Be careful what you wish for ⊰ PV Kyoga

Be careful what you wish for

An 1000, Lune 6, Jour 14

Dans ce monde, il y avait de nombreuses choses avec lesquelles il ne fallait pas jouer.

La vie, l'innocence, la peur, l'amour...
La mort.

Saoirse avait bien conscience de cela. En son âme, la goron savait que ce qu'elle entreprenait de faire était mal. Perturber les morts relevait d'une certaine forme d'indécence et, oserait-on dire, de manque de respect qui ne lui ressemblait pas. La conseillère de Zelda était réputée pour sa répartie, ses raisonnements magnanimes et sa façon d'approcher chaque situation, en tant que juge, avec bienveillance et précision.

Pourtant, ici, lorsqu'il s'agissait de sa mère... Elle avait le sentiment de redevenir une jeune fille effrayée qui ne voulait qu'être réconfortée. S'il y avait bien un sujet dans ce vaste univers qui était capable de la briser, c'était celui-ci.

A cheval, encapuchonnée d'une longue cape blanche aux reflets argentés, Saoirse approchait du village Cocorico. Elle était venue seule en dépit du danger que cela puisse représenter. Une conseillère et amie de la reine d'Hyrule, seule sur les routes ? Ce n'était pas sérieux et pourtant ! La goron ne s'importuna pas de garde rapprochée. Ce n'était pas une mission diplomatique, ce n'était pas une quête qu'elle souhaitait ébruitée. C'était personnel, c'était pour elle, seulement pour elle.

Pour guérir, peut-être.

Pendant la route, Saoirse médita sur la nécessité de cette visite. Revoir le visage de sa mère lui permettrait-il vraiment de panser ses traumatismes ? Lui dire adieu changerait-il quelque chose ? A dire vrai, la jeune femme l'ignorait complètement.
Elle avait écoutée les avertissements de ce sheikah. Elle ne pouvait, pourtant, pas s'empêcher de s'imaginer que cela pourrait l'aider. Pourquoi ne pas essayer ? Qu'avait-elle à perdre ? Elle ne pouvait pas être plus brisée qu'elle ne l'était déjà. C'était impossible.

La belle blanche tira sur les rennes de son cheval lorsqu'elle passa le portail du village. Elle descendit de sa monture avec adresse et caressa l'encolure de la jument, empruntée aux écuries d'Hyrule, avant de s'avancer jusqu'à croiser un habitant en train de s'affairer.
« Bien le bonjour. Je souhaiterais m'entretenir avec le Chakra de la Couronne. Pourriez-vous m'indiquer où je puis le trouver ? » La douceur de sa voix désarçonna quelque peu le vieil homme qui fit milles efforts pour se tenir le plus droit possible. Il hocha de la tête plusieurs fois et lui indiqua un chemin à suivre.
« Vous le trouverez sûrement au cimetière ! Il est toujours par là, avec ses amis... »
Saoirse inclina la tête, intriguée, mais bienheureuse de la réponse. Elle le remercia d'une courbette avant de marcher lentement vers le cimetière de Cocorico, songeant à l'instant que ce n'était pas si surprenant qu'un personnage tel que celui-ci, apte d'invoquer et de parler aux morts, soit dans un lieu pareil.

Ses pas foulèrent le sol silencieux du cimetière quelques minutes plus tard. Un étrange calme flottait dans l'air. Ses prunelles embrassèrent le décor qui, non pas sinistre, inspirait une tranquillité certaine. Un tantinet nerveuse mais déterminée, Saoirse repéra bientôt la silhouette d'un homme dans le lointain. Ses cheveux d'albâtre la poussèrent à croire qu'il s'agissait bien là de Kyoga Hikoshi, avec qui elle s'était entretenue au mariage de la reine.

Elle s'approcha, les mains jointes contre son abdomen.
« Bonjour ? » Il était dos à elle, elle ne souhaitait pas le surprendre, bien que les sursauts ne devaient plus l'atteindre s'il avait tendance à voir des choses que les autres ne voyaient pas. « Pardonnez mon éruption. Vous êtes bien le Chakra de la Couronne ? » Elle reconnaissait bien son visage. Elle pencha la tête en avant en signe de respect avant de la relever en retirant la capuche qui couvrait jusqu'à présent sa tête, découvrant son visage. « Je suis Saoirse Sadlyn, conseillère de la reine Zelda Nohansen d'Hyrule. Nous nous sommes entretenus au mariage... » En son for intérieur, Saoirse espérait qu'il se souvienne d'elle et du pourquoi elle espérait le rencontrer plus personnellement.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Les négociations étaient lancées depuis peu avec Ordinn et la Couronne concernant l'indépendance du village de Cocorico. Bien que je soutenais Ari sur ce projet, il y avait toujours la crainte du futur. Personne ne savait ce que l'avenir était en train de réserver à ce monde. Impossible de savoir si cette demande d'indépendance était une bonne ou une mauvaise idée. Pour le moment en tous les cas rien n'était encore décidé. Ari avait de solides épaules pour arriver à gérer tout cela. Je n'étais qu'un membre du conseil de mon côté et mes camarades qui y siégeait aussi n'était pas des plus rassurés non plus. Même si notre cheffe avait réussi à les convaincre de la suivre sur cette nouvelle voie. En attendant, la routine suivait son cours et comme d'habitude je passais ma journée au cimetière. Si certains trouvaient cela lugubre d'y passer autant de temps, ce n'était pas mon cas. J'aimais tenir compagnie aux âmes qui reposaient ici. Elles n'étaient pas forcément toutes présentes depuis le temps que certains défunts étaient enterrés ici. Puis, il y avait aussi le calme appréciable malgré tout. J'étais aussi le responsable de ce lieu et devait prendre soin des tombes. Même si ces dernières étaient fleuries majoritairement par d'autres habitants, je le faisais aussi. Je changeais les fleurs, nettoyait les pierres tombales qui étaient salies par la météo ou d'autres choses vivantes.

C'était fascinant comme la vie pouvait se mêler à la mort. Ce cimetière n'était en rien sinistre d'ailleurs. Les fleurs et les feuilles qui le balayaient mettait un peu de gaieté. Je savais que les mots appréciaient beaucoup cela, et les rendaient même un peu heureux. Avoir l'impression qu'ils n'étaient pas oubliés comme un voisin qui prendrait soin de votre maison durant votre absence. Une vision que j'avais compris, mais malheureusement ce n'était pas le cas de tous mes congénères. Si Ari essayait de saisir le monde dans lequel je baignais depuis mon enfance, elle était bien la seule ici. J'avais de toute façon finit par abandonner. La mort était un sujet assez délicat à aborder avec les Sheikahs. C'était une chose sur laquelle on ne rigolait pas et je ne pouvais qu'être d'accord. Je maîtrisais certes, des pouvoirs en lien avec cette fin d'étape de la vie mais lorsque je le faisais, j'en payais les conséquences aussi. Rien que de communiquer normalement avec les esprits me donnaient la migraine, sans compter les heures de sommeils volées. Juste fermer les yeux un instant était difficile. Alors parfois je méditais au cœur du problème, tout simplement. Ce n'était pas un sommeil au sens propre mais vider mon esprit, permettait de l'apaiser quelque temps. Il était donc rare que j'ai de la visite, souvent c'était plutôt Ari quand elle avait besoin de mes conseils. Pourtant aujourd'hui, ce n'était pas son pas qui foulait la terre des défunts et surement que quelqu'un d'autre aurait sursauté mais avec les esprits farceurs, je m'étais habitué aux apparitions non prévues.

Je me retournais donc pour faire face à une demoiselle au visage dissimulé, dont le son de la voix m’était familier. Surement ne venait-elle pas d'ici, car il n'y avait qu'à l'extérieur du village qu'on me nommait par mon statut. Je la saluais en retour.

- Bonjour. A qui ai-je l'honneur ?

Une fois sa capuche abaissée, je reconnaissais la noble dame avec qui j'avais conversé lors du mariage de la reine Zelda. Je me souvenais aussi de son désir de parler à sa défunte mère. N'ayant pas eu de nouvelle depuis à ce sujet, j'avais pensé qu'elle avait réfléchi et abandonné cette idée mais manifestement, cela n'était pas le cas.

- Je me souviens de vous. J'ai à vrai dire, échanger avec peu de monde ce jour-là.

Il était donc plus facile de se rappeler les visages que si on avait discuté avec tous les invités.

- J'imagine que votre présence en ce lieu est liée à notre dernière conversation ? Êtes-vous certaines que cela en vaut le coup dame Sadlyn ?

Demandais-je tout en l'invitant à prendre place sur le banc. Il ne faisait pas froid, alors il était agréable de discuter à l'air libre, même si cet endroit n'était pas du tout un endroit rêvé pour papoter.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Son interlocuteur admit n'avoir interagit qu'avec bien trop d'individus lors du mariage, aussi il fut facile pour lui de reconnaître la goron blanche. Saoirse étira un sourire timide. En ces lieux, sur ce cimetière si calme et loin de tout, elle se sentait vulnérable. C'était pourtant sa terre natale – Ordinn en elle-même et non pas Cocorico – mais quelque chose lui donnait le sentiment qu'elle n'était pas chez elle. Elle était sur le territoire de cet homme qui se tenait devant elle, aussi elle restait discrète, respectueuse et à l'écoute.

Elle s'installa sur le banc qu'il lui montrait juste après qu'il l'ait interrogé sur ses intentions.
« A dire vrai, j'ai tourné et retourné la question de nombreuses nuits. En dépit d'évidentes hésitations sir Hikoshi, je ne parviens guère à me retirer cette perspective de l'esprit. Je ressens le besoin... de revoir cette personne. » Elle avait le besoin de clôturer cette histoire, mais elle savait également que Kyoga avait raison. Cette histoire comprenait énormément de risques. Saoirse ne connaissait pas les risques de la manipulation des âmes ou fantômes ou qu'importe comment il considérait cela. Elle n'en savait que ce qu'il lui avait dit au mariage.

« Si cela ne fonctionne pas, je serai peut-être déçue, mais j'aurai essayé. » Il était évident qu'elle serait brisée si elle constatait qu'en dépit du voyage et de ses efforts, sa mère refusait de se manifester. Saoirse mentait un tantinet, mais en même temps, elle disait la vérité : elle n'aurait pas le choix de se satisfaire de cette tentative. Elle n'insisterait pas puisqu'elle refusait de mettre Kyoga en danger, supposant que comme tout pouvoir, cela l'épuiserait ou pire.

D'une poche de sa cape, Saoirse sortit un bracelet qui semblait avoir été abîmé par l'âge. Il n'était pas bien jeune. Il appartenait autrefois à sa mère, un cadeau qu'elle lui avait donné lorsqu'elle n'était qu'une enfant, affirmant que c'était à sa propre mère autrefois et que cela lui porterait chance. Elle considéra les rubis qui décoraient le bijou. Ils étaient abîmés, eux aussi.
« Je suis prête à courir le risque, tant que vous me garantissez que vous ne viendrez pas à souffrir de cette tentative. » Déclara-t-elle avec fermeté, dirigeant un regard entendu vers le sheikah.

La conseillère se tourna vers lui.
« J'ai emmené de quoi vous payer. » Elle ignorait s'il exigerait un paiement pour un tel service. Elle estimait que ce serait presque normal. N'était-ce pas un risque pour lui ? Surtout pour une personne qu'il ne connaissait pas personnellement. « Votre prix sera le mien. » Saoirse préférait se leurrer en s'imaginant qu'il demanderait des rubis plutôt que de venir les mains vides... C'était une question de respect.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

J'avais hoché la tête à la suite de la réponse de mon interlocutrice. Elle avait fortement réfléchi à sa demande et je pouvais comprendre son désir de s'adresser une dernière fois à sa mère. N'importe quel être humain qui était proche de ses parents souhaiterait la même chose. Communiquer avec les morts n'était pas chose aisé, ce n'était pas aussi simple que d'envoyer un courrier et d'attendre une réponse. Si un esprit ne désirait pas se manifester, il n'y avait aucun moyen de le savoir. Simplement le grand silence. Il m'était déjà arrivé de faire chou blanc sans savoir précisément la raison. Il y en avait des tas. Certains défunts étaient tout simplement hors de ma portée aussi, si leur âme s'était déjà éteinte par exemple.

- Si vous y avez mûrement réfléchi, je n'ai alors rien à redire sur votre décision

Je pourrai très bien dire non et refuser ce genre de requête. Après tout je ne devais rien à cette dame que j'avais simplement croisé lors du mariage de la reine Zelda. Mais malgré mon caractère solitaire, j'appréciais aussi de savoir les vivants apaisés et si je pouvais y contribuer à ma manière alors pourquoi ne pas le faire ? Le monde tournait déjà bien assez mal ces temps-ci. Si avec mes pouvoirs je pouvais soulager un poids des épaules de Saoirse, j'en serai plus que ravi. Elle ne me cachait pas sa déception si jamais sa mère ne répondait pas à mon appel.

- Ne vous inquiétez pas, vous sembliez être proche. Ce n'est pas comme si vous souhaiteriez parler à quelqu'un qui vous déteste.

Je tentais de la rassurer comme je le pouvais. Il ne fallait pas perdre espoir tout de suite. Il n'y avait aucune raison pour l'instant que la convocation se passe mal. Ce n'était pas vraiment le terme adéquat cela dit, vu que l'esprit de sa mère ne sera pas présent. Je parlerai simplement en son nom, comme un messager. La connexion entre deux membres d'une même famille. Saoirse avait sorti un bracelet qui semblait plutôt usé par le temps. Un bijou qui était certainement important pour elle pour l'avoir apporté jusqu'ici sans l'avoir mis autour de son poignet pour autant. Un rapport avec sa mère sans doute ?

- Comme je vous l'ai dit, toute magie a un prix et je ne peux vous mentir qu'user de mon don sera assez épuisant mais rien d'insurmontable. Je ne vais pas frôler la mort, si c'est cela qui vous inquiète.

Le pire qui pouvait m'arriver était de m'évanouir si j'insistais trop mais généralement je m'arrêtais avant et écopait d'un affreux mal de crâne pendant des heures. J'avais rarement saigné du nez aussi, sauf si l'esprit avec qui je parlais se mettait en colère. Une âme paisible était plus facilement approchable et confortable pour rester en contact.

Je la regardais un instant après qu'elle m'ai demandé combien je réclamais pour réaliser son souhait. Je n’y avait jamais réfléchi. Je ne faisais en fait jamais payé ce genre de chose, estimant que ce n'était pas à moi d'en récolter le paiement. Celui qui était le plus déranger dans l'histoire était le mort non ?

- Le bracelet que vous tenez entre vos doigts semble être important à vos yeux. Et si je vous le demandais me le donneriez-vous en échange ?

Proposais-je. Evidemment, je ne comptais pas réellement le lui prendre, Qu'en ferais-je ? Mais cela, Saoirse ne le savait pas.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Non, certes, elle ne souhaitait pas parler à quelqu’un qui la détestait… Saoirse baissa les yeux. Elle n’avait aucun doute sur l’amour que sa mère lui portait, mais qu’avait-elle ressentit dans les dernières minutes qui avaient précédés sa mort ? Était-elle heureuse d’avoir sauvé sa fille, ou au contraire, secrètement haineuse parce qu’elle devait sacrifier sa vie pour sa progéniture ? Rien que d’y penser laissa Saoirse froide et ombrageuse. Elle refusait de s’imaginer que sa chère mère puisse avoir vu les choses sous un tel angle. Elle chassa la pensée, le cœur au bord des lèvres, la bouche serrée dans une moue d’incertitude.

A l’heure actuelle, elle s’inquiéta surtout de l’état de son interlocuteur. Kyoga avait un pouvoir impressionnant, mais nul doute que celui-ci serait demandant pour lui, non ? Elle n’en doutait pas. Elle ne connaissait rien à ce type de magie mais… Saoirse supposait qu’appeler les morts demandait une forme de puissance tout à fait hors de ce monde.

Le sheikah la rassura qu’il ne frôlerait pas la mort. Elle étira un sourire reconnaissant.
« Me voilà rassurée. C’est bien là la dernière chose que je souhaiterais. » En dépit de sa réelle volonté à convenablement dire adieu à sa mère – ou plutôt à son esprit, ici – jamais Saoirse n’aurait mis la vie de ce brave homme en danger.

Son cœur battait plus fort. Saoirse s’était imaginé qu’elle serait nerveuse à la perspective de revoir l’esprit de sa mère, mais l’anxiété semblait sévèrement prendre le dessus. A présent, le prix avait été soulevé, que voulait-il ? Et lorsqu’ils auraient fini de parler de cela, ils pourraient se lancer dans cette histoire, et…
Elle ignorait si elle était vraiment prête en fin de compte.

Kyoga parla du bracelet qu’elle avait et proposa cela comme paiement. Les doigts de fée de la jeune femme se resserrèrent par réflexe sur le précieux objet. Elle ne s’attendait pas à un tel paiement… Elle espérait qu’il s’agisse de rubis. Prise au dépourvu, Saoirse mit quelques secondes à formuler une réponse.
« C’est-à-dire que… il s’agit… » Elle posa les yeux sur le bijou. Il était vieux, abimé. Il ne représentait rien au regard extérieur, mais pour elle, c’était un trésor, un souvenir. Valait-il la peine qu’elle s’en détache pour revoir sa mère et enfin faire la paix avec cette histoire ? Le déchirement était présent, mais… « Si tel est le prix que vous exigez, alors… J’y consens. » A contrecœur à n’en pas douter.

Elle se leva pour se positionner debout devant le sheikah, et lui tendit lentement le bijou.
« Il lui appartenait, j’imagine… j’imagine que cela vous aidera à entrer en communication avec… elle ? » La goron n’avait pas encore énoncé de qui il s’agissait. Était-ce important pour lui ? L’objet toujours tendu, elle renchérit. « …Il s’agit de ma mère. » A présent, la balle était dans son camp. Il avait son paiement, l’identité. Qu’avait-il besoin de plus ? Elle ne tarderait sûrement pas à le savoir.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Un léger sourire était apparu sur mes lèvres, reconnaissant qu'elle se soit inquiété des effets que mon pouvoir pouvait avoir sur moi. C'était assez rare que ceux qui osaient me faire une requête de parler à un proche défunt se préoccupe de cela. Mais il était vrai que si communiquer avec les morts étaient parfois douloureux, il n'y avait rien de mortel non plus. Ce n'était pas aussi puissant que de redonner la vie temporairement à une personne ou alors là, je risquais d'y passer ou de laisser une part de moi-même dans le processus.

- Je vous remercie de votre inquiétude.

Je préférais tout de même le lui dire à voix haute afin qu'elle sache que je n'en avais pas rien à faire de ce qu'elle ressentait. N'étant pas vraiment une personne expressive, il valait mieux parfois que je partage mes émotions avec mon interlocuteur pour ne pas créer de malaise. Saoirse était cependant différente de mes autres "clients" si je pouvais la nommer ainsi. Mon aide n'avait pas réellement de prix, je ne faisais pas cela pour l'argent - mais si on me donnait quelques rubis je ne refuserai pas et en ferait don aux esprits. Si je m'étais servis de mon don pour en faire un commerce, je ne serai pas dans ce village à passer tout mon temps dans le cimetière. Tel un voyant, je passerai de ville en ville pour me faire connaître et amasser le plus d'argent tranquille. Mais bon, en songeant aux migraines que j'allai me prendre en retour, j'étais bien mieux à Cocorico à rendre service de temps en temps. Ma capacité n'était pas non plus hautement connue. Si j'avais bien compris, Saoirse était originaire d'Ordinn c'était donc en soi plutôt logique qu'elle ait eu vent de ce que j'étais capable de faire.

Jusqu'au bout je tenais tout de même à vérifier qu'elle était certaine de son désir de parler à cette personne qui lui était chère. Par défaut, j'avais compris que c'était sa mère étant donné la manière dont elle en parlait. Sans compter le bracelet qu'elle avait dans ses mains qui ressemblait plus à celui porté par une femme plutôt qu'un homme. Afin de la tester une dernière fois, je lui avais demandé de me donner ce bijou précieux en guise de paiement.

- Je l'avais compris.

Soufflais-je en prenant le bracelet dans ma main. Il serait en effet un plus pour contacter sa mère, si c'était bien elle qui en était la propriétaire initiale. Chaque objet gardait une trace de la personne qui l'avait touché, encore plus si ce dernier était important pour cette personne.

- Je vous le rendrais après, ne vous en faites pas.

Rajoutais-je tout en me levant avant de l'inviter à me suivre. Maintenant que tout était éclairci au sujet de la jeune femme, la séance pouvait commencer. Je menais donc mon invitée pas très loin de là où nous étions. Juste quelques pas pour atteindre une petite cabane en bois. C'était ici que je rangeais le matériel pour entretenir les tombes mais pas seulement. Il m'arrivait aussi d'y méditer plutôt que de retourner dans ma demeure. Le cimetière était un peu comme une deuxième maison pour moi, pour l'incompréhension d'un plus grand nombre de mes voisins.

- Je vous en prie, prenez place

Le mobilier n'avait rien de luxueux, simplement une petite table et quelques coussins posés sur le sol. Dans un coin trônait un four à bois afin de faire chauffer de l'eau chaude pour boire du thé. Quelques objets décoraient la pièce que j'avais récupérée ou qu'on m'avait donnée en guise de remerciement. Il y en avait aussi qui était ensorcelé pour empêcher les mauvais esprits de rentrer. J'allumai une bougie qui se trouvait au centre de la table avant de fermer les rideaux de l'unique fenêtre. La cabane se trouvait quasi plongé dans le noir. Je m'asseyais ensuite à mon tour tout en fouillant dans un petit sac que j’avais attrapé, faisant face à Saoirse et posait le bracelet juste devant moi.

- Avant de commencer, il faut savoir que le temps s'écoulera différemment de mon côté. Si je reste muet pendant un temps qui vous paraîtra long c'est normal.

Je pouvais mettre du temps avant d'arriver à contacter un esprit mais cela paraitrait comme quelques minutes seulement alors qu'ici, il se serait écoulé beaucoup plus. J'espérais que Saoirse n'avait rien de prévu pour le reste de la journée car j'ignorais si sa mère allait répondre tout de suite.

- Comment s'appelait votre mère ?

Demandais-je tout en sortant un bâton d’encens avec une pointe rouge ainsi qu’un socle pour le poser afin qu’il puisse brûler tranquillement. J'avais évidemment besoin de connaître l'identité de la défunte, ça serait plus facile que de chercher "maman de Saoirse".

- Ah et n'essayez pas de me réveillez s'il vous plaît, ça me donnera encore plus de maux de tête

Et bien évidemment, ne pas oublier de lui dire de ne rien tenter pour me sortir de mon état de méditation. Un retour forcé était loin d'être agréable.

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Il comptait lui rendre le bijou.
Une profonde chaleur engouffra la poitrine de la dame Sadlyn. Elle fit des efforts pour ne pas simplement soupirer son soulagement. Elle pensait vraiment perdre ce dernier souvenir physique de sa mère… Pourtant voilà qu’il lui apprenait le contraire. Malgré elle, Saoirse esquissa un léger sourire qui vint trahir son état d’esprit. Il était évident à présent aux yeux du sheikah que la douce pâle était on ne peut plus heureuse qu’il consente à le lui rendre après la séance.

Kyoga se leva, intimant à Saoirse de faire de même. La goron suivit le mouvement, incertaine de ce qui l’attendait. Elle avait le sentiment de pénétrer dans un territoire complètement inconnu, comme dans un tunnel noir, aveuglée, anxieuse. La brume englobait l’entièreté de son esprit mais il était hors de question de reculer ; elle pourrait enfin dire adieu à sa mère. Ce n’était pas une occasion à laisser glisser entre ses doigts.
N'est-ce pas ?

Timide et prudente, Saoirse entra dans la cabane en bois et s’installa à la demande du sheikah. L’homme aux cheveux blancs plongea la pièce dans une profonde noirceur qui la laissa tout à fait inconfortable. Cela lui rappelait la nuit ; un moment anxiogène pour la belle. Elle serra ses mains ensemble, creusant sa paume de ses ongles sans tirer le sang non plus. Cette douleur ciblée lui permettait de s’apaiser et de garder le contrôle sur cette angoisse qui lui nouait la gorge.

Kyoga lui offrit quelques explications avant de lui demander le nom de sa mère.
« K-Kora… Kora Fern. » Sadlyn de son nom d’épouse. Elle déglutit difficilement. La noirceur la rendait déjà nerveuse, mais l’incertitude de ce qui allait se produire la rendait encore plus agitée. Pourtant, Saoirse restait parfaitement immobile, aux aguets de ce qui allait se passer. Elle avait l’habitude de ravaler ses émotions lorsqu’elle devait juger le destin de prisonniers ou accusés de toute part, mais… Il s’agissait de sa mère. Il s’agissait d’elle. C’était plus compliqué. Beaucoup plus compliqué.

Le médium prit la peine de la prévenir de ne pas essayer de le réveiller au risque de lui provoquer des douleurs inutiles. Saoirse haussa les sourcils, entrouvrit les lèvres, puis hocha de la tête. Elle était surprise ; à quoi devait-elle s’attendre ? Allait-il s’endormir, là devant elle ? Que devait-elle faire en attendant ? Pourtant, elle ne posa aucune de ces interrogations.

Elle prit une petite inspiration. Sa bouche était sèche. Elle ravala son stress.
« Lorsque vous êtes prêt. » L’autorisation avait été donné. A présent, Saoirse ne pouvait qu’attendre…

Et espérer.

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Même si elle n'avait rien dit, j'avais bien vu sur son visage que ma décision de ne pas lui dérober le bijou était un soulagement. Je n'étais pas ce genre de personne à briser le cœur des autres, surtout si en plus Saoirse tenait énormément à ce bracelet. C'était surement le dernier souvenir qui la liait à cette personne qu'elle souhaitait contacter, raison de plus pour ne pas le lui arracher. La jeune femme était prête à aller jusqu'au bout de son aventure alors j'avais fini par mettre fin à ce petit test pour la guider jusqu'à l'endroit où allait se tenir la séance. Il n'y avait pas besoin d'énormément de chose, juste de l'obscurité pour que je puisse me concentrer et de l'encens pour les esprits. Saoirse n'avait rien à faire de son côté jusqu'à ce que j'arrive à contacter sa mère, dont j'avais eu l'identité. C'était toujours plus pratique d'avoir le nom de la personne plutôt que de chercher mère d’untel. Il y en avait tellement parmi les morts que ça aurait été comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Une fois tout installé, j'expliquais en même temps à la jeune femme qu'elle ne devait pas tenter de me sortir de mon "sommeil" et faire preuve aussi de patience. Certains de mes anciens invités n'en avaient pas vraiment eu, c'était aussi pour cette raison que je n'acceptais pas gentiment de contacter un défunt. J'étais persuadé que cette demoiselle restera campé de son côté. Je la sentais tout de même nerveuse mais c'était tout à fait normal après tout. Je n'étais pas un charlatan - je communiquais réellement avec les esprits - et surtout le succès n'était pas non plus garanti, surtout si la personne décédée l'était depuis longtemps. J'ignorais si c'était le cas pour Mme Fern mais ce n'était pas une information importante. La fille de cette dernière était prête - personnellement je l'étais depuis toujours, depuis que j'avais développé ce don.
Je fermais donc les yeux, mes mains posées sur mes genoux avant de vider mon esprit. Je faisais abstraction de ce qui m'entourait dans le monde des vivants pour m'en aller dans celui des morts. Il y avait tellement d'esprits qui se baladaient, tellement de voix. C'était comme se promener un jour de marché.

- Kora Fern

Je répétais plusieurs fois ce nom dans ma tête, comme un appel. Je sentais d'autres défunts se retourner sur mon passage. Des minutes passèrent sans aucune réponse - ce qui était d'autant plus fatiguant car je devais rester concentrer. Finalement, une voix féminine avait fini par résonner me demandant qui j'étais et comment je connaissais son nom. Je lui expliquais alors la raison de ma présence après m'être brièvement présenté. Sa fille souhaitait lui adresser quelques mots, un dernier échange dont je serai le porte-parole. Bien évidemment, Kora n'était pas obligée de dire oui mais toutes les deux semblaient être assez proche pour qu'un refus ne soit qu'une option. Je ne savais pas comment elle était morte mais vu son visage encore jeune, ce n’était pas de vieillesse. Les 3 déesses d’or avaient en tous les cas selon mes croyances, balayés toutes traces physiques ou sanglantes de la fin de sa vie sur son corps fantomatique.

Après son accord, je basculai entre les deux mondes, retrouvant un peu mon esprit dans mon corps pour lever ma main droite et la pointer vers Saoirse - si elle était toujours là.

- Votre mère est là, elle est heureuse de savoir que vous allez bien. Je répéterai mot pour mot ce que chacune d'entre vous dira. Choisissez les biens car je ne peux rester ainsi indéfiniment.

Plus j'utilisais mon don, plus ma migraine serait forte ensuite. Généralement je ne maintenais la connexion que cinq minutes maximum. Il m'était déjà arrivé de saigner du nez si je le faisait plus longtemps, alors si je pouvais éviter de tomber dans les pommes.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Saoirse tâchait de maîtriser sa respiration. L’anxiété accélérait considérablement son pouls, l’obligeant à respirer un peu plus profondément, plus rapidement. Au travers de subtiles respirations contrôlées, la goron essayait de s’apaiser, attendant, angoissée, de voir si Kyoga parviendrait à établir le contact avec sa défunte mère.
Pendant quelques instants, la conseillère en vint même à regretter son initiative. Et si cela ne fonctionnait pas ? Si tout ceci était voué à l’échec ? Ou pire… peut-être que sa mère refuserait d’entrer en contact avec elle ? Après tout, elle avait subi cette… épreuve, mort, tragédie… à cause d’elle, n’est-ce pas ? Un frisson la traversa. Elle ne pouvait plus reculer de toute manière à présent.

Réduite à respirer par la bouche, le souffle tremblant, Saoirse ne quittait pas le sheikah des yeux. Au bout d’un moment, ses prières furent entendues ; l’homme tendit une main vers elle et affirma que sa mère était là, qu’elle était heureuse de savoir qu’elle allait bien. Saoirse écarquilla les yeux, incertaine de ce qu’elle devait croire, mais l’empressement était à l’heure. Elle ne devait pas traîner.

Laissant de côté ses interrogations et ses doutes, elle posa, hésitante, ses mains sur celle de Kyoga.
« M-mère ? Mère… Je… » Elle devait se dépêcher, trouver les mots. Le médium risquait d’en pâtir si elle tardait trop, mais tant de choses se bousculaient dans son esprit ! L’anxiété grimpa, ses paupières chatouillèrent bientôt de quelques larmes perdues qui tombèrent toutes seules, roulant lourdement sur ses joues. « Je suis désolée. J’aurais tant… voulu vous épargner ce qui s’est passé… »
Ce n’était pas le moment des regrets. Elle ne devait pas traîner. Saoirse tenta de faire le tri dans son esprit et fini par en déduire qu’il serait préférable de proprement dire au revoir pendant qu’elle en avait l’opportunité.

Certes elle aurait souhaité de longues conversations, de vraies retrouvailles, des adieux propres. Malheureusement, ce n’était pas possible. Elle devait se contenter de ce qu’elle avait, à présent, c’est-à-dire une incroyable chance de pouvoir lui adresser quelques mots. Saoirse déglutit, s’obligeant à se concentrer sur le plus important.

« Je n’ai que peu de temps. Aussi… Je… Je voulais vraiment, en réalité… vous dire adieu… » Ses doigts tremblèrent et se serrèrent légèrement sur la main de Kyoga. L’idée que le temps manquait la fit paniquer. « Je ne vous oublierai jamais ! Je le promets ! Vous m’avez tant donné… Mère… » Saoirse sursauta en notant une goutte de sang qui quitta le nez du sheikah.
Elle devait arrêter. Elle insistait trop.

« Mère… Merci… pour tout… » Elle se força à, petit à petit, lâcher la main de Kyoga. « Au revoir. » Sa gorge se serra alors qu’elle laissait doucement poser ses mains sur la table, fixant un point imaginaire, encore secouée. La culpabilité d’avoir trop insisté lui retournait les entrailles et la peine d’avoir fait ses adieux laissait de lourdes larmes silencieuses rouler sur ses joues.

Venait-elle vraiment… d’avoir cet échange… ?

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Il y avait des personnes qui pensaient que c'était impossible de communiquer avec les morts. Je ne les avais encore jamais rencontrés et surement me traiterait il de menteur si je leur disais ce dont j'étais capable de faire. Ce n'était pas un secret d'ailleurs, je ne le cachais pas si on me posait la question sur mes pouvoirs. La plupart du temps mes interlocuteurs en dehors du village étaient surpris puis curieux, me posant pleins de questions. Finalement c'était surtout pour éviter les interrogatoires que je m'épanchais peu sur mes facultés. J'avais senti le scepticisme de Saoirse même si la requête venait d'elle. Ce n'était pas évident de croire qu'il était possible d'avoir une dernière conversation avec un proche. C'était seulement l'espoir qui faisait admettre que c'était plausible. De mon côté je n'avais pas la garantie que cela fonctionne, les esprits des défunts n'étaient pas tous coopératifs et ne répondaient pas à mes appels. Ce qui amenait par conséquent les déçus que je me fusse moqué d'eux - alors que j'étais en train de me battre contre un mal de tête. Après je me moquais bien de ce qu'on pouvait penser à mon sujet, je me servais uniquement de mon don de communication pour permettre aux vivants comme Saoirse de trouver une sorte de paix.

Heureusement sa mère avait répondu à mon appel, et pendant un temps limité les deux femmes allaient pouvoir se parler par mon biais. Elles ne se verraient pas, simplement des mots qui seront retranscrit par ma voix. Je n'avais pas le pouvoir de faire entrer mes "clients" dans mon délire, peut-être un jour. Il était plus fatiguant de naviguer entre la vie et la mort, de garder contact avec le défunt tout en parlant. Même si j'avais l'habitude, ce n'était pas agréable du tout. Je faisais de mon mieux pour articuler ce que j'entendais des deux côtés. Il n'y avait de ce fait, pas l'émotions que je pouvais entendre de chacune d'elles, si en plus je devais y mettre des talents de comédiens que je ne possédais pas.

- Tu n'as pas à te sentir désolé ma chérie, te sauver la vie a été la meilleure décision que j'ai prise...Tu es ma fille je ferai n'importe quoi pour toi...Je suis simplement heureuse et fière que tu ailles bien.

Je pouvais sentir toute l'affection que sa mère avait pour son enfant. J'ignorais ce qui s'était passé, comment Saoirse l'avait perdu mais une vie semblait avoir été perdu pour une autre. Comme si Kora tentait de serrer la main de sa fille dans la sienne, je resserrai la mienne.

- Ce n'est pas un adieu...nous nous reverrons un jour...dans plusieurs années je l'espère…Je serai toujours là, à veiller sur toi ma chérie. Je t'aime de tout mon cœur.

Les dernières paroles s'échangèrent, alors que je serrai les dents face à la douleur qui commençait à m'assaillir. Plus les secondes défilaient et je restais ainsi, plus mon corps en subissait le coût. Kora souffla un dernier aurevoir en même temps que mon esprit revenait complètement dans la réalité. Gardant les yeux fermés, d'une main tremblante, j'essuyais le sang qui avait coulé de mon nez. Je restais ensuite immobile quelques secondes pour me calmer avant de poser mon regard sur Saoirse.

- Avez-vous eu ce que vous désiriez...?

Soufflais-je d'une voix basse. La jeune femme allait surement avoir besoin de temps pour se remettre de ce qui venait de se passer. Ce qui n'était pas anormal d'ailleurs, n'importe qui serait chambouler à la suite d’un échange avec l'au-delà. Et encore, eux, ils avaient que le côté émergé de l'iceberg. Je me redressai ensuite, me tenant au mur de la cabane pour ne pas tomber tellement je me sentais vide. Mais assez d'énergie pour faire deux trois pas vers la petite cuisine - si on pouvait appeler cela ainsi. J'attrapais une bouteille et un verre que je remplissais à moitié et de l'eau ensuite pour le reste. Je revenais avec ma mixture vers la jeune femme et lui déposais devant elle sur la table basse avant de me rasseoir.

- Tenez...C'est du jus de citrouille

Expliquais-je au cas où elle penserait que je voudrais l'empoissonner. Cocorico avait la chance de pouvoir faire pousser des carottes et des citrouilles malgré sa proximité avec un volcan.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Les dernières paroles de sa mère raisonnèrent comme un doux écho dans son esprit. Elle qui, habituellement, camouflait ses émotions, taisait ses pleurs et séchait ses larmes, voilà que Saoirse était incapable de les arrêter. Sans sangloter, elle pleurait silencieusement, le regard perdu, l’esprit encore dubitatif de ce qu’il venait de traverser.
Ses yeux ne bougèrent que lorsque Kyoga fit un mouvement ; il alla essuyer le sang qui coulait de son nez. Brutalement ramené à la réalité, Saoirse sentit la morsure de la culpabilité lui attraper le cœur. Elle dévisagea le sheikah avec inquiétude, mais au lieu de lui parler, la goron lui donna le temps de se remettre. Elle garda sur lui un regard attentif, ne réalisant pas la lourdeur des larmes qui glissaient sur ses joues blanches.

Lorsqu’il fut calme, il lui demanda sobrement si elle avait eu ce qu’elle voulait.
« O-oui… » Souffla-t-elle, incertaine en réalité de ce qu’elle pouvait répondre. Elle avait le sentiment d’avoir exténué ce brave homme. Il semblait avoir lutté contre quelque chose qu’elle ne comprendrait jamais… Cette force d’outre-monde aurait-elle pu être plus dangereuse encore pour lui ? Avait-il couru des risques incroyables, sans qu’elle ne puisse le deviner ? Y penser la laissa chagrinée.

Le sheikah se leva, chancelant. Saoirse faillit se lever à sa suite pour l’aider à marcher, mais se ravisa au dernier instant. Elle ne voulait pas l’insulter non plus. Il avait l’habitude, non ? Il faisait cela souvent… Ou du moins était-ce ce qu’elle avait cru comprendre. Aussi, Saoirse se contenta de l’observer attentivement tandis qu’il revenait avec deux verres contenant du jus de citrouille.

Ses yeux scrutèrent un instant le contenu du verre. Puis, un sourire fendit ses larmes.
« Elle m’en ramenait, parfois… » Dit-elle doucement en contemplant le liquide jaune-orangé. « J’adorais cela lorsque j’étais enfant. » En Ordinn même, il n’y avait aucune possibilité de faire pousser des fruits et légumes, mais à Cocorico, ils étaient réputés pour leurs carottes et leurs citrouilles. Petite, Saoirse raffolait du jus de citrouille. Sa mère faisait souvent le voyage juste pour lui faire plaisir. Elle n’en avait jamais bu à nouveau depuis son décès. Cela faisait…
…de si longues années.

Elle lutta, silencieuse, contre l’absolu torrent de larmes qui voulu la quitter. Elle ravala tout. Rien ne se vit. De lourdes larmes coulèrent, mais elle resta muette, un doux sourire nostalgique, douloureux sur le visage. Enfin, elle alla chercher un linge dans l’une de ses poches et sécha élégamment ses joues, avant de prendre une gorgée timide du breuvage. La même chose. Le goût lui revint de suite. Comme si c’était hier…

Respectueusement, Saoirse attendit, en silence, que Kyoga se remette un peu. Le sucre naturel de la citrouille lui redonna un brin de couleur. Ce n’est qu’une fois les verres vidés que la goron reprit la parole.
« Ce que vous venez de m’offrir, sir Hikoshi… » Elle déglutit, sentant la douleur de sa gorge encore serrée par les émotions ressentit. « …jamais je ne recevrai plus beau présent. Grâce à vous… grâce à vous, je pourrai enfin… » Saoirse baissa les yeux, ignorant en réalité les termes adéquats. Elle soupira enfin, un léger sourire aux lèvres. « …Je pourrai enfin dormir. »
Cela pouvait sembler anodin. Mais après presque deux décennies à souffrir d’insomnie par peur de revivre cet horrible jour… Peut-être, grâce à Kyoga, pourrait-elle enfin se coucher l’esprit tranquille…

« Merci… du fond du cœur… »

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Combien de temps cela faisait-il que Saoirse était hantée par le fantôme de sa mère ? Surement depuis trop longtemps, voir depuis leur tragique séparation. Je savais ce que cela faisait de perdre un parent brutalement, la mienne était partie lors d'une guerre. Elle était morte au combat, c'était en quelque sorte honorant même si cela ne faisait pas vraiment se sentir mieux un enfant. J'espérais que cette discussion entre la mère et la fille, allait permettre à cette dernière de se sentir mieux, de se libérer du poids qui pesait sur ses épaules. Elle n'était responsable en rien, c'était ces hommes les coupables. Eux, n'avaient surement pas culpabilisés tout du long de leur méfait. Ce que je faisais, tout ce que j'avais entendu année après année en usant de mon don, me dégoûtait chaque jour encore plus de ce que l'être humain était capable de faire. Pour quelle raison ? Aucune la plupart du temps. Seulement le désir de la destruction. Personne ne pouvait rien y faire malheureusement, le monde avait été fait ainsi avec sa noirceur et sa lumière. Malheureusement, il y avait bien plus de mal que de bien. Au moins pouvais-je apporter un peu de réconfort aux personnes qui n'ont pas encore été touchés par la noirceur.
Laissant Saoirse se remettre de ses émotions, et aussi pour pouvoir retrouver de l'énergie de mon côté, j'étais partie juste à côté remplir deux verres de jus de citrouille avant de les déposer sur la table basse. J'étais épuisé, cette connexion avait durée trop longtemps. Il me faudrait surement une journée pour récupérer mais j'avais l'habitude du contre-coup. Il n'y avait rien de mortel là-dedans, seulement une grande fatigue et des maux de tête. Voir un saignement de nez lorsque je forçais trop.

- Votre mère venait souvent au village ?

Demandais-je intrigué. Et aussi parce que le fait de parler ainsi d'une personne proche disparue était un signe de guérison. Je me souvenais qu'après la mort de ma mère, j'avais été malade pendant quelques jours mais n'avait jamais parlé de cela avec mon père. C'était un sujet qu'on avait évité tous les deux, de crainte surement de se faire souffrir inutilement. Saoirse était bien plus forte que moi, malgré les larmes qui coulaient silencieusement sur ses joues. Elle avait eu le courage de venir jusqu'à moi, de tenter l'expérience sans vraiment que cela soit certains que le contact fonctionne. En tous les cas, j'avais bien senti l'amour que Kora avait pour son enfant. A présent, cette dernière devait aussi se sentir rassuré et peut-être reposer plus en paix.

- Je vous en prie, appelez-moi Kyoga.

Soufflais-je avec un léger sourire. Après ce que nous venions de traverser ensemble, il n'y avait plus vraiment de nécessité de s'appeler par nos patronymes respectifs. Je posais mon regard sur le bracelet qui se trouvait devant moi avant de le glisser sur la table vers mon invitée.

- J'espère que cela vous permettra de trouver des nuits meilleures.

Même si pendant quelques nuitées, son esprit sera un peu tourmenté par ce qu'il venait de se passer. La plupart qui était passé par là, avait du mal à réaliser et à croire qu'ils avaient vraiment parler à un mort. Je pouvais les comprendre, quelle preuve il y avait t-il que c'était bien cette personne et non pas juste moi qui jouais la comédie ? Certes les Sheikahs étaient connus pour leur connaissance et savoir, mais de là à connaître les histoires personnelles de chacun. Cela pouvait paraître un peu énorme. Et je n'étais pas non plus télépathe. Ça aurait pu aussi être une façon de savoir en lisant les pensées de son invité car généralement on pensait au défunt en me demandant mon aide.

- Lorsque votre mère vous manque, ou une autre personne, vous pouvez lui parlez. Les esprits sont partout et écoutent. Cela leur fait même plaisir qu'on pense à eux, aux bons souvenirs partagés.

Bien évidemment, mieux valait le faire silencieusement ou seule dans une pièce, voir peut-être dans une église. On pouvait facilement être pris pour un fou sinon. Enfin, je n'obligeais personne à faire ce genre de chose, c'était juste un moyen aussi de se libérer le cœur.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Saoirse acquiesça à la demande de Kyoga.
« Oui. Elle aimait beaucoup Cocorico. » Elle-même n’avait pas souvent eu l’opportunité d’y venir. Quelques rares fois, elle avait accompagné sa mère dans ce petit village montagneux, mais elle était trop jeune et ne se souvenait pas très bien du décorum. Surtout que les choses avaient changées depuis, et même si certains éléments étaient familiers, Saoirse ne pouvait pas dire tout reconnaître.
Toutefois, elle se rappelait parfaitement du goût de ce jus de citrouille que sa mère ramenait chaque fois qu’elle revenait de ses voyages entre Cocorico et Ordinn. Elle n’en avait pas bu depuis de très nombreuses années et cela ramena énormément de souvenirs en son esprit… De beaux souvenirs.

Quoi qu’il en soit, le sheikah la corrigea sur l’appellation trop formelle qu’elle utilisait : il souhaitait qu’il l’appelle par son prénom. Elle sourit, navrée, et hocha de la tête. Par la suite, Saoirse continua de doucement siroter ce jus de citrouille, tâchant d’assimiler un peu mieux ce qui venait de se passer. Certes, elle passerait des meilleures nuits, mais sur le départ, il y avait fort à parier pour que ses cauchemars persistent encore un peu… Néanmoins, grâce à Kyoga, elle pourrait aborder la chose avec un esprit un peu plus apaisé. Car à présent, elle savait que sa mère ne lui en voulait pas ; et les adieux avaient été faits.

Il l’encouragea à parler à sa mère lorsqu’elle lui manquait. Il nota que les esprits écoutaient.
« Vraiment ? » S’étonna Saoirse. Elle avait souvent entendu parler de cette croyance, mais une partie d’elle se refusait d’y croire. Elle ignorait que ses paroles, portées au vent, atteindraient vraiment sa mère. Elle sourit, soulagée d’entendre des paroles si encourageantes. « Je n’hésiterai pas. A présent, je sais qu’elle a toujours veillée sur moi… Aussi, je sais qu’elle m’écoutera. » Et tout ceci, c’était grâce à ce sheikah. Elle était si heureuse d’avoir croisé sa route au mariage de la reine… Le hasard faisait parfois bien les choses.

Sa boisson terminée, Saoirse repoussa délicatement le verre. Elle ne voulait pas trop abuser de son hospitalité non plus, mais partir comme une voleuse lui semblait vraiment inadéquat. Elle lui avait exprimé avoir emmené des rubis, mais Kyoga ne semblait pas vouloir de paiement. Pourtant…
« Je tiens réellement à vous remercier, Kyoga. Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ? » Elle possédait une place privilégiée au sein de la cour d’Hyrule, peut-être aurait-il une demande quelconque à lui faire ? S’il ne voulait pas de rubis… Elle pouvait peut-être lui offrir autre chose ? Quoi que s’il insistait… Elle abandonnerait.
Ou cacherait une petite bourse de rubis sous la table juste avant son départ.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Peut-être avais-je croisé sa mère lors de ses visites au village mais mes souvenirs qui concernaient mon enfance s'étaient peu à peu effacé en grandissant pour laisser place à des plus récents. J'ignorais toutefois l'âge de Saoirse mais elle devait probablement être plus proche de la trentaine que de la vingtaine. Toutefois, j'espérais que le jus de citrouille que je lui avais apporté lui avait rappelé de bons souvenirs et non des mauvais. Ignorant justement que sa mère lui en faisait aussi. Il n'y avait aucun doute que cette dernière aimait profondément sa fille et grâce à mon pouvoir j'avais pu leur permettre de discuter une dernière fois. S’il sonnait comme une malédiction pour certaines personnes, l'utilisation que j'en faisais n'était pas mauvais et soulageait la conscience de pas mal de personnes lorsqu'elles osaient venir me voir. Cependant, émotionnellement c'était assez lourd mais je ne doutais pas sur le fait que Saoirse allait s'en remettre. J'insistai pour que cette dernière m'appelle par mon prénom, peu habitué à ce qu'on utilise mon nom de famille pour me parler. Puis après ce moment fort il n'y avait vraiment pas lieu de garder cette frontière entre nous.
J'étais ravi d'avoir pu aider la jeune femme, je n'étais jamais sûr d'y arriver car les esprits ne me répondaient pas tout le temps. Au moins maintenant, Saoirse allait avoir un sommeil moins perturbé après avoir pu dire adieu à sa mère. Celle-ci allait continuer de veiller sur elle d'où elle était, c'était plus vu comme une croyance par les autres mais peu importe où les défunts se trouvaient je savais que la majorité surveillait leur proche encore en vie. Il n'avait pas de moyen d'intervenir bien sûr sauf si ils venaient me parler durant mon sommeil pour que j'accepte leur requête.

- Peu le savent, mais oui toutes les paroles dites envers une personne disparue ne sont pas perdues.

Cela faisait même du bien aux deux parties. Un esprit était toujours content de savoir qu'on continuait de penser à lui. Une existence effacée était loin d'être agréable et malheureusement, il y avait pleins de tombes où plus personnes ne venaient se recueillir. Même au village Cocorico lorsque la famille n'habitait plus ici ou qu'il n'y avait plus de descendance. C'était donc mon travail de faire en sorte que ces âmes ne se sentent pas seules en prenant soin de leur nouvelle maison et de leur adresser des prières.

- Comme je vous l'ai dit, je ne fais pas cela pour avoir quelque chose en échange.

Je n'avais besoin de rien et puis simplement de savoir que cela avait fait du bien à mon client était en quelque sorte un paiement. Cependant, il y avait bien quelque chose que Saoirse pouvait faire car j'ignorais quand cela serait possible pour moi de me rendre à la citadelle. J'avais pu venir au village car les négociations avec le suzerain étaient en pause actuellement mais je ne devais pas trop m'éloigné afin de retourner à la Cité d'Ordinn rapidement.

- Cependant, j'ai une requête à vous faire

Je sortais un pochon de ma tunique avant de lui tendre. Je le gardais sur moi depuis que j'avais fait l'achat de ce qu'il contenait pour ne pas le perdre ou qu'on me le vole. Et si jamais mes pas me conduisaient jusqu'à son destinataire par hasard.

- Il y a un médecin à la citadelle, Vy Omniell. Pourriez-vous vous assurez qu'il va bien et lui donner ceci de ma part ?

Depuis sa dépression, je craignais qu'il ne rechute mais ne pouvait malheureusement pas galoper tous les matins jusqu'à chez lui. Au moins serais-je rassuré si Saoirse allait le voir. J'espérais aussi que ce pendentif goron lui ferait plaisir.

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Kyoga insista : il ne faisait pas cela pour avoir quoi que ce soit en échange. Saoirse baissa la tête, acquiesçant sans le dire à ses propos. Elle ne pourrait donc pas le payer. Il venait pourtant de lui donner quelque chose de si inestimable… qu’en vérité, avec le recul, la goron ignorait complètement ce qu’elle pourrait lui donner qui pourrait être à la même hauteur de ce qu’il lui avait donné ! Il aurait sa reconnaissance éternelle, il n’y avait aucun doute là-dessus.

Au moment où Saoirse allait abdiquer et accepter qu’elle ne pouvait pas le remercier autrement qu’avec des mots, le sheikah lui confia avoir une requête à lui faire. Les sourcils de la belle se haussèrent. Attentive, elle posa un regard intrigué sur lui.
Il sortit un pochon dans sa tunique et le lui tendit en lui demandant de le remettre à une certaine personne : un médecin vivant à la citadelle. Il s’appelait Vy Omniell. Il souhaitait s’assurer qu’il allait bien et qu’elle lui remette cet objet, peu importe ce que c’était. Saoirse récupéra le pochon sans songer une minute à regarder à l’intérieur. Ce n’était pas de ses affaires après tout.

« Vy Omniell vous dites ? » Elle chercha dans sa mémoire. Cela lui disait vaguement quelque chose ; sans doute parce qu’il n’y avait pas beaucoup de médecins qui se trouvaient à la citadelle. Quoi qu’il en soit, s’il ne lui demandait que cela, Saoirse ne pouvait pas le lui refuser. Croisant le regard de Kyoga, elle sourit avec entente et hocha de la tête. « Entendu. Je tâcherai de le joindre sitôt rentrée à la citadelle. » Ce qui, normalement, ne devrait pas trop tarder.

Elle en avait en effet terminé ici.

La belle blanche termina le jus de citrouille, non pas sans se rappeler, une dernière douce fois, de ces occasions où sa mère la remplissait de joie en lui ramenant ce précieux breuvage à la Cité d’Ordinn. Elle sourit avec nostalgie en regardant le contenant vide, avant d’ajuster sa cape sur ses épaules, prête à quitter les lieux.
« Je ne vais pas abuser davantage de votre temps… J’en déduis que vous avez besoin de repos après une telle épreuve. » Il y avait encore un peu de rouge sous son nez. Ce saignement n’était pas bon signe. L’utilisation de ses pouvoirs devait sûrement lui demander bien plus d’énergie qu’il ne l’avait indiqué. Elle sourit, navrée, douce, et se rapprocha de la porte.

« Je ne cesserai jamais de vous remercier, Kyoga. Si vous avez besoin de quoi que ce soit à la citadelle, n’hésitez surtout pas à m’envoyer une missive. Je ferai de mon mieux pour répondre à vos attentes. » Saoirse s’imaginait qu’il n’abuserait pas de ce présent. Il semblait être un individu paisible – et ne fallait-il pas bien cela pour communiquer avec les morts ? – aussi elle avait confiance en lui. « Je vous enverrai un message lorsque j’aurai pris contact avec votre ami. » Elle s’inclina respectueusement, se préparant à quitter la demeure du mystérieux sheikah. Elle avait de la route à faire…

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An 1000, Lune 6, Jour 14

Je n'avais besoin de rien présentement, et l'argent ne m'intéressais guère. Ce n'était pas quelque chose sur lequel je courrais. Comme la plupart des habitants de Cocorico à vrai dire. En vivant loin de la vie citadine, on avait appris à apprécier une vie simple, sans fioriture. Je savais que ma réponse ne plaisait pas à Saoirse, qui tenait absolument à me remercier pour ce que j'avais fait. A mes yeux, cela n'avait rien de miraculeux et encore moins de recevoir un cadeau pour le service rendu. En y réfléchissant cependant mieux, la jeune femme pouvait m'être utile étant donné qu'elle habitait à la citadelle d'Hyrule. Vy y résidait aussi et je n'avais point le temps d'aller le voir avec les discussions en cours avec le suzerain d'Ordinn. Je lui confiais donc ce que j'avais acheté et fait graver là-bas afin que le médecin sache que je ne l'avais pas oublié. Même s'il n'était plus hanté par cette mère et son enfant à la suite de mon aide, on ne sortait pas véritablement d'un tel cauchemar. Il m'avait promis de ne plus boire et j'avais bien sûr confiance en lui là-dessus. Toutefois, j'espérais que mon présent lui redonne du baume au coeur. Il me tardait aussi de le revoir, je devais l'avouer.

- Merci. Vous ne devriez pas avoir de mal à le trouver, il est assez populaire.

En interrogeant la population, Saoirse devrait découvrir aisément l'endroit où Vy travaillait. Suite à ce qui s'était passé, je savais qu'il avait décidé de ne plus s'aventurer en dehors des murs de la ville. Ce qui était dommage pour les villages aux alentours évidemment mais je pouvais aussi comprendre son choix. Le temps fera son œuvre pour panser ses plaies.

J'avais hoché légèrement la tête à la suite de ses propos concernant son départ et le repos dont j'avais besoin. J'étais resté trop longtemps en contact avec sa défunte mère et cela avait puisé grandement dans mon énergie. Je n'aspirai qu'à me reposer un peu avant de repartir à la Citée d'Ordinn. Je me redressai tout de même, un peu moins épuisé que tantôt pour pouvoir tenir sur mes chambres afin de raccompagner tout de même mon invitée à la porte de la cabane.

- C'est noté. Faites attention en retournant à la citadelle.

Surtout que la jeune femme était venue seule. Même si le village Cocorico veillait à détruire les nids de monstres qui sévissaient autour il était possible d'en croiser plus loin sur la route. Toutefois, si l'aller s'était bien passé, il n'y avait pas de raison que le retour se passe mal. Je m'inclinais à mon tour pour la saluer une dernière fois avant de la regarder partir et redescendre dans le village. De nouveau seul, je retournais dans la cabane en fermant la porte derrière moi. Je sortais ensuite un futon qui était roulé dans un coin avant de l'étendre sur le sol. Je soufflais sur la bougie encore allumée sur la dernière basse pour me retrouver dans le noir et m'allongeai sur le futon afin de trouver un peu de repos.

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