La mer s’étendait à perte de vue, d’un bleu cristallin et paisible. Les vagues léchaient les flancs du navire avec une régularité apaisante. Le soleil, quant à lui, était haut dans le ciel, diffusant une chaleur agréable sur le pont, dont profitait Azriel.
 Pourtant, ce calme si apaisant ne semblait pas au goût de tout le monde. Les matelots commençaient en effet à s’ennuyer à bord du navire. Il faut dire qu’ils n’avaient que très peu de chose à faire aujourd’hui. Aucune vente de pierres précieuses, aucune prise rare à l’horizon. Certains se prélassaient, allongés sur le pont, d’autre jouaient aux cartes, et d’autres encore entamait des petites chansons accompagnées à la guitare. 
Malgré tout, une tension sous-jacente semblait régner sur le navire. Les marins de ce bâtiment étaient tous des hommes d’action, habitués à la violence et à l’adrénaline. L’ennui qui s’installait commençait à les rendre nerveux, prêts à bondir au moindre signe de la part de leur capitaine.

La Piaf aux ailes noires observait l’horizon avec un regard las. Jusqu’à ce qu’il lui semble apercevoir un bateau marchand au loin. Enfin un peu d’action ! Un des gabiers, posté en haut du mat en chêne, fut néanmoins plus rapide que le brun et cria d’une voix forte. « Gabier - Navire à tribord ! » Tous les matelots sortirent de leur torpeur, et se mirent aussitôt en action, chacun connaissant parfaitement son poste ! Ils hissèrent les voiles et ajustèrent la trajectoire du navire pour se mettre en position d’attaque. Le capitaine, qui venait de sortir de sa cabine donna des ordres précis et efficaces ! Les canons furent chargés et pointés en direction du navire marchand. Azriel et d’autres marins saisirent leurs sabres et se préparèrent à sauter sur le pont ennemi.

C’était pour vivre de tels moments que le jeune pirate avait choisi de poursuivre sa vie sur un bateau avec son équipage. Dès qu’il avait aperçu le navire marchand au loin, une montée d’excitation l’avait parcouru de la tête aux pieds. Son cœur, c’était mit à battre plus vite et son sang bouillonnait dans ses veines. Il savait que l’heure de l’action était enfin venue ! La chasse allait bientôt commencer… L’adrénaline monta en lui comme une vague déferlante, prête à tout emporter sur son passage. Tout le corps du Piaf était en alerte, chaque muscle tendu à l’extrême. Il se mit lui aussi à donner quelques ordres avec une voix ferme et claire, sans la moindre hésitation ! Son esprit était en ébullition, cherchant les meilleurs plans d’attaque, les meilleures stratégies ! Il avait bien changé notre petit oisillon, bien grandit depuis son départ de l’île du Dragon.

Lorsqu’aider de ses grandes ailes noires, il sauta à bord du navire ennemi, sabre à la main, il semblait ivre de cette excitation. L’équipage du bateau de commerce n’opposa pas beaucoup de résistance, étant bien moins entraîné que l’équipage de pirate. Azriel se battit néanmoins avec une force incroyable, repoussant les marins ennemis avec une aisance déconcertante. C’était dans de tels moments qu’il se sentait vivant, puissant, libre, et que tout son passée était derrière lui !

Lorsque la victoire fut enfin acquise, il ressentir une joie immense, un sentiment d’euphorie que les autres marins semblaient également partager ! Fier de lui et de son équipage, de leur courage et de leur audace, il en félicita plus d’un d’une tape amicale dans le dos. Il savait que cette excitation, cette adrénaline, cette liberté n’avait pas de prix ! Et il était même déjà prêt à recommencer pour revivre cette sensation unique !

Mais avant de s’en prendre un nouveau bateau, il fallait d’abord fouiller celui-là ! Au vu de sa trajectoire, il devait sans doute venir de Mercant’île, et regorgeait sans doute de précieuses victuailles ! Le capitaine donna alors l’ordre de fouiller le navire, à la recherche de tout ce qui pouvait avoir de la valeur. Les marins commencèrent à explorer le bateau de fond en comble, cherchant dans chaque recoin, chaque caisse, chaque tonneau. Le brun resta quant à lui sur le pont, pour surveiller les prisonniers qui n’avaient pas péri durant l’attaque. Ils découvrent des vivres, des marchandises, mais aussi la présence de passagers à bord. Les marins les firent sortir de leur cachette, sans aucun ménagement et les alignèrent tous sur le pont, comme s’ils étaient eux aussi des prisonniers de guerre.
Curieux, Azriel s’approcha de la file des passagers, observant avec attention chacun des visages. C’est alors qu’il reconnut une vieille amie, une jeune femme qu’il avait bien connue autrefois. Son cœur se serra en la voyant ainsi, prise en otage. Il se fraya alors un chemin jusqu’à elle, écartant les autres passagers d’un geste sec ! Une fois devant la jolie brune aux longs cheveux bouclés, il déclara d'un ton autoritaire. « Attendez ! » Tous les regards se tournèrent vers le Piaf maudit. Ce n’était clairement pas son genre de prendre la défense de prisonnier, et encore moins de faire les beaux yeux à une demoiselle. Interloquer, tous le questionnèrent du regard. Sans perdre contenance, Azriel se tourna vers son capitaine et expliqua. « C’est une amie. Elle aura droit à mes quartiers. » Cela sonnait comme une affirmation rhétorique, mais le pirate attendit toute de même l’acceptation de son supérieur. Il avait beau avoir un certain poste sur ce bateau, il n’était pas autorisé à prendre de telles décisions. Il attendit donc que ce dernier acquiesce pour se retourner vers Margeary à qui il tendit tendrement la main. La pauvre semblait aussi apeurée qu’un chaton qu’on venait de séparer de sa mère. « Viens avec moi. Je t’assure que personne ne te fera de mal. » Le Piaf semblait bien plus doux alors qu’il s’adressait à la jeune femme, plus amical même… Il la suppliait alors de ses grands yeux bruns de bien vouloir le suivre. Il pouvait garantir sa sécurité si elle venait avec lui, mais l’avait-elle au moins reconnu ? Voilà dix que leur chemin c’était séparé et pour se retrouver ainsi, leurs histoires avaient sans doute été parsemant de ronces et d’épines.

« Margaery s’il te plaît… » Murmura-t-il alors de façon à ce qu’elle soit la seule à l’entendre. En l’appelant ainsi, il prouvait qu’il savait exactement qui elle était et l’incitait à lui faire confiance.

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L’affolement de la jeune femme qui ne semblait absolument pas comprendre ce qui lui arrivait était tout à fait compréhensible. Mais voir ses prunelles rougir et ses yeux briller à cause des larmes qui commençaient à couler le long de ses joues fendis le cœur du pirate. Si lui avait très rapidement reconnu Margery, ce n’était pas le cas de cette dernière et le brun s’en voulait déjà du mal qu’il lui causait… Lui indirectement n’avait encore rien fais et ne ferait jamais rien, il était même venu à son secours, mais les autres marins l’avaient sûrement malmenée pour l’emmener sur le pont. Il imaginait très bien la détresse qu’elle avait dû ressentir en voyant le bateau se faire accoster par des pirates…

Il avait donc essayé de se montrer amical, espérant que son amie d’une autre vie le reconnaissance. Ce ne fut malheureusement pas le cas de suite, et Azriel ressentit un véritable pincement au cœur quand la brune avoua ne pas lui faire confiance… Elle ne l’avait donc pas reconnu. Certes, il avait changé, son corps était bien plus musclé qu’autre-fois, sa mâchoire plus carré et ses ailes bien plus impressionnantes… Mais au fond, il était toujours le même et encore aujourd’hui, beaucoup de choses le reliait à Margaery. Il entendit derrière lui, quelques marins ricaner, pensant eux aussi qu’il agissait de la sorte seulement pour mettre la belle brune dans son lit. Pourtant, c’était bel et bien la première fois que le maître d’équipage agissait de la sorte ! Une raison de plus de faire jaser les matelots les plus impertinents.

Quand, enfin, la demoiselle reconnue l’ancien Piaf de l’île du Dragon, un léger sourire soulagé se dessina sur le visage du pirate. Il disparut néanmoins très rapidement lorsqu’il put aisément lire sur le visage de Margaery une réelle déception. Elle n’osait même plus le regarder dans les yeux et à nouveau, le Piaf eut l’impression qu’on lui enfonçait un poignard en plein cœur. Est-ce que tous ses anciens amis réagiraient ainsi en découvrant la voix qu’il avait décidé de suivre ? Est-ce qu’ils allaient tous être aussi déçus ? Rien qu’en imaginant cela, le pirate perdit tous ses moyens et resta silencieux quelques secondes. Il ne savait même pas quoi répondre, d’autant plus qu’il n’avait jamais vraiment aimé se donner ainsi en spectacle devant tous l’équipage. Finalement, il se racla un peu la gorge et lança haut et fort pour que tout le monde l’entende. « Retournez tous à vos affaires ! Il y a un bateau à décharger. » Ces paroles furent soutenues par le quartier-maître et le capitaine qui acquiescèrent et la foule qui s’était amassé autour des prisonniers commença à se dissiper. Encore beaucoup de matelots observaient tout de même la scène, mais le pirate maudit se sentit bien plus à l’aise pour s’adresser à la belle brune sans tous les regards braqués sur lui.

Se voulant rassurant, il s’avança doucement vers la Piaf. « Il ne vous sera fait aucun mal. À toutes les deux. » Dit-il en posant son regard sur la suivante de son amie. Enfin amie… Il ne savait même plus s’il pouvait encore réellement appeler Margeary ainsi. Il resta néanmoins très calme, lorsqu’une nouvelle fois, il la supplia de lui faire confiance. « Margaery… Je sais qu’on ne s’est pas vu depuis… Longtemps. Mais je t’assure que je suis toujours le même. » Et bon sang, si elle dédaignait le regarder à nouveau, elle verrait que dans ses yeux, brillait toujours la même lueur malicieuse que lorsqu’ils étaient enfants. Elle verrait aussi qu’il était foutrement sincère et qu’il n’était pas devenu un monstre… « Viens avec moi.. S’il te plaît. Nous pourrons parler plus.. Tranquillement. » En disant cela, il foudroya du regard un marin qui s’était un peu trop approché d’eux. Le regard noir du pirate maudit qui avait commencé à écarter ses grandes ailes avait rapidement dissuader l’énergumène de faire ou même de dire quoi que ce soit ! Une preuve de plus qui prouvait à la demoiselle qu’Azriel ne mentait pas en lui disant pouvoir garantir sa sécurité. Il avait beau apprécier les membres de son équipage, il était tout bonnement hors de question qu’on touche à un seul des cheveux de la jolie brune.

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Les pensées d’Azriel se bousculaient dans son esprit. Il voulait aider son amie d’enfance plus que tout, la sortir de cette situation périlleuse, mais il savait que ce serait une tâche ardue. Comment convaincre Margaery qu’il n’était pas le monstre que les apparences laissaient croire ? Les choix qu’il avait faits dans sa vie l’avaient poussé dans cette voie, celle d’un pirate sans pitié. Il voulait pourtant la protéger, mais après les mots de la jolie Piaf, il craignait que son passé sombre n’éclipse tout ce qu’il voulait lui montrer de positif… Peut-être que ces paroles firent vraiment mal, car elle n’avait pas tort. Azriel avait en effet pris du plaisir à aborder ce bateau, à mettre à genoux les matelots les plus résistants et avaient même savouré la victoire de son équipage… Il sentit donc sa mâchoire se crisper et ses yeux se plisser. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait bien répondre à cela, alors il resta silencieux…

Quand finalement, Margaery consent enfin à se laisser guider par le pirate maudit, un mélange de soulagement et de responsabilités envahit le cœur du pirate. Il savait qu’il avait une chance de racheter ses erreurs et de protéger celle qu’il avait autrefois considérés comme sa confidente la plus proche. La belle brune ajouta seulement une petite condition avant de suivre le maître d’équipage. Elle voulait récupérer une couverture pour enfant… Pour l’enfant de Mélody. Oh, le pirate savait très bien qui était la cheffe de l’île du Dragon, et il brûlait d’envie de demander des nouvelles de cette dernière. Il se ravisa néanmoins bien vite, ce n’était clairement pas le moment. Il répondit donc en se retournant et en invitant les deux jeunes femmes à le suivre : « Toutes vos affaires vous seront restituées. Ne vous en faites pas. » En espérant qu’aucun stupide marin ne décide de fouiller dans les bijoux des deux jeunes femmes avant qu’il n’ait donné l’ordre d’apporter leurs affaires.

Ils se dirigèrent donc ensemble vers les quartiers privées d’Azriel, au second pont, une zone moins exposée aux tumultes du pillage en cours. Remarquant que Margaery se tenait à quelques pas derrière lui, gardant une certaine distance, le brun soupira. Il ouvrit ensuite une porte et laissa les deux jeunes femmes entrer dans une petite pièce de quelques mètres carrés. Il n’y avait qu’un lit, suffisamment grand pour que le pirate maudit puisse s’y allonger avec ses grandes ailes repliées dans son dos, un petit bureau et quelques affaires en bordel. Les murs étaient décorés de cartes marines, de souvenirs de voyage et de traces d’une vie qu’il avait menée loin des regards indiscrets. Avant d’entée à son tour, il arrêta un matelot, qu’il savait de confiance et lui demanda de s’assurer qu’aucune affaire ne serait prise aux jeunes femmes et de toutes les lui rapporter. « S’il manque ne serait-ce qu’une petite broche, dit bien à tout le monde que je trouverais celui qui l’a volé et qu’il passera un sale moment… » Il pouvait se montrer énigmatique, sa façon de punir ceux qui désobéissait était bien connu à bord du navire.

Une fois dans la pièce, Azriel ferma la porte derrière eux pour préserver leur intimité. Il fit signe à Magaery de s’asseoir sur une chaise, à côté du bureau sur lequel une carte détaillée était soigneusement déployée. Le brun inspira profondément, puis commença à parler d’une voix calme. « Je ferais apporter un deuxième lit pour vous, Olivia et je trouverais un autre endroit pour dormir. » Il se montrait aussi prévenant qu’il le pouvait, bien que le confort ne soit sans doute pas celui auquel la belle brune et sa servante étaient habituées. Reportant ensuite son attention sur sa vieille amie, le pirate maudit reprit la parole, la voix teintée d’une émotion contenue. « Margaery, je sais que tout cela est difficile à accepter, mais je veux que tu saches que je n’ai jamais oublié qui j’étais avant de devenir un pirate. Nous étions amis et.. Tu étais l’une des rares personnes en qui j’avais réellement confiance autrefois. »

Il s’assit finalement à son tour en face d’elle, cherchant son regard pour que ses mots portent leur poids. « La mer a un pouvoir étrange sur les gens. Elle offre des possibilités infinies, mais elle peut aussi corrompre les âmes. J’ai été attiré par la liberté qu’elle promettait, surtout après avoir été chassé de l’île du Dragon. J’ai peut-être fait des choix qui m’ont éloigné du jeune homme que tu connaissais, mais je t’assure qu’au fond, je suis toujours le même. » Azriel ne sut alors discerner si le visage de la belle Piaf était empreint de tristesse ou d’espoir, ni même si elle croyait en sa sincérité. Il se releva donc, et se dirigea vers une petite étagère, où reposait un vieux carnet relié. Il l’attrapa et le tendit à Margery « C’est le journal de nos aventures d’enfance. Rempli de nos rêves et de nos espoirs. J’ai tout noté pour ne rien oublier. Tu verras que je n’ai pas changé. »

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Alors que Margaery feuilletait le carnet, Azriel observait ses réactions avec attention. Il nota l’éclat de nostalgie dans les yeux de la jeune femme lorsqu’elle tomba sur l’anecdote du château de sable. Les souvenirs de ce jour-là se précipitèrent dans l’esprit du pirate, comme s’il revivait cet instant magique de leur enfance. Les coins de la bouche du brun s’adoucirent, et un sourire mélancolique se dessina sur son visage. Alors qu'elle glissait ses doigts sur l'écriture, Azriel se sentit submergé par un mélange d'émotions. La douceur de ce souvenir contrastait avec la dureté de sa vie de pirate. Pourtant, durant un bref instant, il se perdit dans le passé, se souvenant de la simplicité de leur amitié d'enfance, de l'innocence de leurs rêves.

Il fixa ensuite la jolie Piaf avec intensité captivé par ses paroles. Il pouvait sentir la douleur dans ses mots, la confusion dans son esprit et son désir de comprendre. Il lui sembla également d’escient un écho d’amertume et de désespoir.. Le pirate sentit un pincement au cœur en entend sa détresse. Il comprenait très bien ce qui la tourmentait, les questions sans réponses qui la hantaient. Le poids des paroles de la brune s’abattit sur lui et l'écrasa, car il savait que chaque mot qu’elle prononçait était teinté de vérité.


Il chercha alors désespérément quelque chose à dire, quelque chose qui pourrait apaiser la panique dans les yeux de Margaery. Mais il ne trouva que le silence… Un silence lourd de culpabilité et de remords. Il aurait voulu lui montrer les aspects de sa vie de pirate qui n'étaient pas complètement dénués d'humanité, les moments où il avait agi par nécessité plutôt que par cruauté. Cependant, il comprenait que pour elle, les actions qu'il avait entreprises étaient difficilement justifiables. La perspective de leurs futures rencontres, de ce cycle sans fin de rencontres et de pillages, pesait sur son esprit. Il avait l'impression d'être pris au piège dans un dilemme insoluble. Comment protéger Margaery tout en continuant sur la voie qu'il avait choisie, qu’il l’avait même sauvé ? Il prit finalement une profonde inspiration avant d’ouvrir la bouche « Je ne peux pas effacer ce que je suis devenu Margaery.»


Azriel sentit alors le besoin de se défendre, non pas pour justifier ses actions, mais pour apporter quelques explications sur une réalité bien plus nuancée que ce que la jeune femme imaginait. Il y avait beaucoup d’aspects de la piraterie que la belle Piaf n’avait, en effet, peut-être pas considérés. « Beaucoup de pirates sont des hommes et des femmes brisés par la vie, poussés à des extrémités par la pauvreté, l'oppression ou le désespoir, » commença-t-il, sa voix teintée d'une conviction profonde. « Certains d'entre eux sont des âmes perdues cherchant un refuge, un moyen de subsister dans un monde impitoyable. La mer, pour beaucoup d'entre nous, est un ultime recours, un moyen de survie. »

Il marqua une pause en jetant un coup d’œil à la jeune femme qui accompagnait son amie. Il se sentit étonnamment vulnérable. Habituellement renfermé et impassible, il n’était pas habitué à se livrer de cette manière. Les mots sortaient de sa bouche comme s’ils avaient été tirés de force, dévoilant une part de lui-même qu’il avait l’habitude de garder cachée aux yeux du monde. L’inconfort lui tiraillait l’estomac et la peur de l'incompréhension de Margaery, la crainte du jugement, tout cela planait au-dessus de lui comme une ombre sur sa conscience. Pourtant, il continua en relevant ses yeux sombres vers la belle Piaf : « Sans l'aide de certains de ces pirates, je n'aurais peut-être jamais survécu à ..» …sa malédiction. « .. tu sais quoi. Ils m'ont tendu la main quand personne d'autre ne l'aurait fait. Je ne veux pas te faire accepter ma vie, mais seulement te rappeler que même parmi les ombres, il y a parfois des éclats de lumière, même si c'est difficile à voir. » Il prit une inspiration, cherchant à exprimer l'inexprimable. « Je ne cherche pas à te convaincre de l'accepter, mais seulement à te faire comprendre que le monde des pirates, aussi sombre qu'il soit, est teinté de gris. Il y a des histoires complexes derrière chaque pavillon noir que tu vois flotter au vent. »

Les yeux, normalement imperturbables du Maître d’Équipage, révélaient maintenant une profonde tristesse mêlée à une lueur d'espoir fragile. Il se sentait comme un marin pris dans une tempête, naviguant entre les vagues de ses propres émotions. La crainte d'être rejeté, la peur de perdre cette amitié précieuse, tout cela tournait dans son esprit tourmenté. Pourtant, malgré son malaise, il restait là, laissant ses émotions se dévoiler à quelqu'un qui était autrefois une part intégrante de sa vie. C'était un acte de confiance, même s'il se sentait exposé, comme si son âme était à nu devant elle. Il avait fait ce choix délibéré de se montrer tel qu'il était vraiment, avec toutes ses contradictions et ses désespoirs.

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En cet instant, Azriel était à la fois un pirate redoutable des mers et un enfant perdu cherchant désespérément à préserver un fragment de son innocence passée. C’était un équilibre précaire, un fil tendu au-dessus de l’abîme, et il priait silencieusement pour que Margaery puisse comprendre, ne serait-ce qu’une infime partie de ce qu’il ressentait.

Heureusement, les mots que prononça ensuite la belle Piaf, dans un murmure chargé d’émotion, touchèrent profondément le pirate maudit. Un frisson parcourut son échine alors qu’il absorbait chaque syllabe de sa confession. Il sentit même une boule se former dans sa gorge alors que la demoiselle continuait à parler. Les paroles de la brune enveloppèrent Azriel dans une chaleur réconfortante, un véritable baume pour son âme tourmentée. Un sentiment de gratitude profonde l’envahit alors qu’il sentait les liens de leur amitié passée se resserrer autour d’eux. Il avait toujours su, au fond de son cœur, que Margaery était une amie précieuse, mais entendre ses mots de réconfort et de soutien lui apporta un sentiment de paix inestimable.

Le pirate maudit sentit alors une bouffée d’émotion monter en lui, menaçant de submerger son habituelle réserve. Les yeux brillants, il répondit d’une voix légèrement tremblante et profondément sincère : « Tes paroles me touchent plus que tu ne peux l’imaginer. » Il plongea alors lui aussi son regard dans les beaux yeux de son amie. « Je te promets que je ne perdrais jamais de vue qui je suis. » Soudainement, Azriel sentit son flot d’émotion s’apaiser. C’était comme si un poids avait été levé de ses épaules et lui permettait de respirer plus librement. Il ajouta même doucement : « Et je te fais une autre promesse, Margaery. Je ne serai jamais loin, et je ne t’oublierais jamais. Tu es une amie très précieuse pour moi, et rien ni personne ne pourra jamais changer cela. Merci d'être là, merci d'être toi. »

Cependant, alors qu’il fixait la belle Piaf d’un regard intense, il devint soudainement conscient de la présence de la dame de compagnie de cette dernière juste à côté d’eux, un rappel soudain de la réalité qui les entouraient.
Un voile de gêne, passa fugacement sur le visage du brun. Ce n’était vraiment pas dans ses habitudes de se dévoiler ainsi, de laisser transparaître autant d’émotions. Il se sentit légèrement déstabilisé par ce brusque constat qui interrompait leur moment d’intimité, et son instinct de protection l’incita à reprendre son allure impassible. Il détourna alors le regard, sentant une légère teinte de rouge lui monter aux joues puis il redressa fièrement la tête, retrouvant sa posture habituelle. Il reprit le contrôle de ses émotions, dissimulant soigneusement les traces de vulnérabilité qui avaient momentanément éclairé son regard.

Finalement, il se racla légèrement la gorge et adressa un léger sourire à la jeune femme, cherchant à dissiper toute tension qui aurait pu s’installer. « Installez-vous confortablement, » dit-il d’une voix calme et assurée. « Je vais m’assurer qui l’équipage à bien retrouvé le présent que tu souhaitais offrir au fils de Melody et que vous serez conduit à bon port. » Il lui fit un léger signe de tête, puis se tourna vers la porte, s’éloignant ainsi de Margaery pour retourner sur le pont du navire. Azriel s’efforça alors de retrouver son impassibilité habituelle, se concentrant sur les tâches à accomplir et la sécurité de son équipage, tout en laissant derrière lui cet instant de connexion rare avec son amie d’enfance.

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