Like a prisoner facing death and agony • Talia Vajanska

— AN 1000, Lune 8, Jour 1.
@Talia Vajanská

Elle traversa l’entrée du château, le cœur fébrile et le visage fermé. Elle ne savait pas trop quels sentiments elle ressentait à ce moment-ci. Probablement de l’excitation à l’idée de revoir tous les gens qu’elle n’avait pas côtoyée depuis de si longues lunes. Probablement de la colère au sujet de la situation de Metzli, des nouvelles qu’elle avait obtenu de cette missive anonyme reçue il y a un peu moins d’une lune de ça. Probablement de l’angoisse devant l’ampleur des difficultés qu’elle risquait de rencontrer, aux regards qu’elle allait devoir supporter, aux mots qui allaient l’accabler. Mais il semblait qu’elle ressentait surtout du soulagement, car elle était enfin rentrée chez elle, dans le château qu’elle affectionnait tant, même si elle devait commencer à se préparer mentalement à ce qu’elle allait endurer devant la noblesse de Metzli et, plus tard, devant son peuple. Seraient-ils en mesure de comprendre tout ce qu’elle avait sacrifié pour eux ? Car sans sa couronne, son royaume serait en proie au chaos et à l’anarchie. Son peuple avait trop souffert dans le passé pour qu’elle ne laisse ces temps déferler à nouveau sur le Royaume du Crépuscule.

Son retour s’était fait discrètement, en partance de Portua, réitérant le même chemin dans le sens inverse, qu’il y a huit lunes auparavant. Bien que son retour se soit décidé de façon assez brusque, comme une subite impulsion, elle avait pris le soin d’envoyer une missive à son arrivée à Romani, à sa chère cousine. La relation affectueuse qu’elle avait avec cette dernière lui assurait un soutien moral à son arrivée. Si elle la rejetait, alors tout Metzli le ferait. C’était ce qu’elle s’imaginait. Elle lui avait donc envoyé une brève missive stipulant son arrivée prochaine au château d’Itzal : « Dans trois jours, je serai à Itzal. Rejoins-moi dans mes appartements à l’heure du crépuscule. » sans signer la fameuse missive avec un nom mais d’un simple petit dessin, d’un œil.

Elle avait pris tout son temps pour voyager de Romani jusqu’à Itzal, jaugeant l’état de son royaume par la même occasion. Toujours habillée de sa cape sombre, elle arborait l’anonymat et cachait ses longs cheveux roux sous ses vêtements, s’assurant qu’on ne la reconnaitrait pas. De temps à autre, elle questionnait des marchands sur la vie à Metzli, entendait des choses qui faisaient siffler ses oreilles. On racontait également beaucoup de choses sur elle, parfois un peu saugrenues, sur la raison pour laquelle elle n’était pas revenue à Metzli avant. Si cela avait le don de lui hérisser le poil, elle ne le montrait pas, à quiconque.

Son entrée dans le château fut tout de suite remarquée mais la jeune Reine poursuivit son chemin comme si elle n’avait jamais quitté la pierre si familière du château royal. Elle se rendit rapidement jusqu’à ses appartements. Ces derniers avaient été conservés propres le temps qu’elle soit absente, mais inoccupés car Lady Remna avait les siens. Arrivée dans ce lieu si familier et à la fois si étranger, tant elle en avait été éloignée longtemps, elle marqua un temps de pause. Son regard s’arrêta sur les différents meubles, et puis sur la fenêtre qui donnait sur la ville d’Itzal. Elle prit soudainement conscience que les lieux lui avaient terriblement manqués. Avait-elle été dans le déni tout ce temps pour ne pas remarquer à quel point elle avait besoin de rejoindre son pays ? Elle n’avait cessé de se répéter qu’elle faisait ça pour son peuple, que ce ne serait pas long, que c’était son devoir. Cela faisait tout de même mal.

Elle réprima ses sentiments, brusquement, car déjà l’heure du crépuscule tombait sur le château et qu’elle entendait un chuintement à la porte de ses appartements. Se retournant vivement, elle parcourut les quelques mètres jusqu’à la porte et l’ouvrit, le cœur bourré de doutes et de craintes.

« — Talia… » Souffla-t-elle. Et si ce n’était pas sa cousine mais d’autres nobles venus s’assurer de son retour ? Car elle le savait, la nouvelle de son retour devait déjà commencé à se répandre dans tout le château, comme une véritable traînée de poudre prête à lui exploser à la figure.

Un soupir de soulagement s’extirpa des lèvres blêmes de la Reine quand ses prunelles se posèrent sur le visage grave de sa cousine. Devant l’émotion de cette dernière, devant son sourire, Midona ne put retenir ses propres émotions qui déferlèrent si brusquement qu’elle fut surprise de les avoir aussi bien contenues pendant des lunes. Elle avait tant vécu dans l’obscurité, la crainte et la souffrance, qu’elle en avait oublié les forts sentiments d’allégresse qu’elle pouvait ressentir auprès des siens. La porte se referma et les deux jeunes femmes se rejoignirent d’un seul mouvement, se prenant l’une dans les bras de l’autre avec une certaine force, comme s’il n’y avait plus rien d’important l’espace d’un bref instant. L’une de ses mains rejoignit les cheveux roux de la jeune femme, tenant sa cousine contre elle pour une longue embrassade. Cela ne faisait quelques lunes et pourtant elle avait le sentiment que les lunes avaient été des années, tant son chapitre en Hyrule lui avait semblé hors du temps.

« — Je… Excuse-moi de ne pas t’avoir donné de nouvelles. » Murmura-t-elle, le souffle court. « J’avais trop peur qu’une de mes missives ne se retrouvent entre de mauvaises mains, ou que l’on s’en serve contre moi. Si tu savais comme tu m’as manqué. J’espère que tu me pardonneras cette absence, je l’espère tant, car je sais que Metzli m’en voudra. » Sa voix semblait presque frêle. « J’aurai besoin de ton soutien. »

Midona la laissa la jauger du regard, ne cherchant plus à réprimer ses émotions. Elle ressentait tant de choses à ce moment précis. De la crainte pour l’avenir, et surtout la joie de retrouver les siens. Elle avait été si profondément dans le déni de leur absence que cela lui semblait lui éclater dans la figure tant revoir son sourire l’emplissait d’allégresse. Sa cousine poursuivit d’une voix plus lasse, d’un regard triste et cerné. Midona acquiesça lentement, gravement, tandis que Talia prenait sa main dans la sienne sans la quitter des yeux. Elle se demanda même un instant si elle rêvait ou bien si elle était réellement de retour dans son Royaume.

« Il s’est passé tant de choses, et à la fois si peu, comparé au tort que cela a pu faire à Metzli. » Répondit-elle doucement, se demandant où Talia était rendu dans son histoire. Elle ne se questionna par sur la confiance qu’elle lui attribuait, car elle ne voyait aucune raison de se méfier de son propre sang. « Il y aura toujours des charognards pour profiter des restes, Talia, mais je compte bien ne pas me laisser faire, par quiconque. » Sa voix se fit plus dure.

Elle entraina la jeune femme avec elle dans la pièce pour qu’elles puissent s’asseoir sur un canapé, car Midona était épuisée.

« — Hélas, j’ai bien trop perdu en Hyrule. » Midona se détourna et sortit de sa besace sa couronne inanimée qu’elle posa sur ses genoux. Son regard se perdit dans les joyaux devenus si silencieux, alors qu’elle cherchait par quel bout débuter son histoire. Tout cela semblait si brouillon. « Je ne pouvais pas rentrer à Metzli avec une couronne vide. » Dit-elle simplement. Sa voix était fébrile mais elle poursuivit. « Lord Odair devait m’aider à mettre la main sur un fragment d’Ombre, mais je constate qu’il a surtout été pris par son mariage avec une proche de la Reine d’Hyrule. » Elle fulminait à cette pensée et n’avait toujours pas digéré son comportement. « Il y a quatre fragments, enfin trois désormais, et je n’ai pas su mettre la main sur aucun d’entre eux. » Sa poigne autour de la couronne se raffermit et elle eut envie de la balancer à travers la pièce. « Qu’étais-je censée faire ? Rentrer la bouche en cœur à Itzal, faire face à tous les héritiers qui n’attendaient qu’un pas de travers pour me trancher la gorge et récupérer mon trône ? Non, je ne pouvais m’y résoudre. Alors j’ai cherché, sans relâche, la piste d’un de ces fragments, pour que je puisse rentrer en tant que Reine et non pas l’ombre de celle-ci. » Elle sentit des larmes au bord des yeux et fit de son mieux pour les retenir de s’écrouler sur ses joues. « Talia… » Elle leva les yeux vers la jeune femme. « Ce n’est pas de ma faute si la couronne a perdu son pouvoir. Quand Ganondorf l’a touché, elle a émis un tel éclat de lumière… » Sa voix mourut en revivant à nouveau la scène. C’était toujours aussi douloureux. « …Quand je me suis réveillée, elle était comme vide. »

Midona avait le sentiment d’être si fragile en ce moment précis auprès de sa cousine. Elle n’avait pas laissé place à ses émotions depuis si longtemps qu’ils se frayaient allègrement un passage dans la fracture que toute cette angoisse avait provoqué. Si elle s’en voulait de montrer ainsi sa faiblesse, elle était bien incapable de la contenir. Elle qui avait toujours été particulièrement douée pour retenir ses sentiments derrière une façade neutre, voilà qu’elle ne parvenait pas à contenir le traumatisme qu’avait été la perte du pouvoir de la couronne, le violent ébranlement qu’elle avait vécu. S’il y avait bien quelqu’un qui pouvait accueillir ce déferlement d’émotions, c’était bien la jeune rousse qui lui faisait face. Les deux jeunes femmes se connaissaient assez bien pour qu’elles puissent parler librement. Il y avait si peu d’individus avec lesquels elle pouvait se permettre cela. Non, après réflexion, qui pourrait seulement comprendre ce qu’elle ressentait et ne pas la juger de les extérioriser ?

« — Ton soutien m’est toujours aussi précieux, tu le sais bien. » Souffla-t-elle d’une voix lasse.

C’était comme si l’énergie la quittait peu à peu. Elle aurait pu dormir pendant plusieurs lunes et oublier, juste un petit peu, les remous dans lesquels elle était prise au piège.

« — Tu as fait ce que tu as pu, j’en suis certaine. L’équilibre de Metzli a toujours été si précaire. J’espère, un jour, faire en sorte que chacun puisse y vivre de façon plus apaisée. Penses-tu que nous pourrons éradiquer la corruption, un jour ? » L’interrogea-t-elle, à peine consciente que cette question s’adressait autant à elle-même qu’à son interlocutrice.

Les mains toujours autour de la couronne, elle écoutait attentivement les paroles de sa cousine tandis que ses doigts effleuraient de façon abstraite, les contours du bijou. Elle acquiesça douloureusement quand elle en conclut que Ganondorf était la cause de tous les maux de Metzli. Un frisson lui parcourut l’échine alors que les prunelles de l’Avatar du Néant apparaissait de nouveau devant le voile de ses paupières. Pourrait-elle un jour s’en détacher ? Ou faudrait-il qu’elle se venge de ses propres mains ? Talia se releva, incapable de rester immobile trop longtemps devant les révélations que venait de lui faire Midona. Elle fit les cent pas, arpentant la pièce comme un animal entravé.

« — À ce propos… Naboris Dragmire, sa propre fille, est venue me parler pour fonder une alliance entre Metzli et les Landes Sauvages. » Commença-t-elle, scrutant le visage de sa cousine. « Elle veut reprendre son Royaume des mains de son père. Si elle y parvient, il sera affaibli et donc il sera plus aisé de se venger. » Elle marqua une pause, attendant une réaction. « J’aurai probablement dû attendre d’avoir l’avis de tout le monde, de mes conseillers, mais je me suis retrouvée prise de court, et je ne savais pas quand je serais de retour ici. » Elle inspira profondément. « J’ai accepté sa proposition car ses espions pourront nous aider à retrouver un fragment d’Ombre. Et puis, Metzli ne doit plus être ce Royaume en retrait. J’ai espoir que nous puissions nous former des alliances et nous entendre en bonne intelligence avec nos voisins. » Expliqua-t-elle. « Penses-tu que j’ai bien fait ? » Midona avait été très suspicieuse à l’endroit de la Gerudo, elle avait pourtant accepté le marché, sachant qu’elle pourrait y trouver son compte également.

Elle étendit un bras vers Talia tandis qu’elle restait assise.

« — Parle-moi de toi, parle-moi de Metzli… Que s’est-il passé ? » Elle la sonda de son regard de glace. « À quoi dois-je m’attendre ? Parle franchement. »

Elle avait raison. L’histoire se répétait. Les Twilis vivaient dans les trahisons et les meurtres depuis tellement de temps qu’ils ne semblaient pas être capables de vivre autrement qu’en essayant de planter un couteau dans le dos de son prochain. Elle espérait pourtant qu’il pourrait en être autrement car elle désirait tant que son peuple puisse vivre un peu mieux, moins anxieux et plus heureux. Mais elle les connaissait assez bien pour savoir que, s’ils pouvaient trouver un moyen de la destituer, ils le feraient. Et peut-être l’avaient-ils déjà finalement, puisqu’elle allait se présenter devant eux après huit lunes d’absence, sans le pouvoir de sa couronne, et dans un Royaume déjà bien essoufflé, semblait-il. S’il ne fallait pas perdre espoir, Midona restait réalise quant à l’accueil qu’elle risquait de recevoir de la noblesse de Metzli. Cela ne lui plairait pas, certainement.

Toujours assise, la couronne dans ses mains, elle suivait du regard sa cousine qui, tantôt faisait les cent pas, tantôt s’arrêtait pour lui rendre son regard et lui répondre. Elle accueillit l’assentiment de Talia sur son alliance avec la fille de Ganondorf, avec soulagement. Si elle avait été contre et si elle lui avait hurlé dessus en lui disant qu’elle n’aurait jamais dû faire cela, rien n’aurait changé, bien sûr, mais elle était contente de l’entendre dire que ce n’était pas une mauvaise chose. C’était agréable de faire face à une personne qui pensait comme elle.

La suite de la conversation ne fut pas agréable, tandis que l’émotion la submergeait au contact de leurs mains. Midona serra sa poigne, entremêlant ses doigts fins aux siens pour l’ancrer contre elle. La jeune femme était bien là, tout près, et rien ne pourrait changer cela pour l’instant. La Reine crépusculaire devait s’attendre au pire, à faire face à la bassesse de son peuple, aux pires vilenies qu’elle ne puisse imaginer. Si elle entendait les paroles de la jeune femme, elle ne pouvait s’imaginer ce à quoi elle ferait face plus tard. Surement, ce ne pouvait pas être à ce point ? Elle resserra ses doigts un peu plus fort sur ceux de sa cousine quand celle-ci lui apprit la tentative d’assassinat sur Remna Merlyn.

« — Est-ce que vous avez pu trouver le coupable ? » Demanda-t-elle presque aussitôt.

Elle se figea et se tut quand Talia lui apprit alors la mort de son époux. Les mains toujours fermement jointes, Midona la tira un peu plus vers elle jusqu’à ce qu’elle puisse enserrer ses épaules de ses bras. Elle sentait le corps de la jeune femme trembler contre elle, à chacun de ses sanglots, comme si elle n’avait pas déjà assez pleuré. Elle se pencha encore un peu plus sur son corps recroquevillé, son nez dans ses cheveux. L’odeur douce et florale de sa cousine se mêlait à celle des cendres.

« — Oh, Talia… » Murmura-t-elle. « Comment est-ce arrivé ? Qui a fait ça ? » Sa voix trahissait sa colère et son chagrin, plus pour Talia que pour l’homme en lui-même. « Excuse-moi de ne pas avoir été là, de ne pas t’avoir épargnée ce chagrin. »

C’était sa faute, après tout. Si elle n’était pas restée si longtemps en Hyrule, si elle n’avait pas mis huit lunes à rentrer chez elle, alors peut-être que Metzli se serait portée autrement. Peut-être que le Royaume ne serait pas à feu et à sang, dévoré par la corruption, peut-être que son époux serait toujours en vie et qu’elle serait mère. Midona frotta doucement son front contre celui de sa cousine, sentant sa vision se brouiller.

« — Pourras-tu seulement me pardonner, Talia ? » Et pourrait-elle seulement se pardonner ? Non. Mais le pardon de sa cousine serait déjà un bon début. Elle avala sa salive, la mâchoire douloureusement crispée. Que pouvait-elle dire devant un tel chagrin ? Qu’elle était désolée ? Qu’elle allait arranger les choses ? Et arranger quoi ? Elle ne ramènerait pas son mari à la vie. Quoiqu’elle fasse il était mort et Talia restait veuve. Elle n’y changerait rien. Rien. Mais que dire alors ? Elle s’enferma dans le silence, conservant cette proximité avec la rousse, la tenant fermement contre elle pour essayer de la réconforter, de lui montrer qu’elle était là pour l’aider, qu’elle s’en voulait tant.

Elle donnerait la chasse aux rats qui avaient pris leurs aises dans son château, elle les exterminerait jusqu’au dernier, jusqu’à ce que la peste soit entièrement éradiquée de son royaume. Cela prendrait du temps, des lunes, peut-être bien des années, mais il était certain qu’elle ne laisserait plus Metzli en proie au poison d’antan. Il était inconcevable qu’elle tourne un œil aveugle sur tout ce qu’il s’était passé pendant son absence. Il était temps de remettre de l’ordre dans son royaume, et elle savait que les prochaines heures seraient décisives pour elle et pour tout Metzli. Pourrait-elle seulement conserver les rênes de son royaume ? Elle le saurait dans quelques temps, à la fin de la journée même. Elle n’en ressentait aucune angoisse désormais, simplement de la détermination. Déterminée à faire avancer les choses, à se montrer cruelle si cela voulait dire protéger son peuple et, par-dessus tout, les quelques êtres chers qu’elle couvait d’amour en silence.

Les pleurs de sa cousine n’en finissaient pas, comme si elle les avait contenus pendant tout ce temps, gardant la face pour ne pas montrer son chagrin. Son visage gonflé par le sel de ses larmes, elle conservait sa tête enfouie contre elle, secouée par des sanglots tapis jusqu’alors. Maintenant qu’elle était en compagnie de sa propre famille, libre de laisser court à ses émotions, elle lâchait prise. Tandis que les larmes de la jeune femme coulaient sans discontinuer, Midona la tenait fermement contre elle, la berçant presque dans ses bras, comme l’aurait fait une grande sœur. Les deux jeunes femmes avaient le même âge pourtant. Les minutes passèrent, lourdes de chagrin, avant qu’elle ne se redresse pour lui parler à nouveau, la voix brisée, fluette.

« — Nous les trouverons, Talia. Nous les trouverons et ils payeront pour ce qu’ils ont fait. Il est hors de question que tous ceux qui ont mis à feu mon royaume ne soient pas puni pour leurs méfaits. Maintenant que je suis là, je compte bien ramener justice et paix en Metzli. Pour toi, et pour tous ceux qui ont souffert lors de ces dernières lunes. » Elle parlait d’un ton déterminé et d’une voix posée.

Remna Merlyn n’était pas faite de la même trempe que l’était Midona. Sa remplaçante sur le trône et fille du dernier Roi de Metzli, avait un caractère plus effacé que celui de la rousse. Un peu immature sur les bords, elle avait probablement eu des difficultés à tenir les rênes en son absence, mais Midona ne pouvait guère lui en vouloir. La situation avait été compliquée. N’importe qui aurait été en difficulté dans une telle situation, même l’ancienne Princesse de Metzli.

« — Hélas, si j’avais été présente, les choses se seraient passées autrement. » Elle soupira. « Mais il est hors de question de se lamenter, d’accord ? » Elle la secoua très doucement. « Toi et moi, nous sommes du même sang. Nous sommes fortes et nous nous relèverons. Et si nous devons tomber, nous combattrons avant. Hors de question de se laisser abattre, nos opposants n’attendent que ça. » Elle l’embrassa sur la joue, goutant le sel sur sa peau brulante. « Je te le promets. » Une promesse scellée par les larmes.

La Reine Crépusculaire se redressa pour se mettre sur ses pieds, relâchant avec douceur l’étreinte d’avec la jeune femme. Elle jeta un œil par les fenêtres d’où le crépuscule avait laissé place à la pénombre. L’heure de faire face à la meute était arrivée. Il n’était plus question de faire marche arrière ou de fuir. Elle mit la Couronne des Ombres sur sa tête.

« — L’heure est venue. » Sa voix trahissait sa nervosité. « Nous devons faire face. Viens. » Elle lui tendit doucement la main pour l’aider à se relever.