Derrière le brouillard (Rebecca)

Derrière le brouillard

@Rebecca AveilAn 1000, lune 7, jour 19

Un soupir traversa la barrière de ses lèvres alors qu’il scrutait l’horizon. En haut du mât, le capitaine scrutait l’horizon, plongé dans ses pensées, sa bouteille de rhum jamais loin, il avait le menton posé dans le creux de sa main et n’entendait pas l’équipage festoyer plus bas. Ce soir, Zucco n’était pas d’humeur festive comme la plupart du temps. Et pour cause, d’ici peu allait débuter la bataille pour la protection de l’île du Dragon. Ce n’était pas sa terre natale mais il avait eu vent des intérêts de sa cousine pour cette île. Naturellement, la Nation des pirates ne pouvait rester sans rien faire quand un Roi auto-proclamé osait s’en mêler. Pour le capitaine du Black Wind, c’était aussi l’occasion de faire un pied de nez à sa cousine et sa famille entière qui n’avait jamais eu de respect pour l’enfant qu’il était et encore aujourd’hui. Un mépris qui l’avait éloigné des Narlarys avec qui il n’avait rien en commun. Cette bataille allait être inédite par son intensité, il savait que son équipage pouvait ne pas en ressortir indemne. Des vies allaient être sacrifiées, mais n’était-ce pas pour la bonne cause ? Evidemment, la question ne se posait pas. Mais pour une fois, il songeait aux conséquences. Preuve qu’il n’était pas assez alcoolisé tiens. Il but une longue gorgée, se laissant choir par terre dans un grognement causé par la douleur aux fesses.

Dans quelques jours le calme de la mer des cieux laisserait place à un conflit armé violent. Il voulait en profiter un peu avant d’être plongé dans ce tourbillon - bien que son équipage n’ait guère à en rougir. Malheureusement, sa bouteille se vidait à vue d'œil, l’obligeant à descendre de son perchoir, non sans mal. Déjà bien alcoolisé, il manqua de tomber à plusieurs reprises, et cela ne loupa pas. Son pied s’enroula autour de la corde et le voilà qui se trouvait pendu à un mètre du sol, la tête en bas. Son chapeau tomba ainsi que sa bouteille. “Verona !” Il aperçut son chien qui s’éclipsa. Où étaient les membres de son équipage ? A en deviner le bruit lointain, ils se trouvaient à l’intérieur du navire. Voilà que le Lord-Capitaine sentait son sang lui monter aux tempes à force d’être dans cette position fort désagréable. Il tenta de se redresser pour couper cette fichue corde mais n’y parvenait pas, gigotant comme un beau diable et poussant des gémissements plaintifs. Pour sûr qu’en cet instant, il n’avait rien d’un capitaine vaillant et fort, mais plutôt d’un poivrot qui avait trébuché. Et qui allait mourir ainsi ! Quelle plaie ! Mais soudain, il distinguait une silhouette puis la corde fut coupée, le laissant tomber lourdement contre le bois de son bateau. Littéralement étalé par terre, il poussa un soupir de soulagement. Ses doigts caressaient ce bois qu’il connaissait par cœur, les vagues du bois, il les suivait et trouvait presque cela confortable. Mais ni une ni deux, le Piaf se relevait comme si de rien était, ou presque, titubant en gratifiant sa sauveuse, comme toujours, sa Seconde. Elle représentait tant pour lui, il n’aurait pu rêver meilleure Seconde, en dépit de son sale caractère. “Toujours là au bon moment !” Il esquissait un grand sourire rieur, avant de caresser l’animal qui l’avait alerté. “Que ferais je sans vous deux ?” Il marchait et attrapait une nouvelle bouteille de rhum, le bouchon vola, tombant dans l’eau. Il but allègrement et la tendit à la rousse. “A quoi vous jouez en bas ? Je voulais vous rejoindre mais j’avais affaire ici.” Un mensonge éhonté. Il avait simplement voulu s’isoler un peu pour ruminer dans son coin. Enfin, dans un sens, ce n’était pas un total mensonge puisqu’il avait réfléchi à plein de choses.

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Moi ? Je suis malhonnête ! Et on sait qu’un homme malhonnête le restera quoi qu’il arrive… Honnêtement, ce sont des hommes honnêtes dont il faut se méfier, parce qu’on peut jamais prévoir à quel moment il feront un truc incroyablement… stupide

Derrière le brouillard

An 1000, Lune 7, Jour 19

L’équipage trouvait toujours une excuse pour festoyer. A croire qu’ils étaient obligés de se bourrer la gueule et de manger pour oublier les problèmes d’hier— ou de demain.
L’histoire de l’île du Dragon était devenue plutôt fameuse. La cheffe, Mélody Mallery, avait parcouru plusieurs îles pour demander de l’aide çà et là. La nation des pirates avait été prévenue lorsque l’un des Lord-Capitaine, Helios Zarim, avait communiquer la nouvelle au roi lui-même ! Et leur roi n’avait pas aimé. Il estimait que ce Kevan Cantell était un charlatan qui menaçait leur mode de vie et qu’il fallait l’empêcher de poursuivre ses agissements.

C’était beaucoup, c’était gros, tout ça. Pas étonnant que l’équipage veuille l’oublier un peu.
« C’est pas saouls comme des morses que vous allez être performants demain les mousses ! » Un râle général se fit entendre. Les hommes de l’équipage avaient une sainte horreur de se faire ordonner à gauche et à droite, et encore plus quand c’était une femme ! Ils ne pouvaient rien dire néanmoins car malgré tout, Rebecca « Beck » Ann Aveil méritait leur respect…

Même si ce n’était qu’une femme.

Toutefois, il manquait quelqu’un à l’appel, et la goron tourna son attention vers la porte menant au pont. Elle entendait des aboiements, des gémissements d’animal. Elle fronça les sourcils, reconnaissant sans mal là le gros chien de Zucco. Bien vite, elle quitta la pénombre et l’agitation des festivités pour aller dehors, où le vent frais de la nuit fut le bienvenu sur son faciès.
« Hmpf. Ils se rendent pas compte qu’ils empestent le phoque… Hm ? » Rebecca leva les yeux vers le mât pour constater que quelqu’un – son capitaine, en fait – semblait dans une bien mauvaise posture. Elle esquissa un sourire en coin, le regarda quelques secondes, puis jugea que c’était assez de simagrées pour ce soir. D’un coup de rapière, la rouquine coupa la corde, jetant le brave pirate sur le pont. Ah, sans ailes, forcément, il ne pouvait pas amortir sa chute…
Elle se garda de la plaisanterie, évidemment. Même elle ne trouverait pas ça drôle.

La pirate s’approcha juste alors que Zucco se relevait, affirmant qu’il serait perdu sans eux. Le voilà qu’il reprenait déjà une bouteille de rhum pour en boire de grandes gorgées avant de la lui tendre et de l’interroger sur les festivités dans la cale.
« Tu trouves pas que t’en as eu assez ? » Dit-elle en prenant la bouteille de ses mains, l’air de ne pas vouloir la lui rendre. Elle s’éloigna même de quelques pas, prenant tout de même une ou deux gorgées pour la peine. « Tu vas finir noyer. T’es pas exactement un zora, Zucc. » A croire qu’elle s’inquiétait !
Bien sûr qu’elle s’inquiétait.

« Il se passe rien de spécial. L’équipage se défoule. Anxieux pour demain, j’imagine… » Sans doute était-ce la raison pour laquelle Zucco buvait autant aussi… et s’isolait. Il ne l’admettrait jamais. Mais elle le connaissait bien mieux que n’importe qui sur cette si grande mer où ils voguaient. « Qu’est-ce que tu foutais, attaché la tête en bas au mât ? Préviens-moi si tu veux te pendre à l’avenir. Que je t’en empêche. » Elle porta le goulot à ses lèvres et profita de quelques gorgées, le temps qu’il lui réponde.

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Derrière le brouillard

@Rebecca AveilAn 1000, lune 7, jour 19

Dire que Zucco était un drôle d'individu était un euphémisme. Il était probablement le seul capitaine capable de se retrouver dans une pareille situation, la tête dans le vide, le sang remontant jusqu'à son cerveau. Il pouvait sentir les battements de son palpitant résonner dans ses tempes tandis que son visage devenait de plus en plus rouge à mesure que les secondes s'écoulaient ainsi. Heureusement, il pouvait compter sur sa chienne, Verona, partie cherchée de l'aide. Au loin, l'on entendait les clameurs de l'équipage jouant à tous les jeux possibles et inimaginables. Narlarys était permissif dans ce genre de situation, connaissant l'importance de passer des moments de détente avant une bataille sanglante. Mais bon dieu, il préférerait être à leurs côtés que pendu tel un abrutit, tanguant au gré de la houle. Cela pourrait presque lui donner mal au coeur. Parmi les rires, il pu discerner la voix forte de Rebecca suivi de râles. Il aurait pu s'en amuser s'il n'était pas ainsi, la tête à l'envers et prêt à dégobiller son maigre repas du soir.

Ces secondes parurent être une éternité alors que le calme revenait sur le pont. Puis quelques pas et subitement, la corde fut coupée sèchement. Son corps tomba lourdement au sol, dans l'incapacité d'amortir sa chute. La tête contre le bois de son navire, il soupira et grogna en même temps, ressentant une légère douleur dans l'abdomen. Il ignora la douleur pour se lever aussitôt, peut-être trop vite qu'il en tituba pour retrouver son équilibre. L'animal aux côtés de la rousse, il les gratifia toutes les deux. Sans elles, il serait encore attaché à cette corde jusqu'au petit matin. Ses mots étaient teintés de plaisanterie mais cachaient une certaine vérité. Il pourrait confier sa vie sans sourciller à sa Seconde. Comme par le passé d'ailleurs.

Buvant de longues gorgées, il afficha une moue suppliante lorsqu'elle lui arracha la bouteille des mains. "Pas si je bois tout." Disait-il dans un grand sourire, fier, secouant la tête vivement, encore une fois, un peu trop et cela ne manqua pas de lui donner le tournis, l'obligeant à s'adosser au mât. Lorsqu'elle évoqua ce qui les attendait demain, son regard s'assombrissait. Une bataille sans merci les attendait face à cet imposteur de Kevan. Et sa cousine aussi. Elle y était mêlée, il était prêt à parier son rafiot. Verona n'était jamais loin, sa vanité dépassait tout, même la morale ou la logique. "C'est bien, ils seront en forme demain pour taper des continentaux." Ou pas, s'ils buvaient trop, mais peu importait, le capitaine se moquait bien de ce qu'ils faisaient durant ce temps libre, tant qu'ils étaient sur le pont le jour J. Quant à l'anxiété, elle était partagée, mais jamais il ne l'avouerait de vive voix - bien que son isolement du soir suffisait amplement à le trahir. Rebecca le connaissait parfaitement. Il ne restait que rarement seul. "Moi me pendre ?" S'offusquait-il dans un soupir amusé, avant d'hausser les épaules. "Je ne ferais pas ce plaisir à tu sais qui." Une lueur de défi illuminait son regard sombre. Si sa cousine n'était pas la cause directe de ses ailes arrachées, il savait que ces hommes étaient à sa solde et cela suffisait amplement. Tant d'années de mépris à son égard, lui, le vilain petit canard de la famille. "Hé bien en descendant j'ai songé à toi, et j'ai été déstabilisé par ta beauté." Véritable phrase de romantique. Ou de baratineur aussi - bien qu'une part de vérité s'y cachait. Zucco ne mentait jamais totalement, il embellissait simplement la chose. Il s'était approché légèrement, ses opales ancrées dans les siennes, sa main se glissait doucement sur son avant-bas jusqu'à sa main qui tenait la bouteille. Quel petit malin ce Zucco...

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Derrière le brouillard

An 1000, Lune 7, Jour 19

Il n’y avait pas une fois où une conversation avec Zucco ne comprenait pas au moins une Rebecca qui levait les yeux au ciel. Que ce soit par agacement ou pour toute autre raison… et cette fois-ci, ce fut pour une autre raison. Un mélange d’amusement et d’exaspération. Comme une grande sœur ou une mère déçue mais qui ne peut s’empêcher d’affectionner. Décidément ! Cet homme était un grand gamin, irresponsable, comment faisait-il pour être capitaine de son navire déjà ?
Par Jabu ce qu’elle pouvait l’aimer, ce crétin.

Mais bref, ce brave homme venait de passer à un poil de se pendre ou du moins de se retrouver dans une sale position. Mais jamais il n’en arriverait là, disait-il ! Ô grand jamais, car cela ferait bien trop plaisir à sa cousine, la vilaine, la vipère, la seule et l’unique Verona Narlarys. Rebecca dodelina de la tête.
« Très heureuse de voir que ton serpent de cousine est une meilleure raison que d’autre pour pas te pendre. » Elle lui adressa un sourire, mais le ton de voix laissait quand même présumer qu’elle était vexée ! Et Beck ne s’en cachait aucunement. Un soupir la quitta et elle secoua la tête négativement. « Je te jure… »

Comme pour se rattraper, il affirma avoir été déstabilisé par sa beauté. Rebecca soupira.
« Nah c’est mort, tu peux pas te rattraper avec des compliments. » Pourtant, il savait ce qu’il faisait, en s’approchant comme ça, en glissant la main vers la sienne, jusqu’à se rapprocher un peu trop de la bouteille qu’elle avait entre les doigts. De suite, la pirate recula d’un mouvement vif. « Wo-ho, l’oiseau, tu crois que je suis née de la dernière pluie ? » Elle tendit le bras derrière, éloignant la bouteille de rhum au maximum de Zucco. « Des fois je me demande si tu préférerais pas embrasser ta bouteille plutôt que moi. » Elle agita l’objet de ses convoitises, comme pour l’obliger à choisir.

« Blague à part, capitaine, vous avez bien trop bu compte-tenu de ce qui nous attend demain. » Et pour la peine, Rebecca prit une bonne grosse gorgée à son tour, cherchant à finir la bouteille pour l’empêcher d’en boire davantage, mais… il en restait un peu trop (et sûrement y avait-il d’autres bouteilles planquées quelque part). « Tu veux vraiment lancer l’assaut avec une gueule de bois ? Je te vois bien attaquer avec une migraine atroce, tu tiendras pas sur tes deux pieds et ce sera pas par pendaison que tu finiras mort. » Clairement, c’était une perspective qui ne lui plaisait pas. « Je pourrai pas faire la baby-sitter en plein combat. Tu peux pas essayer de faire gaffe un peu ? » Demanda-t-elle en semblant, pour cette fois-ci, vraiment soucieuse.

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Derrière le brouillard

@Rebecca AveilAn 1000, lune 7, jour 19

Zucco exaspérait souvent sa Seconde par sa drôlerie et son inconséquence visible. Mais elle seule savait que derrière ce joyeux luron se cachait un piaf à l'histoire difficile, brisé par la vie et les sévices subis. Ses ailes n'étaient plus, elle était la seule à connaître l'histoire dans son intégralité pour l'avoir vécu également. Jamais le capitaine n'avait soupçonné la douleur qu'elle avait ressenti lorsqu'elle l'avait soigné. Comme un ange gardien, elle veillait sur lui, le capitaine du Black Wind dont les frasques ne cessaient pas. Son équipage l'appréciait pour ce caractère si unique. Au diable le sérieux de sa fonction, lui préférait en rire. Quitte à se tourner en ridicule - involontairement. Encore une fois, Rebecca venait de lui sauver la mise, l'extirpant d'une situation désagréable. La tête en bas, sa tête aurait bientôt explosé si elle n'avait pas coupé la corde nouée autour de sa cheville.

Quelle drôle d'idée tiens que de se pendre ! Pas sur son propre navire ! Ou il ferait passer ça pour un meurtre afin de semer le doute et la discorde, juste pour son plaisir. Mais évidemment qu'il avait bien trop de choses à vivre pour l'envisager pardi. Sa cousine serait bien trop heureuse de voir ce cousin si encombrant disparaître. Et puis que deviendrait sa rousse préférée ? Il remarqua aisément la vexation de celle-ci, le faisant plisser des yeux tandis qu'il ouvrait grand la bouche, surpris. Non pas qu'elle soit vexée mais qu'il ne l'avait pas mentionné ! Quel abrutit songea-t-il. Mais évoquer ses sentiments était encore compliqué. "Tu sais bien que je ne veux pas te quitter." Siffla-t-il entre ses dents.

S'il tenta de se rattraper, la jeune femme n'était pas dupe quant à ses intentions. Difficile d'ignorer le regard brillant d'intérêt pour le liquide contenu dans la bouteille. Le rhum était son péché mignon, ce qui lui permettait parfois d'oublier ses tourments, le temps de quelques heures. Evidemment, chaque lendemain, il se maudissait d'y avoir cru, la tête dans le pâté. Se reculant en levant les mains, il éclata de rire avant de faire mine de réfléchir sérieusement avant de secouer vivement la tête. "Allons allons, je te choisirais sans hésiter. Tu donnes moins mal à la tête en plus." Disait-il en se penchant en sa direction, étouffant un rire moqueur. Et là, ses opales sombres s'étaient posées sur le visage de la pirate.

Ses traits fins, ses yeux bleus, ses cheveux roux, il la trouvait belle sa goron. Aussi belle et dangereuse qu'une digne pirate. Son regard se teintait d'une fierté totalement assumée. Elle représentait la raison quand lui n'en faisait parfois qu'à sa tête. Telle une bouée de sauvetage, il s'y accrochait pour ne pas se noyer - défaut de le faire dans ses yeux. En tout cas, elle marquait un point, ce qui rendit Zucco bien plus sérieux qu'auparavant. Il était pensif, songeant à ce pouvait advenir demain. "Hmm...Oui, tu as raison Beck." Croisant les bras, il venait s'adosser au mât, son chien venant renifler ses pieds avant de s'asseoir presque dessus. Une certaine fragilité se ressentait dans sa voix, il avait peur de l'issue de cette bataille. Il avait peur pour la vie de son équipage, le Narlarys se permettait d'être ainsi car il était en compagnie de Rebecca. Sa confiance était totale. "Je regretterais sûrement de nous avoir embarqué dans cette folie." Soupira-t-il, levant le nez pour scruter le ciel étoilé. "Mais nous serons fixés sur l'implication de ma cousine dans tout ce merdier." Faisant un pas vers sa seconde, il posait ses mains sur ses épaules. "Il y a cependant une chose que tu dois me promettre si ça tourne mal. Si le Black Wind coule, fuis avec les gars." Il se montrait déterminé mais soucieux. Cette demande n'était pas anodine.

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Derrière le brouillard

An 1000, Lune 7, Jour 19

C’était toujours bien maladroitement que Zucco se rattrapait. Rebecca soupira profondément, une énième fois, pas la dernière fois. Elle soupirait souvent avec lui. D’exaspération, de frustration voire même de plaisir ! Mais bordel qu’il était chiant à ses heures perdues, elle devait l’admettre. Et ce qu’il en perdait des heures. Comme maintenant. Plutôt que de se reposer pour être opérationnel pour cette bataille qui les attendait, il déambulait sur le pont, seul avec son chien (que Rebecca refusait d’appeler Verona, elle l’interpellait plutôt comme un sac à puce, une serpillère ou un torchon). Insouciant comme toujours ce brave Zucco, mais pouvait-on enseigner des grimaces à un vieux singe ? Non, et sûrement pas un vieux singe alcoolique.

Il paraissait avoir détaché son attention de la bouteille de rhum. Tant mieux. Voilà qu’il allait s’adosser au mât, le regard dans le vague, un peu distrait. Beck reconnaissait cela. Elle était la seule à pouvoir le voir : une petite fissure, une vulnérabilité certaine, quelconque, mais présente. L’alcool triste ou une réelle prise de conscience ? Voire les deux. Elle inclina la tête sans le quitter des yeux, écoutant ses paroles à propos de toute cette histoire. Puis, elle haussa les épaules.
« T’es notre capitaine, Zucc’. C’est normal qu’on te suive. » Il regrettait presque de les avoir embarqué là-dedans, mais et alors ? Ils étaient son équipage et ils se devaient de le suivre dans ses aventures, aussi dérangées, dangereuses, ennuyeuses ou lucratives soient-elles. Ils savaient tous dans quoi ils s’étaient engagés en acceptant de le suivre. Comme n’importe quel équipage de n’importe quel navire.

Elle sentit ses mains s’apposer lourdement sur ses épaules. Il plongea son regard dans le sien, la laissant légèrement froncer les sourcils. Elle ignorait à quoi elle s’attendait, mais certainement pas à ce qu’il lui demande – exige ? – de fuir avec l’équipage si le Black Wind venait à couler. Beck entrouvrit les lèvres immédiatement pour protester, mais pour une rare fois, elle ne dit rien. Aucun son ne quitta ses lippes. Elle dévisagea son amant un instant avant de refermer les lèvres en adoptant un air sérieux et empreint d’une certaine sévérité.
« Tu penses sérieusement que je vais t’obéir ? » Un sourire arrogant peint ses lèvres, juste alors qu’elle secouait négativement la tête. « C’est mal me connaître. » Voilà qui contredisait littéralement ce qu’elle venait de dire pour qu’il ne culpabilise pas de les emmener dans une bataille incertaine ! Sauf que la nuance, c’était que Beck suivait Zucco pour le surveiller et le soutenir dans ses embargos, pas parce qu’il en donnait l’ordre. Elle n’était pas n’importe quel mousse, n’importe quel matelot… Elle était sa Seconde, oui, mais pas seulement.

Ils le savaient tous les deux.

« J’suis ta Seconde, mais t’es mon navire, Zucco Narlarys. » Déclara-t-elle avec un éclat presque dominateur dans le regard. « Et un capitaine coule avec son navire. » Un brin de romance dans l’air ou plutôt une belle claque de poésie pour qu’il cesse de lui déblatérer des conneries ? Peut-être un peu des deux. Son visage n’avait rien de larmoyant et de mignard, il n’implorait pas tout l’amour du monde, non au contraire, elle avait ce côté prédateur et arrogant qui lui allait ô si bien. Un sourire hautain la décora d’ailleurs juste alors qu’elle levait les mains pour attraper les poignets du pirate, sans les enlever de ses épaules.

« Tu te débarrasseras pas d’moi comme ça, j’te le garantie. »

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@Rebecca AveilAn 1000, lune 7, jour 19

Il avait arrêté de compter le nombre de fois où sa Seconde levait les yeux au ciel à cause de ses bêtises. Zucco avait la tête dure, possédait un caractère difficile à supporter, un drôle d'énergumène disait on sur la mer des Cieux. Une réputation qui le précédait. Probablement qu'il avait la main lourde sur la bouteille ce soir s'expliquait par la peur de ce qui les attendait demain. En effet, il ne savait à quoi s'attendre, quels genre d'ennemis ils allaient affronter. Une chose était sûre, sa cousine y était mêlée. Il craignait que cette bataille soit la dernière du Black Wind. Et si son équipage passait sa dernière soirée aussi ? Sa gorge se serrait à cette idée, pour la première fois de sa vie, le piaf prenait conscience de ses responsabilités. Prise de conscience ! Quelle drôle d'idée pour un vieux singe tel que lui tiens. Serait-ce parce qu'il était trop sobre pour y échapper ? Certainement.

Face à Rebecca, il ne s'efforçait pas de cacher ses doutes. Une vulnérabilité qu'elle était la seule à entrevoir, à la dérobée. En réalité, il regrettait un peu de les avoir entraîné là-dedans, quelque peu aveuglé par la haine qu'il ressentait à l'égard de Verona. Il s'agissait de sa motivation principale à se lancer dans cette folie. "Et si j'étais aveuglé par ma colère contre Verona ?" Et si tout cela était un piège ?Toutes ses questions lui causaient une vilaine migraine - enfin, c'était sûrement le rhum. C'était normal de le suivre, évidemment, mais pas au dépend de leur survie.

Il lui demanda l'impossible, il le savait. Avec gravité, il lui demandait de l'abandonner si la situation dérapait. Si le capitaine refusait de quitter son navire en cas de défaite, il ne voulait pas que le destin de l'équipage soit identique. Le silence de la rousse le laissa pantois, avant qu'elle n'esquisse un sourire arrogant. Sa réponse ne l'étonna guère, le faisant sourire en coin, il s'y était attendu. "Je savais que tu dirais ça !" Rire fort alors qu'il ne la quittait pas du regard. Sa Seconde, il la connaissait, s'en voulait un peu d'avoir essayé de lui demander cela, il avait tenté au moins. Elle n'était pas n'importe quelle mousse, ce qu'ils partageaient tous les deux allait au-delà. Un secret savamment gardé depuis quelques lunes. Une passion dévorante pour le capitaine qui sentait son cœur fondre un peu plus chaque jour pour sa tempétueuse rousse.

Dans ses mots, il n'y avait rien de niais, et c'était là ce qu'il appréciait. La niaiserie, très peu pour eux. Zucco appréciait cet éclat de domination qui la caractérisait tant. "T'es mon tout Rebecca." Souffla-t-il, tâchant de se justifier, mais il en fut incapable. Elle venait se saisir de ses poignets, encore sur ses épaules, étreinte qu'il serrait légèrement. "J'veux pas me débarrasser de toi, j'ai juste peur de te mettre en danger -et oui, j'sais que tu vas me dire que tu sais te défendre. Mais c'est plus fort que moi, j'ai peur de te perdre. Parce qu'un monde sans toi, c'pas possible..." Disait-il en détournant un peu le regard, il n'avait pas l'habitude de s'étendre sur ses sentiments.

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An 1000, Lune 7, Jour 19

Sa colère pour Verona…
Rebecca pouvait la comprendre. Il ne pouvait que nourrir une rage sans faille pour cette vipère. A cause d’elle – enfin, plus précisément de sa famille, mais autant qu’elle récupère les pots cassés – il avait souffert milles enfers. Un piaf qui avait ses ailes arrachées, en voilà une sentence indéniablement horrible et innommable. Rebecca avait tout vu de ses propres yeux ; un spectacle qu’elle aurait préféré ne jamais voir, mais voilà ! La réalité était là, elle ne pouvait être modifiée. Zucco avait vécu un véritable calvaire et sans son intervention, il serait mort, à bout de sang, à bout de vie, à bout de douleur. Donc certes ! Beck pouvait complètement comprendre sa colère…

Mais il n’était pas obligé de crever pour cette colère non plus.

Quoi qu’il en soit, comme il le savait déjà, elle ne démordait pas de ne pas l’abandonner. Il était complètement dingue s’il s’imaginait qu’elle consentirait à le laisser avec son précieux Black Wind. Il eu beau rire à gorge déployée en disant qu’il la connaissait, qu’il savait qu’elle dirait ça, Rebecca ne broncha pas. Elle secoua même doucement la tête, preuve de sa désapprobation vis-à-vis de son attitude nonchalante concernant ces enjeux.
« Me fait pas gaspiller ma salive alors. » Grogna-t-elle, visiblement frustrée de l’entendre prendre tout ça à la légère. Quelle idée ! Elle n’irait jamais l’abandonner, elle préférait encore couler avec lui. S’il savait tellement qu’elle répondrait ce genre de choses, alors qu’il ne l’enquiquine pas avec ces demandes idiotes, voilà ce qu’elle pensait vraiment.

Mais voilà, l’alcool frappa à nouveau, poussant Zucco à lui dire qu’elle était son tout. Le visage de Beck se détendit légèrement tandis que ses yeux restaient braqués sur le faciès du pirate. Sa déclaration était bancale, mais Rebecca mentirait si elle prétendait que cela ne lui faisait rien. Elle le camoufla bien cependant et, avec un sourire certes arrogant mais lumineux, elle répliqua.
« C’est beau c’que tu dis là. Je sais pas si c’est l’alcool ou toi, mais j’aime ce que j’entends. » A croire qu’elle se moquait ! Peut-être un peu. Mais n’étant pas plus douée que lui avec ces histoires d’émotions – quoi que, peut-être un petit peu – elle se contenta d’une réponse. « Idem. »
A force de l’observer, une idée germa dans son esprit. Ses yeux ambre se tournèrent vers un horizon vide de vie. Il n’y avait que la mer calme, la nuit bleue au loin, rien d’autre. Juste une brise qui venait parfois les chatouiller, leur rappelant qu’ils étaient bien vivants. Ah ! Vivants… Pour l’instant.

« On va sûrement crever demain. » Dit-elle comme un simple fait. Que la bataille démarre demain ou le surlendemain, Rebecca préférait s’imaginer que ce serait plus vite que prévue. Autant avoir de bonnes surprises n’est-ce pas ?

La pirate ramena son attention vers son amant qui, certes en état d’ébriété, restait assez sobre pour tenir debout et lui parler. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il avait les idées claires malgré tout. Peut-être juste la langue un peu plus pendue. Elle sourit en plongeant son regard dans le sien.
« Épouse-moi alors. » Lâcha-t-elle comme une banalité. « T’es capitaine. Tu peux le faire. » Ce n’était même pas romantique comme demande mais au diable le romantisme. Ils n’étaient pas là pour ça ; c’était juste la stricte vérité. Ils n’avaient rien sous la main pour faire n’importe quelle cérémonie et par Jabu ! Ce qu’on s’en fichait ! Ils pouvaient juste soudainement déclarer être époux et ce serait suffisant pour Beck.

Avec assurance et un étrange enthousiasme, elle rajouta, un sourire en coin.
« Épouse-moi et demain on crèvera ensemble. »

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@Rebecca AveilAn 1000, lune 7, jour 19

Sa demande était totalement folle, il le savait et pourtant, il avait tenté de faire preuve de raison en épargnant celle qu'il aimait le plus sur cette terre. Zucco ne voulait pas qu'elle coule avec lui pour cette bataille qui n'était pas vraiment la sienne, du moins dans une certaine mesure. Elle n'avait pas à haïr Verona, il ignorait qu'en le soignant, la Goron avait ressenti cette infinie douleur. Encore aujourd'hui, le piaf ressentait l'absence de ses ailes dans son dos. Les douleurs l'éveillaient la nuit parfois. Sa famille avait gâché sa vie à défaut de la lui retirer. Quelle injustice pour un piaf de ne pouvoir voler. Une frustration qu'il ressentait en tout temps, lui qui était capitaine. Et pour cela, il était prêt à venir en aide à l'île du dragon, attaque dans laquelle sa cousine était mêlée.

Il grimaçait légèrement lorsqu'elle grognait. "Au moins j'aurais essayé !" Disait-il dans un rire tantôt effrayé, tantôt amusé. La rousse possédait un caractère tempétueux aux colères redoutées par son capitaine. L'on pourrait aisément considérer qu'elle tenait la culotte entre eux, en même temps, avec un drôle d'oiseau comme Zucco, ce n'était pas bien difficile... Il n'en faisait qu'à sa tête. Un miracle qu'il soit devenu capitaine de ce navire. Constamment, il s'étonnait de sa position hiérarchique, l'ayant oublié à cause de l'alcool ou parce qu'il doutait de ses capacités. Sans sa précieuse Seconde, il ne serait pas arrivé à grand chose, finalement.

Elle était son tout, et ce n'était pas l'alcool ingéré qui parlait. Affichant une mine scandalisée, il s'esclaffa. "Mais bien sûr que c'est moi enfin ! J'ai pas beaucoup bu ce soir en plus, hein Verona ?" Interrogant son chien, celle-ci l'ignora totalement, car évidemment, un chien ne pouvait comprendre son langage. Enfin, tout était relatif, car pour d'autres, il était en état d'ébriété avancé. Il fallait dire qu'en plusieurs années de consommation, son corps s'accoutumait aux effets, y résistant davantage. Néanmoins, le breuvage n'avait aucunement poussé à cette déclaration. Son cœur battait pour cette tempétueuse rousse : aussi volcanique qu'attirante, aussi passionnante que passionnée. Admirant l'horizon bleuté sans âme, il s'appuya sur le rebord du navire, pensif. Qu'allait-il advenir demain ?

Elle lui coupa l'herbe sous le pied, Zucco manqua de faillir, se rattrapant au rebord de bois. Sous le choc il bafouilla, avant d'enfin parvenir à parler. Voilà que l'alcool n'avait plus aucun effet sur son corps ou son esprit. Le voilà ivre d'amour pour sa belle, après la surprise venait le bonheur pur, sourire carnassier aux lèvres. "Tu...Tu es folle ! Mais qu'est-ce que j'aime ça, ce moment est peut-être notre dernier." Avec la plus belle spontanéité du monde, il la prenait dans ses bras, la soulevant presque du sol. Puis, le capitaine reprenait un peu de sérieux, venant se mettre debout sur le bord. "Nous sommes réunis ce jour pour le mariage de Rebecca Aveil et Zucco Narlarys." Disait-il à l'assemblée qui se composait de...Beck et de sa chienne. Se tenant au cordage, ses opales se posaient sur son amante, il descendait de son perchoir pour attraper ses mains. "Rebecca, veux-tu m'épouser ?" Le coeur au bord des lèvres, ça pourrait presque être romantique, tiens.

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Black Wind Captain

Moi ? Je suis malhonnête ! Et on sait qu’un homme malhonnête le restera quoi qu’il arrive… Honnêtement, ce sont des hommes honnêtes dont il faut se méfier, parce qu’on peut jamais prévoir à quel moment il feront un truc incroyablement… stupide

Derrière le brouillard

An 1000, Lune 7, Jour 19

Mourir, voulait-elle seulement mourir ? Lorsque l’on devenait pirate, pouvait-on prétendre craindre la mort ? Que nenni. Rebecca n’avait aucune idée de ce dans quoi elle s’embarquait, et pourtant, elle ne ressentait aucun effroi, aucune inquiétude quant à la finalité de cette guerre qui, franchement, ne la concernait pas tellement. Certes, elle devait protéger la Mer des Cieux, la liberté de la piraterie… Mais concrètement, elle aurait pu laisser les autres mener ce combat à sa place.
Sauf que Zucco était concerné, lui, et ce qui concernait Zucco la concernait aussi.

Aussi, elle proposa de l’épouser, sans crier gare, sans prévenir. Pourquoi se préparer ? Pourquoi réfléchir ? Elle l’aimait, au diable les petites mignardises et les hésitations ! Et à voir l’expression sur son visage, il n’allait pas lui dire non. Elle sourit en l’entendant la traiter de folle, mais adhérant de bon cœur à sa requête. Spontanément, il la prit dans ses bras, lui arrachant un rire de bon cœur que lui seul arrivait à lui soutirer, avant de déclarer qu’ils étaient unis, à partir de ce jour.
« Officiellement à partir de ce jour. » Rectifia-t-elle quand même. Techniquement, leur union était plus ou moins un secret, même si, soyons honnête, tout l’équipage était au courant. Les rumeurs allaient bon vent, la priorité que Zucco mettait sur Rebecca – et vice versa – crevait les yeux, mais ne dérangeait personne— en même temps, qui oserait s’interposer ?

Il lui demanda de l’épouser. Beck le fixa un moment, avant de lever la main pour… faire une pichenette sur son chapeau.
« Sombre buse, je te l’ai demandé en premier ! » Avant qu’il ne réponde, elle lui coupa l’herbe sous le pied. « Mais puisque tu t’poses la question encore, je vais me faire un plaisir de te répondre. » Impossible pour Zucco de répondre puisque l’instant d’après, elle l’empêcha de parler d’un baiser. La chienne, tout près, couina, comme gênée du spectacle. Beck recula, lui jeta un coup d’œil oblique, puis plongea son regard dans celui du capitaine.

« Demain, t’avises pas de crever seul. J’te préviens ; si je te trouve mort sans moi, je te tue. » L’humour dans l’air, l’amour dans l’air, mais la menace pesait lourd ! Même si elle n’avait absolument aucun sens. Toujours si près de son visage, elle leva les mains pour enfermer son faciès et le secouer doucement, le taquinant en pinçant presque ses joues. « T’as pas le droit de partir sans moi. C’est compris ? » Ses mains se serrèrent sur les joues de Zucco pour l’obliger à planter ses yeux dans les siens, l’empêchant de bouger la tête.

Elle ne plaisantait pas, cette fois.

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Derrière le brouillard

@Rebecca AveilAn 1000, lune 7, jour 19

Cette proposition de l'épouser paraissait aussi folle qu'inattendue, et pourtant, elle fit battre le cœur de l'énergumène aux ailes arrachées dont l'amour débordait pour sa tempétueuse rousse. Qui d'autre pouvait supporter le capitaine Zucco d'ailleurs ? Qui d'autre pouvait se targuer de le connaître aussi bien que la goron ? Personne. Elle seule savait que derrière toutes ses extravagances se cachait un homme brisé. Les violences subies avaient profondément marqué notre piaf qui ne se laissait guère approcher, à part elle, aucune femme n'avait sa confiance en ce bas monde, aucune ne l'avait tant marqué, aucune ne le faisait autant vibrer que sa Seconde, parfois ronchon, il fallait l'admettre. Finalement, lui aussi savait percer la carapace qu'elle s'était construite. Tous deux se complaisaient dans des personnages qui les protégeaient, une fois à l'abris des regards, ceux-ci n'existaient plus, il n'y avait plus que leurs cœurs qui battaient à l'unisson. Inutile de dire que ce genre de niaiseries restaient privées, mais l'équipage du Black Wind n'était pas dupe quant aux regards échangés, aux attentions particulières du capitaine.

"Officiellement à partir de ce jour et tous les jours qui suivront jusqu'à notre mort." Rectifia-t-il encore, levant le petit doigt, dans un sourire qui se voulait aussi franc que son précédent rire. Il n'avait pu s'empêcher de sauter de joie et le voilà faire le coq, debout sur le bord du bateau, à quelques centimètres du vide mais en cet instant, il n'avait peur de rien. Enivré de cet amour débordant, il se sentait de nouveau doté de ses ailes. Comme s'il était de nouveau capable de voler jusqu'au bout du monde, par delà les nuages et les montagnes d'Hyrule. Sans légèreté, il retombait face à elle, avant qu'il ne put rétorquer, voilà qu'elle l'embrassa. Le couinement gêné de sa chienne ne lui fit ni chaud ni froid, il n'avait d'yeux que pour sa dulcinée à la chevelure de feu et au caractère semblable. De quoi le faire fondre un peu plus tandis qu'il se reculait, la fixant du regard avec intensité. Voilà qu'elle le menaçait de nouveau ! "Mais comment tu pourras me tuer si je suis déjà mort ?" Eclat de rire sincère avant qu'il ne reprenne un visage sérieux, par peur de subir son courroux. Il affichait là le visage d'un enfant pris en flagrant délit de bêtise, c'était évident. L'humour était parfois ce qui lui évitait de dévoiler ses véritables émotions.

Ce qui les attendait demain, il n'en savait rien, et pour une fois, il avait peur, peur de la perdre et cela le rendait particulièrement nerveux. "ça vaut aussi pour toi. On est liés maintenant par les liens sacrés du mariage, Madame Narlarys." Répondit-il avec solennité et sérieux, ses mains se posèrent alors sur les siennes, pinçant presque ses joues rougies. "On survivra ou on mourra ensemble." Promesse qu'il comptait tenir, un monde sans elle n'était de toute façon pas envisageable. Soudainement, le capitaine s'écarta pour farfouiller dans sa poche et en sortit une bague en métal noir, simple, sans prétention à l'image de sa future propriétaire, sa femme. La tenant entre ses doigts, les yeux baissés sur sa trouvaille. "Je l'avais chopé sur le continent sans savoir quand te la donner. C'est le bon moment, tu ne crois pas ?" Il levait le nez pour doucement attraper la main gauche de la jeune femme, la lui glissant au doigt.

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Derrière le brouillard

An 1000, Lune 7, Jour 19

Rebecca tourna les yeux vers le ciel, exaspérée tandis que Zucco éclatait de rire en demandant comment diable elle avait l’intention de le tuer s’il était déjà mort ! C’était une façon de parler mais soit. Zucco n’était pas exactement la carpe la plus oxygénée de l’étang… En dépit de son expression qui laissait s’imaginer une forme de lassitude, elle souriait quand même, bougeant la tête de gauche à droite. Amusée, oui, surprise ? Non. C’était bien le genre de Zucco de répondre ce genre d’ânerie.

Elle exigea qu’il ne meure pas lors du conflit de l’île, et il lui demanda la même chose, en l’appelant madame Narlarys. Beck fronça immédiatement le nez, dégoûtée par l’idée de porter son nom.
« C’est pas contre vous, capitaine, mais je garde mon nom. Mon père me l’a donné ; j’y tiens. » Et porter le même nom que cette vicieuse de Verona ? Non merci. Elle préférait encore aller contre les conventions. Ils étaient des pirates après tout, n’est-ce pas ? Pourquoi faire comme tout le monde. Ce n’était pas drôle. « Mais t’inquiètes. Je compte pas claquer. J’ai trop de choses à voir encore. » Son père lui avait si souvent raconté de grandes aventures de par-delà les continents… Elle voulait voir ces terres lointaines et découvrir un maximum de trésors avant de pousser son dernier souffle.

L’instant d’après, Zucco sortit une bague de ses affaires. Son métal noir fit hausser les sourcils de la rouquine qui contempla la simplicité du bijou. Il confia l’avoir trouvé et ne pas avoir su quand la lui donner, et que c’était l’opportunité parfaite.
« Eh. A t’écouter, tu avais eu l’idée avant moi. Et ça, c’est faux. » Elle parlait tandis qu’il enfilait la bague à sa main gauche. Le bijou était parfait, seyant et discret. Il allait parfaitement à sa nouvelle propriétaire. Beck leva la main pour observer l’anneau qui, dorénavant, ornerait son annulaire. Elle étira enfin un sourire en coin, comme tout juste satisfaite. « Ça f’ra l’affaire. » En réalité, elle était touchée et ravie. Simplement, Rebecca n’était pas des plus… expressives sur ses émotions. Surtout ce genre.

« J’te trouverai quelque chose digne de ce nom quand on aura fini de casser la gueule à ce pigeon. » Une énième promesse qui empêchait qui que ce soit de mourir à la bataille.
Elle se tourna pour jeter un coup d’œil vers l’horizon. La hauteur de la lune et l’emplacement des étoiles signalaient l’heure avancée de la soirée. Une brise maritime vint lui caresser la joue.
« J’veux pas casser l’ambiance, mais faudrait se reposer. Si on veut pas clampser, autant mettre toutes les chances de not’ côté. » L’une de ses mains se leva pour aller déboutonner sa propre chemise, libérant un décolleté presque indécent et ce, tout à fait volontairement. Elle adressa un sourire invitant à son – très récent – mari, avant de se déplacer vers la porte menant aux cabines.

« Vous qui voyez, cap'taine. » Lança-t-elle nonchalamment en agitant la main de façon désinvolte, poursuivant son chemin, un sourire aux lèvres en sachant très bien qu'il y avait toutes les chances pour qu'il suive.

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Derrière le brouillard

@Rebecca AveilAn 1000, lune 7, jour 19

Zucco était tout sauf normal, il fallait l'avouer, ceux qui le supportaient étaient rares. Mais de tous, Rebecca était celle qui le connaissait le plus, elle savait que derrière cette carapace de joyeux luron se cachait un piaf brisé ayant été privé de ses ailes, incapable de voler comme ses congénères. Pour cela, il voguait sur les mers, retrouvant cette sensation de liberté, la même qui l'étreignait lorsqu'il était dans airs. La rousse connaissait plus que quiconque à quel point le Narlarys était sensible, un véritable coeur tendre, ou presque. "Mais bien sûr je plaisantais, personne n'a envie de partager le nom de ma cousine, même si personnellement, ça me fait marrer de savoir qu'elle fulmine en sachant son nom être mêlé à de la piraterie." Sourire fier, tandis qu'il hochait la tête, il ne pouvait que comprendre la volonté de sa Seconde : les pirates ne faisaient rien comme tout le monde, le mariage n'étant pas synonyme de soumission. Au contraire, même. Ils étaient libres sur l'eau et dans ce navire d'être ce qu'ils voulaient. "Et surtout encore tant de choses à vivre avec moi." Ajouta-t-il avec une teinte d'émotion serrant sa gorge, il avait évidemment peur de ce qui les attendait demain. Et si cette bataille était la dernière du Black Wind ?

Le voilà à fouiller dans sa poche - qui renfermait dieu sait quoi - pour en sortir un bijou d'une simplicité déconcertante, loin du faste de sa cousine. Zucco l'avait trouvé lors d'une énième mission d'abordage, songeant lui offrir au moment opportun, ce n'était pas pour l'épouser évidemment, le pauvre bougre éclata de rire aux dires de sa dulcinée. "T'as raison, mais je l'a trouvais jolie. Et comme j'en ai déjà plein..." Disait-il en levant sa main, dont tous les doigts étaient décorés par au moins une bague. Admirant l'anneau, la rousse esquissa un sourire en coin qui satsfaisait parfaitement le capitaine, il en savait le sens. Elle n'était pas expansive, chaque signe, aussi timide soit-il, était à prendre. "Content que ça te plaise." La bague lui allait à ravir, d'une beauté aussi brute que sa porteuse. Mais ça, il se tairait bien de le dire. En réalité, son regard amoureux parlait de lui-même. Dans celui-ci se lisait toute l'affection qu'il lui portait, langoureux et pur. Et en sa présence, il ne s'en cachait pas. "J'te fais confiance." Elle lui trouverait de quoi faire, il le savait.

Puis, il suivit le regard de sa nouvelle femme pour observer la lune qui se levait dans le ciel. Plus pensif et inquiet, il posa son attention sur Rebecca, louchant sur son décolleté si tentateur. Il pourrait presque se perdre dedans, ses yeux s'agrandissant de surprise mais aussi de désir. "De..Oh, serait-ce une invitation ?" Sourire en coin tandis qu'il en oublia la bouteille de rhum qui se trouvait à ses pieds. Le voilà ivre d'amour, obnubilé par la rousse qui s'éclipsa comme si de rien était.

Sans surprise, le piaf dépourvu d'ailes courrait presque à sa suite, enivré de son parfum, prêt à profiter de cette dernière nuit de répit avant la bataille qui suivra et dont l'issue demeurait plus incertaine que jamais. Dans ses bras, il ne songea plus à cela, porté par cette folie douce : l'amour.

(c) DΛNDELION

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Derrière le brouillard (Rebecca)

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