Endure and survive (Zarg)

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« Château de Metzli | An 1000 - lune 8 - jour 10 »

Voilà dix jours que le retour de Midona avait été officialisé et qu'avait eu lieu l'effondrement d'une partie du château. Des souvenirs encore vivaces pour la jeune conseillère, grièvement blessée. Un individu encapuchonné profita de la cohue pour s'emparer de la Couronne. Celui-ci s'éclipsa bien vite avant de narguer les nobles incapables d'avoir pu l'empêcher de la dérober. Talia était prête à lui courir après afin de faire disparaître ce sourire insupportable. Elle n'en n'eut pas le loisir qu'un grondement provenant des entrailles de la terre retentissait. Tous les murs tremblèrent et le sang de la conseillère se glaça. Qu'était ce hurlement surnaturel ? Semblable à celui d'une lointaine créature, prisonnière des ténèbres. Immobilisée par la puissante aura maléfique qui pénétrait dans la salle du trône, son souffle se coupa. Tout son corps lui semblait si lourd que ses jambes chancelaient. Le plafond se disloquant, elle n'eut le loisir de réfléchir plus longtemps qu'une pierre ne lui tombe sur la tête : la plongeant dans l'inconscience la plus totale.

Elle n'entendait plus les cris de Remna, n'entrevoyait plus le regard de sa cousine ou de son frère : autour d'elle il n'y avait qu'une obscurité infinie. Plongée dans le noir des jours durant, Talia s'éveilla sans comprendre ce qui lui était arrivée, ni où elle était. L'endroit, l'odeur, tout lui était confus. Quant à son corps endoloris, des picotements lui parvenaient, fortement désagréables et le pire de tous, l'épais pansement recouvrant une partie de son crâne. Ses yeux s'ouvraient et se fermaient, tandis que des silhouettes difformes allaient et venaient à son chevet sans qu'elle ne sache de qui il s'agissait. Son état n'était plus critique mais son corps avait subi un choc : au-delà du physique. Elle se souvenait de toutes les trahisons : Xanto, Cardan. Voulait-elle vraiment se réveiller ? La conseillère l'ignorait, replongeant dans un sommeil sans rêve.

Elle ne saurait dire combien de temps s'était écoulé depuis l'incident survenu à la salle de trône, s'éveillant pour de bon cette fois. Les ombres étaient devenues plus claires tandis que ses opales s'habituaient à la lumière d'une bougie, le soleil était couché. A l'orée de la nuit, Talia chercha un visage familier, et ce fut celui de son frère qu'elle entrevoyait, assis non loin, sur l'un des nombreux fauteuils. Plongé dans sa lecture, sa présence la rassurait, sans doute l'avait-il veillé tout le long. "Zarg..." Dit-elle d'une voix fatiguée, tentant de se redresser, non sans mal. "Depuis combien de temps je suis là ? Que s'est-il passé ? Midonna va bien ?" Les questions fusaient tandis qu'elle sentait la panique la gagner. Pourvu que sa cousine aille bien ainsi que la jeune Merlyn, elle songea également aux Hesediel. Comme toujours, Talia s'inquiétait plus des autres que de son propre état.

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E.A.S.L.A

M.VIII.X

Talia Vajanská

Metzli

La nuit tombait sur le royaume du crépuscule et Zarg arpentait les couloirs du château en direction de Talia. Cette dernière voguait entre sommeil profond et éclairs de semi-conscience qui avaient redonné à son frère l’espoir de la voir se réveiller un jour. Comme à leur habitude Talania et Hank avaient passé la journée à son chevet, espérant que leur présence aiderait la rousse à revenir parmi eux. Après une brève discussion, Zarg les invita à retourner dans leurs appartements non sans avoir à promettre pour la centième fois qu’ils seraient prévenus au plutôt si la situation était amenée à changer.

Ayant refermé délicatement la porte après le départ de sa mère et de son frère, l’ainé de la fratrie posa les yeux sur le visage de sa sœur. Ce dernier semblait paisible malgré les quelques couches de tissus enveloppant la partie de son crâne touchée par la chute de pierres. L’angoisse de voir sa sœur mourir ne tordait plus les entrailles de Zarg, mais son esprit n’en était pas moins empli de doutes et de questionnements. Et si la roche noire avait fait plus de dégâts qu’espéré ? Peut-être avait-elle oublié qui elle était, ou qui ils étaient ? Il existait peut-être un monde où Talia se réveillait devant le visage d’un total inconnu, ignorant tout de lui. Ser Belmont avait beau lui avoir répété toute sa vie que le guerrier ne doit pas s’inquiéter de ce qu’il ne contrôle pas, il se trouvait bien démunie face à la situation.

D’un pas silencieux, Zarg se dirigea vers son fauteuil habituel et s’y installa. Une nouvelle nuit de lecture s’annonçait à lui, rythmée par la respiration calme de sa sœur qui contrastait avec la force du tonnerre lointain. Le garde pourpre était toujours à la recherche de réponses, d’une explication à tous ces événements. Ses yeux parcouraient les pages couvertes d’inscriptions inconnues et autres dessins indéchiffrables. Son état de fatigue avancé ne l’aidant en rien, mais en impossible pour lui de trouver le sommeil.

C’est la faible voix de Talia l’appelant quelques heures plus tard qui le fit lever la tête de son ouvrage. Sa sœur lutait pour se redresser et Zarg bondit alors vers le lit, accompagné par le bruit sourd du grimoire heurtant le sol. Le chevalier la força à s’allonger à nouveau : Eh, eh, eh. Doucement Talia, reste couchée s’il te plait… Dit-il avec un grand sourire aux lèvres et les yeux brillants.

Le chevalier agrippa doucement la main de sa sœur avant de la porter à ses lèvres pour ensuite la coller sur sa joue. Sentant un soulagement parcourir l’entièreté de son corps, elle ne l’avait finalement pas oublié. Les questions de Talia fusaient à une vitesse anormale pour quelqu’un dans son état, mais cela n’empêcha pas de sourire de plus belle.

Nous avons été attaqués, le château a été en partie détruit et tu a été touchée par un éboulement. Répondit calmement Zarg. Cela fait dix jours que nous attendons ton retour, j’irai chercher nos parents et Hank plus tard si tu te sens suffisamment en forme pour les recevoir. Tout le monde va bien, Midona aussi même si le choc est encore présent.

Le Vajanská se redressa et se dirigea vers un coin de la pièce. Il se saisit d’une coupe pour la remplir d’eau et la proposer à Talia. Tu m’as fait peur, tu sais… Je t’interdis de repartir une nouvelle fois. Plaisanta-t-il tendrement.

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@Zarg Vajanská

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Son corps n'était que douleur alors qu'elle ouvrait les yeux, éblouie par la simple lumière des bougies. Talia émergeait d'un long sommeil sans rêve ni cauchemar, aussi lourd que la chappe de plomb se déposant sur son coeur en se souvenant des derniers événements avant sa perte de connaissance. Elle avait alors tenté de se redresser, comme si tout cela était survenu une minute plus tôt, la rousse avait perdu la notion du temps et ce fut le visage inquiet de son frère qui vint à sa rencontre. Ce dernier posa ses mains sur ses épaules afin de la forcer à ne pas se lever, de toute évidence, sa tête était encore trop douloureuse pour l'envisager, elle ne lutta guère et se rallongea dans un soupir. Toutes ces questions fusaient à une allure anormale : elle ne comprenait rien, combien de temps s'était écoulé ? Que s'était-il passé après l'effondrement du château ? La panique la gagnait alors qu'elle fixait son frère en attente de réponses, le coeur battant, serrant sa main dans la sienne qui lui apportait un tant soi peut de réconfort. Zarg avait été toujours là : dans les bons comme les pires moments. Surtout les pires. Elle faisait bien une piètre soeur, l'inquiétant sans arrêt sur sa vie et son état. Même si elle n'y était pour rien, Talia se sentait coupable de lui causer tant de soucis, lui qui avait déjà tant de responsabilités.

Ses mots eurent l'effet escompté, la soulageant d'un poids. Tous se portaient bien - en dépit des pertes que cela avait sûrement engendré. Sa main libre parcourait l'épais bandage recouvrant une partie de son crâne. "Par l'Arbre Obscur..." Dit-elle avec étonnement, elle avait survécu, un miracle. "Je suis désolée de vous avoir causé tant de soucis." Avouait-elle dans un soupir trahissant sa fatigue tant émotionnelle que physique. De tous, Talia était sûrement la plus vulnérable, ses pouvoirs ne lui conférant aucune manière de se défendre contre quoi que ce soit. Longtemps, ces derniers avaient été la cause de son mal-être, elle avait toujours jalousé ceux de son frère ou de sa cousine. Mais ce temps-là était révolu. Elle voulait surtout ne pas accabler davantage ses proches.

La conseillère ne refusa pas le verre d'eau tendu et le remercia chaleureusement "Merci." souffla-t-elle, l'attrapant d'une main tremblante, elle en but le contenant presque d'une traite. Un sourire naquit sur ses lèvres face à la remontrance doucoureuse de son ainé. "Ne t'en fais pas, ce n'est pas une malheureuse pierre qui viendra à bout de ta soeur. J'ai la tête dure." Plaisanterie qu'elle balaya bien vite, angoissée et surtout curieuse de connaître les détails. "Que s'est-il passé exactement ? Je me rappelle vaguement avoir senti la terre trembler avant que tout ne s'écroule..." Tout était encore confus dans son esprit tandis qu'elle fronçait les sourcils.

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Zarg se contenta d’un simple hochement de la tête lorsque Talia tenta de s’excuser. Il avait beau s’être énormément inquiété ces derniers jours, il n’y avait aucune raison que sa sœur en prenne la moindre responsabilité. Les coupables étaient tous indiqués et la rousse n’en faisait pas partie. Un sourire timide s’installa sur les lèvres du Vajanskà, il devait bien avouer qu’elle avait effectivement la tête dure.

Le chevalier alla s'asseoir dans le fauteuil pendant que la rousse lui demandait ce qu’il s’était réellement passé ce jour-là. Que pouvait-il lui raconter exactement ? Ses informations étaient maigres, il n’aurait qu'à s'en tenir aux faits.

Odair, Vaudahr, Tracer et Durrendon ont tous abattu leurs cartes, révélant à tous leurs réelles intentions. Commença le chevalier en se massant les tempes. Sauf que c’était sans compter l’arrivée d’un nouveau joueur, qui a d’ailleurs pu briser la couronne. Je n’ai pas pu le voir personnellement, mais Midona soutient que Xanto avait l’air aussi surpris qu’elle de cet événement. Est-ce que c’est suffisant pour dire qu’il n’est pas dans le coup ? Je ne sais pas à vrai dire. Zarg marqua une pause, se remémorant la sensation du nouvel abysse prenant désormais place au centre du château.

Pour moi, c’est ce qu’on a trouvé sous la salle du trône qui est le plus préoccupant. Les éboulements ont révélé la présence d’un escalier qui descend sous l'édifice. Bien évidemment, on n’en voit pas l’extrémité depuis la surface. Les premiers éclaireurs ont été envoyés il y a quelques heures. On n'a toujours pas reçu le signal correspondant à la fin de leur descente. Le chevalier tapota du bout de ses doigts l'accoudoir de son siège, visiblement nerveux. J’ai d’ailleurs promis à Midona de m’y rendre dès que tu aurais retrouvé tes esprits. Je crois bien que je vais devoir commencer les préparatifs demain. Conclut-il avec un sourire.

Le Vajanskà redoutait la réaction de sa sœur, il la redoutait presque plus que s'il avait du refusé la demande de sa cousine et reine Midona. A peine s'était-il retrouvés qu'il parlait déjà de partir. Son franc parlé habituel aurait peut être du laisser sa place à un peu plus de réflexion.

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@Zarg Vajanská

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Talia n'avait évidemment pas participé aux nombreuses trahisons. Elle n'était pas coupable, mais elle sentait une part de responsabilité dans cette débâcle. Incapable d'avoir pu prévoir de tels comportements, la conseillère avait faillit à sa tâche en n'anticipant pas les agissements de ces traitres. Elle se flagellait de n'avoir rien vu venir, pire encore, elle se sentait profondément bafouée, et au pire stupide de n'avoir su l'empêcher. Si le revirement de Xanto ne l'étonnait guère, celui de Cardan avait été sûrement le plus douloureux. Beau-frère pour qui elle s'était prise d'affection, qu'elle avait considéré comme un membre de sa famille, elle constatait avec effroi que ce dernier lui mentait depuis toujours. L'humiliation était totale pour la rousse, amère et en colère. Alors, quand son frère lui contait les différents événements, les souvenirs revinrent et aussitôt, sa mâchoire se serra. Elle se remémorait dans les moindres détails le choc qu'elle avait ressenti.

"Je me souviens maintenant..." Chuchota-t-elle à demie-voix, refermant le poing. La liste des traitres était longue mais un seul comptait. "Il nous faudra retrouver ces chiens et leur faire payer leurs affronts." Elle grondait comme l'orage lointain, des mots crus qu'elle n'employait pas en temps normal. Une colère froide, calculatrice, son regard était dur mais se renforça encore davantage. "Et dire que je lui faisais entièrement confiance, et dire que..." Cette fois, c'était le regret qui l'étreignit alors qu'elle secouait la tête, fermant un instant les paupières pour ne pas laisser ses émotions la faire basculer. Elle était encore trop faible pour se le permettre. "Au vu de la réaction de Xanto lorsque la Couronne s'est brisée, je ne pense pas qu'il soit impliqué, mais cela ne le rend pas moins coupable de trahison." Et cela n'apaisait aucunement sa rancoeur à l'égard du Odair - bien que cet homme ne lui avait jamais inspiré confiance.

Néanmoins, le sujet suivant l'inquiéta. Elle n'avait pas eu le souvenir d'un quelconque escalier, probablement qu'elle était tombée dans l'inconscience avant de le découvrir. La nervosité de son frère était palpable. Talia le connaissait suffisamment pour savoir qu'il ferait tout son possible pour en savoir davantage, ils avaient tous deux la tête dure après tout. Cependant, la panique la prenait en imaginant le chevalier pénétrer seul dans l'abysse dont ils ignoraient tout. Aussitôt, elle se redressa du lit - non sans un léger gémissement de douleur. Sa main se posa sur celle de son ainé. "Je t'interdis d'y aller seul. Nous ne savons rien de cet endroit ni où cela mène ni sa dangerosité, prenons le temps d'élaborer un plan avec Midona." Elle ne voulait pas le laisser y aller seul, elle refusait de le perdre, alors elle serra son emprise sur sa main, ses yeux ancrés dans les siens. "Promet moi de ne pas y aller seul sur un coup de tête, Zarg. Je refuse de te perdre aussi." J'ai besoin de toi aurait-elle pu souffler, mais son regard inquiet parlait de lui-même. Zarg était son frère ainé, celui avec qui elle partageait le plus, celui qui l'avait soutenu toute sa vie durant, une épaule sur laquelle se reposer. Elle n'osait imaginer un monde sans sa présence réconfortante.

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Zarg arqua un sourcil et tourna légèrement la tête lorsque sa sœur insulta les traîtres de chiens. Non pas qu’il n’était pas d’accord avec sa pensée, c’était plus la formule qui l’étonna. Ils avaient tous réussi à profiter de la confusion ambiante pour quitter le château, chose étonnante, mais soit, le mal était déjà fait et le chevalier pourpre ne pouvait rien y changer. Les retrouver ne serait pas une mince affaire et pour être franc, Zarg ne considérait absolument pas cela comme l’une de ses priorités. Bien que clairement identifiés comme des menaces, Xanto et les autres n’étaient pas les plus dangereux dans la nouvelle équation.

Comme il aurait pu le prévoir, savoir qu’il avait prévu de partir explorer le nouvel abîme n’enchanta pas Talia. Mais il n’avait pas eu le cœur à lui mentir. Les remarques de la rousse firent sourire Zarg. Il n’est pas prévu que je m’y rende seul, Ser Belmont m’a déjà fait part de son envie d'y aller lui aussi. Et d'autres suivront, je n’en ai pas le moindre doute. Reste la question de qui doit rester en surface. Dit-il calmement.

Midona aussi souhaite s’y rendre, il est impensable que la reine, tout juste revenue, prenne des risques inconsidérés. Nous devons y aller avant, c’est notre devoir après tout. Conclut-il avant de rire doucement. D’autant plus qu'aussi bon stratège que tu pourrais être, tu ne peux pas élaborer de plans sans informations, personne ne le peut.

Zarg repensa au petit groupe d'éclaireurs partis plus tôt dans la journée. Étaient-ils encore en vie à l’heure qu’il est ? Le Vajanska l'espérait de tout cœur, mais sentait au plus profond de lui qu’ils ne tarderont pas à le savoir. Il se gratta la barbe, pensif.

Mais au final, tout cela ne te concerne pas Talia. Car pour le moment, ta seule mission est de te reposer. Le royaume et Midona vont peut-être avoir besoin de toi, mais pas avec cet air fatigué, tu peux me croire. Charia Zarg. Et ne t’en fait pas, tu ne me perdras pas. Conclut-il avec un sourire se voulant rassurant.

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Il était rare d'entendre Talia parler de la sorte, elle qui avait toujours contrôle sur ses mots et ses émotions. En cet instant, ce n'était que sa haine qui s'exprimait, aussi brûlante que corrosive, celle-ci prenant possession de son coeur à l'égard de ceux qui avaient trahi sa confiance. Bafouée, humiliée, la conseillère ne pouvait que les mépriser profondément. C'était toujours plus facile de haïr les autres que d'admettre ses torts. Sa confiance, elle n'aurait pas dû la confier trop aisément, elle s'était montrée imprudente et dans un sens, elle aussi avait sa part de responsabilité dans cette débâcle. A l'aide de ses dons de divination, elle aurait dû ouvrir les yeux sur leurs desseins... mais elle avait été aveuglée par l'affection. Peu à peu, son coeur se fermait, ceux qui méritaient sa confiance totale étaient rares, trop rares.

La rousse se détendit aussitôt alors que son frère avouait ne pas s'y rendre seul. Nul ne savait ce que renfermait cet abîme. "Nous devons y aller avec des personnes de confiance aussi, car ça pourrait se transformer en piège." Dit-elle, pensive, les sourcils froncés, songeant au pire. Et si tout ça n'était qu'une machination savamment préparée par leurs ennemis ? Certes, Xanto et ses sbires étaient mais peut-être que d'autres demeuraient tapis dans l'ombre, tout aussi dangereux, voire plus. "Avez-vous déjà envoyé des éclaireurs ?" Demanda-t-elle, curieuse, avant d'hocher la tête, esquissant un fin sourire, amusée quant à ses mots, véridiques. Elle ne ferait rien de bon dans cet état, presque incapable de courir ou de marcher, Talia affichait des traits fatigués. Une faiblesse que la Vajanska n'appréciait guère. Être alitée lui donnait la sensation d'être prisonnière - sa convalescence ne faisait que commencer...Elle croisa les bras, affichant un faux air boudeur. "Je vais me remettre vite sur pied pour que ça me concerne de nouveau, sois en sûr ! J'ose espérer que tu m'attendras avant d'y aller, si je te perds, je n'hésiterais pas à aller t'achever moi-même." Un air dur, une moue avant qu'elle ne soupire en se laissant retomber contre son oreiller. Pour sûr que sa menace n'avait pas fière allure que si elle était en pleine forme.

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Et ce qui devait arriver arriva, à peine revenue à elle Talia affirmait déjà sa volonté de se joindre à l'expédition. Depuis sa discussion avec Midona, Zarg nourrissait silencieusement le souhait que sa sœur exprime d'elle-même son refus ou sa compréhension de ne sauter pas elle aussi dans la gueule d’un potentiel loup.

Il n’y aura pas de “nous” Talia. Dit-il calmement. J’ai parlé avec Midona plus tôt cette semaine, et elle souhaite que tu te joignes à nous… Zarg soupira. Une pure folie, c’est pour cela que tu refuseras lorsqu’elle t’en parlera. Nous ne savons pas encore ce qu’il s’y trouve, nous sommes toujours en attente du retour des premiers éclaireurs. Alors y faire descendre la reine relève déjà de l’insouciance, mais y envoyer de surcroît sa conseillère n’est rien de plus que de la bêtise. Le twili se massa les tempes. Qu’est-ce qu’on essaye d’accomplir ici ? Éteindre les Vajanskà ? Faire en sorte que Hank se retrouve seul ? Zarg était visiblement irrité.

Bien évidemment que le garde souhaitait que sa sœur se remette vite sur pied, mais l’idée qu’elle se retrouve en situation de danger volontairement aussi rapidement ne pourrait jamais lui convenir. Mais aussi opposé à cette idée qu’il pouvait l’être, c’est sa reine qui aurait le dernier mot pour cette histoire. Et son issue ne faisait que peu de doute, Zarg avait fait ce qu’il pouvait dans les limites de la décence. Il n’avait plus qu'à prier une nouvelle fois pour que sa sœur entende raison.

Comme si tu avais la moindre chance de m'achever d'ailleurs. Conclut-il en riant jaune.

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Talia allait vite en besogne, elle le savait, son projet de les rejoindre pour cette quête ne ravissait pas son grand-frère. Il avait toujours oeuvré pour sa protection, elle s'était préparée à son opposition, mais il savait aussi qu'elle était tout aussi têtue, ils étaient des Vajanská après tout. Butés et déterminés. Cependant, le twili avait raison, c'était de la pure folie mais la Reine n'avait confiance qu'en eux pour l'accompagner. De plus, la conseillère était convaincue que son don saurait être utile pour repérer de potentiels ennemis. La télépathie ou la vue omnisciente, elle pouvait déceler les menaces avant qu'elles ne frappent. Demeurant silencieuse face aux arguments de son frère, elle se mordit la lèvre, contrit. Voilà bien longtemps qu'elle et son frère n'étaient pas d'accord - bien que ce n'état pas si rare. Certes, ils étaient soudés mais les tempêtes survenaient toujours. C'était un mal pour un bien car ils parvenaient à communiquer calmement.

Elle soupira, avant de reprendre d'une voix douce mais décidée, ses yeux, quant à eux étaient ancrées dans ceux de son frère, elle ne le fuyait pas, elle assumait. "Je sais que ça te paraît être de la pure folie, mais ma décision est prise, Zarg. Mon pouvoir nous permettra de savoir si des ennemis s'y trouvent, ou de trouver notre chemin." Midona avait considérablement progressé, rendant ses pouvoirs plus offensifs que jamais. Quant à Zarg, lui non plus ne déméritait pas. "Nous avons tous un rôle à jouer, permet que j'accomplisse le mien." Reprit-elle sur un ton suppliant. Sa main vint trouver la sienne qu'elle serra avec force. "Je ne me mettrais pas en première ligne, et je ferais tout ce que tu me demanderas, même fuir si la situation devenait trop périlleuse." Une promesse qu'elle tiendrait si jamais ils perdaient le contrôle. Elle obéirait aux moindres exigences de sa Reine et de son frère.

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