[FB] Chacun de mes pas me ramènent vers toi | PV Nadë

Voilà déjà un peu plus d’un an que Zachary parcourait la belle Hyrule afin de découvrir sous un nouveau jour le berceau de sa naissance, au-delà de ce qui en était raconté dans les nombreux livres qu’il avait lu et relu afin de passer le temps dans sa jeunesse, en plus de quelques récits de vive voix. Pour être honnête, il n’était pas mécontent de pouvoir enfin retrouver des paysages qui lui étaient plus familiers en se rapprochant du Domaine Zora. Cela lui permettrait de souffler un peu. La météo serait plus agréable également. Pour l’heure, il se félicitait surtout de son idée de génie ! Il avait tout planifié à la milliseconde près avec sa carte, sa boussole ainsi que son étude des étoiles, afin d’arriver pile à l’heure sans pour autant être éreinté par cette longue route. Une journée très spéciale approchait, en effet. Dès lors qu’il fut en région, ll prit alors directement le chemin menant au domaine des Belyrith, un chemin qu’il connaissait par cœur. Le secret risquait d’être bien vite éventé dans le cas contraire alors qu’il avait du mal à passer inaperçu bien longtemps, même dans les recoins les plus isolés du royaume des Nohansen.

Le prince parvint à esquiver habilement les longues conversations et le bon vin pour finalement apprendre que leur invitée d’honneur était allée nager non loin d’ici afin de profiter pleinement de cette belle journée de printemps. Il n’airait pas été juste de profiter de cet air de fête sans elle. Ah … c’est vrai que sa douce amie n’aimait pas forcément être au centre de l’attention. Tout le monde a besoin d’un peu de solitude et de calme, de temps en temps. Tout de même, Zachary ne pouvait s’empêcher de trouver cela un peu dommage de devoir attendre alors que cela faisait trop longtemps qu’il n’avait pas revu la naïade et qu’il était venu dans ce but bien précis. Peut-être était-il un peu vexé à l’idée que les nénuphars et autres créatures marines puissent captiver son amie d’enfance bien davantage que leurs discussions. Pourtant, si quelque chose la troublait en ce jour béni et était la cause de son isolement, il aurait redoublé d’efforts pour chasser ces nuages gris qui flottaient au dessus de sa tête, en la faisant rire, comme toujours. Ses émotions conflictuelles devaient se lire sur son visage contrit, ou dans ses gestes nerveux, car il obtint la permission d’aller la retrouver ! Son titre de noblesse avait finalement quelques avantages, ou plutôt, leur amitié de longue date, à n’en pas douter, car Zachary s’était toujours montré très respectueux et respectable, malgré quelques entorses envers sa présence durant les bals. Il se perdit donc en remerciements qui semblèrent ravir les parents de Nadë avant de se diriger sur le petit sentier derrière la maisonnée sans se faire prier deux fois, afin de suivre les indications qui lui avaient été données.

Tendant l’oreille, c’est un doux fredonnement qui lui confirmait alors qu’il était au bon endroit. Son amie avait une voix très mélodieuse, parfaite pour chanter, alors il en profita quelques instants en restant aussi discret que possible ! Pour autant, il ne souhaitait pas l’effrayer. Il déposa juste avec précaution son grand sac de voyageur près d’un pin avant d’approcher la surface limpide de l’eau. D’ailleurs, dans celui-ci, il y avait entre autres le cadeau qu’il avait préparé avec soin pour Nadë, bien qu’il se doutait que la simple surprise de sa visite lui ferait déjà très plaisir. Ils avaient simplement pour tradition de s’échanger de petits présents puisqu’il n’y avait qu’une seule lune qui séparait leurs anniversaires. Est-ce qu’elle y avait pensé, malgré le fait qu’il n’ait pas pris le temps de donner beaucoup de ses nouvelles, malgré le fait qu’elle-même avait sûrement été occupée par ses obligations d’ambassadrice ?

Une fois que son regard couleur de ciel trouva la silhouette de sa chère sirène, Zachary marqua néanmoins un temps d’arrêt. En effet, il remarqua bien rapidement qu’elle avait choisi de transformer ses jambes afin d’être visiblement plus à l’aise dans ses mouvements ou mieux ressentir le contact de l’eau qui n’avait pas l’air bien profonde au bord. Il aurait dû s’y attendre, et pourtant, il n’avait pas fait le rapprochement dans son esprit. Cette forme des Zoras l’impressionnait depuis qu’il était tout petit. Il avait posé quelques petites questions à ce sujet à sa conseillère préférée, à une époque, car il paraît que c’était très impoli de parler de ces choses-là, de la différence d’autrui. En cet instant précis, il comprenait encore moins comment sa curiosité a pourrait avoir la moindre once de malice, à moins que ces écailles soient un trésor caché qu’il fallait protéger, mais les pirates avaient été exilés dans la mer des Cieux, à ce qu’il sache. Le jeune homme préférerait en effet que les perles soient récupérées dans les coquillages au fond de l’océan. Il n’en avait pas gardé un souvenir si précis dans sa mémoire.

C’était … magnifique.

Oh, mais ne risquait-elle pas d’être mal à l’aise s’il continuait à l’observer ainsi en silence trop longtemps ? Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes de se laisser prendre au dépourvu ou d’avoir la langue dans sa poche après tout. Dans ce cas, il n’y avait qu’une solution. Sans prendre la peine d’enlever sa chemise pour le moment, Zachary accourut au bord du lac pour y plonger à son tour, ses vêtements venant lui coller à la peau puisque ce n’était pas une tenue appropriée pour une baignade improvisée. Quand il sortit la tête de l’eau, il partagea un regard entendu avec Nadë qui semblait en effet surprise, en espérant que ce soit une bonne surprise, parce qu’il n’aurait aucune chance de la rattraper à la nage. Il pouvait encore repartir, dans le cas contraire ! Non, ce ne serait pas très gentil de la taquiner de la sorte. Alors, pour tenter de dissiper tout malaise possible, il agrippa la jolie Zora à la taille pour la faire tournoyer dans les airs comme si elle pesait une plume, riant aux éclats, sans se soucier de ses protestations, avant de la laisser retrouver le sable argileux sous ses nageoires, lui offrant alors un grand sourire des plus affectueux, charmé par les couronnes de fleur qu’elle portait dans ses cheveux, pour finalement la serrer plus doucement dans ses bras, comme s’il n’y avait rien de plus naturel ni de plus précieux en ce monde.

« Bon anniversaire, Nadë !! »

Tout ceci lui avait manqué.

Il était trempé jusqu’aux os maintenant, et le resterait pour le reste de l’après-midi, mais cela en valait la peine pour obtenir ce grand sourire. Ses inquiétudes précédentes fondaient comme neige au soleil et lui semblaient bien ridicules à présent. Si la visite du prince avait surpris son amie d’enfance, il était à son tour agréablement surpris de constater qu’elle avait porté assez d’attention au contenu de ses lettres pour savoir où il aurait dû se trouver encore quelques jours auparavant. Heureusement, il avait une fidèle monture.

« Certaines personnes auraient souhaité me convaincre de prolonger mon séjour, je n’en doute pas, toutefois, ce voyage est le mien, et non celui d’un représentant de la Couronne, chère amie. »

Il pouvait donc choisir le trajet qui lui convenait le mieux, bien qu’il aimait aussi aider son prochain, il ne pouvait pas tout faire et porter tout le poids du monde sur ses épaules, hélas. C’était la toute première fois qu’il mettait de côté son devoir de prince et il était heureux d’avoir pu profiter de cette occasion. Il ne pouvait pas s’empêcher d’être un peu navré pour Naboris qui devrait subir quelques temps les rumeurs de la Cour à cause de ces fiançailles rompues tandis que lui continuait de fuir ses obligations, pendant qu’il le pouvait encore, préférant repousser la date exacte de son retour pour diverses raisons, mais c’était mieux ainsi. Zachary était bien trop réservé pour se confronter aux mœurs Gerudos. Il ne l’aurait probablement jamais rendue heureuse. Il ignorait s’il en serait capable, un jour, pour une femme qui trouverait grâce à ses yeux. Son regard se tourna instinctivement vers son amie d’enfance, adouci, chassant ces tourments. Il était en charmante compagnie et c’était tout ce qui avait de l’importance, au fond.

« Bien entendu, si tu ne voulais pas recevoir de cadeau … » commença-t-il alors en croisant les bras, moqueur, comme le témoignait ce sourire dont il n’arrivait pas à se départir bien longtemps.

Dans ce cas, il aurait fallu le lui indiquer dans une missive rapide, quoique, le jeune homme aurait pu l’ignorer royalement et prétendre que le bout de papier ne s’était pas rendu jusqu’à lui. En l’état des choses, il était prêt à la couvrir d’or et d’argent, sauf que cela ne l’aiderait guère à nager. Hm, non, il avait meilleur goût que celui de la vanité, quand même.

Zachary recula doucement jusqu'à la berge où il pouvait s'asseoir et être plus à son aise, installé en tailleur après avoir pris le temps de rejeter derrière son épaule ses cheveux mouillés et emmêlés, s’avouant vaincu pour tenter d’y remettre de l’ordre par ses propres moyens pour le moment. Le voyage n'avait pas été trop fatiguant, il n'aurait pas osé mentir à Nadë, mais il valait mieux éviter de faire trop d'efforts peu nécessaires. Également, malgré toute l'aide des potions et autre remèdes contre la chaleur, il ne voulait pas risquer de prendre froid puisque ces eaux calmes étaient bien différentes des sources chaudes d’Ordinn. Ce serait la meilleure façon pour perdre toute crédibilité et que personne n’accepte plus qu’il quitte le château seul à nouveau ! Il secoua la tête de gauche à droite devant la dernier remarque de son amie d’enfance, faussement outré, à son tour.

« Ma présence ne saurait-elle donc suffire comme cadeau pour te satisfaire, Nadë ? »

Son ton se voulait léger et désinvolte, joueur, pour imiter la sirène, et pourtant. Sa voix était légèrement plus basse tandis qu’il affrontait son regard tant bien que mal. Ce n’était pas un murmure. Ce n’était pas un aveu ni une promesse. Ce n’était que l’assurance qui lui faisait défaut tout à coup, à cause de l’affection qu’il lui portait. Il n’était pas question de la présence d’un prince, à la recherche de flatteries, mais juste de cet homme qui trouvait encore le moyen de la surprendre après toutes ces années de complicité et de confidences. Cela suffisait à faire toute la différence du monde. Il y avait une touche de vérité et de vulnérabilité à la fois sincère et désarmante dans ces quelques mots qui soulignaient un détail presque insignifiant, mais qui avait de l’importance … pour lui. Chaque instant passé aux côtés de Dame Belyrith était un précieux souvenir qu’il chérissait, même si ce n’était que pour la simple raison que la vie lui semblait alors plus simple et tranquille.

Pendant qu’il continuait à se détendre ainsi, en profitant des rayons du soleil, ses doigts parcouraient librement l’herbe fraîche de la clairière et trouvèrent quelques galets qu’il envoya faire des ricochets dans l’eau. Il s’était amélioré avec les années. Il faut avouer qu’il avait souvent laissé gagner ses deux amis par le passé. Zachary laissait tout le loisir à la néréide de laisser le silence se prolonger de manière agréable pour écouter le chant des oiseaux, de lui répondre ou de venir le rejoindre, bien disposé à lui tendre la main pour l’aider à sortir de l’eau au besoin, quitte à devoir se retourner quelques secondes par pudeur. Il ne serait pas vexé qu’elle préserve le secret de ses pensées. Peut-être préfèrerait-elle rentrer pour continuer les festivités autour d’un bon repas ou partager leur proximité encore quelques instants sous la chaleur d’un manteau partagé, loin des regards et des convenances. Maintenant qu’il avait mentionné qu’il avait un autre présent à lui offrir cependant, combien de temps la jeune femme allait-elle résister à l’envie de découvrir ce qu’il lui avait rapporté de ses voyages ?

Le bonheur se résumait parfois à peu de choses.

Pour le prince d'Hyrule, si son voyage avait été enrichissant et agréable, il l'était tout autant de retrouver la complicité de sa meilleure amie. Il ne pouvait pas rêver d'un meilleur accueil dans la région, mais il s'était demandé soudainement si ce sentiment était réciproque. Après tout, il s'était invité à la fête sans supposer que cela pouvait causer ombrage ou bouleverser les plans de la journée. Peu de personnes oseraient renvoyer une présence royale, si ce n'était que pour quelques minutes, mais Nadë était honnête envers lui. Préférait-elle rentrer ou encore continuer à nager seule ?

La réponse qui lui était offerte était plus que suffisante pour réchauffer son cœur et son âme. Dommage que ce ne soit pas la même chose pour ses vêtements. La Zora était prévenante comme toujours et ce geste pourtant si simple le toucha. Sans un bruit, surtout, sans lui laisser l'occasion de protester en vain pour le convaincre que le contraire était plus important, Zachary étendit la cape sur leurs épaules de manière à ce qu'il ne soit pas le seul à pouvoir en profiter, sa main allant reposer plus bas, contre celle de son amie, prêt à lui offrir un peu plus de chaleur dans l'étreinte de ses bras au besoin. La lumière qu'il pouvait faire apparaître dans sa paume n'aurait pas eu le même effet, malheureusement, car il avait bien vite délaissé l'apprentissage de la magie pour celui de la chevalerie. En silence, il pouvait ainsi profiter du paysage et de la beauté des fleurs, de la nature, dans sa plus grande simplicité. Il pouvait profiter du silence, tout simplement, dans un instant de repos où il pouvait vraiment s'arrêter. Ce même silence qui lui manquait parfois. Si son visage pensif trahissait quelque peu ses pensées, il était soulagé que Nadë n'en dise rien. Au bout d'un certain temps perdu dans ses pensées, Zachary ne saurait dire combien s'en était écoulé, il finit par rompre le silence afin de reprendre leur conversation où elle avait été abandonnée d'une voix plus douce pour éviter de troubler ce beau moment partagé.

« Tu avais raison. Nous sommes bien mieux au sec. Nul doute que je serais alors le pire des princes si je laissais notre ambassadrice repartir les mains vides en plus. » Il lui tendit le précieux paquet, maintenant que leurs mains étaient sèches, en lui laissant le choix de découvrir son contenu à l'instant ou non, fidèle à leur tradition, mais il ne lui tiendrait pas rigueur du contraire, sans savoir si son destinataire pourrait bel et bien le recevoir. Pourvu qu'il reste un peu de place parmi les étagères ... « Je crois que tu l'apprécieras mieux dans le confort de ton salon. »

Il n'ajouta rien à ces paroles bien énigmatiques, encore moins si c'était pour avouer qu'il espérait pouvoir en profiter un peu, lui aussi. Il en avait déjà assez dit.