What’d I Miss feat. Einar

Tu n’as jamais vraiment aimé être mise de côté, mais à cause d’une vilaine blessure à la main, te voilà sur le carreau et tu ne peux donc pas accompagner tes amis durant leur dernière petite expédition au centre d’Hyrule. Tu aurais pourtant sans doute aimé revoir les plaines, quitter un peu la chaleur étouffante des Landes Sauvages, mais par dessus tout, tu aurais adoré voir cette petite Kokiri tomber dans le piège qu’il lui était tendu. Personne ne résistait à la main du Roi, et Angelo prouvait une nouvelle fois qu’il remplissait ce rôle à la perfection.
Voyant donc les Yigas revenir victorieux, tu les avais accueilli et acclamé avant d’avoir rie à gorge déployée en voyant la blonde enchaînée et terrorisée. Il t’en fallait peu, mais voir un allié de la saleté de couronne d’Hyrule dans un tel état t’enchantais et instantanément, tu avais oublié que tu n'avais pas pu participer et toute ta frustration s'était envolée.

Te voilà donc à vouloir célébrer cette victoire, avec les autres Yigas. Comme souvent, le vin coule à flots, chacun raconte ses exploits, mais toi, tu remarques assez rapidement qu’il manque l'un de tes compères. Il faut dire qu’avec sa carrure et sa chevelure blanche, Einar ne passe pas inaperçu et s’il y a bien une personne avec qui tu aimes te saouler, c’est bien lui. Écoutant alors encore quelques minutes les racontars de certains qui commencent même déjà à être ivres, tu finis par te lever, prendre deux bouteilles de vin à la main et partir en direction de la maison du blond. Les récits des autres, tu t’en fiches pas mal et c’est plutôt avec lui que tu as envie de parler, tu veux même t’assurer qu’il va bien.

Il faut dire qu’entre le Gerudo et toi, c’est une histoire de longue date. Jamais tu n’aurais cru retrouver au sein des Yigas, un enfant avec qui tu avais grandi à Euzéro. Ça avait donc été plutôt instinctif et depuis vos retrouvailles, vous n’étiez jamais loin l’un de l’autre. Ô, cela ne vous empêchait pas d’élever la voix, d’être souvent en désaccord et de parfois vouloir vous taper dessus, mais tu savais pertinemment que tu pouvais compter sur Einar. Il fut même un temps où tu avais l’impression de ressentir plus qu’une simple amitié pour le guerrier, mais c’était un secret bien gardé, et ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui de toute façon… Vous êtes bien trop grands et trop différents pour ces conneries.

Arrivant alors devant la maison du Gerudo, du pousse la porte en bois pour y entrer sans même frapper ou t’annoncer. Cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de manière entre vous. « Einar ? » Appelles-tu en avançant de quelques pas à l’intérieur. Tu remarques du coin de l’œil que des bougies sont allumées, alors il doit sans doute être là. Prenant tes aises, tu poses les deux bouteilles sur une petite table avant de sortir un petit couteau de ta botte. Tu as beau ne pas porter ton armure et une simple tunique grise, tu as tout de même quelques armes sur toi, dont ce petit couteau. Tu utilises alors le petit instrument tranchant pour ouvrir l’une des bouteilles tandis que tu hausses la voix. « J’ai apporté quelque chose qui devrait te plaire ! » Il semblerait alors que tu t’impatientes un peu, que peut-il bien faire pour ne pas déjà être là à t’accueillir ?  

Ça commence à devenir un peu trop long pour toi, il faut dire que la patience n’a jamais été ton fort.. Tu t’apprêtes donc à incendier un esclave qui passait par là, pour lui demander où se trouvait Einar quand finalement, des bruits de pas attirent ton attention. Le voilà enfin ! 
Très heureuse de le voir en un seul morceau, tu affiches un large sourire jusqu’à constater qu’il est torse nu… Ce n’est pourtant pas la première fois que tu vois le Gérudo si peu vêtu, mais cette vision te trouble toujours autant et tu restes figée quelques secondes. Il fut une époque où tu aurais tout fait pour le voir ainsi, pour le toucher, mais ce temps était révolu ! Du moins, tu tentais encore de t’en convaincre…

Sortant de tes pensées d’un mouvement de tête, tu fais alors comme si de rien n’était et détournes le regard avant que ton cœur ne se mette à battre à tout rompre. Heureusement pour toi, Einar ne s’aperçoit de rien et si autrefois cette constatation te blessait, tu es aujourd’hui plutôt soulagée et laisse même échapper un petit rire à sa première observation. Évidemment que tu sais comment lui parler, vous vous connaissez depuis si longtemps que vous n’avez quasiment plus aucun secret l’un pour l’autre. Cela fait bien des années que vous vous retrouvez autour d’un bon verre de vin et tu ne comptes pas mettre un terme à cette tradition de si tôt ! Tu prends alors la bouteille pour vous servir tous les deux avant de t’affaler à ton tour dans une chaise et de répondre à ton ami. « Tu parles.. Il ne c’est absolument rien passé pendant votre absence, j’me suis fait chier comme un rat mort. » Oh oui, les jours avaient été très longs car ta blessure t’avait empêché de faire quoi que ce soit. Saisir ton épée était quasiment impossible au début, mais heureusement aujourd’hui tout allait bien mieux. De ta main tout juste cicatrisée, tu viens donc attraper ton verre avant de le lever en l’air pour trinquer avec le Gerudo. « Mais heureusement, vous êtes enfin revenu ! Il va se passer plein de choses intéressantes maintenant ! » Tu finis alors ta phrase en portant ton verre à tes lèvres, tout en lançant un regard complice à ton ami. Que c’est bon de le revoir !

Au lieu de tranquillement déguster le breuvage qui se trouve dans ton verre, tu en avales plusieurs grosses gorgées et reposes finalement ton verre un peu bruyamment sur la table. Non, tu n’es pas une femme à qui on a appris les bonnes manières et à vrai dire, tu t’en contre-quart ! Ce n’est pas Einar qui te jugera pour ça, tu le sais très bien. Tu viens alors te pencher au-dessus de la table et croiser les bras devant toi, le regard pétillant d’excitation. « Aller raconte ! Je veux savoir tout ce que j’ai loupé ! » Tu avais déjà entendu quelques Yigas raconter l’expédition, sans y prêter véritablement attention puisque tu voulais la version d’Einar ! C’était la plus importante et intéressante à tes yeux. Ta curiosité et ton envie se lisent d’ailleurs sur ton visage qui semble bien plus rayonnant depuis que le guerrier est apparu et pas seulement à cause des muscles parfaitement dessinés sur son torse... Non, tu es vraiment extrêmement heureuse de le revoir sain et sauf, en un seul morceau et de pouvoir partager un petit moment avec lui. 

Tu n’as jamais été du genre à t’apitoyer sur ton sort et c’est pour cela que lorsqu’Einar parle de ta blessure à la main, tu ne fais que relever cette dernière pour observer quelques secondes l’immonde cicatrice qui se trouve au centre de ta paume. Il a raison, ce n’est toujours pas très beau à voir, mais ce n’est plus douloureux. C’est déjà ça. Si tu devais te plaindre d’une chose, c’était peut-être d’être mise sur la touche à cause de cette stupide entaille. Mais il est hors de question pour toi de ruminer en cet instant. Tes amis sont revenus de leur expédition victorieuse et tu te montres plus que curieuse. Cela ne semble pas surprendre le Gerudo, qui te connaît plutôt bien et qui s’empresse de te donner quelques détails sur leur aventure.

Tu reconnais là bien les plans diaboliques de la main, et à défaut d’un verre plein, tu bois toutes les paroles du grand blond. Tes yeux bruns se mettent même à pétiller tandis qu’il explique que la prisonnière à pleurer durant tout le trajet. Il est alors facile de lire en toi la satisfaction de ton envie de vengeance envers Hyrule. Mais tu sais très bien que ce n'est que le commencement. Ils méritent tous pire... bien pire. Alors que ton verre est de nouveau plein, tu le portes à tes lèvres, toujours en observant intensément ton ami qui attire soudainement ta curiosité. « Comment ça ce n’est pas tout ? »

Tu te redresses alors un peu en fronçant les sourcils, étonnée par le ton plus calme et sérieux qu’emploi Einar. Tu as alors le temps de te faire de nombreux films en tête et t’imagine déjà la pire. Il lui est arrivé quelque chose de grave ? Tes yeux ont pourtant déjà scruté son torse nu et tu n’as vu aucun signe de blessure grave. Aurait-il été empoisonné lui aussi ? Ce suspens est tout simplement insoutenable et quand finalement, il réouvre la bouche, tu soupires de soulagement. « Bon sang, tu m’as fait peur imbécile ! J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose. » Lances-tu pour commencer, sans vraiment réagir à l’annonce du Gerudo. Il faut dire qu’il a plusieurs esclaves et que tu ne leur prêtes jamais vraiment attention. Tu n’as que faire des hommes et des femmes qu’il ramasse sur le bord de la route, mais la façon dont il te présente la fameuse Mysaria est assez intrigante. Tu affiches même une mine faussement étonnée alors qu’il présume qu’elle et toi, vous entendriez bien. « Moi ? Bien m’entendre avec une de tes esclaves ? Qu’est-ce que tu racontes ? » Tu sembles d’ailleurs même un peu vexée tout en portant ton verre à tes lèvres, buvant cette fois-ci à plus petite gorgée. N’y a-t-il pas que toi comme femme fougueuse et imprévisible dans l’entourage d’Einar ? Tu t'es toujours arrangé pour que oui. Tu comptes d’ailleurs faire en sorte que les choses restent ainsi et ajoutes. « Depuis quand tu joues au sauveur toi d’ailleurs ? C’est cette fille qui te ramollit ? » Ce qui pouvait passer pour une simple raillerie, une moquerie amicale cachait en réalité une certaine jalousie que tu avais pourtant enfouie il y a des années. Elle ressortait cependant toujours au galop dans des moments pareils. Si Einar n’était jamais parvenu à la deviner, c’était parce que tu étais une excellente actrice. Tu avais même accompagné ta moquerie d’une tape amicale sur l’épaule avant de t’enfoncer à nouveau dans ta chair, l’air nonchalante.

Tu connaissais assez bien Einar et tout ce qu’il avait vécu pour savoir qu’il en fallait beaucoup pour le tuer, mais cela ne t’avais pas empêcher de t’inquiéter durant toute son absence. Depuis ton entrée chez les Yigas, tu passais ton temps avec lui alors cette séparation avait tout de même été difficile. Tu avais cependant réussi a cacher tous tes tourments et beaucoup avaient mis ta mauvaise humeur et ton agacement sur le fait de ne pas pouvoir faire partie de l’expédition à Firone. Personne ne c’était douté qu’en réalité tu te faisais du soucis pour tes amis partis en mission, et plus précisément pour le grand blond qui se tenait à présent devant toi. En bonne santé heureusement.

Puis, alors que tu étais tout sourire, heureuse de retrouver le Gerudo, ce dernier parla de sa nouvelle esclave et une ombre sembla traverser ton visage. Tu perdis même un peu ton sourire en replongeant ton visage dans ton verre. Il faut dire aussi que les mots d’Einar résonnèrent dans ton esprit. *Elle me fait penser à toi.* Qu’entendait-il par là ? Que vous aviez seulement le même caractère ? Non c’était plus et tu le sentais. Attisant ta curiosité, tes grands yeux bruns fixèrent le blond jusqu'à croiser son regard ambré. Qu’est-ce qu’il ne te disait pas ? 
Ô, il avait beau essayer de te faire croire qu’il ne s’était pas ramolli, tu avais du mal à le croire. Mais défier Einar n’avait jamais été le bon moyen pour le faire parler, tu ne comptais néanmoins pas en rester là. C’était d’ailleurs facile à deviner sur ton visage bien plus froid et impassible. « Aller raconte… Comment tu as trouvé cette gamine ? » Si tu avais perdu ton sourire, tu ne parlais pas pour autant avec méchanceté ou colère et malgré ce brin de jalousie qui noircissait ton regard, le fait que le blond prenne sous son aile une petite orpheline était assez intrigant. Tu te permis donc de pousser le Gerudo à se livrer un petit peu plus. Peut-être qu’avec sa mauvaise humeur légendaire, il t’enverrait bouler, mais vous étiez assez proche pour que tu puisses espérer une réponse honnête de sa part. « Elle a forcément quelque chose de plus spéciale qu’un caractère fougueux pour que tu l’ais prise son ton aile et ramener jusqu'ici. » et si ce n’était pas le cas, Einar allait encore faire les frais de tes moqueries pendant un bon bout de temps ! « D’ailleurs, où est-elle ? »


Et puisque les langues se déliaient toujours grâce à l’alcool, une fois de plus, tu remplis ton verre et celui de ton ami. Bon sang, la bouteille était déjà vide. À ce rythme-là, il n’allait clairement pas te falloir très longtemps pour que les murs de la maison du Gerudo se mettent à tanguer. Tu interpelles néanmoins tout de même un esclave d’Einar qui passait par là pour lui demander de ramener une nouvelle bouteille. Au vu de la tournure de la conversation, vous alliez en avoir bien besoin...

Tu ne sais tout bonnement pas quoi penser de cette conversation… Toi qui pourtant, étais persuadé de bien connaître le Gerudo, tu ne comprends vraiment pas pourquoi il vient de s’enticher d’une gamine, ramasser sur les routes de Firone. Ça ne lui ressemble tellement pas… Tu restes néanmoins silencieuse l’observant du coin de l’œil en portant une nouvelle fois ton verre jusqu’à tes lèvres. Le blond avoue alors que s’il a trouvé cette petite si particulière, c’est parce qu’il a été témoin de ses dons. Cette fois, tu ne peux retenir tes sourcils, qui se haussent de surprises et une grimace très étonnée se dessine sur ton visage. Voilà qu’il était encore plus surprenant. L’homme en face de toi t’avait déjà prouvé maintes et maintes fois qu’il préférait agir avant de réfléchir ; ce qui était loin d’être un défaut pour toi ; mais voilà qu’il prend sous son aile une petite chose fragile juste parce que ses pouvoirs d'illusions pourraient être utiles ? Ça n’a aucun sens… Non, tu es incapable de comprendre ce qui a poussé Einar à agir ainsi.. Néanmoins, ce qui te fait réagir de la sorte est pourtant facile à deviner… À la simple idée qu’il apporte plus d’attention à une autre femme te déchire le cœur, mais voilà tellement longtemps que tu fais taire tes sentiments, que même toi, Sorcha, tu es perdue.

La première chose que tu ressens est donc de la colère… Et vu que tu as toujours été très nulle pour cacher tes émotions, tu reposes donc ton verre sur la table, un peu bruyamment, en soupirant d’exaspération. Il faut dire aussi que tes sauts d’humeur sont assez habituels et qu’il est possible que le Gerudo ne relève même pas.

Peut-être que tu aurais pu redescendre un peu en pression alors qu’Einar exprimait clairement vouloir changer de sujet, parce que oui, ta curiosité était plus que rassasiée et tu ne voulais même plus entendre parler de cette gamine. D’ailleurs, tu avais déjà oublié son nom. Mais voilà qu’à la place, il se permettait de te sermonner, comme si t’intéresser à ce qu’il lui était arrivé, c’était oublié ton devoir. « Pour ton information, j'ai veillé sur elle pendant ton absence. » Répondis-tu un peu sèchement, n’appréciant de toute évidence pas ce qu’il avait cherché à insinuer. On t’avait confié une mission, a laquelle tu n’avais pas failli, bien que tu n’ais pas été d’une grande aide. Tu ne pouvais tout bonnement rien faire face au mal qui ravageait la chamane… « Son état… » Si on pourrait croire que tu te tais, prise d'émotion car tu vas annoncer une mauvaise nouvelle, c’est en réalité parce que l’esclave qui venait de vous resservir une bouteille de vin refait surface dans la pièce. Tu lèves donc les yeux au ciel. Bon sang, il y a toujours trop de monde qui se balade dans cette maison. « Dehors ! » Lances-tu très autoritairement en direction d’un Goron, enfin tu crois, sans même lever les yeux vers lui. Il s’exécute aussitôt, et tu reprends en essayant de rester calme. « Son état s’aggrave et nos guérisseurs ne savent même plus quoi faire… » Ce que tu viens de dire n’est sans doute pas un secret pour le blond, qui a déjà dû être mis au courant par Angelo, mais tu ne voudrais pas que cette information tombe dans l’oreille de l’un de ses stupides esclaves. En réagissant de la sorte, tu montres ainsi à Einar que tu es loin de prendre cette histoire à légère.

Il est peut-être néanmoins difficile de savoir si c’est la précédente discussion, où l’évocation de la santé de la chamade qui t’a si soudainement fait perdre ton sourire et ton enthousiasme. Voilà même plusieurs minutes que tu n’as pas touchées à ton verre, et que tu fusilles le blond des yeux à chaque fois que tu ouvres la bouche…

Pourquoi cette gamine te mettais dans un tel état ? Tout simplement parce que l’idée qu’Einar accorde de l’attention à une autre personne que toi te rendait malade et te faisais mal au cœur. Mais encore une fois, pour répondre sincèrement à la question, il aurait fallu que toi-même, tu te rendes compte de tes sentiments profondément enfouis depuis des lunes, des années même. Le visage fermé, tu réponds alors simplement : « Je n’aime pas savoir qu’il y a des étrangers dans la cité… » Cité qu’ils avaient tous durement gagné ! Et si cette gamine visiblement inoffensive était en réalité une espionne ? Le Gérudo avait-il pensé à cette éventualité ? Visiblement non… Tu l’avais connu bien plus prudent que cela…

Heureusement que durant un instant, vous changez un peu de sujet, bien que ce dernier ne soit guère plus joyeux. L’état de santé de la chamade était terriblement préoccupant et tu t’inquiétais pour elle bien que tu n’aies jamais eu de véritable atome crochu avec la brune… Ce n’était cependant absolument pas le problème ! Le blond était d’ailleurs aussi tourmenté que toi à ce sujet, surtout qu’il apporta des nouvelles loin d’être joyeuses. Si même votre Main pensait que l’état de la chamane allait s’aggraver, c’était qu’il n’y avait aucune amélioration depuis des jours… Cela annonçait une belle pagaille à venir dans le clan.

Einar, qui s’était légèrement rapproché pour te donner ces dernières informations sembla enfin remarquer que ce n’était pas parce que vous aviez changé de sujet que tu t’étais détendue. Le visage toujours fermé et les bras croisés devant toi, tu sentais toujours cette colère gronder en toi et le fait qu’il te mette devant le fait sembla encore plus te ronger. Tu relevas alors les yeux, plongeant ton regard noir dans le sien. Tu ne pus alors t’empêcher de penser à toutes les fois où tu avais dû te débrouiller seule, blessée, durant son absence, à chaque soir où tu t’étais endormi en espérant qu’il rentre sain et sauf.

La colère monta alors à nouveau à toi, alimentée par la peur et l’incertitude qui t’avaient habitée pendant ces dernières lunes. Le Gerudo savait très bien que tu tenais à lui, il l’avait même dit à l'instant. Alors pourquoi t’avait t’il laissé sans aucune nouvelle ? Pourquoi n’étais-tu pas la première personne qu’il était venu voir à son retour dans les Landes Sauvages ? Et bon sang pourquoi n’avait-il toujours pas compris à quel point tu avais besoin de lui à tes côtés ?
Tous ses mots se formèrent dans ta gorge, mais tu te retins de les laisser échapper. Ce n’était pas le moment d’entacher votre relation, non… Cependant, ton regard lui, se fit toujours glacial et en disait long sur ta détresse intérieure. Tes poings serrés sous la table démontrent bien qu’une tempête émotionnelle fait rage en toi. Comment dire à Einar qu’en ramenant cette gamine, tu te sentais trahie, abandonnée et incomprise ? Tu avais tellement de choses à lui dire, tant d’émotions contradictoire, mais tu restas silencieuse, poussant simplement un long soupir.

Quand finalement, tu retrouvas la force de parler, tu semblais un peu plus calme. « Je n’ai rien contre toi Einar… Je suis contente que tu sois de retour, sain et sauf. Vraiment. » Sachant qu’il n’en resterait pas là et qu’il chercherait à t’arracher les vers du nez, tu ajoutes en attrapant à nouveau ton verre. « J’ai peut-être été un peu trop inquiète, mais tu sais que je suis comme ça… C’était dur de se retrouver toute seule ici pendant votre absence, sans aucune nouvelle. Ça m’a rendu un peu nerveuse, voilà tout. » Finis-tu par dire avant de finir ton verre d'une seule traite. Avouer ses inquiètes n’était pas un exercice facile, même pour toi, bien que tu sois loin d’avoir un cœur de pierre comme le blond en face de toi. Mais voilà qu’au-delà de la jalousie, tu avais également ressenti un mélange d’anxiété et de vulnérabilité durant son absence. Tes pensées s’étaient bousculées dans ta tête et ta peur profonde de l’abandon avait resurgi au grand galop. Mais bien que tu sois très proche d’Einar, après ses mots, tu baisses doucement la tête, te demandant si tu as bien fait de lui dévoiler cette demi-vérité… Tu ne veux pas qu’il te voie comme une petite chose fragile à protéger, mais c'est peut-être déjà trop tard.

Après avoir avoué tes inquiétudes et tes sentiments à Einar, tu attends avec une certaine impatience sa réponse. Est-ce qu’il comprendra la fragilité qui se cache derrière tes mots sans te juger ? Tu l’espères.

Einar ouvre ensuite enfin la bouche et ton cœur se serre. L’aveu du blond résonne profondément en toi, faisant fondre une partie de doute qui subsistait dans ton esprit. Ses mots doux et sincères n’étaient pas courants dans le langage du Gérudo et ils eurent l’effet d’une caresse sur ton cœur tourmenté. Un sourire timide naquit sur tes lèvres et une leur d’émotion brilla dans tes yeux. Avec ces paroles, tu réalises à quel point votre amitié est forte, à quel point vous comptez l’un pour l’autre. L’idée que quelqu’un d’autre puisse facilement remplacer le lien unique que tu partages avec Einar s’évanouit, laissant place à un profond soulagement.

Malheureusement, ton fidèle ami reprit la parole et ses dires tombèrent comme un poids lourd sur ton cœur, dissipant instantanément la chaleur réconfortante que tu venais de ressentir. Ta joie se figea, se transformant à nouveau en une boule de colère et d’incompréhension. Tu ne comprenais pas pourquoi il venait de dire quelque chose d’aussi sombre et fataliste, surtout après s'être un peu ouvert.

« Quoi ?! » T’exclames-tu, la voix emplie de frustration de tristesse. « Comment tu peux dire des choses comme ça ? » Tu sens des larmes de colère et de peine te monter aux yeux, mais tu refuses de les laisser tomber. Il est hors de question que tu montres à Einar à quel point ses paroles t’ont blessée. Tu te lèves alors en tapant du poing sur la table. « Tu es vraiment un abruti, » craches-tu, tremblante d’émotion. « Tu es un putain d'abruti de penser que je pourrais accepter un futur où tu ne serais pas là. Tu es égoïste de dire des choses comme ça, sans penser à ce que ça pourrait me faire. Je refuse de t'écouter parler de cette manière. » Oh, la réalité du monde dans lequel vous vivez est brutale et impitoyable, tu le sais très bien. Vous êtes même constamment exposés au danger, confronté à des situations mortelles et à des ennemis redoutâmes. Tu n’es pas naïve, loin de là, tu comprends bien tout les risques de votre foi et de votre serment à l'Avatar… La mort fait partie intégrante de votre vie. Malgré cela l’idée de perdre Einar, ton ami, ton confident, ton frère, est tout bonnement insupportable pour toi.

La colère et le chagrin tourbillonnent en toi, menaçant de t’étouffer. Incapable de te contenir, tu te détournes brusquement du Gérudo et fais quelques pas hésitants vers la sortie de sa maison. La pièce semble soudainement trop petite, chaque mur faisant résonner des paroles tragique du blond.

Tu te refusais à imaginer un avenir sans la présence d’Einar à Tess côtés. Vous aviez partagé trop de moments, trop de luttes, trop de joies et de peines pour que tu puisses envisager la vie sans lui. Il était bien plus qu’un simple ami ; il était ton pilier, ton roc. Vous aviez toujours étaient plus forts ensemble, et l’idée de perdre cette connexion, cette synergie qui te donnait l’impression d’être invisible était bien au-delà de ce que tu pouvais supporter.

Alors que tu t’apprêtais à franchir le seuil de la perte maison, la lueur humide dans ton regard trahissait encore la colère et la tristesse qui tourbillonnait dans ton esprit. Tu avais donc l’intention de prendre un moment pour toi, de te ressaisir et de trouver un moyen de calmer tes stupides émotions qui faisaient rage à l’intérieur. Cependant, au denier moment, alors que tes doigts effleuraient presque la poignée de la porte, tu sentis une pression ferme sur ton poignet. Tu te figeas et tournas doucement la tête pour rencontre le regard d’Einar. Il était intense et empreint de préoccupation. Il t’avait suivie, et maintenant, il te retenait doucement, t’empêchant de partir. Un frisson te traversa le corps alors que tu sentais le contact chaleureux de sa main sur ta peau. Vos regards se croisèrent, et pendant un instant, le monde sembla retenir son souffle.

Les paroles d’Einar résonnèrent ensuite dans l’air comme une mélodie amère, imprégné d’une vérité incontestable. Toujours retenue par le poignet, tu l’écoutas avec attention, et ton cœur se fit à nouveau plus lourd à cause de la réalité crue de vos vies en tant que guerrier. Le monde dans lequel vous évoluiez était implacable, un champ de bataille où chaque victoire était temporaire et chaque perte douloureusement permanente. Et en réalité, à cet instant, les cadeaux de l’Avatar t’importaient peu… C’est avec la voix chargée d’émotion sur le blond repris ensuite la parole et ces mots vinrent percuter ton cœur avec une intensité troublante. La fermeté de la main avec laquelle il te tenait était d’ailleurs devenue légèrement tremblante te révélant la profondeur de ses propres tourments.

Tu sentis alors un étau se desserrer dans ta poitrine, remplacé par un mélange tout aussi complexe d’émotions. Tu fixais d’ailleurs Einar, tes yeux sombres cherchant ceux dorés du blond avec intensité. Il y avait une vérité indéniable dans ses paroles, une vérité qui transcendait les aléas de leur existence périlleuse. Il te sembla alors desceller dans son désir ardent pour ta survie une déclaration d’amour et d’amitié, une promesse silencieuse de la valeur que tu avais à ses yeux. La tension dans l’air était toujours palpable, mais cette fois-ci, c’était différent. C’était comme si, malgré la cruauté du monde qui vous entourait, une lueur d’espoir perçait à travers les ombres. Tu sentis le poids de la colère et de la peur s’apaiser peu à peu, laissant place à l'acceptation de la réalité et à la volonté de se battre pour chaque instant précieux que tu pourrais partager avec le Gerudo.

« Moi aussi, je veux que tu vives Einar. » Ton regard transperça l’air, fixant le guerrier avec une détermination brûlante. Dans tes yeux, il y avait, à cet instant, un mélange de passion et de désir ardent. Un nouveau frisson électrique te traversa l’échine, t’envahissant d’une chaleur intense. Tu ressentis alors un besoin puissant, presque irrésistible de l’embrasser là, maintenant, de laisser libre cours à ces émotions qui bouillonnaient en toi. Votre conversation, votre proximité, tout semblait converger vers cet instant où tu aurais pu franchir cette frontière entre l’amitié et ce que tu ressentais de plus profond. Cependant, même dans cette effervescence émotionnelle, tu te retins. Tu étais consciente que les sentiments que tu éprouvais n’étaient ni assumés, ni réciproques. Einar te voyait comme son amie, sa sœur, et les démons qui l’entouraient rendaient difficile la compréhension de ses sentiments.

Tu détournas donc le regard, luttant contre cette impulsion et le trouble persista dans l’air. Tu sentis alors le besoin de t’excuser pour l’intensité de tes paroles et pour ton attitude. Tu inspiras donc profondément avant d'ouvrir la bouche, cherchant tes mots avec précaution cette fois-ci. « Je.. Je m’excuse de ce que je t’ai dit. » Tu baissas les yeux, regrettant de t’être emballée, d’avoir laissé tes sentiments prendre le dessus. « Tu n’es pas si idiot que cela… » Cherchant à détendre un peu l’atmosphère, tu ne pus t’empêcher d’esquisser un sourire taquin et de plaisanter légèrement. « Peut-être juste un peu trop… direct, sans filtre. Peut-être que parfois, un peu plus de subtilités ne ferait pas de mal. Mais bon, j’imagine que c’est aussi grâce à ça que tu excelles dans l’art de la guerre non ? » Ton ton était plus léger, il s’agissait de toute évidence d’une tentative pour dissiper la tension qui persistait entre vous. « Enfin, je sais qu’on ne pourra pas te faire changer ! » Ajoutas-tu avec un clin d’œil complice, cherchant à rendre la situation moins lourde avant de prendre congé. D’un mouvement de bras, tu dégageas donc ton poignet de son emprise et lui adressa un léger sourire. « Je vais te laisser et te souhaiter une bonne soirée. On se revoit demain ! » Le cœur lourd, cet au revoir était chargé d’une petite réserve et d’une tristesse sous-jacente. Sans vraiment attendre de réponse, tu te tournas à nouveau vers la sortie.