Une rencontre promise par l'avatar (ft. Angelo)

Une rencontre promise par l'avatar

Aurore & Angelo

An 1000. Lune 7. Jour 15.

Aurore avait abandonné les caravanes depuis quelque temps et c'était lancé dans une croisade personnelle. La raison ? Son père, enfin plutôt son grand-père, avait commencé à retrouver sa trace. Aurore Vehvi avait de plus en plus de mal à cacher Aurore Kétil, mais il est encore trop tôt pour abandonné son identité d'orpheline. Prise un peu de vitesse, elle avait cependant réussi à gagner du temps, les mercenaires engagées par son grand-père n'était pas très malin. Mais ce coup-ci, ils étaient passés bien trop prêt en cherchant une jeune fille qui aurait suivi une Gérudo.

Quelle solution avait-elle à l'heure actuelle ? Partir là où sont grand père ne pourra la chercher. Le choix fut entre Hébra ou le clan Yigas. Le royaume d'Hébra n'étant pas le lieu le plus accueillant pour une hyrulienne en fuite, Aurore avait préféré faire confiance à la chaman qu'elle avait rencontré lors d'un rêve provoquer par son dieu. Aurore est donc partie tout d'abord s'entraîner avant de rentrer dans les landes sauvages, elle avait déjà eu à faire à des Yigas par le passé, une désagréable expérience.

Elle fut rapidement découverte une fois rentré dans les landes sauvages, mais elle avait entendu dire que les Yigas respecté la force par-dessus tout. Elle a donc préféré prouver ses compétences afin d'être prise au sérieux. Elle donna énormément de mal aux Yigas qui tentèrent de la capturer. Dans un premier temps, elle brouilla ses pistes pour ensuite leur tomber dessus au moment où ils s'y attendaient le moins. À 10 contre 1, le combat été perdu d'avance, mais trois Yigas tombèrent sous ses coups avant qu'ils ne purent la maîtriser. Elle se présenta sous le nom d'Aurore Kétil, fille de Kaarbjorn Kétil, plus connu sous le nom de Kaarbjorn Sverdaudr, ancienne main du roi tombé au combat et elle demanda de voir Ténébrae Vanahlia, la chaman du clan Yigas, c'est alors qu'elle apprit pour la disparition de la chaman.

Aurore est maintenant prisonnière dans la fosse, traité comme tout autre prisonnier, tous ses plans tombés à l'eau. La jeune femme, sans aucune arme, reste très calme dans sa cellule. Elle n'avait pas encore envoyé ailleurs ou utiliser dans les chantiers de construction ou sacrifier ou assigner à un maître pour une raison qui lui reste obscure, mais qui l'arrange. Probablement, que la rumeur sur sa parentalité est tombée dans les bonnes oreilles ? Peut-être qu'ils attendent juste le moment propice et que tout ceci est le calme avant la tempête ? Quoi qu'il en soit, il est inutile de se mettre à paniquer et à perdre inutilement de l'énergie.

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Une rencontre promise par l'Avatar

An 1000, Lune 7, Jour 15

« Seigneur-Main, elle prétend être la fille de votre feu père. »
Les oreilles d’Angelo sifflèrent doucement. Assis dans ses quartiers, une main à ses lèvres, il fixait un point imaginaire. Peu oseraient prétendre être de la famille de Kaarbjorn dans l’unique objectif de sauver leur vie. Diantre ! Peu connaissaient son nom, hors de ces landes désertiques. Aussi, Angelo ne pouvait qu’avoir des doutes, surtout lorsqu’on lui annonça qu’elle s’était présentée sous le nom d’Aurore Kétil. Le zora plissa les yeux, se surprenant à ressentir un sentiment qu’il n’avait jamais connu jadis.

Il n’aima pas sentir son cœur se pétrir. Comme si des griffes glacées s’y faufilaient contre son gré. Il fronça le nez, agacé. Les gardes reculèrent d’un pas, incertain de ce qu’ils devaient appréhender. Au final, après un long silence pesant et angoissant, Angelo fit un geste de la main pour les renvoyer d’où ils venaient. Ils ne perdirent pas une minute et s’esquivèrent, leur message donné.

Il fallut un moment pour que l’Arlaeron se décide à sortir de sa chambre. Vêtu d’un pantalon ébène, il avait enfilé un yukata en soie bleu marine, laissé ouvert. Pour une fois, il laissa Kara dans ses appartements, ne souhaitant pas effrayer leur invité avec son serpent.
Si cette femme était bel et bien Aurore, sa chère sœur de cœur… Il ne pouvait pas la laisser s’éclipser. Il ne devrait pas faire un seul faux pas, un seul geste de travers. Il devrait la conquérir et faire en sorte qu’elle reste avec eux.

Il l’avait juré à Kaarbjorn.

Ses pas le menèrent silencieusement vers la Fosse. Il repéra les cellules et jeta un regard dédaigneux aux nombreux prisonniers qui tentaient d’attirer son attention. Sa main se perdit vers les murs poussiéreux, jusqu’à attraper une torche pour éclairer son passage. La nuit était déjà maîtresse des lieux, le froid caressait son torse laissé à l’air libre, une sensation qu’il accueillait avec un plaisir secret. Il était un zora, après tout. Sa peau préférait le frais à l’intense chaleur du désert.

Bientôt, Angelo arriva près de la cellule où cette calme jeune étrangère se trouvait. Il repéra de suite ses cheveux roux. C’était bien le seul détail dont Kaarbjorn lui avait parlé, un détail marquant : la chevelure de sa fille. Était-ce donc elle ?
« Approche. » L’une de ses mains vint entourer un barreau de la cellule, l’autre approchant autant que possible la torche pour bien voir le faciès de cette prisonnière. « Qui es-tu ? » Elle l’avait déjà déclaré aux gardes, à qui voulait bien l’entendre pour sauver sa peau. Mais en cet instant, ils étaient seuls, face à face. Il voulait l’entendre de sa bouche et ensuite, il verrait s’il devait la croire.

« L’on m’a rapporté que tu prétends être la fille de notre feu Main. Peux-tu le prouver ? » Difficile, comme demande. Mais Angelo s’intéressait à voir comment elle se débrouillerait pour prouver son héritage…
Cela dit, notons que le zora semblait curieusement calme et intrigué, comparé à d’habitude. Il ne s’imposait pas, ne se faisait pas hostile. Il ne la quittait pas des yeux toutefois, parlant avec distance, intimant une forme de respect tout de même.

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Aurore & Angelo

An 1000. Lune 7. Jour 15.

La nuit était tombée depuis longtemps sur la fosse. La nuit est plutôt fraîche dans les cages, ce qui ne dérange pas la Zora, l'air sec de cette région durant le jour est au contraire, un véritable supplice. Pour Aurore, elle avait tout le temps pour réfléchir à quoi dire ou quoi faire. Une chose, cependant, l'inquiète, Tenebrae était enceinte quand elles se sont rencontrées, qu'est-il avenu de l'enfant ? Une question qu'Aurore ne peut que laisser en suspens.

Elle attend dans la fraîcheur nocturne, jusqu'à ce que la lueur d'une flamme se dessine peu à peu et se rapproche, puis des pas s'avancent dans sa direction, une démarche assurée ce qui n'est pas rassurant pour la jeune femme. Elle se voit toujours seule et désarmée dans une cage au milieu d'un groupe dont deux membres ont déjà tenté de la violenter. Elle espère que le nom de son père porte encore assez d'autorité pour empêcher qu'on lui fasse du mal, au moins, pour le moment. Mais elle n'est pas sûre que cette relative sécurité dure longtemps.

La lueur de la torche et les bruits de pas se rapproche de sa cellule alors que le poux de la rousse s'accélère. Un jeune homme a l'air sérieux apparaît, éclairée par la torche l'essant deviner la couleur clair de ces cheveux et la finesse des traits de son visage. La faible luminosité ne permet pas d'apprécier à leur juste valeur la couleur de sa tenue, mais on peut tout de même repérer leur finesse, un kimono de soie léger et un pantalon à la couleur unie. Il se rapproche des barreaux et lui intime l'ordre de s'approcher. Aurore s'exécute non sans une moue indiquant son malaise dans cette situation. Être sereine quand on n'est seule est un chose, mais quand on n'est face à un Yigas, on sent que le sourire de l'avatar n'est jamais loin.

Il lui demande ensuite qui elle est, bien qu'il n'y ait pas d'agressivité, la Zora n'a aucune envie de tester la patience de son interlocuteur.

"- Je suis Aurore Kétil, monsieur. Fille de Chadia Kétil et de Kaarbjorn Sverdaudr."

Elle se doutait bien que c'était ça la raison de sa venue. Pourquoi un homme aussi richement paraît serait venue la voir si ce n'est pour cette raison ? Et le fait qu'il vienne à sa rencontre prouve une chose, les Yigas enquêtes, ils doivent douter, sinon, ils l'auraient sûrement déjà tué ou réduite en esclave.

Et ces réflexions se trouvent confirmer quand arrivent la deuxième question, peut-elle prouver ce qu'elle prétend être ? Les yeux d'Aurore se baissent tristement.

"- Si dame Tenebrae était encore là, elle pourrait vous le dire, mais je suppose que ce n'est plus possible désormais."

La voix d'Aurore sonne bien triste et un peu dépité. Elle redresse les yeux vers le jeune homme.

"- Elle m'avait reconnu, lorsque nous avons fait cet étrange rêve durant la deuxième lune de sang. On s'est retrouvé dans la brume toutes les deux avec une sorcière de metzli. Puis un moblin portant les armoiries des Kétil est apparu de nulle part et nous a attaqué, mais entre ma lance, la magie de la sorcière et le fouet de dame Tenebrae, il n'a pas fallu longtemps pour le vaincre. Puis un spectre ressemblant à mon père est apparut et s'est placé au-dessus d'un lac. Dame Tenebrae a voulu le rejoindre en criant le nom de Kaa, mais je l'en ai empêché. Elle serait morte noyé ce jour-là sinon."

Maintenant, il ne reste plus qu'à espérer que Tenebrae ait raconté cette histoire à d'autres, Aurore n'a pas d'autres moyens de prouver ses dires. Malheureusement, la confidentialité d'une telle histoire qui est à la fois le garant de son authenticité, autant que son principal point faible.

Mais en pensant à cela, la question du devenir de l'enfant lui taraude l'esprit, elle plonge ses yeux verts avec un air particulièrement sérieux.

"- Avant que vous ne me fassiez tuer ou quoi que ce soit d'autre, j'aurais une question. Tenebrae était enceinte lors de notre rencontre. L'enfant, que lui est-il arrivé ?"

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An 1000, Lune 7, Jour 15

Elle indiqua encore être la fille de Kaarbjorn. Elle semblait convaincue, sûre d’elle. Angelo savait lire entre les lignes ; le tremblement du regard, une lèvre entrouverte, une respiration confuse ; mais cette rouquine était persuadée de ce qu’elle disait. Aucun doute possible. Il n’y avait pas l’ombre d’une hésitation dans ses propos, laissant Angelo s’autoriser à croire que, oui, cette femme était peut-être sa sœur de cœur— celle qu’il s’était promis de retrouver en l’honneur de son père adoré.

Il ne la quittait pas du regard, comme un serpent guettant sa proie, alors qu’elle parlait d’un rêve qu’elle avait fait. Un rêve dans lequel elle avait rencontré leur chamane décédée. Angelo n’était pas sans connaître les pouvoirs de l’ancien Œil de l’Avatar, son affinité avec les rêves… Il n’était donc pas impossible que ce qu’elle disait soit vrai.
Cette femme serait donc vraiment Aurore Kétil ?

S’il entrouvrit les lèvres pour parler, elle le coupa – une audace qui en aurait tué plus d’un – pour lui demander ce qui était advenu de l’enfant de Tenebrae. Elle savait qu’elle était enceinte. Un élément supplémentaire pour confirmer son histoire.

Angelo ne trahit rien. Son visage resta de marbre.
« Il est sain et sauf. » En réalité, il y avait eu trois enfants, mais Angelo se garda de le mentionner. Deux avaient été tués très récemment, mais le dernier était en sécurité. Le zora entendait bien l’emmener aux abords d’Hyrule pour qu’il soit en sûreté, hors des limites des Landes Sauvages. C’était une calomnie à l’Avatar, peut-être… Mais c’était aussi le dernier sang de Kaarbjorn ; il ne pouvait pas se risquer à le voir être assassiné des mains d’un esclave trop téméraire ou d’un yiga perturbé.

Un lourd silence tomba, pendant lequel il semblait observer le moindre de ses traits. Il contempla ses cheveux, ses yeux, la pâleur de sa peau, la courbe de son nez, le rose de ses lèvres… Elle semblait si douce et en même temps, si combattive. Il voyait, oui, quelque chose de Kaarbjorn chez elle. Tous les morceaux du puzzle se rassemblaient.

Sa main libre se leva au travers les barreaux pour effleurer sa joue du revers de son index et de son majeur. Il n’avait pas ses griffes métalliques, chose rare, ce qui lui permit de ressentir le contact tiède de la peau de cette rouquine.
« L’Avatar t’a guidé jusqu’à moi. Là où tu appartiens. » Il ramena sa main vers lui. La confusion devait régner dans l’esprit de la jeune femme. Après tout, il ne s’était pas présenté et aucun lien ne paraissait les unir. « Kaarbjorn voulait que tu reviennes. Quelle tragédie qu’il ne puisse admirer ton retour de ses propres yeux. » Angelo restait convaincu qu’au travers l’Avatar, Kaarbjorn veillait sur eux. Il n’en doutait pas un instant.

Il n’avait toujours pas dévoilé qui il était… Il prenait son temps. Certes pour laisser planer le mystère, mais pas seulement… Également par sécurité. Il attendait de voir ses réactions, de noter sa façon d’apprécier ou de rejeter ses propos. Il verrait, par la suite, si les présentations étaient immédiates ou s’il devrait attendre qu’elle accepte que sa place était ici, parmi eux.

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Aurore & Angelo

An 1000. Lune 7. Jour 15.

Dans sa précipitation, Aurore avait coupé la parole à l'inconnue, mais celui-ci ne semble pas en prendre ombrage, il se contente juste de lui répondre que l'enfant est en sécurité. La Zora soupire, visiblement enlever d'un poids.

"- Quel soulagement."

Un lourd silence s'étend alors dans la geôle, ni Aurore, ni le Yigas, ne parlent. La rouquine le sent cependant, le regard de son interlocuteur observant chacun de ses traits. Elle l'observe également, il est dans ce qu'on doit nommer, les plutôt bel homme, ses traits sont fin et soigné, tout comme son apparence, une certaine froideur en découle cependant. Aurore s'imagine alors un serpent aux belles écailles blanches. Elle déglutit de ce savoir ainsi observé, elle le sent au plus profond d'elle, le moindre mauvais pas aura des conséquences, comme avec son grand-père.

Peut-être est-ce dû à la peur, peut-être dû à son esprit qui s'emballe, peut-être des crainte restante de ses expériences passées, elle a bien du mal à ne pas baisser la tête à ce moment, comme elle l'aurait fait face à celui qui voulait qu'elle l'appelle père. Elle voit sa main se lever et deux doigts se poser sur sa joue, elle tressaille légèrement de crainte, ses yeux ce clausent, se préparant à un coup violent, mais elle laisse le Yigas faire. Contrairement à ce qu'elle pouvait craindre, elle ne sent pas d'animosité de la part de l'inconnue envers elle, mais Aurore garde une certaine réserve.

Selon l'homme, l'avatar l'a guidé jusqu'ici, là où est sa juste place. La Zora garde le regard rivé dans celui du serpent, d'après elle, ce serait la fatalité, Aurore ne se pense pas assez importante pour qu'un dieu, même celui de son père, s'intéresse à elle. Pour la jeune femme, elle est arrivée ici par la seule force de ses bras et à la pointe de sa lance. Elle n'en dit rien, mais en pense pas moins. L'inconnue retire sa main puis parle de Kaarbjorn, il voulait tant qu'elle lui revienne et que ces regrettable qu'il ne puisse pas le voir. Aurore remue affirmativement la tête.

"- Oui, j'aurais tant voulu le rencontrer, rien qu'une fois."

Cependant, dans l'armure impénétrable du serpent, un détail gêne Aurore. L'homme en face d'elle a l'air si froid que le voir ainsi parler d'un mort est étrange. Elle imagine ce genre de personne être moins sentimental et peu s'attacher, à moins que cette personne fut marquante. Son esprit, aussi incisif que celui de feu son père, sûrement dut à une éducation semblable liée à une forme d'héritage, ne peut s'empêcher de tiquer sur ce détail des plus étrange.

"- Vous parlez de lui avec tant de respect. Par hasard, ne l'auriez-vous pas connue ? A-t-il été important pour vous ?"

Après tout, que l'on fasse venir devant elle, quelqu'un qui a bien connu Kaarbjorn pour qu'il la reconnaisse serait la solution la plus logique. Qui de mieux qu'un proche de son père serait à même de reconnaître sa fille ?

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Une rencontre promise par l'Avatar

An 1000, Lune 7, Jour 15

Il n’y avait personne aux alentours. Ni esclave, ni garde. Personne pour le voir dans son état, sans doute, le plus vulnérable. Pourtant, il n’était pas sans défense et restait sur ses gardes ; mais quiconque le connaissant, Einar ou Dagon par exemple, l’estimerait vulnérable à cet instant présent. Cela ne se devinait pourtant pas. Même Aurore ne pouvait sans doute pas le concevoir, et tant mieux ! Qu’elle ne tente rien, même alors que sa main traversait les barreaux, car il la savait zora, elle aussi, et sa foudre s’abattrait sur elle, en dépit de sa profonde affection pour ce qu’elle était ; qui elle était.

Angelo écouta Aurore dire qu’elle aurait voulu rencontrer son père au moins une fois. Voilà qui sonnait étrange pour le jeune homme. Était-ce pourquoi elle s’était aventurée sur les Landes Sauvages ? Mais pourquoi si tardivement ? N’avait-elle pas pu rejoindre son père avant, ignorait-elle où il se cachait ? Kaarbjorn avait toujours voulu la retrouver…

Ses pensées furent perturbées quand la zora lui demanda qui il était par rapport à Kaarbjorn, car il semblait en parler comme s’il le connaissait. Était-ce le moment de dévoiler qui il était ? Cette femme semblait effectivement être Aurore Kétil, son apparence correspondait à ce que Kaarbjorn lui avait dit – ne serait-ce que ses cheveux roux, caractéristiques et brillants – et il… sentait que c’était elle.
Alors pourquoi pas ?

« Je connaissais Kaarbjorn, en effet. » Il se détourna d’elle, torche en main, observant les murs de la geôle. Si elle était bien la fille de leur feu Main, il jugeait inadéquat qu’elle soit ainsi faite prisonnière, mais… Ce n’était pas parce qu’elle était bien Aurore Kétil qu’elle accepterait son destin de suite. Elle pourrait prendre la fuite, et c’était tout simplement hors de question. Après un temps de réflexion, Angelo revint vers elle, gardant une distance correcte. « Cet homme était mon père. Il m’a élevé. »
Il plongea son regard dans le sien, devinant déjà l’incompréhension ou la surprise qui viendrait y scintiller. Il ne s’était pas occupé de sa propre fille, mais était allé éduquer un autre garçon venu d’ailleurs ? Peu importe pour Angelo. Ce n’était pas une question de préférence, mais de circonstance.

« Il m’a longuement parlé de toi, de sa fille. » Juste à côté des barreaux se trouvait un socle sur lequel Angelo alla suspendre la torche, libérant sa main. « L’une de ses plus grandes ambitions était de te retrouver. A présent, son âme trouvera la paix auprès de l’Avatar, car te voilà revenue au bercail, chère sœur. » Ses propos soulignaient bien qu’elle ne pourrait envisager repartir, peu importe d’où elle venait, peu importe ce qu’elle abandonnait hors des Landes Sauvages.
Il ne la laisserait certainement pas partir.

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Aurore & Angelo

An 1000. Lune 7. Jour 15.

L'inconnue en face d'elle le lui confessa, il connaissait bien son père. Il détourna son attention d'elle pour observer un pan de mur de la prison. D'un point de vue extérieur, cette attitude est étrange, peut-être des souvenirs qui refont surface ? Ou peut-être des doutes ? Aurore essaie de comprendre ce qui traverse la tête de l'homme en face d'elle, mais sans y parvenir. Elle ne sait pas qui il est et elle sent une certaine retenue dans ses actions.

Puis il revient vers elle pour lui dire que Kaarbjorn était son père. Aurore écarquille grand les yeux, Kaarbjorn aurait eu un autre enfant ? La mention, il m'a élevé serait étrange dans ce cas, ou sinon se serait pour se moquer d'elle qui n'a pas connu son père ? Puis l'homme en face d'elle a l'air un peu plus âgé qu'elle.

La zora est perdu, cette information est un énorme choc. L'inconnue qui serait son frère l'observe droit dans les yeux. Il pose la torche qu'il tenait sur un socle, il a souvent parlé d'elle, sa fille. Il souhaitait la retrouver et maintenant qu'elle est ici, auprès du clan Yigas, c'est chose faite, encore une fois, elle est maintenant ici chez elle.

Aurore reste silencieuse, serait-elle passée d'une prison à une autre ? De la maison des Kétil au clan des Yigas, qu'elle serait la différence ? Aurore lâche un soupir, elle savait en arrivant ici que ce serait pour y rester. Sinon, pourquoi se laisser capturer pour voir Ténébrae alors que tout Hyrule s'offrait à elle ?

"- Pensez-vous, mon frère, que je suis venue ici dans l'optique de m'enfuir ? Ni notre père, ni la shaman ne m'aurait laisser faire, je le sais parfaitement. Pourtant, je suis venue ici, de mon plein gré, car j'ai mon propre objectif à accomplir."

Aurore soutient le regard d'Angelo, cette fois-ci, elle n'a aucune peur, juste une forme de colère froide comme de l'acier qui transperce ses yeux verts.

"- Un ennemi de notre père vit encore, notre grand-père, Bjornulv Kétil."

Aurore sert les dents et les poings tant prononcer ce nom la dégoûte.

"- Je suppose que notre père t'a parlé de lui. Un ancien adorateur de l'avatar qui c'est tourné vers Hylia, qui est à l'origine de notre séparation. Il a passé toutes ces années a vouloir faire de moi sa fille parfaite à grand coup de ceinture. Mais quand j'ai vu la peur décomposer son visage quand il a appris le retour du clan Yigas, j'ai tout de suite compris. Il hait notre père, il en a peur et il fera tout pour soit maîtriser, soit détruire tout ce qui est lié à son héritage."

Elle pose ses mains sur les barreaux, observant Angelo avec une certaine assurance.

"- Si vous pensiez que j'ai vécu en jeune fille heureuse dans une famille noble et riche, c'est faux, je n'ai aucun autre endroit où aller et je préférerais mourir que de retourner dans cette maison."

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An 1000, Lune 7, Jour 15

L’oiseau dans sa cage ne pouvait s’enfuir. Peu importe si elle venait d’une autre prison ; Angelo la garderait enchaînée, prisonnière de ce lieu où elle appartenait. Kaarbjorn lui avait si souvent parlé d’elle, si longtemps avait-il espéré pouvoir la retrouver, il était hors de question qu’il la laisse s’envoler. Petit oiseau, il lui couperait les ailes, s’assurerait qu’elle resterait bien là. Elle n’aurait pas le choix.

Sauf que voilà, Aurore fut surprenante ; elle accepta rapidement l’idée qu’il soit son frère et lui demanda s’il pensait vraiment qu’elle était venue ici de son plein gré dans l’objectif d’ensuite s’enfuir. Angelo plissa les yeux, guettant le visage de la rousse poursuivait en parlant de l’ennemi juré de leur père. Le grand-père ; Bjornulv.
Angelo eut un tic. Sa paupière gauche tressailli légèrement. Il n’avait pas entendu ce nom depuis bien longtemps… Kaarbjorn lui en avait parlé quelques fois, oui, et non pas dans la plus belle des lumières. Aurore n’en parla pas en de plus grands éloges. Elle l’avait côtoyé on ne peut plus personnellement et, sans l’ombre d’un doute, le fuyait à présent. Elle préférait mourir, disait-elle que de retourner dans cette maison.

« Et pourtant, tu as mis tant de temps à venir jusqu’ici. » Nota-t-il immédiatement, loin d’être dupe. Il trouvait cela étrange, oui, étrange qu’Aurore accepte si aisément son sort. Qu’elle consente à la curieuse idée que son père puisse avoir élevé un autre enfant, ou qu’elle accepte de rester ici, au sein du clan Yiga, plutôt que d’être libre comme l’air. Il ne connaissait pas toute l’histoire d’Aurore, naturellement. Peut-être avait-elle eu de fâcheuses péripéties entre temps…

Il ne la quittait pas des yeux, et à force d’ainsi l’observer, il arrivait à voir Kaarbjorn dans son regard. Son feu père aurait tout donné pour qu’elle revienne du temps de son vivant…
« Sais-tu comment il est mort ? » Demanda-t-il soudainement, fendant le silence. « Ici même, sur ce sol. Tué par un adorateur d’Hylia. » En réalité, Angelo ignorait complètement ce que vénérait l’homme responsable de la mort de Kaarbjorn. Il n’en avait cure. Il venait de la citadelle et vénérait certainement Hylia, ou une autre divinité de pacotilles… Il s’approcha à son tour des barreaux, une proximité presque gênante mais qui, pour lui, ne l’était guère. « Ces délateurs tuent notre famille, et tu as été élevé parmi eux, ma très chère sœur… » Il laissa une menaçante pause avant de poursuivre. Angelo savait ce qu’il insinuait ; qu’elle pourrait très bien les trahir en faveur de cette vie ailleurs, loin des Landes Sauvages, et ce en dépit de ses propos ; mais même s’il se réjouissait de sa présence ici, il restait avant tout la Main du Roi, remplaçant de son feu père, et il devait jouer son rôle à la perfection.

« Je ne souhaite pas te couper les ailes. Hélas, je ne peux te faire confiance, Aurore. Tu es encore souillée par la lumière d’Hylia. » Que pouvait-elle faire pour lui prouver sa bonne foi ? Prouver qu’elle resterait ici ? Préférer mourir que de retourner chez Bjornulv n’était, pour Angelo, pas suffisant. Il y avait tant d’endroit en Hyrule où elle aurait pu se cacher… Alors pourquoi choisir ici, précisément ?

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Aurore & Angelo

An 1000. Lune 7. Jour 15.

Aurore observe son "frère", il ne lui fait visiblement pas confiance. Elle non plus, mais elle n'a pas le choix. Si elle ne fait pas le premier pas, ce n'est pas lui qui le fera. C'est vrai, elle a mis du temps à venir, elle aurait pu retrouver son père plus tôt. Elle baisse les yeux en entendant cela, Angelo n'a pas tort.

Il la regarde, il lui demande si elle sait comment Kaarbjorn est mort, avant d'imposer un lourd silence dans sa question rhétorique, Aurore n'a pas besoin de répondre, Angelo connaît certainement la réponse. Peu avant qu'il ne réponde, Aurore ouvre la bouche en le regardant droit dans les yeux.

"- Les adorateurs d'Hylia..."

Elle se coupe, Angelo lui répond en canon, il a été tué ici, effectivement par les adorateurs d'Hylia. Il se rapproche encore, leur visage est extrêmement proche dans cette ambiance anxiogène. Il lui dit ce qu'il pense d'elle, elle a été élevée par les adorateurs de la déesse de lumière, leurs ennemis. Il l'insinue, elle pourrait les trahir. Un autre silence pour ensuite appuyer sur sa volonté de ne pas lui couper les ailes, mais qu'il ne peut lui faire confiance, car elle est encore souillée par la lumière d'Hylia.

Mais étonnamment, Aurore se met à sourire. Cette discussion, ne serait-elle pas un duel ? La zora est pour une raison étrangement particulière doué pour le combat, mais le combat d'esprit est une chose sur laquelle elle a encore beaucoup à apprendre. Mais tandis qu'Angelo parle, elle remarque que même dans ses silences et sa posture, tout est là pour l'intimider. Quel beau menteur, comme beaucoup, il aimerait qu'elle reste dans sa cage, elle le sait, Bjornulf était ainsi. Aurore doit faire un choix, rester dans sa cage est gardé son innocence et sa pureté si chère à son grand-père ou tout jeter pour devenir un monstre qu'elle même craint de devenir. Le monstre qu'était son père et que même Bjornulf frémissait rien qu'en entendant son nom. Celui dont le monde a cruellement besoin, qui serait capable de faire table rase du passé et apporté un renouveau. Le mal nécessaire qui détruira le mal sinueux en le dévorant. Aurore est épuisée de constamment attendre que ce soient les autres qui fassent les choix à sa place et la maintienne constamment dans cette cage.

La Zora lève la main et la pose délicatement sur la joue d'Angelo pour la caresser. Son sourire est parfaitement serein.

"- Connais-tu la plus grande illusion de la vie ?"

Elle marque une pause, tandis que cette main continue de caresser la joue d'Angelo. Ses yeux verts posés dans ceux de son frère, un ton parfaitement calme. Reproduisant sans le vouloir l'attitude d'un monstre qu'elle n'a pas pu connaître.

"- L'innocence, mon frère."

Sa main parcourt son visage pour rejoindre sa nuque.

"- La mienne, il y a longtemps que je l'ai perdu, de la main même de ses adorateurs d'hylia qui rejette par eux même sa lumière dès que cela les arrange. J'ai grandi dans leur hypocrisie, j'ai observé chacune de leur manie, je les connais mieux que quiconque ici. Et qui connaît son ennemi, a un avantage sur lui."

Elle caresse avec douceur les cheveux d'Angelo, sa main donnant ses premiers gestes de douceur, a celui qui est désormais son frère. Elle rapproche son visage de son oreille pour lui murmurer.

"- Tu dis ne pas souhaiter me couper les ailes, très bien, dans ce cas-là prouve le, laisse moi devenir le monstre que Bjornulf a toujours craint que je ne devienne si je perdais mon innocence. Laisse-moi faire brûler aux yeux de tous le nom de Kétil au centre de votre fosse, offrir mes premières âmes à notre dieu, purifier mon âme et mon corps avec le sang des infidèles."

Elle se colle à la cage pour se rapprocher le plus possible de son frère, son bras se collant contre son dos comme pour lui donner l'accolade.

"- Offrons à ton roi, notre roi, ta réussite. Utilise-moi, fais de moi ton arme, celle qui abattra nos ennemis, tout ce que je te demande en échange est le sang de notre grand-père, ainsi que le sort de ma mère. Et si tu as si peur que je te trahisse..."

Elle lui prend la main droite sans aucune violence et l'appui contre son cœur.

"- Alors arrache moi le cœur, que l'on en finisse."

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An 1000, Lune 7, Jour 15

Aurore était décidément pleine de surprises. Alors qu’il s’attendait à se retrouver nez à nez avec une couarde qui craindrait d’être mise en cage, voilà qu’elle venait lui caresser la joue en lui demandant s’il connaissait la plus grande désillusion de la vie. Lui qui n’aimait pourtant pas être touché, il laissait la rousse dire ce qu’elle voulait dire sans broncher, plissant légèrement les yeux pour guetter ses mouvements et rester à l’écoute de ses paroles.

La réponse était simple : l’innocence. Elle lui raconta qu’elle l’avait perdu il y avait longtemps de cela. Elle plaidait bien connaître les adorateurs d’Hylia qui étaient responsables du décès de leur père. De cette façon, elle avait un avantage sur eux, car elle connaissait son ennemi. Ce ne fut malheureusement pas un argument suffisant pour laisser Angelo avoir envie de la sortir de sa cage…
Toutefois, elle était persuasive. Rapprochée de lui, elle lui demanda de la laisser devenir ce monstre que leur grand-père craignait qu’elle ne devienne si elle perdait sa si précieuse innocence. En l’entendant parler, en l’écoutant, il se surprit à avoir un frisson succin, un mélange de plaisir et d’anticipation. Ses propos étaient désirables, excitants. La perspective de la voir sauvage et meurtrière ne lui était pas déplaisante, loin de là. Il en baisserait presque sa garde. Presque.

Sans les barreaux, l’on aurait pu croire à une étreinte. Le métal se pressait contre la peau nue du torse du zora qui, pourtant, n’était aucunement importuné par le froid. Il restait là, immobile, écoutant et observant Aurore, cette Aurore que Kaarbjorn avait tant souhaité qu’il retrouve. Cette Aurore qu’il n’imaginait pas ainsi. La zora qu’il avait devant lui s’apparentait au carnassier qu’il était. Il aimait cela.

Aussi, quand elle réclama qu’il lui arrache le cœur s’il craignait sa trahison, il plongea son regard dans le sien. Ils étaient si proches que cela en était indécent. Un centimètre séparait leurs lèvres. Dans le noir, il devinait l’éclat de ses yeux grâce au flambeau tout près. Un prédateur y sommeillait. Il le voyait, là, loin, dans la pénombre.
« J’ai promis à Kaarbjorn de te ramener ici. » Souffla-t-il sans broncher. « Te tuer reviendrait à briser la confiance qu’il m’a accordé. Je préfère mourir que d’emprunter ce chemin. » Dans ce cas, quelle décision prendrait-il ? Soit il laissait Aurore en liberté, faisait d’elle une arme digne de ce nom, soit il la tuait ici, sur-le-champ. Cette dernière option n’était pas envisageable.

« Un faux pas, et le roi aura ma tête. » Il recula légèrement la tête, juste assez pour glisser la main entre eux et lui attraper le menton. « Un faux pas, et je t’emmènerai avec moi, très chère sœur. Je serai la dernière chose que tu verras. Que ce soit aujourd’hui, ou demain. » Il ne la laisserait pas sortir de sa cage ce soir… Mais elle avait gagné énormément de points en bien peu de temps, il devait l’admettre…

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Aurore & Angelo

An 1000. Lune 7. Jour 15.

Aurore est proche de son frère, proche comme elle ne le fut physiquement avec personne. Elle l'enlace, parlant a son oreille, leur visage a quelques centimètres l'un de l'autre, la main d'Angelo posé contre son cœur, seule les barreau froid les sépares. Mais une différence demeure, Angelo est dehors, Aurore est dans une cage, elle ne peut lui échapper, de ce fait, c'est lui qui a l'avantage et qui peut faire d'elle ce qu'il désire. Mais, sans broncher, il la rassure, la tuer n'a jamais fait partie de ses plans. S'il lui arrachait la vie, son sang tacherait à jamais la confiance que son père lui a accordée.

Mais une autre pression plane sur la tête, le roi des Yigas le tuera au moindre faux pas. Tout pouvoir s'accompagne de responsabilité et de conséquence. Il écarte la tête et passe sa main au travers des barreaux pour attraper le menton de sa sœur et lui promettre qu'au moindre faux pas de sa part et il sera la dernière chose qu'elle verra.

En vérité, Aurore a peur, c'est bien normal, n'importe qui à sa place aurait peur. Angelo est comme un serpent, il est dangereux et plein de ressource, mais elle le sait, il est la norme. Si maintenant, elle veut survivre, elle doit être comme lui, elle n'a pas le choix. Et si avant, face à la peur, Aurore pliée, aujourd'hui, elle a appris à faire face à la peur et a s'en accordé. Car Angelo pourra être aussi intimidant qu'il le veut, il ne le sera jamais autant que leur grand-père.

La main de la Zora descend de la nuque de la main du roi pour rejoindre sa joue et la caresser avec douceur.

"- Cela va de soi, très chère frère."

Elle soutient le regard de son frère ne vacillant pas, camouflant sa peur du mieux qu'elle le peut. La moindre faille, la moindre preuve de faiblesse et il s'engouffrera, Aurore apeurée en est certaine. Mais c'est alors qu'elle se surprend elle-même à glousser. Pourquoi tenir tête lui plaît tant, pourquoi se sent elle plus vivante que jamais en cet instant ?

Toujours tout sourire, elle continue de caresser la joue de son frère.

"- Le pouvoir a l'air d'une chose bien ingrate et solitaire, il est comme une lame indéfiniment placée sur ta pauvre tête. Et tu m'as l'air bien épuisé, mon pauvre frère, pourquoi ne pas aller te reposer ? Je ne vais pas pouvoir partir bien loin comme tu peux le voir, de toute façon, hors de cette cage, je serais en danger. Et si jamais la fatigue t'amène à faire un mauvais choix, ce sont nos deux têtes qui tomberont demain, car n'espère pas te débarrasser de moi aussi facilement maintenant que je suis là."

Elle glousse à nouveau, les yeux pétillants, une idée de vengeance vient d'apparaître dans l'esprit d'Aurore. Un moyen de faire un magnifique doigt d'honneur a son grand-père qui a fait de sa vie un calvaire. Et dont, malheureusement pour Angelo, il fait par défaut partit. Se créer une nouvelle famille.

"- C'est après tout le travail de la petite sœur que de rendre chèvre son grand frère, autant que de prendre soin de sa santé quand il travaille trop."

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An 1000, Lune 7, Jour 15

Peut-être était-ce l’étrangeté de la situation, mais en effet, Angelo ne captait aucunement la peur qui rongeait les entrailles de Aurore. Il fallait dire qu’il avait attendu et espéré ce jour depuis bien longtemps ; depuis que Kaarbjorn lui avait dit vouloir retrouver sa fille en réalité ; aussi avait-il peut-être moins ses sens aiguisés. Toutefois, il n’en baissait pas pour autant sa garde, car qui sait… Peut-être que tout ceci n’était finalement qu’une audacieuse arnaque qui finirait en la tragique mort de cette pauvre rouquine.

Pour l’heure, Angelo se permettait d’y croire. Elle n’avait pas donné d’indices qui allaient contre cette idée. Le nom concordait, l’apparence aussi. Il devrait la garder à l’œil pendant les prochains jours, même s’il venait de lui dire qu’il la laisserait hors de sa cage, ce ne serait pas dans l’immédiat. Il devrait réfléchir, trouver une solution pour lui accorder un semblant de confiance… tout en la gardant métaphoriquement enchaînée pour qu’elle ne s’envole pas – et ne le trahisse pas.

La main d’Aurore caressait doucement sa joue tandis qu’elle parlait de la lourdeur du pouvoir qu’il semblait porter. Elle lui suggéra d’aller se reposer, pensant que la fatigue le pousserait à faire des mauvais choix. Il fronça légèrement les sourcils – à peine, en réalité – à ses propos. Il avait besoin de si peu de sommeil qu’il savait être en moyen de réfléchir, toutefois ! Elle avait raison d’un côté ; il aurait besoin d’un peu de temps pour voir tous les aspects de cette histoire…
Elle rit doucement en disant que c’était son rôle de sœur de l’enquiquiner. Angelo resta stoïque.

« L’heure tourne et c’est surtout toi que la fatigue viendra bientôt dévorer » Répondit-il en se reculant, brisant le contact physique entre eux deux. « Néanmoins, tu as raison. Je vais devoir me retirer. Tu ne sortiras pas de ta cage ce soir cependant. » Elle en avait conscience ; il avait pu le comprendre avec ses paroles précédentes. Elle serait en danger loin de ces barreaux – et elle pourrait chercher à s’évader, bien que cela résulterait sans l’ombre d’un doute en sa mort.

Car personne ne s’évadait des Landes Sauvages.

« Demain, je te confierai sous la surveillance de l’un de mes meilleurs éléments. Tu pourras quitter ta prison, mais il est hors de question que tu sois libre, Aurore. » Il la sortirait de sa cage pour lui donner des chaînes ; au moins pourrait-elle bouger. Elle serait simplement surveillée. « Quoi qu’il en soit, nous nous reverrons bientôt. » Il se dirigea vers le mur, sur lequel il avait suspendu sa torche un peu plus tôt, qu’il récupéra d’une main.

La possibilité que cette femme soit réellement la fille de Kaarbjorn le laissait tiraillé. Si c’était le cas, alors il abandonnait cette personne, que son père de cœur avait tant souhaité retrouver, dans le noir. Angelo ne doutait pas qu’il comprendrait ses appréhensions. Il ne pouvait pas si simplement croire que n’importe qui était Aurore Kétil.
Il devrait s’en assurer.

« Au revoir, chère sœur. » Il la quitta enfin des yeux pour s’éloigner et partir des prisons. Il se nota qu’il devrait contacter l’une de ses hyènes le plus rapidement possible le lendemain matin… Il devrait trouver un moyen de couper la poire en deux ; donner un brin de liberté à cette femme, sans pour autant lui donner l’opportunité de le trahir.

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Aurore & Angelo

An 1000. Lune 7. Jour 15.

Que c'est déroutant. Si Aurore essaie de s'ouvrir à lui, Angelo semble insensible, ou en tout cas, elle ne voit rien. Peut-être qu'il se méfie encore ? Surement. Il rompt le contact physique entre eux, prétextant l'heure qui tourne et la fatigue qui gagnera bientôt l'esprit d'Aurore. Mais lui aussi doit se retirer, ce n'est pas ce soir qu'elle sortira de sa cage. Demain, elle pourra sortir, mais sous étroite surveillance. Il lui prévient, elle ne sera pas libre.

Dans le même calme qu'elle a affiché depuis le début Aurore ferme les yeux résignés, elle soupire lentement.

"- Oh moins, toi, tu l'assumes, c'est déjà mieux."

Libre, elle ne l'a jamais vraiment été. Elle était soumise au caprice de son aïeul et elle est maintenant soumise au caprice de son frère. Mais une vie soumise ainsi sera toujours plus enviable qu'une vie soumise à la peur. La peur de se faire frapper, la peur d'être retrouvé, la peur de retourner dans sa chambre si froide. Cette cage, elle l'a choisi, elle est le résultat de ces choix, pas quelque chose qui lui a été imposé sans que son avis ne fût pris en compte, un mieux, un mal moindre.

Son frère avance jusqu'au mur pour récupérer la torche et lui promet de la revoir bientôt. Puis s'en va en lui disant au revoir. Aurore le voit partir et lui répond.

"- Bonne nuit, Chère Frère."

Et ainsi elle voit partir son frère qui ne c'est même pas présenter. Elle ne connaît rien de lui hormis des rumeurs sur la nouvelle main des yigas. Elle le sait craint et respecté. Elle s'assoit sur le banc de bois qui sert de lit et soupire, toute la pression de cette rencontre se relâche. Comme l'avait prédit l'inconnue, elle se sent épuisée. Elle ressasse ce qui vient de se passer, ce qu'elle vient de faire, puis couvre son visage de ses mains.

Par le grand jabuu, qu'est-elle en train de faire ? N'est-elle pas en train d'aller trop loin ? Elle aurait pu encore fuir, elle aurait pu, mais elle n'en a simplement plus la force. De par sa naissance, elle est maudite, son nom la condamne. Elle envie Ejo, elle envie Monica, Ejo a un grand-père qui tient à lui, Monica a connu l'amour et la chaleur d'un foyer même si ce n'est pas en lui qu'elle est née. Mais elle, Aurore Kétil, n'a t'elle pas d'autre choix ? Doit-elle devenir un monstre pour mettre fin à ce cycle ?

Marmonnant pour elle-même, elle dit.

"- Tout ceci est la faute d'une seule personne, Bjornulv. Tout ce sang que je vais avoir sur mes mains seront de sa faute, à lui et a soit disant vertu."

Personne ne le verra, mais dans le noir, les beaux yeux verts d'Aurore s'assombrisse, en elle coule la haine, une haine brûlante et destructrice. Des années de peur, d'hypocrisie, d'injustice, de frustration, de faux sourire qui consume peu à peu Aurore. Le cycle se répète et la haine l'emporte à nouveau et la Zora se laisse embraser par elle, comme Karbjorn avant elle, mais atteindra-t-elle sa folie ?

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