You Got Sushi? ― Migaro Tanel

You Got Sushi?

― « Ouf! »

Après avoir fait un mauvais pas en descendant de son cheval, le sol étant différent de celui d’en-haut de la montagne, Zarina comprit immédiatement pourquoi elle ne fréquentait pas souvent ce village. Certes, c’était un endroit pittoresque, mais déjà, il n’y avait aucun noble par ici. L’endroit ne sentait pas la richesse, c’était plutôt une, comment dire, perle culturelle? Oui, le village représentait les origines des Sheikah et tout ce tralala, et le sol n’était pas aussi rocheux qu’en haut. En gros, il n’y avait jamais eu grand-chose qui l’attirait ici, et elle se disait qu’au final, c’était peut-être une bonne chose qu’ils réclament leur indépendance.

En effet, elle avait vu que leur cheffe voulait négocier avec son petit Koda leur indépendance. Sans sa présence à la cité, Zarina n’aurait jamais eu le désir de poser ses pieds inégaux sur la pelouse par ici. C’était probablement sa faute, elle aurait probablement dû investiguer ce village avant, mais ils étaient si secrets, si posés sur le côté, et si paysan qu’elle n’avait jamais pu trouver fortune parmi eux. Ils étaient déjà des artisans, et donc, ses produits de luxe n’étaient pas si intéressants parmi les villageois ici.

Peut-être pourrait-elle convaincre quelques gens de construire des manoirs par ici...

Bref, elle était ici pour découvrir le commerce et l’économie par ici. Elle savait qu’il y avait des préoccupations pour la sécurité, le passage des soldats, mais Zarina s’était rendue compte qu’elle n’était pas si au courant que cela à propos de ce que Cocorico apportait en matière de commerce. Quels genres de produit vendaient-ils? Ils devaient certainement échanger avec la cité ou Euzéro! Cependant, Euzéro était plus loin que Cocorico de la cité...

Elle savait que le « coin » était entièrement indépendant. Elle savait qu’ils avaient leurs propres commerces, qu’ils subvenaient à leurs propres besoins, mais ils vivaient aussi très simplement. Il devait certainement avoir quelques personnes dans le coin qui avaient des goûts un peu plus, disons, avancés. Elle devait certainement pouvoir trouver un moyen d’échanger avec ces gens. Après tout, ces arches de bois étaient bien sculptées.

― « Rochel, rappelle-moi de trouver où sont les artisans dans le village, » demanda-t-elle alors qu’elle regarda ces arches plus attentivement. « Je crois que ce style pourrait bien aller dans mon salon. » Son assistant acquiesça nerveusement, alors qu’il regardait les alentours. Clairement, il ne se sentait pas à l’aise ici. Pourtant, il y avait des fleurs autour, il faisait froid (comparé à la cité), et les quelques villageois près de l’entrée ne semblaient aucunement impressionné par leur présence.

Elle se demandait bien ce qu’ils faisaient. Ils ne semblaient pas travailler en ce moment. Elle ne voyait pas de commerce à la première vue non plus. Elle n’avait pas le choix; il était temps de demander aux villageois un peu d’aide!

― « Bien le bonjour, mon cher! » s’exclama-t-elle alors qu’elle marchait vers le premier venu, un homme blond qui semblait plus accessible que certains de ces Sheikahs. « J’espère ne pas vous déranger en cette belle journée! Pourrais-je vous quémander un tour du village? Je n’ai jamais vraiment mis les pieds par ici et j’aimerais vraiment découvrir les artisans du coin! »

Derrière elle s’empressa Rochel, qui visiblement croyait que le piaf devant sa maîtresse était une brute qui allait les tabasser.

You Got Sushi?

En échange d’un repas, disait-il? Elle lui fit un grand sourire. Il savait exactement les mots à dire, dis donc, ce grand charmeur!

― « Avec grande joie, mon cher! N’hésitez pas à manger à votre faim, je vous paie ce que vous voulez! » s’exclama-t-elle avec un grand sourire, s’invitant elle-même à partager ce repas avec le jeune homme. Rochel voulait visiblement protester, mais il savait fort bien que lorsqu’il était question de repas, il n’avait aucun argument pour l’empêcher de manger. L’assistant nerveux de Zarina ne s’empêcha pas pour dévisager l’invité de sa maîtresse. Il avait un bon œil; il voyait bien que c’était un mercenaire, un homme qui avait vu beaucoup de sang tomber, et que ce n’était pas un guide touristique. Il savait aussi que peu importe ce qu’il dirait à la baronne, elle allait l’ignorer. Et tout cela, juste à cause d’un repas!

Non, c’était aussi parce qu’elle croyait en la bonne volonté des gens. Elle devait se dire que c’est justement parce qu’il est mercenaire qu’il serait en mesure de l’aider. Que ce « pauvre mercenaire » devait être « si affamé » qu’il ferait n’importe quoi pour avoir un peu de rubis. Et Zarina ne se gênait pas pour dépenser de l’argent pour avoir ce qu’elle voulait. Ah! Il ne comprendrait jamais ce genre de comportement!

― « Rochel, trouve-nous une table, » demanda-t-elle à son assistant, avant de se retourner vers le mercenaire. « Oulà, mes excuses, j’ai oublié de me présenter! Je suis Lady Zarina Hema, créatrice des bijoux Hema, et marchante d’or et autres bijoux, » se présenta-t-elle d’un ton joyeux. Elle tendit la main vers Rochel, qui se tenait aux côtés d’une table qu’il avait trouvé. « Mon assistant personnel, Rochel. Ne vous inquiétez pas, il est toujours nerveux. » Une fois les présentations faites, elle se dépêcha à s’asseoir, se sentant soudainement affamée.

― « Que recommendez-vous? »

You Got Sushi?

Elle devait le dire, cette taverne avait un air chaleureux qu'elle adorait. Ce n'était pas pareil à la cité ·évidemment il faisait bien moins chaud ici ― mais la familiarité que les gens entretenaient avec tous et chacun était sa définition d'un monde idéal. Un monde où tout le monde était amis, buvaient et mangeaient à leur faim, et peut-être s'échangeaient quelques coups de poing, mais jamais par animosité.

Et c'était la définition d'un cauchemar pour son petit Rochel, qui semblait être sur le point de la crise, surtout après la tape dans le dos de la part de Migaro. Tout de même, son assistant se portait bien aujourd'hui, il avait pris le coup dans un silence qui lui était rare! Zarina en était bien heureuse, elle ne voulait pas voir de bataille à table, après tout!

Tout de même... le village Cocorico lui semblait un peu trop froid. Était-ce simplement les différences culturelles entre les Gorons de la cité et les Sheikahs cachés dans leur retraite? Il y avait tout de même d'autres races dans le coin. Peut-être étaient-ce eux qui entretenaient cet air chaleureux dans la taverne? Oh, la voilà qu'elle devenait raciste, Rochel avait trop d'influence sur elle! Au moins son compagnon de table semblait la reconnaître. Elle voyait ce petit air de « Tiens ce nom me dit de quoi » qu'elle voyait souvent chez les roturiers.

― « Oh, du poulet, nous n'en avons pas mangé depuis un bon moment, n'est-ce pas Rochel? » s'enthousiasta-t-elle, avec un gros sourire que Rochel dévisagea avec un air impossible à identifier. Elle en profita d'ailleurs pour se tourner vers lui et lui dire « Rochel, il nous faut acheter une cocotte avant notre départ, » ce à quoi l'assistant soupira, comme s'il s'y attendait. « Eh bien, si vous recommandez du poulet, je vais prendre un ragoût de poulet, mon cher, » s'exclama-t-elle, souriante, au serveur. Rochel se contenta d'une omelette.

― « Vous avez bien raison, mon cher Migaro. Bien qu'on pourrait aussi dire que c'est du tourisme. Je veux découvrir la culture de nos voisins. Voyez-vous, je viens de la cité en haut de la montagne, mais je n'ai jamais mis les pieds par ici avant aujourd'hui! Et... vu que je conseille notre Lord suzerain en commerce, je me dois de combler ce fâcheux défaut! Il me faut comprendre les villageois de Cocorico pour bien aider le commerce dans notre région commune! »

C'était sans dire qu'elle savait que le village voulait son indépendance qu'elle racontait tout cela. Elle ne savait pas vraiment si tout le village cherchait à avoir leur indépendance ou même si les villageois étaient au courant de la démarche de leur cheffe, mais Zarina jugeait qu'il était mieux de ne pas en parler. Juste... se présenter de façon plus neutre. Pas politique. Comme si aucune décision ne se prenait ou n'allait se prendre pour un moment.
Gros sourire.

― « Je cherche donc un guide pour me montrer les spécialités locales. Vous m'avez déjà aidé avec les cocottes! » rigola-t-elle, suggérant que Migaro était un excellent guide.

You Got Sushi?

Rochel avait noté l’étonnement dans le visage de Migaro, à quoi il répondit avec un froncement de ses sourcils. L’assistant jugeait qu’il n’était pas prudent de confier l’importance de sa personne à des étrangers ainsi, surtout sans garde pour supporter la sécurité de sa maîtresse. Lorsque cette dernière allait répondre au mercenaire, il poussa une toux faible, mais captivante. Zarina en haussant les sourcils, ne voyant aucunement pourquoi son assistant était soudainement si méfiant. Après tout, Migaro s’était déclaré mercenaire, et non pas bandit, comme Rochel l’avait été dans le passé.

― « Oh! Cette odeur! Vraiment, il me faudra quémander la recette pour propager cette cuisine dans la cité, »  s’exclama-t-elle alors que les plats s’étalaient devant elle. Elle s’attaqua aussitôt à son assiette, sa gourmandise étant toujours plus pressante que sa curiosité. Hmm! Oui, il faut applaudir le chef. À bien y penser, amener la cuisine Sheikah dans la Cité est, bien entendu, une excellente façon d’introduire de nouvelles routes de commerce entre nos établissements. Rochel, il nous faut amener nos recettes dans le village. Nous allons échanger nos recettes et établirons de bons liens entre nos deux cultures!

Rochel conserva le silence, alors que sa patronne continuait de dévorer son ragoût. Il n’osait pas dire qu’il y avait déjà des recettes représentant la région dans son ensemble, et que les recettes uniques à la Cité exigeaient des ingrédients qui se trouvaient uniquement au sommet de la montagne, mais il n’allait pas contredire celle qui payait sa vie. Il prit une bouchée de son omelette; elle était ordinaire, comme toute omelette.

― « Ah, pardonnez-moi, j’avais une faim digne d’un guerrier, » s’excusa-t-elle après avoir dévoré son assiette sans avoir répondu aux questions du mercenaire. « Pardon; je prendrais une assiette de poulet en cocotte. Voulez-vous ajouter à la commande? » demanda-t-elle aux deux hommes à sa table. « Ne vous gênez pas, je peux payer pour une famille complète! » Rochel déclina l’offre.

Une fois la commande passée, Zarina daigna enfin continuer la conversation. « Je ne sais pas encore à quel point je peux rester ici, je pensais passer la journée, mais réserver une chambre pourrait me permettre de mieux évaluer la vie du village, » ce à quoi Rochel secoua la tête timidement. « Il est certainement dommage que je ne puisse réserver vos talents pour me guider, mais peut-être que nous pouvons discuter de ces villageois que vous aider? Serez-vous en mesure de me recommander un ou deux comme guide? »  
Rochel dévisagea Migaro, sa confiance toujours pas gagnée.

You Got Sushi?

Si Zarina était l’image parfaite d’un vieux cliché Goron, Rochel était l’avatar du cliché de l’homme nerveux; ses mains étaient agitées, incapables de rester immobiles, que ce soit en jouant avec ses ustensiles, le bord de ses vêtements, ses cheveux, ou ses doigts mêmes. « Allons, Rochel, il n’y a pas de gêne, je paie après tout! » L’assistant secoua la tête vivement, reniant tout désir de nourriture supplémentaire (déjà qu’il n’avait pas terminé son assiette!), tout en se disant intérieurement que la facture était elle-même une source immense de stress.  

― « Je vais voir si mon agenda me permet de planifier des vacances. J’avais quelques préjugés envers le village et donc je pensais ne passer qu’une journée ici. Maintenant que j’ai pu avoir un goût de leur gastronomie, j’ai quelques regrets! » rigola-t-elle joyeusement, comme si c’était une table familiale. « Je vais au moins passer la nuit ici. Mon intention, de toute façon, était d’avoir un aperçu du village afin de pouvoir mieux conseiller mon Lord pour son entretien avec la cheffe Otonari. Je ne peux concevoir comment ce village veut devenir indépendant du royaume! »  déclara-t-elle sans gêne, comme si elle parlait de la météo. Quelques gouttes de nervosité s’envolèrent du visage de Rochel. Il voulait passer inaperçus, ils ne savaient toujours pas si ce projet était connu des villageois ou pas! Personne n’en était au courant à la cité, après tout! Et, oh, putain, c’était un mercenaire, voilà il allait pouvoir raconter ça dans toutes les autres régions!

― « À en juger cette auberge, l’architecture, les recettes, et vos propos, il y aurait grand potentiel de commerce entre la cité et le village! » Rochel haussa un sourcil, mais Zarina n’ajouta pas plus sur son point de vue. Après tout, peu importe la situation, développer de nouvelles routes de commerce allait toujours être avantageux pour la cité. Surtout dans ces temps-ci; avec un maximum de rubis et joyaux, Ordinn allait avoir un maximum de ressources pour participer dans des combats quelconques. Peu importe si c’était pour se battre au nom de la Reine, ou si c’était pour défendre sa montagne. Si elle pouvait convaincre ce Vocah de lui vendre de la viande, peu importe s’ils devenaient indépendants ou non, elle aurait une bonne source de nourriture pour les soldats de Koda. Il lui faudrait juste donner un coup de main à ce marchand (ou fermier? Producteur? Éleveur de cocottes?) pour élargir son business et ils pourraient bien profiter de l’un et de l’autre!

Ceci dit, elle ne s’était pas encore formé un bon jugement sur si Koda devrait laisser Otonari faire ce qu’elle voulait ou pas. À voir qu’est-ce qui serait le plus profitable; le village était bien beau, mais en ce moment, il lui semblait que ses défenses étaient plutôt maigres. Déployer la garde d’Ordinn par ici serait une grande perte de ressources précieuses, mais perdre l’entrée à la montagne à partir du village pourrait être assez mortel...

― « Vous trouvez beaucoup de boulot par ici? » demanda-t-elle, avec un sourire poli, comme si elle voulait lui montrer qu’elle s’intéressait à lui. « J’imagine qu’on ne vous engage pas seulement que pour des poulets, tout de même! Vous devez avoir beaucoup de talents, non? Ou avez-vous un petit faible pour la région? Je peux tout à faire comprendre ça, je crois bien que j’en développe un pour le village! »