Pour cette nouvelle journée, Cirilla avait été plutôt matinale, surprenant même quelques Sages croisés alors que le soleil s'était levé il y a peu. A vrai dire, la Piaf s'était levée aux aurores avec l'intime conviction et l'envie d'aller méditer un temps en plein cœur de la grande plaine d'Hébra. C'était ainsi sans hésitation qu'elle s'était apprêtée pour cette journée à venir puis était partie rendre une première visite à l'Amphithéâtre de Valoo. Elle y pria un instant, entrant en communion avec les lieux et s'imprégnant de l'énergie que dégageait naturellement ce temple sacré au marbre blanc. Ainsi, après avoir effectué une petite ronde matinale, prit le temps d'organiser sa journée, Cirilla avertit les Sages de l'Amphithéâtre qu'elle s'absentait pour quelques heures et qu'il ne fallait point la déranger sauf si cela était urgent. Puis, elle s'envola.

Voilà déjà plusieurs longues minutes que la Piaf médite à l'endroit où le vent souffle le plus fort. Ses longs cheveux blonds ondulent et valsent au gré des douces rafales venteuses qui viennent caresser sa silhouette grâcieuse. La Grande Sage apprécie cet endroit tout particulièrement, la grande plaine d'Hébra offre de nombreux paysages, tous magnifiques, tous majestueux et pleins d'inspiration. Le vent souffle fort aujourd'hui, l'air siffle entre les arbres feuillus et pourtant, Cirilla y trouve un certain réconfort. Ses pensées sont toutefois aujourd'hui un peu entremêlées. Entre celles qu'elle adresse affectueusement à son défunt père adoptif, celles dédiées à Valoo, puis celles qui ne peuvent pas être exprimées à la légère... Le prénom qui lui revient souvent en tête n'est d'autre que celui d'Aymeric. Ce prénom qui reste ancré dans son esprit, son être et peut-être bien son cœur, même. Pourtant, Cirilla n'a jamais expérimenté cette sensation, à la fois effrayante mais agréable d'apprécier la visite d'une personne. Chaque rencontre avec Aymeric rend la Piaf on ne peut plus heureuse, elle se permet même d'arborer des sourires francs et sincères, elle qui pourtant, traverse un deuil difficile depuis quelques lunes. Cirilla est une personne un peu réservée sur le plan personnel, alors, laisser transparaître autant de joie sur son visage peut paraître un peu surprenant. Mais avec Aymeric, Cirilla n'a pas peur d'être elle-même, elle se sent à l'aise, confiante et ravie de le revoir à chaque fois. C'est un ami qu'elle affectionne tout particulièrement, bien qu'il reste un membre de la famille royale Cantell.

Le silence si ce n'est le son ambiant du vent soufflant fort sur les grandes plaines Hébraïenne vient toutefois à être brisé. Une voix proche d'elle se fait entendre, et enfin, Cirilla ouvre les yeux, surprise. Sa méditation l'a presque endormie, si bien qu'elle n'avait rien entendu venir, toujours assise dans l'herbe fraîche matinale. Il lui faut quelques secondes un peu brouillées pour que la Piaf ouvre enfin les yeux et croise le regard azuré d'Aymeric. Son cœur fait un bond dans sa poitrine. « Oh, » murmure-t-elle, un peu étonnée de voir son ami à une heure si matinale et surtout, ici. « Il est vrai que ma méditation est essentielle mais vous êtes tout excusé mon ami. » A vrai dire, n'importe qui d'autre aurait certainement eu affaire à une petite colère de la part de la Grande Sage. Mais, il s'agit d'Aymeric. Elle lui adresse un sourire, peut-être un peu complice, alors qu'elle apprend qu'il est d'abord passé à l'Amphithéâtre avant d'être redirigé ici vers les plaines herbeuses d'Hébra. Il y a du vent en ces lieux, mais il n'est ni violent ni désagréable. Au contraire, quel plaisir de laisser s'engouffrer dans ses plumes les brises d'air venues des montagnes enneigées... Oh. Cirilla secoue doucement sa tête pour se remettre les idées en place, à croire qu'elle a bien du mal à sortir de sa méditation.

« Allez-y, prenez place. » Le sourire aux lèvres, la Piaf observe Aymeric s'installer près d'elle. Ignorant la raison de sa venue, elle se pose la question du pourquoi bien évidemment. Mais en cet instant, un bref silence s'installe, lui laissant le temps de revenir à ses esprits alors que le charmant Piaf est à ses côtés.
Cirilla tourne finalement son visage vers ce dernier, l'air interrogative. « Que puis-je pour vous, Aymeric ? Si vous êtes venu jusqu'ici, je me doute qu'il y a une bonne raison. Je me trompe ? » Et à cet instant, la Lasilriel ignore si elle doit être nerveuse ou bien enthousiaste.

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Un fin sourire amical se dessine sur les lèvres de Cirilla quand son ami s'excuse à nouveau. Aurait-elle été bien trop rêveuse et encore assoupie dans ses songes pour qu'Aymeric se sente aussi désolé de l'avoir interrompue dans sa méditation ? Il le sait sans doute, mais seule une poignée de personnes suffisamment proche de la Piaf peuvent se vanter de pouvoir la déranger en pleine méditation sans avoir a subir des remontrances. Et Aymeric fait parti de ce cercle proche contre qui la Grande Sage ne se montrera jamais désagréable. Derrière ce voile que porte Cirilla en permanence se cache un cœur pur, bienveillant et tendre. Elle n'aurait jamais osé lever la voix sur son ami pour si peu. Il est tout excusé, c'est ce qu'elle venait de dire et elle n'hésite pas à le redire une nouvelle fois pour rassurer le Piaf musicien à ses côtés.

Toutefois un peu hésitante, Cirilla ne tarde pas à questionner Aymeric au sujet de sa venue. S'il est venu jusqu'ici, si tôt, si loin et si soudainement, quelque chose doit le travailler. D'habitude, le musicien au luth préfère les marches de l'Amphithéâtre, là où Cirilla peut l'apercevoir et l'observer travailler sa musique et prier. Visiblement là, quelque chose lui échappe. La blonde pose finalement ses yeux sur Aymeric désormais installé à ses côtés, inclinant légèrement son visage.
Ainsi, le Cantell aurait travaillé de nouvelles musiques, d'où son absence. En effet, voilà quelques jours que Cirilla n'a pu observer le musicien à l'œuvre dans son coin de l'Amphithéâtre. Fréquenter quotidiennement le Piaf était devenu une habitude et un plaisir pour la Lasilriel. Remarquer son absence fut quelque part, un petit déchirement au cœur. « Oh, je vois ! » glisse-t-elle à la volée, comprenant de ce fait les absences répétées d'Aymeric, loin des marches de marbre de l'Amphithéâtre.

Quand enfin son ami reprend la parole, c'est un nouveau sourire complice et amusé qui se dessine sur les lèvres de Cirilla. Ses prunelles bleutées se posant immédiatement sur le luth posé délicatement sur les genoux du Piaf à côté d'elle. La Grande Sage observe et écoute les mots d'Aymeric, souriante et presque amusée de voir autant d'impatience chez son ami. D'habitude, il est d'un naturel plutôt calme, le voilà très enthousiaste et cela ravit la prêtresse qui n'a qu'une hâte : connaître les nouvelles mélodies composées et imaginées par Aymeric.
« Vous ne cesserez de me surprendre mon ami, moi qui était inquiète de ne plus vous voir fréquenter notre Amphithéâtre... Mais je comprends désormais qu'il s'agissait de la bonne cause, n'est-ce pas ? » demande-t-elle en connaissant dors et déjà la réponse, composer de nouvelles mélodies est toujours un beau geste en soit. Cirilla n'est finalement pas la plus douée en ce qui concerne la musique, aussi, elle se plaît à apprécier celle des autres. « Mais je suis heureuse de vous revoir, Aymeric. » Et bien étrangement, lorsqu'il s'agit des mélodies d'Aymeric, la prêtresse montre davantage attentive et à l'écoute...

Le cœur battant, Cirilla lève ses prunelles vers celles azurées du Cantell, croisant son regard un instant. S'y perdant brièvement naturellement, la Piaf ne parvient toutefois pas à déceler toute la nervosité qui s'était emparée rapidement du cœur d'Aymeric. Mais elle sent que quelque chose le tracasse. N'osant poser davantage de questions à son ami, Cirilla hoche doucement la tête en guise de réponse à son interrogation.
« Allez-y mon ami, je vous écoute. Vous pourrez ainsi m'en dire plus sur vos inspirations par la suite ! » Que Valoo entende cette mélodie et ces notes musicales, pense-t-elle alors. Remettant les pans de son manteau fin sur ses genoux, Cirilla se montre ainsi attentive. « J'apprécie toujours vos inspirations, vous le savez. Et vous ne m'avez jamais déçue. » Puis, Cirilla devient silencieuse, laissant ainsi Aymeric s'exprimer. Elle est ainsi très loin d'imaginer le véritable sens de la mélodie qui ne tarde pas à lui arriver aux oreilles.

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Cirilla est loin de s'imaginer la véritable raison qui a poussé le Piaf à la rejoindre si tôt et si précipitamment. Pourtant, cela devrait sans doute lui sauter aux yeux, mais la Grande Sage est bien trop certaine qu'il n'y a rien de particulier, qu'il n'y a rien de spécial... Et pourtant.

Alors, après avoir assuré Aymeric de son entière écoute et de son enthousiasme, Cirilla se redresse tout en gardant sa position en tailleur, assise dans l'herbe fraîche de la grande plaine Hébraienne. Son regard se pose tout naturellement sur le musicien, prêt à faire entendre sa toute nouvelle composition qui semble déjà intriguer la prêtresse. Elle remarque alors qu'Aymeric ferme doucement ses yeux, sans doute pour se concentrer un instant, alors que la mélodie commence à se faire entendre.

Attentive, Cirilla est alors transportée à travers les mots, les rimes et les paroles dignes d'un véritable poème, bercée par la douce musique du luth qui accompagne l'histoire qui est alors contée. Pour son plus grand plaisir d'écoute, la Piaf peut par ailleurs constater qu'Aymeric s'était amélioré au fil du temps, en deux lunes à peine, il avait su se perfectionner dans son art musical et ce n'était pas pour déplaire à la prêtresse. Bien évidemment silencieuse, Cirilla hoche tout doucement son visage au rythme de la mélodie, véritablement transportée dans cette douce et poétique histoire contant les aventures d'une hirondelle et d'un barde égaré dans la neige. Cette hirondelle... naïvement, Cirilla ne peut que penser à la sienne, Auriel, pendant un très court instant. Toutefois, la Piaf ne comprend pas encore le sens réel des mots que prononce Aymeric au fil de la mélodie, mais ce qui est certain, c'est qu'elle est réellement bouleversée. Si bien, qu'elle porte une main sur sa poitrine, du côté de son cœur, par réflexe.

Lorsque la prestation s'achève, alors que les mots et les sons s'évanouissent dans l'air, Cirilla a bien du mal à se remettre de la beauté de ce qu'elle vient d'entendre. Elle reste muette pendant quelques secondes avant qu'une soudaine petite brise fraîche ne vienne caresser ses cheveux ainsi que ses courbes, la ramenant à l'instant présent. S'étant perdue dans ses songes, Cirilla ne sait que penser de cette mélodie qui semble bien plus profonde que toutes les autres entendues déjà présent. Les battements de son cœur se font plus forts, plus délicats alors qu'elle pose ses prunelles émues sur Aymeric.

« Je suis bouleversée... » confie-t-elle, gardant sa main tout contre son cœur dont elle ressent de plus en plus les battements. Elle ne peut pas croire qu'il s'agisse d'une mélodie sentimentale à son sujet alors que la tendre histoire entre l'hirondelle et du rossignol ne peut que lui rappeler deux personnes en particulier, deux êtres proches malgré une distance certaine... Se trompe-t-elle ? Elle ne sait quoi penser, elle ne sait plus. Y croire ou ne pas y croire, elle est tout simplement perdue et tout son être est bouleversé par tant de questions... Mais cette tendre histoire plaît beaucoup à la prêtresse ailée qui ne parvient pas à cacher l'émotion qui la traverse.

« Aymeric, il s'agit d'une de vos plus belles mélodies que j'ai pu écouter jusqu'à ce jour ! » avoue-t-elle, émue et tout à coup, très heureuse. Elle se sent alors chanceuse d'avoir un homme aussi talentueux dans son petit entourage. En plus d'avoir un cœur pur et bienveillant, Aymeric est quelqu'un que la Piaf apprécie énormément, peut-être bien plus encore... « Une tendre histoire entre une hirondelle et un rossignol... il y a vraiment beaucoup de poésie dans cette mélodie » commente-t-elle, comme si les mots avaient traversé ses lèvres sans le vouloir.

Toutefois, se pourrait-il que le beau brun puisse avoir justement, trouvé son hirondelle ? Il n'avait pas jusqu'à présent pour habitude de composer des mélodies aussi tendres et évoquant discrètement des aspects sentimentaux aussi personnels... Cirilla en a d'ailleurs, inconsciemment encore, un petit pincement au cœur qui vient lui tordre le ventre. Mais pourquoi, par Valoo, ressent-elle cela ?

« Vos inspirations sont pures et sentimentales, n'est-ce pas ? » demande-t-elle finalement, presque à voix basse tant la question reste intime... Elle est par ailleurs comme perdue dans ses propres pensées ― peut-être un peu paniquée à l'idée de se faire des scénarios complètement absurdes dans son esprit.

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Rares sont les occasions où la Grande Sage se retrouve aussi troublée comme elle est actuellement. Elle n'a véritablement pas l'habitude de se trouver dans une pareille situation ; surtout en présence d'Aymeric qu'elle apprécie tout particulièrement. L'idée qu'il puisse s'envoler loin d'elle en compagnie d'une charmante hirondelle qui n'est pas elle semble pincer le cœur de Cirilla, au même titre que son estomac qui se noue d'une nervosité certaine. Elle n'arrive pas à déterminer le vrai du faux, de ce que son esprit aimerait, ce que sa raison lui dit, ce qu'elle ressent réellement. Tout est confus, flou, elle ne parvient à faire le tri correctement et son esprit n'en est que plus embrouillé. Pourtant, une chose est sûre, Cirilla est sincèrement bouleversée par la beauté de cette composition, tant dans sa mélodie que l'histoire qu'elle raconte et les mots employés.
Et elle le fait savoir naïvement sans détour à Aymeric, il est véritablement un artiste des mots et des émotions.

Tel un soleil, le Piaf avait su apporter un peu de chaleur à la belle Lasilriel coincée dans une vie en solitaire. Depuis le décès de son père adoptif, elle était seule. Le soir venu, elle n'avait jamais personne à qui parler, ses temps libres étaient le plus souvent vécus en solitaire, en tête-à-tête avec elle-même. Bien qu'elle ne s'en plaigne jamais, Cirilla comptait dans ces moments-là sur la présence spirituelle de Valoo pour combler un vide dans son cœur inexplicable ; elle qui ne s'était alors que peu de fois livrée à qui que ce soit. Pourtant, au fond d'elle, cette mélodie, ces retrouvailles avec Aymeric, éveille en elle ce désir d'être attendue par quelqu'un, d'avoir une personne à ses côtés avec qui rire, voler, partager une vie... Vivre tout simplement.

Les deux grands Piafs ne semblent pas les plus à l'aise en cet instant, Cirilla admet sentir finalement comme une petite pointe de nervosité chez le troubadour. Du moins, quelque chose y ressemblant.
Toutefois, la prêtresse sent son cœur bondir subitement dans sa poitrine lorsque Aymeric dépose son luth délicatement dans l'herbe fraîche. Se tournant ensuite vers elle, il se confie un peu plus directement à elle... Jusqu'à ce qu'il se permette de la tutoyer et de la nommer « Mon hirondelle ». Cette même petite hirondelle présente dans la composition mélodieuse qu'il venait de lui jouer. Cirilla se fige, n'y croyant pas un seul instant. Son cœur battant beaucoup plus fort, tambourinant sans jamais cesser, la Piaf trouve finalement le courage de prendre une profonde inspiration. Elle ne quitte pas le regard azuré du Cantell qui se trouve tout près.

« Vous... tu... » Ne se rendant pas tout à fait compte sur le moment de la torture émotionnelle que doit ressentir Aymeric à cet instant, Cirilla essaie de trouver les mots, de rester droite, mais sans succès. Il n'est plus question de se retenir, non ? La prêtresse a toujours été elle-même auprès du beau brun, pourquoi il en serait autrement désormais ? Surtout après de telles confessions...
Le visage de Cirilla change alors doucement pour laisser place à une expression émue, sincère mais heureuse. Pendant un instant, elle se croit dans un conte de fées, alors l'homme dont elle est éprise met ses sentiments à nu face à elle.

Un peu hésitante, la Piaf porte finalement son autre main pour couvrir partiellement sa bouche ― geste démontrant la stupéfaction qu'elle a ressentie. Puis, cette même main se déplace délicatement pour venir se poser sur la joue d'Aymeric. La jeune femme se surprend elle-même à faire ce geste qui pourtant, est si vrai, si sincère. De ses doigts fins, elle se permet même de caresser doucement la joue du Piaf, plongeant son regard dans le sien. « Je ne suis pas une poète aussi douée que vous... toi... pour exprimer mes sentiments... » prononce-t-elle, un peu hésitante. Cirilla perd peu à peu sa confiance, laissant transparaître une très grande vulnérabilité, un privilège qui n'est alors donné qu'à Aymeric, lui seul. « Mais il y a une chose dont je suis sûre maintenant... C'est que mon cœur s'est épris d'un charmant rossignol. » Discrètement, Cirilla laisse s'échapper un soupir d'aise maintenant que les mots étaient dits.

Silencieuse à nouveau, la Piaf déborde toutefois d'enthousiasme, de passion et d'émotions... Tant de choses nouvelles. Cirilla en a même un léger rire nerveux qui s'échappe de ses lèvres quand enfin, elle porte son autre main se trouvant toujours contre son cœur vienne se poser sur les joues d'Aymeric, le forçant à la regarder dans les yeux. Elle se met sur ses genoux, tournée vers le Cantell. Ses ailes s'étirent légèrement comme pour chasser la nervosité à cet instant, elle inspire un bon coup et laisse à son tour les mots venir. « Je vous aime, Aymeric... Je... » Maladroite comme elle est, elle ne se rend pas tout de suite compte qu'elle venait de le vouvoyez encore une fois. Elle baisse, un peu embarrassée, son visage, puis se reprend. « Je t'aime... »

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Par Valoo.
Cirilla ne se serait jamais doutée qu'elle puisse un jour admettre que son cœur s'était épris d'un homme. Pourtant, la vie d'une Grande Sage n'est pas vouée à être une vie de solitude et sans amour, bien au contraire. L'Esprit du Ciel n'est pas un dieu cruel, tout du moins, Cirilla ne le pense pas ainsi. Il n'est pas facile à comprendre, certes, mais il ne voudrait pas que les cœurs de ses Grands Sages soient voués à pleurer dans la solitude. La Piaf en est convaincue. Toutefois, si Cirilla avait eu, au fond, un véritable coup de foudre pour le beau Cantell, elle n'aurait jamais cru pouvoir atteindre son cœur. À tort, désormais, elle le pensait inaccessible bien qu'elle ne s'était jamais réellement avoué à elle-même jusqu'à présent que la simple présence du Rossignol au sein de l'Amphithéâtre égayait ses journées même les plus moroses. Ce n'est que récemment que la belle Piaf avait pris conscience de ce qu'elle ressentait pour Aymeric ; surtout depuis qu'il s'était absenté pendant ces longues journées. Pour son retour, Cirilla était prête à se promettre de s'imposer une distance raisonnable afin de ne pas créer de malentendus ou des instants embarrassants. La mélodie d'Aymeric avait alors simplement aidé à briser les barrières que s'imposait Cirilla à son égard.

Bien qu'encore troublée par leurs confessions respectives, Cirilla est plus que ravie de savoir que ses sentiments sont partagés. Aymeric est un bel homme, le cœur sur la main, talentueux et d'un état d'esprit absolument admirable... et bien d'autres qualités. Toutefois, il reste un Cantell et la Grande Sage est en proie au doute, que pourrait-il décider de faire ? Confier ses sentiments, la délaisser ainsi en sachant qu'il est possible que leur liaison puisse être mal reçue ? Cirilla ne peut se torturer avec ces questions plus longtemps, elle revient alors rapidement à la réalité lorsque la voix d'Aymeric s'élève doucement. Il est ravi, absolument ravi. Bercée par l'instant présent d'une tendresse incroyable, Cirilla lui adresse un doux sourire.

Et maintenant ? La prêtresse qui s'était permis plus tôt de porter ses mains sur les joues d'Aymeric, les caresse enfin avec une grande délicatesse. Lui comme elle ne semble guère à l'aise avec les sentiments et ce genre d'affection qu'ils se découvrent l'un et l'autre. Les brefs instants de silence ne sont alors que des instants de flottement, le temps de prendre conscience de ce qu'il venait de se passer. De ce qu'il venait d'être dit et confié, surtout. Cirilla n'a pas réellement connu ce genre de sentiments, bien qu'elle eut plus d'une fois un œil admiratif sur certains hommes de la Cour qu'elle pouvait croiser jusqu'à présent... Voilà des lunes que son regard ne se pose plus vraiment sur la gente masculine. Ses yeux ne souhaitent se perdre que dans le regard azuré d'Aymeric, et ce, depuis maintenant quelques lunes.

Son cœur bat alors plus fort dans sa poitrine alors que le beau brun l'invite indirectement à l'autoriser à déposer un baiser. Cirilla voit son sourire devenir plus radieux, bien que quelque peu nerveux encore. Il faut dire que tout cela reste nouveau pour elle... Un peu nerveusement, elle laisse s'échapper un petit rire de ses lèvres alors qu'elle rapproche doucement son visage d'Aymeric.
« Ce qui serait inconcevable à mes yeux, serait que ce baiser ne soit pas dérobé, Aymeric. » Les mots murmurés, alors que leurs visages se sont rapprochés tendrement, leurs regards pouvant se croiser alors qu'elle peut sentir le souffle du beau Piaf tout près. Délicatement, Cirilla vient poser une de ses mains sur celle qu'Aymeric avait posé sur sa joue. Caressant du bout du pouce celle-ci, la Piaf adresse un sourire tendre au charmant troubadour.

Elle sait très bien qu'Aymeric n'a jamais rabaissé sa personne ni même son titre contrairement à certains qui estiment tout bas que la Grande Sage n'est qu'une figure inutile à leurs yeux. Au contraire, Aymeric l'a toujours respectée, alors pour une fois, Cirilla espère de tout cœur qu'il puisse la voir au-delà de son titre de prêtresse. Qu'il voit tout simplement Cirilla Lasilriel.
Puis doucement, elle se permet de rapprocher son visage du sien doucement, jusqu'à ce que ses lèvres viennent effleurer le coin des siennes, déposant alors un chaste baiser. Puis, sa main jusqu'alors déposée sur la joue d'Aymeric, vient se glisser délicatement à l'arrière de ses cheveux d'un geste tendre.

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Désormais éveillés, les sentiments que la belle Piaf éprouve pour Aymeric la plonge dans une douce euphorie qu’elle voudrait infinie. L’instant est magique, tendre, et elle aimerait tant que cet instant dure une éternité afin que plus rien ne vienne les séparer. Cirilla se sent à ce moment-là, heureuse, émue presque, d’avoir enfin trouvé l’amour. Une passion qu’elle éprouve sincèrement et d’un amour ardent, une chose qu’elle pensait jusqu’à présent, lui être interdite. Après tout, qui souhaiterait passer toute une vie auprès d’une Grande Sage ? Elle a souvent entendu bien des rumeurs, bien des préjugés sur les personnes comme elle. A croire qu’être une prêtresse ne lui permettait pas d’avoir une vie de famille, remplie d’amour et d’émotions. Bien au contraire. Alors, à l’image de son père adoptif, Cirilla accepte la venue d’une personne dans sa vie, dans son cœur. De toute évidence, maintenant elle s’en rend compte : elle n’aurait pas pu éternellement repousser et rester à distance d’Aymeric. Tout chez lui la rassure, la réconforte, et lui apporte bien plus qu’il ne le pense. A commencer par le simple fait qu’il comble par sa présence une solitude devenue trop lourde à supporter. Simplement, Cirilla ayant toujours été une personne assez discrète sur les aspects de sa vie personnelle, elle n’avait jamais osé pleinement l’exprimer… Elle se contentait depuis toujours de se comporter comme une Grande Sage admirative du travail exécuté par un fidèle de l’Amphithéâtre de Valoo. Et en quelques lunes, comme un coup de foudre souvent décrit par les romans romantiques, Cirilla était tombée amoureuse d’Aymeric. De sa personne, de son charme, de son être tout entier.

Ils sont alors deux amoureux qui n’auraient jamais penser que leurs amours puissent être réciproques. Et pourtant, telle une évidence, la réalité les frappe tendrement : ils sont épris l’un de l’autre. Enfin, Cirilla ose approcher ses lèvres de celle du beau brun, effleurant tendrement les siennes. Chaste, doux, hésitant, le cœur de la belle Piaf est totalement paniqué, heureux et proie à un maelström d’émotions.
Bien vite, Aymeric s’approche à son tour pour venir cette fois-ci, embrasser sur ses lèvres, Cirilla. La belle Piaf ressent un frisson agréable quand elle sent la main douce et tendre du brun venir se poser sur sa joue. Le vent vient alors plus remarquablement, s’immiscer entre eux, soufflant et faisant passer une brise bien plus présente. Tout du long, Cirilla ferme ainsi les yeux, appréciant l’instant présent, répondant tendrement au baiser, caressant sa joue délicatement.

Elle aurait aimé que ce baiser dure une éternité, sentir les doigts d’Aymeric épouser tendrement sa joue alors qu’il l’embrasse ainsi. Mais leurs visages finissent par s’éloigner doucement, sans trop se détacher, juste assez que pour leurs regards se croisent. Les prunelles azurées de Cirilla n’hésitent plus et viennent se perdre dans celles d’Aymeric. Elle reste muette, lui adressant un regard des plus amoureux. Alors que le beau brun commence à prononcer quelques mots, la belle Piaf vient glisser ses doigts fins sur les traits du visage de ce dernier. Du bout de ses ongles, elle dessine les contours de son visage, l’admirant, le contemplant avec une tendresse infinie.
Aux mots d’Aymeric, elle lui sourit. Ce sourire est sincère, ému mais aussi et surtout, agréable surpris d’entendre de telles confessions. Mais elle retient son souffle lorsqu’il termine ses paroles par une confidence inattendue… Elle l’avait enfin vu. Cirilla n’est pas dupe, comprenant rapidement le sens de ses prières dont il confie la teneur. La prêtresse ose alors doucement poser sa main sur la poitrine d’Aymeric, près de son cœur, baissant alors son regard vers ses doigts fins qui viennent doucement se glisser sur le tissu de ses vêtements.

« Valoo exauce bien des prières… je suis tellement émue… » confie-t-elle dans un murmure. Puis enfin, Cirilla redresse son visage, venant poser ses prunelles claires sur Aymeric. « Je ne ressens, à cet instant, pas l’ombre d’une hésitation ni même d’une désapprobation de notre Dieu… c’est fou. »

Enfin, elle soupire d’aise.
Cirilla se permet alors de se rapprocher d’Aymeric, bougeant doucement ses jambes pour venir se poser juste à côté de plus, encore plus proche que plus tôt. Quand finalement, elle se jette dans ses bras, l’enlaçant tendrement. Pendant quelques secondes, elle se permet de prendre le temps de ressentir la présence d’Aymeric contre elle ; respirant lentement le parfum léger du beau Piaf qu’elle enlace. Puis, elle pousse délicatement sur ses jambes pour les faire basculer sur le côté dans l’herbe fraîche, se retrouvant allongés tels deux amoureux à contempler les nuages. Positionnant ses ailes de façon à ne pas être gênée par celles-ci, regardant Aymeric dans les yeux, elle porte alors une main délicate sur le bas de sa mâchoire. Effleurant du bout des doits les traits fins du bas de son visage alors qu'elle prend une profonde inspiration.
« Tu ne t’en rends peut-être pas compte mais… tu viens de mettre fin à une vie de solitude qui commençait à me poser sur le cœur. Crois-tu que nous pouvons rêver d’un bel avenir commun, désormais, Aymeric ? »
L’air sincère, un peu perdue, mais heureuse tout de même Cirilla vient poser avec une petite appréhension son front contre celui d’Aymeric. Elle espère sincèrement ne pas avoir brisé l’instant avec cette question bien trop sérieuse… Chaque instant précieux, aussi précieux que du cristal, qu’elle souhaite plus que jamais, vivre pleinement auprès du Rossignol.

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Entre eux, plus aucun fossé, plus aucune distance. Leurs cœurs et leurs âmes liées par un seul et même sentiment, un des plus purs que l'on puisse trouver en ce monde divisé : l'amour. Sincèrement, Cirilla n'aurait jamais pensé avoir séduit le beau Aymeric Cantell, lui qui lui paraissait si inaccessible, si impossible à atteindre bien qu'il se soit toujours présenté à elle sans utiliser ses titres ni même son statut social. Auprès d'elle, il n'était pas le frère du Roi d'Hébra, il était avant tout Aymeric, le passionné de musique, de poèmes, amoureux des mots, le troubadour aux multiples talents et au cœur bienveillant.

À cet instant, il n'y avait plus qu'eux deux.
Cirilla et Aymeric, deux êtres s'aimant d'une passion et d'un amour sincère ; la belle Piaf ne peut s'empêcher de le contempler amoureusement. Ses prunelles admirant celles du charmant troubadour à ses côtés, elle se sent comme dans un doux rêve, un doux nuage qui la transporte vers le chemin du bonheur. Heureuse que l'amour ait frappé à sa porte, Cirilla a maintenant bien trop peur que cet instant s'envole, s'évapore, s'évanouisse, comme si elle n'était qu'en train que de rêver. Or, pourtant, elle ne rêve pas : Aymeric est bel et bien près d'elle, ravi, heureux et l'admirant tendrement.
Ainsi, allongés dans l'herbe fraîche de la grande plaine Hébraïenne, les deux tourtereaux sont comme deux jeunes gens, à se sourire, à s'embrasser, à profiter. Comme si cet instant serait le dernier de leur existence. Tendre et affectueuse, Cirilla se permet de se blottir tout contre lui, admirant chacun de ses traits et caressant le bas de son visage délicatement. Tout doucement, la petite brise de vent frais vient s'immiscer à nouveau entre eux, faisant virevolter leurs mèches de cheveux et leurs tissus légers. La scène à des allures romanesques, romantiques, mais surtout, sincères. Tout est si léger, pas le moindre nuage noir à l'horizon, juste eux deux profitant de cet instant au calme, loin de tout. Elle se sent si proche d'Aymeric, si chanceuse d'avoir tout près d'elle un homme aussi pur et bienveillant comme lui. Sans doute avait-il eu le choix de bon nombre de dames, certaines sûrement issues de bonnes familles nobles ou fortunées, mais pourtant, les prunelles azurées du Cantell s'étaient posées sur elle : Cirilla Lasilriel.

Plus jamais seule...
Le cœur de la belle Piaf semble se serrer à ces simples mots, pas de tristesse, bien au contraire. Mais d'émotion, de bonheur. Aymeric, par ses simples mots, réussit à la rassurer. Sa solitude ne sera plus qu'un lointain souvenir maintenant, car son avenir semble désormais se tracer définitivement en compagnie de ce charmant Piaf aux yeux aussi bleus que le ciel. « Rien ni personne ne viendra contre la volonté et l'approbation de Valoo. » Elle inspire longuement, toute enthousiaste. « Je t'aime tellement, Aymeric... »
Cirilla lui adresse un tendre sourire, rassurée, alors qu'il contemple ensuite le bas de son visage. Sans attendre, la grande prêtresse vient glisser son autre main dans les cheveux bruns d'Aymeric avant de poser ses lèvres contre les siennes. Elle l'embrasse avec toute la tendresse dont elle peut faire preuve, tandis que son cœur bat la chamade dans sa poitrine. Puis le baiser prend timidement fin, comme si leurs visages ne voulaient pas se séparer l'un de l'autre. Elle aimerait l'embrasser jusqu'à en perdre le souffle, aussi longtemps qu'il leur soit permit.

« Restons-là quelques instants encore... Qu'en dis-tu ? » murmure-t-elle, alors qu'elle vient se blottir dans les bras d'Aymeric.

Toujours allongés dans l'herbe fraîche de la plaine d'Hébra, le tout jeune couple reste ainsi pendant de longues minutes, peut-être même plus. Ces moments-là étaient précieux dans un monde tel que le leur alors, chaque instant était savouré, apprécié. Et pendant ce temps, les nuages filaient dans le ciel, la brise allant et venant, le silence et le calme de la nature les entouraient.

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