La nuit avait été dure mais profitable. Depuis les derniers évènements survenus au large des Iles Libres, la Gerudo s’était plongée dans les rapports d’espionnage que ses Ombres avaient collecté afin d’appréhender un peu mieux les forces en présence. Comme promis, elle avait partagé ses informations avec la Reine du Crépuscule : conformément à leur nouvelle alliance. Même si elle restait jeune et fragile, Naboris était persuadée que du bien en aboutirait. Si tenté que cette Midonna réussisse à garder son trône. Visiblement ce royaume était des plus instables d’après ce qu’elle savait, ce qui n’était pas pour arranger ses affaires. Négocier avec un nouveau dirigeant serait dangereux et incertain. Néanmoins la Reine Zelda lui faisait confiance, donc l’Héritière le ferait également.

Observant la carte étalée devant elle, la Gerudo resta songeuse un instant, visionnant ce qui s’étalalit sous ses eux. Cette Guerre s’était déportée loin au Nord, laissant un Royaume d’Hyrule affaibli par les pertes occasionnées. Fort heureusement les Yigas ne semblaient pas en avoir profité pour attaquer de nouveau. De même, l’Héritière n’avait pas engagé ses propres forces dans la bataille, préférant consolider et préserver son Front de Libération au lieu de le mettre en péril pour des terres dont elle n’avait que faire pour le moment. Sa priorité restait la reconquête des Landes et pour ce faire la jeune femme aurait besoin de l’ensemble des ressources qu’elle réunissait. Elle espérait que Zelda comprenne son geste. Naboris ne pouvait pas se permettre de perdre une amie et alliée aussi puissante. Chassant ces pensées de son esprit, elle fût interrompu par une de ses gardes. Elle la salua de la tête avant de lui demander la raison de sa venue. « La Pénitente est réveillée ». Hochant la tête, l’Héritière congédia sa sœur d’arme. C’était une bonne nouvelle. La jeune femme rangea quelques parchemins avant d’emprunter la route de la chambre où elle avait fait soigné la guerrière.
Elle gravit quelques escaliers avant d’arriver dans la porte désirée. Un faible cri se fit entendre au travers. Naboris toqua pour la forme avant d’entrer. La lumière avait été tamisé afin de ne pas ajouter de l’inconfort à son invitée qui devait se remettre de ses blessures. Avec un sourire sincère, Naboris vint au chevet de la Pénitente, allumant au passage quelques chandelles supplémentaires. « Heureuse de vous revoir parmi les vivants, Kassandra. Vous revenez de loin ». Il était vrai que quand l’Héritière avait vu l’état d’arrivée de la guerrière, elle avait douté qu’elle survive. « Les soigneurs craignaient qu’il n’y ai plus rien à faire pour vous… Hylia doit vous avoir dans ses bonnes grâces… Ou vous êtes plus résistantes encore que ce que je pensais ».
Depuis leur première rencontre à ce bar, Naboris ne pouvait s’empêcher de penser par moment au mystère que présentait cette femme ayant tout abandonné pour suivre une vie de pénitence et de privation ainsi que cette attirance dangereuse qu'elle éprouvait à son égard. « Si vous vous demandes ce qu’il s’est passé, sachez que vous vous êtes écroulées sur la place de Celesbourg à votre arrivée. Mes partisans vous ont récupéré à demi-morte et amené ici pour y être soignée. Visiblement vous avez contrarié des personnes peu amicales. J’espère avoir la chance d’entendre ce récit ». Naboris s’excusa un instant avant d’aller se verser un peu de vin qui se trouvait dans un pichet tout en lui dévoilant : « D’après ma guérisseuse vous devriez vous en remettre. Cependant je vous conseille de rester tranquilles quelques jours. Si ce n’est quelques semaines. Les blessures étaient profondes ». Humant le breuvage, elle revint aux côtés de la guerrière. Sans vraiment s’en rendre compte, la jeune femme détailla un peu plus la blessée d’un regard appréciateur. « Cette robe vous met bien mieux en valeur que votre armure. J’espère qu’elle vous plaît : l’étoffe Gerudo dont elle est faite est aussi légère que de la soie et épouse parfaitement votre silhouette ». Ce qui était le cas et Naboris n’avait aucune gêne à apprécier ostensiblement la vue. Buvant une gorgée du breuvage elle voulut rassurer un peu plus Kassandra. « Soyez rassurée ce sont les guérisseurs qui vous ont délesté de votre armure… ».

En ces temps troublés il était toujours bon de constater que le mal ne gagnerait pas si aisément. La survie de cette guerrière en armure sombre n’en était-il pas la preuve ? Retrouvée à moitié-morte, son trépas n’aurait étonné personne. Mais là voilà bien vie. Amochée certes, mais en vie. Pouvait-on y voir la volonté d’Hylia dans cette survie ? Peut-être. Naboris était tentée d’y croire mais après toutes les horreurs dont elle avait été victime, sa foi était à chaque instant mise à l’épreuve. Lorsqu’on lui avait fait parvenir la situation précaire de Kassandra, la jeune femme n’avait pu s’empêcher d’éprouver un pincement au cœur à l’idée de la perdre. Elle avait alors mobilisé ses soigneurs et même sa guérisseuse personnelle afin de tout faire pour la sauver.
Lorsque la Zora évoqua sa résistance digne d’un Goron, Naboris laissa échapper un léger rire à cette idée. « A n’en pas douter que vous pourriez en être une », dit-elle en lui souriant. La guerrière laissa échapper une grimace de douleur lorsqu’elle bougea. « Vous devriez rester tranquille, vous n’êtes pas prêtes à faire des folies de votre corps » murmura-t-elle en buvant une nouvelle gorgée de son breuvage tout en détaillant son interlocutrice qui lui demandait de remercier les soigneurs qui s’étaient occupés d’elle. « Cela sera fait », lui assura-t-elle tout en venant s’assoir à ses côtés sur le côté du lit de la convalescente. Bien qu’elle se doute de la chose, la guerrière lui confirma ensuite que l’attaque avait été perpétrée par ces démons de Yigas. Jouant avec son gobelet en faisant tournoyer le vin à l’intérieur, l’Héritière des Landes fit mine de porter un toast. « Effectivement considérez cela comme un signe de respect de leur part… En cela nous nous ressemblons désormais. Deux survivantes face au mal… Il y a quelque chose de poétique là-dedans, vous ne trouvez pas ? ».
Désireuse de détendre l’atmosphère, la jeune Gerudo la complimenta sur sa tenue qu’elle trouvait parfaite pour la guerrière. Epousant ses formes avec délice, Naboris ne pouvait s’empêcher d’éprouver une nouvelle fois cette étrange attirance envers cette femme au lourd passé. Charmeuse, la Gerudo plongea ses yeux dans ceux de son interlocutrice. « Ne doutez pas de votre charme… Nombre d’hommes et de femmes seraient plus que ravis de vous voir ainsi. Pas de chance pour eux, je vous ai pour moi seule, ce soir » plaisanta-t-elle. La fille de Ganondorf espérant ne pas la choquer, car Naboris avait constaté depuis son arrivée à Hyrule que les mœurs légères de son peuple et la facilité d’en parler pouvait mettre mal à l’aise certaines personnes. « Excusez ma curiosité à ce propos, et je comprendrai que vous ne voudriez pas répondre, mais en tant que Pénitente avez-vous fait vœux de chasteté ? » lui demanda-t-elle légère. Ayant de nouveau grand soif, ’arrêtant avant d’apposer de nouveau ses lèvres au doux nectar, Naboris lui proposa : « Peut-être voudriez-vous tremper vos lèvres ? C’est un vin des Landes : fruité et léger, mais traître si on en abuse… Un vin Gerudo qui porte bien son nom… » Ronronna-t-elle en lui proposant le gobelet.
C’est alors que la guerrière à l’armure sombre lui fit ce qui ressemblait à un serment d’allégeance, scellant la proposition qui lui avait été faite à la taverne lors de leur première rencontre. A cela son cœur s’en trouva plus léger. « Je suis heureuse d’accepter votre assistance dans cette quête. J’espère que vous y trouverez également ce que vous cherchez ». Songeuse, Naboris la questionna sur une question qui la taraudait : « J’aimerai votre avis. Imaginez que nous gagnons, ou plutôt QUAND nous gagnerons, que devrais-je faire de ceux qui demanderont pitié en reniant leur foi en l’Avatar ? Après tout le mal qu’ils ont fait méritent-ils ma clémence ? ». Il était toujours intéressant d’avoir l’avis d’une dévote d’Hylia.

"Je vous promets de me reposer le plus possible. J'ai déjà été mis dans un état similaire. Et encore une fois je dois ma survie à de sages et grandes guerrières il semblerait. J'espère en ressortir encore plus grandit de cette épreuve."

Naboris dodelina de la tête, verre à la main. Elle doutait fort que cette guerrière sache vraiment ce que voulait dire se reposer. « Les épreuves nous sculptent comme le fait l’eau sur les rochers… ». Que voilà une bien jolie métaphore pour une Zora, non ? L’Héritière des Landes voyait la souffrance endurée par la convalescente comme un miroir à la sienne. Deux êtres abimés par les aléas de la vie… Une vie qui aurait pût être tout autre sans ce mal qui gangrenait le monde… Le vin la rendait nostalgique.

"Je suis assez d'accord avec vous. Les belles histoires remplis de poésies et de grandeur... Le genre de choses que me lisait ma maman quand j'étais petite... Je ne saurais dire si je suis excitée ou terrifiée à l'idée d'en vivre une..."

La jeune femme du désert scruta son invitée, curieuse. « Une femme admirable j’en suis sûr. Que lui est-il arrivé si ce n’est pas indiscret ? Pouvez-vous me parler d'elle? ». Elle doutait de la réponse mais il était toujours intéressant de savoir ce qui avait façonné cette guerrière en armure sombre. Après tout, si elle devait combattre dans son camp se connaître faciliterait la chose.
Charmeuse, l’Héritière complimenta la tenue de Kassandra. Cette dernière avait ce vent de fraicheur et d’exotisme si caractéristique qui manquait souvent aux femmes qui partageaient habituellement sa couche. Il n’y avait rien de mal à le reconnaitre.  

"Oh euh... Vous savez... Je... Et bien... Cela fait longtemps que je n'ai pas été à quelqu'un... Euh non, ce n'est pas ce que je voulais dire... Plutôt que je n'ai pas eu la chance de passer du temps à quelqu'un... Enfin..."

Naboris sourit, trouvant mignon qu’une telle femme aussi redoutable ne s’empourpre comme une jeune fille connaissant ses premiers émois.

"Oh euh... Je n'ai fait aucuns réels vœux. J'ai juste moi-même décider de vivre le plus possible selon des dogmes simples et essayer de me racheter. Mais je ne pense pas qu'Hylia apprécierait que l'on face de tels vœux pour elle. Mais plus que l'on suivre son cœur."

Voulant l’apaiser, la fille de Ganondorf lui glissa : « Veuillez m’excuser pour mes paroles. Je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise », dit-elle en lui posant une main réconfortante sur l’épaule. « Nous autres Gerudo avons tendance à être très directe lorsqu’il s’agit d’exprimer ce que nous ressentons ». D’ailleurs que ressentait-elle vraiment ?
Sur ce, Naboris lui fit goûter le nectar qu’elle sirotait, louant ses bienfaits.

"Bon sang ce que c'est délicieux..."

Ce soudain rapprochement lorsque son visage s’approcha d’elle pour prendre une gorgée de vin enivra un peu plus la demoiselle. Lorsqu’elle trempa ses lèvres dedans, elle y vit un geste d’une grande sensualité.

"C'est incroyablement délicieux... Si je devais me laisser tenter je risquerais d'en boire jusqu'à oublier mon propre nom..."


La Gerudo se permet un léger rire à ces dires avant de se relever et de se resservir. « Vous ne seriez pas la première. Il peut être bon de savoir lâcher prise par moment », affirma-t-elle avant de revenir s’assoir à ses côtés. « Profitez de ce moment de répit forcé dont vous disposez. La guerre sera toujours là demain », lui assura la Gerudo. Sur ce, Naboris questionna son interlocutrice sur le sort à réserver aux traitres en cas de victoire.

"Je pense... Qu'ils mériteraient une seconde chance. Pas tous, je ne dis pas ça. Et la question n'est pas non plus si simple que ça... Ce serait presque du cas par cas. Qui de ceux forcés à suivre les Yigas sous peine de sanctions? Ceux qui n'ont connu que cela de toutes leurs vies? Ceux regrettant réellement? Ceux n'ayant pas d'autres choix? Je... J'évite souvent de tuer, Ma Dame. Et même si la rage brûle mon cœur de me venger... Je pense que cela pourrait n'être qu'un cercle destructeur, si l'on entrainait les blessées de la vie. Pour avoir été une ancienne bandit qui a fait des crimes horribles qui me hantent encore, je suis heureuse de pouvoir me racheter. Et puis, le regard inquisiteur des autres est souvent une punition parfois plus horrible que la douleur de la mort..."

Attentive, l’Héritière prit le temps d’analyser cette réponse aussi franche qu’intéressante. Cette question la taraudait depuis longtemps et avoir un point de vu extérieur était toujours salvateur.
« Ce sont des paroles pleines de sagesse… Et qui donnent matière à réfléchir. Je vous remercies de votre franchise Kassandra ». En tant que simple guerrière assoiffée de vengeance elle n’aurait pas hésité à tous les égorger. Mais en tant qu’Héritière elle ne pouvait se le permettre. Songeuse, Naboris but à nouveau une gorgée, puis en proposa également à la guerrière en armure sombre en lui tendant. « Au fait vous serez heureuse d’apprendre que votre monture a également survécu. Elle a été soignée et bichonnée et sera prête pour reprendre la route avec vous ». La fille du désert savait la complicité qui pouvait unir le cavalier à son destrier. Sa perte était souvent un crève-cœur. Elle sentait l’alcool commencer à la griser mais n’en fit rien en si bonne compagnie. « Une question me taraude. Puis-je vous demander ce qui vous a décidé à me rejoindre ? Les nobles causes ne manquent pas sur ces terres ». La gratifiant d’un clin d’œil elle ajouta : « Notez que je ne m’en plains pas. Dès notre première rencontre vous m’avez fait forte impression. Il se dégage de vous une attirance dangereuse… Un peu comme un prédateur qui attire sa proie. Seriez-vous une ensorceleuse ? », Plaisanta-t-elle en plongeant son regard dans le sien. Naboris sentait ses hormones s’agiter mais n’osa faire quelque chose qu’elle pourrait regretter plus tard… Pour le moment du moins. Faisant une petite moue elle désigna l’armure sombre. « Avez-vous une histoire à son sujet ? ».