Hebra.. Et dire qu’il y a de ça quelques lunes, Nadë aimait venir dans cette région. Elle était tellement différente de Lannelle avec ses magnifiques cols enneigés, ses montagnes touchant le ciel et ses plaines à pertes de vue. C’était toujours un grand dépaysement pour la Zora de fouler ses terres, mais plus maintenant. Non, à présent, les montagnes l’écoeuraient, elle ne trouvait plus aucun charme à la cité de marbre blanc et la vue du souverain de ces terres lui donnait la nausée.
Il faut dire que la naïade était enfermée à Celestia depuis maintenant trois lunes.
Elle se souvient encore parfaitement du jour où des gardes sont venus l’arrêter : elle se trouvait dans la demeure de la famille d’Hurlevent, elle venait de faire la connaissance de son fiancé quand les gardes sont entrés sans même frappé. Nadë n’avait alors même pas cherché à résister. Comment une jeune Zora, nullement entraînée aurait pu vaincre trois piafs armés jusqu’aux dents de toute façon ? Il faut dire aussi, que l’ancienne ambassadrice ne connaissait pas si bien Kevan Cantell et qu’elle avait de toute évidence, surestimé sa bonté et sa bonne foi. Aujourd’hui, elle se sent terriblement stupide d’avoir imaginé qu’il accepterait que Lannelle s’allie à Hyrule, plutôt qu’à lui, sans une once de protestations…

Pourtant, Nadë n’était plus une Zora crédule et naïve, mais son manque de discernement, elle le payait amèrement depuis maintenant trois lunes.

Certes, elle n’était pas détenue dans des geôles, ni torturée pour obtenir des informations sur la région qu’elle représentait ou sur ses alliés, mais elle était enfermée, sans aucun contact avec l’extérieur. Très peu de serviteurs avaient le droit ou osaient lui adresser la parole, presque personne ne lui rendait visite… Elle était seule. Terriblement seule. Pour occuper ses journées, elle lisait quand on lui apportait un peu de lecture, sinon, elle s’asseyait près de la fenêtre et contemplait la ville en silence. À qui parler de toute façon ? Tandis que son regard se perdait à l’horizon, la Zora soupirait, songeant à ses voyages et elle laissait son esprit vagabonder pendant des heures et des heures. Elle s’était déjà demandé si son esprit serait toujours capable de se représenter Lanelle et ses grands lacs si elle restait trop longtemps ici, mais la naïade avait rapidement chasser cette idée de son esprit.

Alors quand un garde ouvre la porte de sa chambre, Nadë est assise sur le rebord de sa fenêtre, le regard dans le vide. Ses longs cheveux blonds sont simplement tirés en arrière et attachés avec un petit ruban, quant à sa robe dans les ton blanc et rose pâle, elle traîne à moitié par terre. Les genoux repliés sous elle, la Zora a perdu de sa prestance et ne fait même plus aucune manière. Elle n’adresse même pas un regard au garde. À quoi bon ? Néanmoins, quand ce dernier annonce qu'Aymeric Cantell est là pour la voir, la naïade se redresse et se tourne vers la porte. Le jeune brun est invité à entrer et Nadë lui offre un grand sourire. Une figure amicale, enfin ! Le garde referme ensuite la porte, laissant les deux jeunes gens seul et la Zora s’approche aussitôt, tout sourire. « Aymeric ! Comme je suis heureuse de vous voir. » Plantant ses prunelles noisette dans les beaux yeux clairs du piaf, elle demande avec bienveillance : « Comment allez-vous ? »

Depuis combien de temps, la naïade n’avait-elle pas afficher un aussi large et beau sourire ? Depuis la dernière visite d’Aymeric sans doute. Il faut dire qu’elle pouvait compter aisément sur les doigts d’une main ce qui la sortait de sa désolation ces derniers temps et les moments passés avec le Piaf faisant partie de ce qui égaillait un peu sa vie. Son visage perdit néanmoins un peu de son rayonnement aux premiers mots du brun. En effet, son sourire se ternit quand il lui rappela ses tristes conditions de vie. Même après des lunes, c’était toujours dur à entendre et la naïade ne savait même pas combien de temps allait encore durer son calvaire.
« Je.. » Les mots d’Aymeric l’ayant de toute évidence un peu troublée, Nadë semblait chercher ses mots pour répondre à sa simple question. Avait-elle encore la force de prétendre que tout allait bien ? Pas vraiment. Elle haussa donc doucement les épaules et le regard un peu fuyant cette fois-ci, elle répondit doucement : « Je vais bien, même si… Comme vous l’avez si bien dit, les jours sont longs et se ressemblent tous. » Elle laissa ensuite un long soupir s’échapper avant de reporter son attention sur le Piaf qui savait exactement comment remonter le moral de la Zora.

Il avait en effet ramené plusieurs livres et rien qu’en posant les yeux sur eux, Nadë retrouva son sourire solaire. Elle n’avait en effet plus aucun moyen d’évasion mise à part ses lectures alors la simple vue des ouvrages lui mettait du baume au cœur. Elle écouta donc Aymeric avec beaucoup d’attention, tout en prenant délicatement entre ses doigts chacun des récits pour en contempler les couvertures. Quand le brun lui présenta un recueil de contes, elle le feuilleta rapidement avec une certaine avidité dans le regard. Ô, elle était enchantée et cela faisait plaisir à voir ! « Ce livre est magnifique ! » Lança-t-elle en montrant cette fois-ci le recueil de poésie. « Je dois vous avouer que je ne connais que très peu de poème… Alors ce sera une superbe découverte, j’en suis certaine. » La jeune Zora montrait sans doute un peu trop d’enthousiasme pour de simples livres, mais il suffisait de croiser ses yeux qui brillaient de gaieté pour voir qu’elle était tout à fait sincère.

Reportant ensuite son doux regard noisette sur le Piaf, Nadë y vit une pointe de regret. Elle ne put alors s’empêcher de lui répondre en lui posant une main amicale sur le bras. « Vous faites déjà beaucoup. » Et c’était vrai. Il suffisait de voir le sourire qu’affichait la naïade depuis qu’il était arrivé, et l’agréable souvenir que lui laissait chacune de ses visites. Aymeric faisait partie des rayons de soleil qui égaillaient la vie de Nadë depuis qu’elle était prisonnière entre ses murs. Néanmoins, avec un ton un peu plus sérieux, et un brin de mélancolie, elle ajouta « Nous savons tous les deux à quel point il peut être difficile de raisonner votre frère. Je sais que vous avez déjà fait tout ce que vous pouviez. » Les mots de la Zora ne signifiaient pas qu’elle était résigné et prête à subir son triste sort jusqu’à la fin de ses jours, non loin de là. Elle savait seulement qu’à présent, si elle voulait quitter sa cage dorée, elle devrait le faire par la ruse.

La naïade retira ensuite sa main du bras du jeune Cantell et porta elle aussi son regard vers la fenêtre. Elle avait eu la chance de beaucoup voyager dans sa vie, mais il était vrai qu’une grande partie de la région d’Hebra lui était totalement inconnue, alors l’air songeur, elle ajouta : « J’aurais tant aimé pouvoir voir bien plus de votre beau pays… » C’était à présent une certaine mélancolie qu’on pouvait entendre dans sa voix toujours aussi douce. « Je n’ai par exemple, jamais été à Bourg-clocher. Pourtant, on m’a toujours dit que ce village était magnifique, surtout quand toutes ses cloches se mettent à sonner à midi. » 

Nadë semblait boire chaque parole du jeune Cantell. Ce n’était pas forcément le fait d’être enfermée depuis plusieurs lunes qui la rendait ainsi puisque la naïade avait toujours été extrêmement curieuse et son envie de voyager l’avait déjà emmené aux quatre coins du continent ; mais pas à Bourg-Clocher. Elle s’imagina le clocher que lui décrivait le piaf, surplombant le petit village et le tintement de sa cloche. À l’idée de ce doux son, le coin des lèvres de la blonde se retroussa légèrement. 
Sentant alors le brun parler avec une certaine passion non feinte, la Zora reposa son attention sur lui tandis que c’est le village de Skimo qu’il décrivait. Un endroit recouvert par la neige une grande partie de l’année devait sans doute être magnifique et contrairement au jeune piaf, la naïade était plutôt bien habituée aux températures froides. Il faut dire, qu’elle s’était glissée dans les lacs de Lanelle de tout temps et durant n’importe quelle saison. Mais aurait-elle encore envie de visiter Hebra une fois libérée du joug du roi de ce pays ? L'ancienne ambassadrice était encore incapable de répondre à cette question.

Puis, quand Aymeric demanda s’il lui avait déjà parlé du village qui l’avait vu naître, Nadë fit doucement non de la tête, avant de l’inviter à s’asseoir ; tandis qu’elle s’installait sur le rebord de la fenêtre pour l’écouter lui en dire plus. Captant alors le doux regard du Piaf, la blonde s’avéra très intriguée et plus que curieuse de connaître ce petit village. En même temps que lui, elle laissa ensuite échapper un doux petit rire, comprenant la moquerie du jeune homme envers le grand palais dans lequel ils se trouvaient tous les deux. « Oh, je veux bien vous croire ! » Répondit-elle alors, toujours aussi souriante. Ce lieu devait être vraiment charmant et accueillant pour qu’un homme aussi gentil et généreux qu’Aymeric apprécie y vivre. D’ailleurs, Nadë ajouta doucement : « Je donnerais tout pour passer une nuit dans une auberge chaleureuse, même s’ils n’ont que du ragoût à me servir ! » Tant que je quitte ce château. Ne voulant pas troubler le moment convivial et hors du temps qu’elle passait en compagnie du jeune précepteur, la Zora garda cette pensée pour elle. Mais les mots qui étaient sortis de sa bouche étaient tous très sincère ! Contrairement aux apparences et à sa situation, la jeune femme avait déjà passé plusieurs nuits dans ce genre d’auberge lors de ses voyages, n’ayant parfois pas d’autres choix ou passer la nuit.

C’est ensuite une expression plus surprise qui se dessina sur le visage de la sirène alors que son ami lui disait n’avoir jamais visité Lanelle. « Ah oui ? » Souffla-t-elle étonnée, avant de doucement acquiescer alors qu’il lui demandait d’être son guide le jour où il viendrait dans la région. « Ce serait évidemment avec grand plaisir. » Elle lui adressa un grand sourire et ses prunelles brunes se mirent même à pétiller. La simple idée d’un événement futur, loin de ses quatre murs réchauffait le cœur de la naïade. « Je vous le dois bien. » Ajouta la jeune femme un peu plus sérieusement. Aymeric avait tellement fait pour elle, pour lui rendre sa captivé moins ennuyante et pour lui remonter le moral qu’elle était même prête à lui servir de guide dans le monde entier ! Elle s’imagina même durant quelques secondes voyager avec le Piaf, et il ne faisait aucun doute qu’ils passeraient tous les deux d’agréables moments. Ils auraient sans aucun doute, l’un et l’autre tout à un tas de choses à s’apprendre sur la faune, la flore, l’histoire et peut-être même la politique ? Qui sait ? Mais Nadë quitta ses pensées pour se concentrer à nouveau sur son ami. « Si la météo humide ne vous incommode pas, je suis certaine que vous apprécierez Lanelle. Il ne fait pas aussi froid que dans vos montagnes, mais il est vrai qu’il pleut assez souvent. C’est tellement différent d’Hébra. Il y a des lacs et des plaines à perte de vue ! Beaucoup de cascades aussi.. Je ne suis, certes, peut-être pas très objective, mais je trouve la région de Lanelle si calme et reposante. » Tout en parlant, la naïade se laissa entraîner par ses pensées et divagua un peu, au gré de ses souvenirs qui lui permettaient de s’évader de sa prison dorée. « Je n’ai pas grandi au domaine Zora, mais dans un autre domaine, à la campagne. Mes parents possèdent un grand manoir avec des jardins luxuriants et des fontaines. Presque tous les matins, je me baladais à cheval dans les forêts de pins et entre les ruisseaux environnants. Je suis sûre que ces endroits seraient tout aussi joli vue du ciel. J’avais même un endroit de pique-nique favori. Je m’y rendais souvent pour lire sans être dérangée en emportant un encas. C'était une petite grotte, creusée par l’érosion de l’eau, juste au pied d’une cascade. Quand le torrent était trop fort, l’entrée était complètement cachée, ça en faisait une très bonne cachette. » À nouveau, la blonde souffla un petit rire, un peu étouffé, avant de se rendre compte qu’elle avait peut-être fait un petit monologue. « Pardonnez-moi.. Je m’emballe… » S’excusa-t-elle alors auprès d’Aymeric, en le regardant toujours avec ses billes brunes attendrissantes et dans lesquels luisaient un certain égaiement. « Mais je vous montrerez cet endroit ! Vous allez l’adorer ! » Toujours souriante, sa dernière phrase sonna tout de même avec une certaine détermination. Non, Nadë n’était toujours pas résolue à passer la fin de ses jours entre ses murs, ni à continuer sa vie au bon couloir de Kevan. Elle sortirait un jour de ce château blanc que cela plaise ou non au roi. 








Voir que dans les beaux yeux clairs du Piaf brillait la même lueur d’excitation que dans ceux de la naïade la fit sourire tendrement. Aymeric était vraiment quelqu’un de foncièrement gentil et il avait écouté chacune de ses paroles avec intérêt. Qu’il accepte de s’y rendre un jour en compagnie de la Zora l’enchanta ! Elle s’imaginait déjà remontant les courant d’eau et les rivières à vive allure dans sa forme de sirène, et le brun volant au-dessus pour la suivre. Oh oui, il y aurait tant de beaux endroits qu’elle pourrait lui faire découvrir ainsi !

Mais tout comme le jeune homme, Nadë finit par reporter son attention par-delà la fenêtre et elle s’imagina, encore une fois, quitter cet endroit. Un long soupire s’échappa alors de sa bouche, avant qu’elle ne se reprenne. Elle passait enfin un agréable moment et elle ne voulait pas le cacher !

Posant donc son regard noisette sur le Piaf, elle remarqua alors qu’il semblait un peu tendu et crispé soudainement. Il fixait le sol d’un air désolé et il n’eut même pas besoin d’ouvrir la bouche pour que la blonde comprenne ce qui se tramait dans son esprit. Elle fit donc un pas vers lui, prête à lui prendre délicatement la main pour le rassurer, mais Aymeric la devança. Faisant preuve de beaucoup de détermination, il surprit la jeune femme en expliquant vouloir une nouvelle audience auprès de Kevan. N’avaient-il pourtant pas déjà conclu quelques minutes plus tôt que cela ne servait à rien ? Que le roi d’Hebra restait constamment campé sur ses positions et que personne ne semblait capable de le faire changer d’avis ?

Et pourtant.. Cette simple lueur d’espoir, le sentiment de ne pas être seule dans ce combat sembla raviver une douce et belle lueur dans le regard de la sirène. Elle était tellement reconnaissante enverra le Piaf qu’elle était même prête à lui sauter dans les bras. Nadë garda cependant une certaine contenance, car rapidement, il fit par de sa culpabilité. Il fut alors impossible pour la naïade de rester silencieuse plus longtemps devant les tracas de son ami. « Je vous interdis de penser cela ! » Ces mots étaient sortis de la bouche de la Zora avec une certaine autorité. Elle refusait tout simplement et purement qu’Aymeric se sente coupable, pas après tout ce qu’il avait déjà essayé de faire pour elle. Et c’est ce qu’elle lui exprima en retrouvant son sourire qui tentait de se faire rassurant. « Vous n’êtes en rien son complice et je dirais même que c’est en partie grâce à vous que mes jours ici ne sont pas si terribles.. » Chacun des mots de la jeune femme était sincère et venait du fond de son cœur. Et même si la détermination et les convictions du Piaf étaient touchantes, Nadë ne pouvait s’empêcher d’y voir peser une petite ombre. Que se passerait-il si Aymeric insistait trop longuement ? Si Kevan perdait patience et lui interdisait de venir à nouveau voir l’ambassadrice ? Cette possibilité fit perdre l’éclat d’espoir qui brillait dans les yeux de la Zora qui reprit un peu plus tristement « Je ne voudrais que vous vous fâchiez avec votre frère à cause de moi, ni qu’il vous interdise de revenir à Celestia. J’ai peur qu’il en soit capable et pour être tout à fait honnête avec vous Aymeric, cela me rendrait très triste. » Qui lui apporterait de si beaux livres s’il n’était plus autorisé à venir jusqu’ici ? Qui lui adresserait enfin des mots gentils et un doux sourire ? Rien qu’à l’idée de se retrouver plus seule qu’elle ne l’était déjà, Nadë du retenir ses émotions, malgré ses yeux déjà rougissants.

Elle parvint tout de même à ajouter avec un peu plus d’assurance « Nous trouverons une autre solution, j’en suis certaine. » Oui, il fallait qu’elle reste optimiste. Pour sa santé, pour ne pas défaillir et sombrer dans la tristesse, Nadë se répétait sans cesse qu’il ne s’agissait plus que d’une affaire de quelques jours et que Kevan retrouverait bientôt la raison et lui rendrait sa liberté. « Nous trouverons… » Murmura-t-elle encore une fois tout bas, pour se persuader elle-même.
Puis, la naïade releva doucement la tête et observa le brun intensément quelques secondes en silence. Jusqu’alors, elle n’avait jamais vraiment osé lui demander de son aide, par timidité, mais surtout pour ne pas lui attirer d’ennuis. Alors en voyant son ami prêt, une nouvelle fois, à défier son frère, elle se dit que c’est peut-être le bon moment. Un peu gênée et en bégayant, elle demanda finalement : « A… Accepteriez-vous de… de… De transmettre une lettre pour moi … à Lanelle ? » Il était le seul en qui elle avait suffisamment confiance pour cela, mais l’aider ne signifiait-il pas aussi trahir Kevan ? Par Jabu, ses mots étaient à peine sortis de sa bouche que Nadë s’en voulait déjà d’avoir demandé une telle chose au Piaf. « Vous pouvez tout à fait refuser ! Je ne vous en voudrais évidemment pas. »

Nadë était, de toute évidence, très gênée par sa demande. Elle savait le danger que pouvait courir le Piaf s’il acceptait et elle n’osait pas imaginer ce qui lui arriverait si par malheur, il était découvert. C’est sans doute pour cela que rapidement, elle affirma qu’Aymeric pouvait refuser sa requête et qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur.
Seulement, il était en quelque sorte son dernier espoir…

Fixant le brun de ses grands yeux noisette, la Zora l’observa donc intensément, à la recherche de la moindre expression qui pourrait traduire un refus. La façon si solennelle avec laquelle le Piaf répondit procura alors un véritable soulagement chez la naïade qui sentit aussitôt une immense pression s’échapper de sa poitrine. Il avait dit oui ! Abasourdie, car son ami avait accepté sa demande si périlleuse Nadë l’observa de longues secondes, la bouche entrouverte, le temps de digérer cette information. Non, elle n’en revenait tout simplement pas.

Observant donc le Piaf rassembler un livre dans lequel il proposait de cacher la lettre, la Zora retrouva finalement sa voix pour murmurer. « C’est ingénieux… » Mais à aucun moment, elle n’avait pensé qu’Aymeric irait livrer en main propre sa missive et qu’il ferait lui-même le voyage jusqu’à Lanelle. Toujours aussi confuse, elle reprit donc doucement la parole. « Ma lettre à seulement besoin de sortir du château, vous n’êtes pas obligé de vous rendre à Lanelle vous-même. Si vous l’envoyez de votre village, je pense qu’elle arrivera tout de même à destination non ? » La naïade ne savait pas à quel point Kevan controlait ses frontières, ni même s’il surveillait tout le courrier qui y circulait. Cela semblait cependant bien trop aberrant pour que ce soit le cas.. Kevan n’était pas aussi psychorigide, si ?

Baissant alors le regard vert le livre entrouvert dans lequel il ne lui suffisait que de glisser sa missive, Nadë eut l’air soudainement bien plus songeuse. Elle avait demandé son aide au Piaf sans vraiment savoir ce qu’elle pourrait écrire. La première chose qu’elle voulait, c’était avant tout rassurer ses parents qui devaient se faire un véritable sang d’encre. Elle qui envoyait régulièrement des nouvelles, voilà trois mois que leur fille n’avait donner aucun signe de vie. Informer ses parents de sa situation n’allait cependant pas vraiment l’aider à sortir d’ici. Elle envisagea donc de contacter Acheta Arlaeron, qui était sans doute une des rares personnes à avoir assez de pouvoir pour faire libérer Nadë. Malheureusement, elle faisait partie du Royaume d’Hyrule et la naïade savait combien les relations étaient tendues à présent entre les deux royaumes.. Cela semblait peine perdu… Une petite ombre apparue alors un court instant sur le visage de la Zora qui parvint cependant à rapidement se reprendre avant de confier au brun. « Je voudrais écrire à mes parents. » Sa décision était prise.

Se dirigeant vers une petite console dans laquelle elle avait tout le nécessaire pour écrire, Nadë en sortit une feuille de papier, une plume et de l’encre avant de s’asseoir prête à rédiger sa lettre. C’était bien la première fois que ce matériel allait lui servir. Avant d’écrire le premier mot, elle releva tout le même les yeux pour observer un instant Aymeric. Elle sembla alors puiser en lui la force et le courage de marquer sur la feuille blanche ses premiers mots. Lui adressant un fin sourire, elle rabaissa finalement la tête et commença à écrire. C’est tout naturellement qu’elle entama sa lettre en disant qu’elle allait bien et qu’elle était bien traité. Elle expliqua alors sans trop rentrer dans les détails qu’elle était retenu à Celestia par le roi Kevan, et qu’elle ne savait pas quand elle rentrerait. Pendant quelques minutes, le silence prit place alors que la blonde terminait d'écrire.
 Tandis qu’elle relisait ses derniers mots, la Zora reprit la parole doucement. Le brun était prêt à parcourir la moitié du pays pour livrer ce courrier, il devait donc savoir de quoi il en répondait « Mes parent doivent terriblement s’inquiéter.. Je leur explique que je suis ici, à Celestia. Que pour le moment, je ne peux pas encore rentrer, que le roi le refuse.. Mais je leur dis aussi que vais bien qu’ils n’ont pas à s’inquiéter pour moi. » La naïade sembla alors bien plus hésitante et déglutie un peu bruyamment avant de lire la deuxième partie de sa lettre. « Je leur demande aussi s’ils peuvent parler de ma situation à Aphera Arlaeron… Je ne sais pas si elle peut faire quelque chose pour moi, mais j’aurais au moins essayé. »

Nadë avait énormément d’amis haut placés, elle aurait peut-être même pu envoyer une missive à la reine d’Hyrule, elle-même, mais la naïade ne voulait en aucun cas créer un nouveau conflit ou attirer d’ennui à ses amis. Rassurer sa famille était à cet instant, le plus important à ses yeux. Délicatement, elle replie alors le papier avant de soigneusement le glisser dans une enveloppe. Ce petit bout de papier était à cet instant si précieux, qu’elle le serra même entre ses doigts. Un espoir ! Voilà ce qu’il représentait.
Avant de finalement tendre le courrier à Aymeric, Nadë ajouta une petite inscription sur l’enveloppe. « C’est le prénom et le nom de jeune fille de ma mère… J’imagine qu’ils ne vous attireront aucun problème si quelqu’un tombait sur cette lettre. » Thalalei était, en effet, bien moins connu que Belyrith. Adressant alors un très large sourire à son ami, les yeux brillants d’espérance, la naïade demanda finalement sincèrement. « Comment pourrais-je vous remercier pour votre aide ? » Elle allait, en effet, être extrêmement redevable envers le Piaf et elle devait absolument trouver un moyen de lui témoigner toute sa reconnaissance.