La nuit est tombée sur Portua, laissant derrière elle un ciel obscurci, presque noir, parsemé de milliers d’étoiles scintillantes. Loin de l’agitation de la ville portuaire, la tranquillité de l’océan règne en maître et c’était exactement ce que recherchait Azriel. Sur le pont du Silent Dragon, tout juste amarré, il profite de cet instant came, silencieux et paisible pour se perdre dans la contemplation des étoiles. Il semble n’y avoir que lui sur le bateau. Les vagues viennent s’écraser doucement contre la coque du navire, créant une symphonie apaisante et il ferme donc les yeux, laissant le bruit de la houle bercer son esprit.
Quand il réouvre finalement les yeux, il regarde au loin, là où la mère est sombre, presque immobile. Son esprit se plonge alors dans la mélancolie, et même les étoiles ne sembles pas pouvoir éclairer les ténèbres qui pèsent sur son âme.

En observant l’horizon, il repense à l’île du Dragon, sur laquelle il n’a pas pu remettre les pieds depuis longtemps. Est-ce que sa mère va toujours bien ? N’avoir aucune nouvelle le rend malade, mais il n’a pas le choix… La dernière fois qu’il a posé les pieds sur cette terre de malheur, la malédiction qui pèse sur lui à une nouvelle fois fais rage, et ses ailes en ont encore patie. Il aurait tellement aimé pouvoir prendre son envol cette nuit, sous la voûte céleste. C’est alors avec douleur qu’il se souvient de la sensation du vent sous ses ailes, de la liberté qu’il ressentait lorsqu’il volait. Mais il était à présent condamné à rester les deux pieds au sol, impuissant face à son destin.

Voilà qu’après sa tendre mère, ses pensés se tournent vers son ancien amour, celle qu’il a laissé derrière lui lorsqu’il a été exilé. Aurait-il encore des sentiments pour elle ? Oui, sans doute… Il en aurait même toujours. Comment ce grand romantique pourrait oublier son premier amour ? Il se souvient alors de ses sourires, de ses caresses, de la façon dont elle lui murmurait des mots doux lorsqu'ils étaient ensemble. Mais à présent, elle était loin, peut-être même mariée à un riche marchant. Il n’aurait sans doute jamais la réponse…

La tristesse du pirate envahit alors son coeur, et tout un tas de question se bouscule dans sa tête. Le voilà partagé entre son amour pour la vie de pirate, pour son équipage et la mer, et la tristesse de ne jamais pouvoir retrouvé son ancienne vie. Est-ce qu’une vie vous d’un navire sera suffisante pour combler le vide qu’il ressent ? Où est-ce qu’il devrait tout abandonner pour partir à la recherche d’une nouvelle vie, et peut-être trouvé une solution à sa malédiction ?

Azriel a toujours aimé ruminé, seul dans son coin. Ce n’est pas la première nuit qu’il passe à refaire le monde, à réécrire son histoire. Et s'il avait agi autrement ? Peut-être qu’un jour, il aurait le courage de parler de tout ce qui le tracasse à quelqu’un de confiance… Voilà que la première personne qui lui vient à l’esprit est sa capitaine. Bon sang, c’est stupide, elle ne comprendra jamais ! Amusé, qu’il puisse lui-même avoir cette pensée, le jeune pirate se met à rire, seul, avant d’entendre des bruits de pas venir du ponton un peu plus loin. Finalement, cet instant de douce et paisible solitude n’aura pas duré bien longtemps. Néanmoins, la plupart des matelots savaient très bien qu’il fallait mieux pas ne pas déranger leur second, lorsqu’il se perdait ainsi dans ses pensées. Il allait donc sans doute avoir encore quelques minutes de répit. Il détend alors un peu ses ailes, qui s’écartent de part et d’autre de son dos. Dans l’obscurité, ses membranes noires sont d’ailleurs encore plus impressionnantes, et laisseraient même croire qu’il y a un monstre sur le bateau…

Azriel savourait un rare moment de calme et de solitude. Assis à l’arrière du bateau, il observait le vaste océan qui s’étendait devant lui, les yeux captivés par la danse des vagues sous le clair de lune et les étoiles scintillantes. Alors qu’il se perdait dans ses pensées, plongé dans ses questionnements, des bruits de pas sur le pont vinrent perturber la tranquillité de l’instant. Le pirate qui commençait tout juste à se décontracter se raidit et un froncement de sourcils traversa son visage autrement impassible. L’espace d’une petite seconde, son visage buriné trahit son agacement à l’idée d’être dérangé dans ce rare moment de répit.

Sans même détourner la tête, il lui sembla reconnaître des pas familiers, ceux de sa capitaine : Kahlan. Son regard brun se tourna alors vers l’origine du son et une lueur brillante traversa ses yeux lorsqu’il aperçut sa capitaine, cette femme si charismatique qu’il appréciait énormément. Il la salua alors poliment, lui adressant un fin sourire, sans pour autant bouger de la balustrade. « Bonsoir Kahlan. Ma soirée était plutôt calme jusque-là… » Il y avait peut-être une petite pointe d’agacement dans sa voix, reprochant à cette dernière l’interruption de son moment de solitude.

Tout de même intrigué par la présence de la Sheikah, car il savait que la brune appréciait passer ses nuits dans des hôtels de passes lorsqu’ils étaient à quai plutôt que sur le Silent Dragon, le pirate resta silencieux, attendant de toute évidence des explications quant à sa venue ce soir. Il remarqua d’ailleurs rapidement qu’une lueur de malice brillait dans ses yeux. Qu’allait-elle encore lui annoncer ? Le brun s’attendait à ce qu’elle lui parle d’une nouvelle aventure excitante ou d’un trésor à aller chercher, il fut alors complètement choqué par ce que la pirate lui proposa.

Juste derrière elle, se trouvait une jeune femme, belle et séduisante, avec un regard étincelant de promesse… Bon sang, il ne l’avait même pas remarqué jusqu’à maintenant. Azriel resta sans voix, son expression passant de l’intrigue, à la stupéfaction, avant de complètement se fermer. L’idée d’avoir une compagnie féminine pour la nuit n’était pas du tout dans ses habitudes. Ses pensées se bousculèrent alors dans son esprit cherchant à comprendre pourquoi sa capitaine lui avait réservé une telle surprise. Ce n’était pas son genre de ramené une femme sur le bateau encore moins pour une nuit en bonne compagnie comme elle le disait si bien et ça, tout le monde à bord le savait !

Il adressa donc à peine un regard à l’Hylienne lorsque cette dernière se présenta et préféra aussitôt exprimer sa réticence à sa capitaine : « Navré, mais … Je vais devoir refuser. » 
Alors qu’il posait à nouveau son attention sur la Sheikah, son regard trahit une vulnérabilité cachée derrière sa réputation de pirate endurci. Azriel portait en effet en lui les cicatrices d’un cœur brisé, une blessure qui ne s’était jamais vraiment refermée. Malgré son refus, une part du brun se souvenait du romantisme qui sommeillait en lui, il se rappelait des jours où il était un jeune rêveur, prêt à donner son cœur sans réserve. Mais les déceptions passées l’avaient rendu plus réservé… Dans le silence qui suit sa déclaration, l’esprit du pirate se plongea dans les souvenirs d’une passion passée, de promesses brisées et d’un amour perdu. Il savait donc pertinemment que ce n’était pas le moment de se laisser emporter par la tentation d’une nuit passionnée… Elle n’aurait de toute façon aucune saveur.

Le Piaf maudit finit par se lever, cherchant à fuir cette situation plus qu’embarrassante pour lui et ordonna même à la brune inconnue : « Tu peux retourner d’où tu viens. » Il s’éloigna donc des femmes, et tandis qu’il rassemblait ses deux grandes ailes dans son dos, il ajouta en direction de Kahlan « À moins qu’elle soit à ton goût. » On pouvait alors deviner une certaine exaspération dans la voix du second. En effet, le comportement léger, frivole et insouciant de sa capitaine ne correspondait pas du tout à sa vision du monde et Azriel avait même du mal à la comprendre parfois…

Alors que la nuit avait commencé en étant si calme, Azriel se retrouvait à présent confronté à l’écart entre sa nature sérieuse et celle, plus frivole de sa capitaine. Encore une fois, son romantisme discret contrastait avec l’attitude légère de sa supérieure, ce qui le troubla profondément. D’ailleurs, après avoir été surpris par une proposition inattendue de Kahlan, consistant à passer la nuit avec une prostituée, le second du navire pirate avait exprimé son désintérêt pour la proposition de sa capitaine. Après quoi, il observa attentivement la réaction de cette dernière et un silence, un peu pesant s’installa sur le pont du navire, seulement rompu par le murmure léger du vent.

Kahlan était visiblement déçue par la réponse de son second. Elle rompit finalement le silence, en déclarant d’une voix empreinte d’amertume qu’au moins, il avait des bonnes manières en refusant sa proposition. Azriel, quant à lui, resta immobile, observant la scène qui se déroulait devant lui avec une expression indéchiffrable. Son regard scrutait sa capitaine et l'Hylienne avec une curiosité mêlée de réserve. Il remarqua le léger sourire en coin de Kahlan, qui trahissait une forme d'amusement ou de satisfaction. Lorsque Kahlan fit un geste de la tête pour inviter l'Hylienne à la rejoindre dans l'intimité de sa cabine, Azriel détourna le regard avec respect. Il se sentait soudainement comme un intrus dans cet échange privé, et il se recula encore pour donner à sa capitaine l'intimité qu'elle recherchait.

Dans les instants qui suivirent, Azriel se retrouva à nouveau seul sur le pont du navire, la brise marine lui caressant le visage tandis qu'il contemplait les étoiles scintillantes dans le ciel nocturne. Un sentiment de soulagement mêlé à une pointe de perplexité l'envahit alors qu'il méditait sur les événements de la soirée. En effet, une part de lui demeurait intriguée par les motivations de sa capitaine et de ce qui l’avait poussé à lui amener une jeune femme pour passer la nuit ?

Absorbé par ses pensées sous le clair de lune, Azriel resta de longue heures accoudés à la rambarde du bateau, à surveiller le bateau, à s’assurer qu’aucun intrus n’essayait d’embarquer alors qu’une bonne partie de l’équipage dormait dans leurs hamacs de fortune ou passait la nuit dans l’effervescence de Portua. Il fut tiré de sa contemplation par des bruits de pas et la présence familière de sa capitaine qui était de retour. Il regarda par-dessus son épaule si elle était seule et sembla soulager en voyant qu’aucune silhouette ne la suivait. Kahlan lui demanda alors d’une voix douce, mais empreinte d’une gravité inhabituelle s’ils pouvaient parler tous les deux. Le brun acquiesça légèrement, une pointe de curiosité émergeant dans son regard. Il sentit même une légère tension dans l'air alors que Kahlan s'arrêtait devant lui.

Le pirate fut alors quelque peu surpris par la question directe de sa capitaine. Il remarqua même le léger tremblement dans sa voix, une vulnérabilité rare qui contrastait avec son habituelle assurance. Azriel prit donc une profonde inspiration, sentant le poids de la conversation qui s’annonçait peser sur ses ailes. Son regard se posa sur sa capitaine, une figure à la fois autoritaire et réconfortante à ses yeux. Il savait qu'il pouvait lui faire confiance, qu'elle serait à l'écoute de ses pensées et de ses préoccupations. « Bien sûr, » répondit-il d'une voix calme, cherchant les mots justes pour exprimer ses sentiments. Dans le clair de lune qui baignait le pont du navire, le pirate maudit se sentait en sécurité, protégé par la présence rassurante de Kahlan. Son cœur se mit à battre avec une confiance tranquille alors qu'il se préparait à partager ses pensées les plus intimes avec elle. « Je ne t'en ai jamais parlé, mais... Je suis tombée amoureux… Une seule fois dans ma vie. » Son regard se perdit un instant au loin, comme s'il revivait les émotions de cette période passée. « Elle était belle, douce et attentionnée. Elle avait une façon bien à elle de répandre la chaleur autour d’elle, comme un rayon de soleil au milieu d’un ciel sombre. » Azriel laissa un léger sourire flotter sur ses lèvres alors qu'il se remémorait la femme qui avait capturé son cœur autrefois.

« Mais, c’était il y a bien longtemps, avant que je ne devienne pirate. Une histoire qui s'est terminée de manière... douloureuse, » continua-t-il, ses mots empreints d'une émotion contenue alors que ses ailes frémissaient au même moment. Douloureux, le mot était faible. Le brun se tut un instant, laissant ses paroles résonner dans le silence de la nuit. Puis, reprenant d’une voix plus posée, il fit part de ses réflexions les plus profondes à la belle Seikah. « C'est pour cela que depuis, les étreintes charnelles n'ont plus vraiment de sens pour moi, » expliqua-t-il d'une voix calme mais empreinte de gravité. « Si elles ne sont pas accompagnées de sentiments, elles me semblent vides, dénuées de cette connexion véritable qui donne tout son sens à l’intimité. » Confia-t-il avec une honnêteté désarmante. Son regard se posa sur sa capitaine, empreint d'une certaine vulnérabilité, mais aussi d'une sincérité indéniable. Il avait choisi de partager avec elle une part de son âme, dans l'espoir de mieux se comprendre mutuellement, et de renforcer leur lien en tant qu’équipage mais aussi en tant qu’amis. 


Puis, un sourire amusé se dessina sur les lèvres du Piaf. « Tu ne me prends pas pour un fou, n'est-ce pas ? » Demanda-t-il, un éclat de malice dans le regard. Il savait que Kahlan ne partageait pas tout à fait sa vision des choses en matière d'amour et d'intimité, mais il appréciait néanmoins sa capacité à l'écouter avec respect.