Que le temps pouvait sembler long quand on attendait, boule au cœur. Le mur de l'auberge contre lequel Jodariel s'appuyait depuis déjà deux bonnes heures n'était pas la chose la plus confortable sur quoi elle pouvait se poser. Enfin, c'est pas comme si la comédienne avait probablement dormis sur tout ce qui était possible. Bois, metal, pierre, foin, hommes, femmes, un lit heureusement... Enfin, la liste serait incroyablement longue à citer. Souvent étrangement ça revenait bien plus souvent lorsque la fille Embarr picolait en grande, très grande quantité. Sûrement une pure coïncidence.

Mais même si le trait d'humour qui traversait son esprit faisait du bien, impossible de ne pas continuer de s'inquiéter. Viendrait-il? Tout du moins, viendrait-il à temps? RrrouRrrou était un pigeon voyageur extrêmement rapide après tout, il faisait même parti d'une longue lignée de flèche aérienne. Mais si Robyn n'était pas présent où elle l'espérait par exemple. Au moins s'il recevait la lettre il comprendrait l'urgence. Un message rapide, court mais avec une demande, presque un ordre vue comment elle avait écrit cela. Certes elle n'était pas la plus douces des écrivaines pour les lettres, mais elle mettait toujours un peu de tendresse. Ici, il y avait de la précipitation... Après tout, l'espionne partait demain. Il ne lui restait plus que cette nuit pour faire ses adieux à l'homme qu'elle aimait. Personne qui n'en savait sûrement rien, et c'était bien mieux comme cela. Après tout, impossible de lui dire d'un coup que dans son coeur régnait un profond amour pour l'autre imbécile au sourire de dragueur alors que la mission acceptée pourrait lui ôter la vie à tout moment, ou pire? Non, non. Mais impossible de ne pas lui dire au revoir. Impossible de ne pas lui donner la vérité. S'il y avait bien une personne qui la méritait, s'était bien lui.

Alors la voilà, qui continuait d'attendre, sifflotant un aire paillard au sujet de la charmante Denise et de divers choses pas très Hyliens. Pourquoi avait-elle cet aire abrutie dans la tête? Difficile à dire, en plus Jodariel ne l'avait pas entendu depuis longtemps. C'était la chanson favorite d'un membre du spectacle, mort depuis la Première Lune de Sang... Heureusement ce n'était pas la seule chose dont on pouvait se souvenir de lui, ce serait une cruelle tragédie sinon qu'une chanson paillarde...

En levant le regard, visage sombre, bouche sifflante, la fille Embarr s'arrêta quand elle vit l'arrivée de son Piaf préféré. Toujours aussi charmant, toujours aussi beau. Sentir le contact des mains du Piaf sur son visage avait un côté électrisant, plaisant, même si c'était une étrange façon de dire bonjour. Le tout avec un sourire pincé. Il avait repéré le sac de voyage, et le fils Patel savait. Après tout, lui aussi était habitué des voyages, comme elle. La question venait de façon logique. Si elle partait. Baissant la tête, la jeune Goron ne savait pas vraiment par où commencer. Encore plus maintenant qu'il était impossible de reculer. L'inquiétude de Robyn, la peur qui pouvait se lire... Tout cela lui faisait mal au cœur. Mais c'était une obligation. Pour Jodariel, protéger sa famille, la faire vivre, tout comme faire survivre son père... Tout cela était important. Trop important.

Plus important que Robyn? La question lui restait en travers de la gorge. Si ça ne l'était pas, elle serait sûrement déjà en train de profiter de la vie de la campagne à ses côtés, non? Ce que la vie pouvait-être difficile... Trop difficile pour des gens n'ayant pas commencé en haut de la chaine alimentaire. Pour une fille comme l'espionne, tout avait toujours été plus une question de force, de survie et de combats. Et cela ne s'arrêterait jamais sûrement...

En relevant la tête pour parler, elle fût interrompue par l'humour de son imbécile de compagnon, ce qui la fit rire. Autant le manque de sérieux était attendu, on parlait de l'enfant Patel après tout, mais la plaisanterie? Pas mal du tout. Cela illumina un peu plus son visage.

- Tu lui as offert à mangé c'est ça? Il ne peut s'empêcher d'aimer les gens qui lui donnent des graines! Bientôt ce sera Lord GrrrouGrrrou s'il continu de prendre du poids! Comment il fera pour voler enfin?

Continuant d'afficher un sourire, pour permettre peut-être de la préparer au moment plus sérieux, le visage de Jodariel reprit petit à petit un air plus sérieux. Elle aussi, aimerait éviter une discussion aussi difficile, mais il le fallait.

- Mais oui, je m'en vais, Robyn. Sans vraiment savoir si je vais revenir un jour...

De nouveau elle baisse la tête, se mordant la lèvre, s'en voulant. Est-ce qu'elle avait été trop direct? Oui. Pouvait-elle faire autrement? Impossible, ou alors ce n'était pas dans sa façon d'être, cela aurait sûrement rendu la chose encore plus étrange.

- Je... J'ai un secret à te confier. Un très gros secret que je n'ai révélé à personne de ma famille. Mais que je veux te dire à toi.

Elle fit alors en sorte d'ouvrir grand ses bras, comme pour inviter son ami à la rejoindre pour cette étreinte.

- Mais je ne peux pas le dire à voix haute. Seulement au creux de ton oreille. J'aurais besoin d'un peu de réconfort pour pouvoir le dire sans flancher...

Dit-elle, alors que son coeur lui faisait déjà un peu mal. La boule à l'estomac semblait avoir doublé de volumes. Les larmes sûrement pas très loin de venir. Tout ceci était presque une forme d'adieu, à un être aimé, à un ami, à Robyn. Alors comment ne pas se sentir mal?

Difficile de ne pas voir tout les sentiments qui traversait Robyn. Ne pas voir ses expression, ne pas voir ce qu'il y avait dans son regard, tout les mélanges... Entre la peur, l'incertitude, la colère, la tristesse... Par Hylia, ce que ça pouvait aussi être douloureux de voir ainsi son ami souffrir d'une déclaration comme celle-ci. Ils s'étaient vraiment bien trouvés comme amis, bon sang! A s'inquiéter l'un pour l'autre, à se protéger l'un l'autre, à faire tellement de conneries l'un l'autre... Mais hélas, tout cela, il n'y aura peut-être bientôt plus l'occasion d'en faire si sa mission se passait mal. Rien que d'y penser, impossible pour la Goron de ne pas avoir un haut le cœur de s'imaginer mourir. De s'imaginer abandonner le Piaf.

Mais malgré tout ce que pouvait ressentir le fils Patel, il ne disait rien. Pas de reproches, pas de remontrances, pas de supplication pour qu'elle reste. Non, il l'avait prise dans ses bras, et c'était la chose la plus sincère et la plus douce qu'il pouvait faire à ce moment la. Jodariel avait presque envie de pleurer à cet instant.  Elle ne voulait pas partir. Elle ne souhaitait pas mourir, elle ne souhaitait pas finir en esclave sans jamais pouvoir connaitre autre chose que l'horreur de ce qu'elle avait compris pour ce qu'il se passait chez les sauvages de Yiga. Ainsi se serra t'elle encore plus fort contre son ami, posant sa tête sur son torse avec délicatesse alors qu'il lui demandait de raconter. Préférant rester silencieuse un léger moment, juste histoire de profiter des caresses de ses doigts dans son dos. Il savait comment lui faire plaisir, comment la détendre, c'était peut-être le seul à maitriser aussi bien cette technique. Comme c'était tout autant le seul idiot capable de l'énerver en une seule phrase. Une personne incroyable, donc. Quand enfin Jodariel se senti prête, elle laissa un soupir vider son corps de cet oxygène plein de stresse afin de reprendre sur un air plus sain.

- Je sais que le royaume ne voudrait pas que je te le dise mais... Je m'en fous, de ce qu'ils peuvent penser. Tu es plus important qu'un secret ridicule. Et je sais que je peux te faire confiance avec ma vie.

Dit-elle d'abord, avec une mine mélangeant la colère et la tristesse. Pourtant dans ses yeux, il y avait toute la confiance qu'elle pouvait porter au Piaf. Et elle était totale. Ce fût à son tour de laisser glisser un doigt sur son torse, ayant rappelé un de ses bras qui se trouvait dans le dos de Robyn. C'était sa façon à elle de déposer ses craintes d'une certaine façon. Quelque chose qu'elle ne faisait qu'en de très rares occasion quand elle savait qu'elle faisait quelque chose de fou, mais qu'il était impossible de faire machine arrière.

- Si j'ai réussi à faire survivre ma famille, c'est parce que j'ai acceptée de devenir une espionne. Peu de temps après la première Lune. Je refusais de voir mon père mourir par manque de soin... Mais je suis appelée à une mission difficile, terriblement difficile.

Fermant les yeux, s'imaginant déjà la chaleur horrible du désert et la quantité d'idiot qu'elle devra convaincre, elle soupira une nouvelle fois, un soupire plus lourd.

- Je dois... Infiltré les Yiga. Obtenir des informations depuis leur base à l'ancienne Cité Gérudo. Je ne sais pas pour combien de temps, ni ce qu'ils souhaitent exactement. Je dois être formée par des Gérudos avant d'y aller.

Un léger rire jaune sorti de la bouche de Jodariel alors qu'elle arrêtait de déplacer son doigt sur son torse, pour y réfugier sa tête, étouffant un peu sa voix.

- Je serais seule la bas... Sans ma famille, sans amis, sans RrrouRrrou... Mais le pire, c'est que je serais loin de toi Robyn... J'ai peur... Mais je dois le faire...

Un sanglot traversa le corps de la jeune femme qui se retenait du plus fort qu'elle pouvait de pleurer, même si c'était difficile. Elle en avait marre de salir le devant de son ami à chaque fois qu'elle allait mal.

- Pitié, Robyn... Dit moi que ça va bien se passer... Dit moi que l'on se reverra... J'en ai besoin... J'en ai vraiment besoin...

Elle releva alors légèrement la tête, plongeant son regard dans le sien, se pinçant alors la lèvre pour ne pas craquer. C'était la seule chose dont elle avait besoin actuellement, même si c'était un mensonge, même si elle était amené à passer la pire épreuve de sa vie. Si ça venait de la bouche de Robyn, c'était suffisant.

Il n'y avait pas beaucoup de personnes dans le monde qui pouvaient avoir la force d'assumer l'écoute d'une amie dans la détresse, et de rester la, en tant que pure soutiens. Un simple sourire réconfortant, une étreinte pleine de douceur, et l'oreille la plus attentive qui puisse exister. Jodariel avait eu la possibilité de sortir tout ce qu'elle avait à dire. Sa mission, sa peur, l'envie qu'on la rassure... Son coeur était maintenant libéré d'un immense poids, celui de garder un secret, le secret d'une mission qui pourrait la tuer, ou pire, la détruire dans on essence même. Mais il restait encore tellement de négativité en son sein dont il était si difficile de se séparer. Elle n'était encore qu'une jeune femme pour une Goron. Une jeune fêtarde  dont les peines surpassaient les moments de bonheurs. Avec une liste qui ne faisait que de continuer à s'allonger, prise dans une spirale horrible. Pourquoi le monde allait si mal, alors que la vie avait déjà été si difficile? Avoir connue la pauvreté, la faim, les bandits, la lune de sang et maintenant... Les Yiga. Hylia aimait-elle ainsi mettre ses croyants à l'épreuve?

Une épreuve qu'elle devrait affronter seule, mais pas sans avoir eu, avant, le soutient le plus précieux qu'elle puisse obtenir. Celui d'un ami, d'un confident, d'un amour caché. Robyn Patel. Alors que le silence régnait depuis quelques secondes après la fin de son monologue, sentir le Piaf reculer vint à lui faire légèrement mal. Même s'ils gardaient un contact physique par les mains. Forcément, elle appréciait cette étreinte, rassurante, mais ainsi face à face en étant observer, Jodariel ne savait pas quoi faire dans ce moment où seul le vent et des bruits lointains se faisaient entendre. Baissant alors légèrement la tête vers le sol, notre protagoniste la releva bien vite face aux premiers mots de Robyn. Le regardant alors droit dans les yeux, puis son doigt, et de nouveaux ses yeux. Qu'allait-il encore trouver à dire pour illuminer l'atmosphère?

Et ce qu'il trouva était amplement suffisant pour arracher le sourire le plus sincère et délicat possible pour la fille Embarr. Même, un léger rire niais s'échappa de sa bouche, la faisant alors pencher délicatement la tête sur le côté entrainant un peu ses cheveux avec ce mouvement. C'était un idiot par moment, mais il y avait tellement de générosité dans son cœur et d'esprit dans son cerveau qu'il était difficile de ne pas aimer ce charmant personnage. Elle le laissa même lui ébouriffer les cheveux sans même réagir. Pas comme si elle s'était spécialement fait une longue coiffure ce matin, alors autant profiter de la chaleur qu'elle ressentait sur le sommet de son crâne...

"Au vue du nombre de tes conquêtes ou tentatives, je suis flattée d'être en pole position mon cher. J'espère tout de même qu'ils ne seront pas trop nombreux à vouloir se nourrir dedans, je doute avoir des mains assez grandes..."

S'exprima t'elle alors, une pointe d'amusement dans sa voix. Trouver le rire à travers la peur ou la douleur pour l'éloigner un peu plus. C'était souvent plus plus facile à dire qu'à faire, sauf quand l'on était bien entouré. Et il n'y avait pas meilleur entourage que le bon fils des Patel et a Seigneurité RrrouRrrou, bien que l'oiseau n'était pas des plus bavards pour un pigeon. Mais l'humour n'était qu'un simple pansement sur une plaie bien plus horrible, et la moindre pensée du futur le retirait si facilement, la faisant se pincer la lèvre de peur. Prenant ensuite à deux mains celle de Robyn qui se trouvait sur sa tête, elle fit en sorte de la baisser, pour porter la chaleur de sa paume contre sa joue. Elle avait déjà bien assez subit sur le sommet de son crâne, d'autres parties de son corps avaient besoin d'un peu de réconfort.

"J'ai tout de même peur que même mon incroyable charme ne suffise pas, Robyn..."

Soupira t'elle, tenant encore la main de son ami qui reprit peu de temps après la discussion en lui demandant de ne pas faire de bêtise. Prévention qui fit ricaner la Goron, surtout provenant du plus téméraires de ses amis. Ami qui enchainait les ennuies aussi souvent qu'elle. Le clin d’œil du Piaf et son sourire la charma un peu plus, pour une Jodariel déjà conquise. Mais sans lui, réussira t'elle à s'en sortir, et inversement?

"Au moins on ne risque pas l'un l'autre d'avoir une mauvaise influence pour faire des pitreries en plein cœur d'un royaume ennemie... Cela risque en effet de m'être utile..."

De nouveau, un léger ricanement sortant de la bouche plein d'amertume de l'espionne qui se mit de nouveau à regarder son ami droit dans les yeux, un léger sourire triste sur les lèvres. Sourire qui se transforma en surprise face à la demande de Robyn. Mais le Piaf semblait si sûr de lui, elle n'allait pas refuser tout de même? Est-ce qu'elle avait déjà refuser quelque chose après tout, qui n'était pas ordre de demandes absurde?

"D'accord, d'accord, je te fais confiance."

S'approchant alors doucement, la jeune dame vint à fermer les yeux, prenant une grande respiration avant de s'avancer et de poser sa tête contre le torse de son ami, l'oreille collée contre sa chemise. Elle pouvait en effet entendre les battements de son cœur. Battait-il toujours comme cela? C'était presque comme une mélodie...

Un

Une nouvelle respiration, plus longue, pour sentir l'aire dans ses poumons, pour sentir le stress diminuer.

Deux

Puis une expiration, en même temps qu'un battement. C'était presque comme suivre un rythme, c'était quelque peu amusant finalement.

Trois

Elle sentait ses peurs s'évanouir à chaque battement, à chaque respiration, à chaque nombre. Comme s'il n'y avait plus que cela dans le monde, dans tout Hyrule.

Quatre

Un bruit sourd, l'aire, des nombres.

Cinq

Un bruit sourd, l'aire, des nombres... Encore, et encore. Jodariel se laissait absorber par cela sans prendre la peine de réfléchir à quoi que ce soit d'autres.

Six

La fille Embarr avait une confiance absolue en son ami. S'il y avait une personne avec qui elle pouvait se montrer aussi vulnérable, c'était bien lui, personne d'autre. Pour quelqu'un d'habituellement forte, qui avait affronté tellement de chose... C'était si rare, mais pourtant, c'était presque naturel avec lui.

Sept

L'on s'approchait de la fin, et pourtant, il n'y avait pas d'arrêt dans tout ce manège si bien huilé. Même nombres de battements, même nombres de respirations, tout continuait avec délicatesse.

Huit

Si seulement la vie pouvait tout le temps êtres aussi facile et apaisante. Si cela avait été ainsi dès le départ de son existence, à elle comme pour lui... Peut-être qu'ils ne se seraient jamais rencontré mais... Auraient-ils été plus heureux sans tracas?

Neuf

Il n'y avait plus de peur, pour le moment. Plus de stress. Seulement trois choses. Le bruit des battements, la respiration, les nombres...Pour finalement sortir à voix basse...

"Et de dix mon ami..."

Les sens sur le monde de Jodariel se remirent alors petit à petit à fonctionner alors qu'elle ne se focalisait plus sur cet exercice.

Pouvoir ainsi se déconnecter du monde, ne serait-ce que dix secondes. Pouvoir profiter du son le plus important possible pour Jodariel, les battements du cœur de son ami. Pouvoir profiter, de manière pourtant si éphémère, de la tranquillité d'un simple exercice. Combien de fois seulement la vie lui avait-elle offert cela? Un petit instant de repos? Oh, c'était beaucoup trop rare pour vingt-neuf longues années de vie. La vie, Hylia... Deux ingrates qui n'écoutaient ni ses prières, ni ses chagrins, ne lui offrant qu'un destin de détresse et de peur.

Robyn lui... Lui en offrait. C'était l'un des seuls à lui en offrir. Comme maintenant. Comme à sa ferme. Comme lors de leurs stupidités... Il n'y avait pas besoin de plus, de mieux quand il était la, car c'était à chaque fois délicieux. Oh, bien entendu que la fille Embarr aurait voulu de plus, toujours plus mais... Ce serait égoïste, et pour celle qui vie pour sa famille, ce n'était pas un défaut dont on pouvait se permettre.

Comme pour les bêtes sauvages, la meute avant tout.

Quand enfin la Goron retrouva vue sur le monde, et surtout, vue sur le Piaf, une immense douceur enveloppa son cœur quand on lui toucha les cheveux pour y déposer des plumes. Probablement celle de son délicieux pigeon domestique. Non, pardon, son délicieux Seigneur des pigeons. Si certains pouvaient penser que ce serait un geste idiot de la part du voleur, ou que cela ne plairait pas à Jodariel, c'est que cette personne se fourvoyait totalement dans le plaisir simple que pouvait avoir la comédienne quand il s'agissait de ses sentiments. Ce n'était clairement pas le genre de personne à vouloir des bijoux à outrance ou de magnifiques robes. L'important, c'était les gestes, c'était l'intention.

C'était le faite de vouloir faire sourire une amie qui allait mal. Une amie qui allait vous quitter.

Alors impossible à cet instant de ne pas sourire. De ne pas être heureuse quand on lui offrait quelque chose de si précieux qu'un souvenir agréable. On retenait encore les larmes qui semblaient toujours présentes à la moindre occasions pour ruiner un maquillage ou mouiller notre peau. On essaye de garder la tête haute, on ouvre la bouche pour laisser une voix pas si cassée que ça sortir finalement.

"Merci, Robyn. Si cette couronne me permet d'être reine même le temps de quelques minutes, c'est alors le plus beau des accessoire que l'on puisse m'offrir."

Jodariel avala ensuite sa salive, essayant de contenir toute sa peine, mais aussi forte soit-elle, ce n'était qu'une mortelle.

Entendre la douce phrase de son ami, le voir pleurer... C'était trop intense pour son jeune cœur. La fille Embarr ne voulait pas le quitter, ne voulait pas le perdre... Avait peur de le perdre... Mais son devoir envers sa famille, envers ce futur maudit... C'était impossible pour la Goron de ne pas y aller...

Comme il était impossible de ne pas enfin se mettre à pleurer...

Pourquoi c'est si dur... Pourquoi...

Alors la jeune femme s'avança délicatement, déposant un simple bisous sur la joue de son ami. Proche de la commissure. Une façon pour la Goron d'offrir un cadeau à sa façon, de dire qu'elle l'aimait, un peu, beaucoup... Sans lui dire que c'était à la folie. De lui offrir un petit quelque chose puisqu'elle n'avait malheureusement rien préparée. Mais n'aimant pas avoir une dette envers quiconque.

"Bien entendue que je le sais, Robyn, et moi aussi." Un doux sourire, trempé par les larmes guettait le faciès de la jeune femme. "On veillerait pas aussi longtemps l'un sur l'autre si on se détestait après tout!"

Puis, pour espérer adoucir les choses, il vint le moment de rire, un peu. Un rire cassé par la tristesse, mais malgré tout sincère. Même si ce je t'aime n'était peut-être pas de la même intensité pour l'une que pour l'autre, Jodariel ne le prenait pas mal. Car c'était les mots les plus doux et délicieux qu'elle pouvait entendre aujourd'hui. Ou qu'elle entendra de toute sa vie. Et rien que pour cela... Il n'y aurait jamais assez de remerciements.

"Mais j'espère qu'à mon retour tu auras trouvé d'autres oiseaux pour faire ta couronne! Je compte revenir assez vite tout de même, et je doute que ce pauvre RrrrouRrrrou apprécie de se faire déplumer avec l'approche du froid!"

Malgré la difficulté de la chose, on continuait tout de même de nourrir la veine graine de l'espoir... Car si la situation pouvait-être critique, si même Jodariel pensait que ses chances de revenir étaient assez faible au vue de la difficulté de sa mission... Il lui semblait inconcevable de briser le cœur de Robyn en lui imposant une fatalité. Après tout, dire que la fille Embarr reviendrait n'était pas vraiment un mensonge... Le destin n'était pas écrit finalement...

"Allons, ne pleure pas pour moi. Je ne compte pas avoir un baissé de rideaux final. Ce serait la plus cruelle des tragédies pour la comédie d'Hyrule. Et je compte bien t'avoir avec moi cette fois pour une pièce."

Un clin d'oeil complice, un plan futile d'avenir qui, bien souvent entre les deux ne se feraient pas, mais surtout, une idiote tentative pour se remonter le moral avant un Au revoir. Avant un Adieu... Mais elle souhaitait tout de même rajouter une chose. Après tout, ce n'était définitivement pas la fin de la soirée. La fin de leur dernier rendez vous. Continuant d'afficher son plus beau sourire, elle leva sa main pour essuyer quelques larmes sur le visage de son charmant Piaf avec son pouce ou son index, avant de tout essuyer sur son torse, un nouveau rire cassé au creux de sa bouche.

"Tu sais je... Je pars demain... Si tu souhaites faire quelque chose cette nuit ou quoi... Je serais heureuse de partager mes dernières heures avec toi. Au moins, dans les moments dure, cette soirée me servira comme un phare."