quelqu'un pour faire ce genre de chose

Déclara-t-il avec un léger sourire, ayant bien sûr compris que Zachary plaisantait. Aerys ne s'amuserait aucunement à jouer les hiboux pour son cher frère, alors qu'il le détestait tant actuellement. C'était toutefois au tour du prince de répondre à la question indiscrète après que le conseiller avait répondu à la sienne. Il ne s'était pas attendu à ce que son interlocuteur lui avoue ne pas faire totalement confiance à celui qui était chargé de protéger la princesse. Si c'était bien une chose que Aerys avait remarqué, c'était que les soldats ne doutaient aucunement de l'hylien à la chevelure argentée.

- Et pourquoi cela ? A-t-il fait quelque chose ?

La curiosité était un vilain défaut mais toutes informations étaient bonnes à prendre, utile peut-être un jour si besoin. Peut-être qu'il n'y avait pas de motif particulier pour la méfiance de Zachary. Toutefois, le conseiller ne pouvait pas s'empêcher de ressentir du contentement en apprenant que son aîné n'avait pas gagné les faveurs du prince.