Into the Wild | PV Fallon

Pour moi la vraie vie
C’est celle que l’on choisit

Robyn sentait la pression s’accentuer sous son crâne au fur et à mesure que ses hommes racontaient l’aventure endiablée qui leur était arrivée quelques heures olus tôt alors qu’il était encore tôt dans la journée.

« Mais … qu’est-ce que vous avez fait bordel ? »

Il inspira pour tenter de se calmer en pressant l’index contre ses tempes, les paupières fermées quelques secondes, alors que le silence retombait sur le petit salon. Tout signe d’enthousiasme avait disparu. Il n’avait pas l’habitude d’hausser le ton mais ... Bon sang ! Il aurait peut-être dû se pincer pour vérifier si c’était bien réel. Préparer une embuscade pour saccager un carrosse venu de Metzli dans l’espoir de récupérer quelques richesses était déjà un acte irresponsable. Retenir contre son gré la jeune femme qui visitait un royaume voisin était bien pire. Où donc Robyn avait-il fait fausse route pour que toutes manières soient laissées de côté ? Certes, ses amis et complices avaient agi avec de nobles intentions, pour l’aider, mais cela ne faisait pas tout.

C’était lui le patron, à lui d’arranger les choses. Il devait aussi vérifier que personne n’avait levé la main sur leur invitée ou l’avait bousculée sans ménagement. Le Piaf réclama une carte afin de découvrir le lieu où la dame l’attendait, c’était une planque pas trop loin de Melka, près d’un petit ruisseau. Ensuite, il demanda à tout le monde de vider ses poches, récupérant la totalité du butin malgré quelques maigres protestations. Il emporterait un mouchoir brodé d’une lettre avec lui comme preuve de sa bonne foi lorsqu’il pourrait tirer les choses au clair. C’était de bien jolis objets, nul doute que cette personne était une dame délicate et élégante comme il y en avait tant à la Cour, bien qu’il n’avait pu que les observer, la plupart du temps. La pauvre devait être complètement terrifiée. La plupart de ses effets personnels avaient été épargnés, au moins, à l’exception d’un bijou et d’une légère déchirure sur une étoffe, si cela pouvait lui apporter un peu de réconfort.

Robyn frappa doucement à la porte pour s’annoncer avant de pousser le battant, ayant déjà fait tourner la clé dans le loquet. Néanmoins, il demeurait un obstacle entre la captive et sa liberté pour le moment : elle en savait trop pour qu’il la laisse repartir aussi aisément, et d’un autre côté, il avait en effet besoin d’informations. Il était devant elle à visage découvert et en tenue simple, évitant la capuche qui lui rappellerait de vilains souvenirs, son regard croisant alors le sien avec autant de bienveillance que possible. L’espace d’une seconde, il se dit qu’il avait vu juste et se félicitait de sa clairvoyance, mais il avait l’habitude de traiter avec les animaux sauvages, et il souhaitait la mettre à l’aise.

Pour moi la vraie vie
C’est celle que l’on choisit

Robyn avait beau n’être qu’un roturier, il avait certaines raisons d’être fier. Il était capable d’atteindre le centre d’une cible avec son arc à une bonne distance. Il savait charmer les gens avec un brin d’intelligence. Il savait trouver de la répartie et rebondir sur ses pieds en toutes circonstances. Pourtant, face au spectacle qui se déroule devant ses yeux, Robyn reste muet. Voilà donc la magie interdite des Twili à l’œuvre. Est-ce que c’était toujours aussi impressionnant ? Il n’avait été témoin que des résultats, lorsqu’il était passé de l’autre côté de la frontière. La forme que prenait ces ombres avait un côté envoûtant et dangereux. Pour être honnête, il était toujours impressionné par les personnes qui faisaient librement usage de leurs dons sans avoir à en craindre les conséquences. Il leva l’index pour tenter de les toucher avant de changer d’avis, coupé dans son élan par la voix d’une jeune fille.

Il avait failli l’oublier celle-là. Robyn n’était pas directement lié à la source de ses malheurs alors il n’était pas certain de la meilleure approche pour la calmer et éventuellement lq questionner. Aussi bien répondre directement à la question. C’était prendre un risque évidemment, si les gars avaient parlé pour se vanter de leur succès, un simple nom pouvait glacer d’effroi cet enfant qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. Dans le cas contraire, il espérait que cela la mettrait en confiance.

« Je m’appelle Robyn. Je ne vous veux aucun mal. »

Les règles de bienséance voulaient que les présentations soient réciproques et les placent sur un pied d’égalité, ou de s’en rapprocher. Néanmoins, seul le silence lui répondait, et pour être honnête, le fermier s’y attendait un peu. La méfiance devait envelopper ce corps frêle de son épais manteau. Il préférait ne pas risquer d’être identifié comme un autre ravisseur pour le moment, pourtant un simple coup de vent risquait de le trahir en emportant le bout de tissu léger qui dépassait de sa poche. Sauf si la clé était assez lourde pour le maintenir en place, brillant légèrement sous le contre-jour. Robyn ne pouvait pas décemment mettre les autres à l’aise lorsqu’il ne l’était pas lui-même et il n’aimait pas du tout cette impression désagréable d’être menacé au moindre faux pas sans savoir ce dont cette femme était capable. Hélas, la peur parlait trop vite pour qu’il puisse laisser place à une suggestion ou à toute autre forme de négociation.

« Arrêtez votre petit caprice pour que nous puissions discuter comme des gens civilisés bon sang ! »

Le Piaf savait faire usage d’autorité lorsque cela s’avérait nécessaire même si certains ne le voyaient sûrement que comme un petit fanfaron. Le ton sec, il avança d’un pas déterminé avec bravoure – ou insouciance – et saisit son poignet pour que ses mains cessent de s’agiter autant, de gré ou de force. Il ne faisait pas usage de violence non plus, il voulait juste qu’elle l’écoute bien attentivement. Ils n’étaient pas de vulgaires bandits.

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C’est celle que l’on choisit

Robyn ne savait pas ce qu’il détestait le plus entre les femmes trop dociles et celles qui au contraire ne savaient pas reconnaître leurs limites. Dans d’autres circonstances, il aurait sûrement admiré le courage de cette Dame, seulement, cela risquait de lui donner du fil à retordre puisqu’elle refusait de le voir comme un allié. Toutes les femmes du pays des ombres avaient-elles donc la fâcheuse habitude de faire preuve d’un tel esprit de défi ? Fallait-il donc revêtir l’armure des chevaliers pour être digne du titre de sauveur ? Pauvre enfant, si seulement elle savait.

« Je suis ce qui s’en rapproche le plus. »

Il y avait une pointe de danger dans son langage et son regard sombre. Il tenait encore son poignet entre ses doigts forts, après tout, presque douloureusement, malgré sa piètre tentative de se dégager. Si le Piaf n’aimait pas faire preuve de violence, il savait d’expérience que cette créature était loin d’être parfaitement sans défense.

« Cela fait deux fois que votre magie ne suffit pas à vous défendre. »

Bien sûr, cela pouvait être un simple concours de circonstance. Les ombres lui collaient à la peau comme un bouclier. Il était possible qu’elle soit en train de les rassembler pour mieux l’attaquer ensuite et s’assurer de pouvoir prendre la fuite malgré un contrecoup quelconque puisqu’elle ne pouvait visiblement pas se fier à sa force physique. Mais si jamais elle essayait, elle se retrouverait face à toute la force de son propre bouclier, un véritable mur de force qui ne saurait plier. Ce n’était pas de la magie interdite, mais ce n’en était pas si loin, à ses yeux.

« Mes hommes vous ont amené ici au lieu de vous laisser pour morte ou nue au bord de la route. Tout le monde en Hyrule ne ferait pas preuve de la même compassion pour une sorcière de Metzli, même si j’admets que leurs manières laissent à désirer. »

Une sorcière encore un peu jeune à son goût, mais il ne jugera pas. Il sortit le mouchoir de sa poche pour prouver ses dires, s’en servant pour tapoter doucement la joue tuméfiée de la jeune fille, sans se soucier vraiment d’avoir son accord ou non. Cela allait laisser une vilaine marque sur sa peau pâle mais un peu de maquillage suffirait à dissimuler le tout.

« Voyez-vous, j’ai besoin d’informations. »

Il ne s’attendait pas particulièrement à recevoir des remerciements, mais il tenait à mettre les choses au clair. Tout ceci n’était qu’un horrible malentendu et il exigerait réparation si cette femme lui en laissait l’occasion, mais il demandait cette monnaie d’échange. Elle avait déjà prouvé qu’elle était capable de faire autre chose que hurler ou lui lancer des couteaux avec son regard. Ses questions resteraient somme toute innocentes alors où était le mal si cela lui permettait de repartir saine et sauve ou presque ?

« Vous êtes libre de refuser. La porte n’est plus verrouillée. » dit-il en penchant la tête dans cette direction, les mains plantées contre ses hanches, la mettant au défi de s’enfuir de toute sa hauteur. Savait-elle seulement où aller ou bien lui donnerait-elle d’autres ordres pour la mener en lieu sûr ? Son carrosse ne l’attendait pas dehors, peut-être juste un cheval loyal qui aurait suivi sa trace, parce que le sien ne risquait pas de bouger alors qu’il n’aimait pas habituellement les étrangers, non, il n’y avait que la forêt et les monstres. Mais peut-être en était-il un à ses yeux ? Dans ce cas, elle ne connaîtrait jamais la raison pour laquelle son voyage paisible avait été interrompu, mais elle pouvait retrouver son monde banal de bonne épouse et lui parviendrait à ses buts autrement. Un léger sourire s’étira sur ses lèvres. Il n’avait pas de temps à perdre avec une parfaite imbécile. Il ouvrit une fenêtre dissimulée dans le coin de la pièce, recouverte de poussière, et prit place sur une chaise, comme si cette situation l’amusait finalement. Il se retrouvait aussi coincé que sa charmante compagnie dans cette étrange situation, n’en avait-elle pas conscience ? Mais peut-être préférait-elle lui envoyer des objets à la figure pour effacer ce qui pouvait être perçu comme un visage arrogant. S’il devait recevoir les mêmes blessures qu’elle pour la satisfaire, soit. Il endosserait ses responsabilités.

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C’est celle que l’on choisit

Robyn ne comprenait pas exactement pourquoi l'ambiance s'envenimait un peu plus à chaque mot qui s'écoulait de ses lèvres. Il s'était montré aussi cordial que possible, dans les circonstances. Il aurait aussi bien pu la laisser moisir ici pendant des heures ou des jours, hein, ou participer à l'attaque pour mieux garder ses trésors, afin que ce mépris soit pleinement justifié. Personne ne risquait de les trouver ici. Il n'était pas complètement stupide, même si son éducation était rudimentaire à tous points de vue, et même s'il en avait peut-être l'air, parfois, pour mieux tromper et arnaquer. Il ne serait pas resté le chef de la troupe très longtemps sinon.

« Un enlèvement ? » répéta-t-il, plus confus que jamais. « ... Moi ? »

Il se pointa bêtement du doigt pour être certain d'avoir bien compris entre deux battements de paupières. Cela n'avait aucun sens. Pourtant. Qui d'autre ? Le silence était la seule réponse qu'il obtenait. L'évidence se dessinait sous ses yeux. Elle était froide et déconcertante. La culpabilité ne l'avait jamais rongé dans son rythme de vie.

« Vous supposez que j'ai tout organisé. »

Il énonçait un fait, et non une question. C'était compréhensible puisqu'il avait parlé de ses hommes et qu'il tenait une preuve entre ses mains, mais ce n'était pas lui qui les envoyait pour autant. À quoi bon tenter de lui expliquer ? Si elle avait choisi de ne pas le croire, tout ce qu'il disait ne changerait rien. Par contre, Robyn espérait que ses actes compteraient un peu dans la balance. Il était venu la chercher. Qu'est-ce qu'elle comptait faire, si la porte de sa cage était restée fermée ? Cela ne faisait que quelques heures et elle était déjà complètement terrorisée.

« Si je voulais vous faire du tort, vous ne pensez pas que ce serait déjà fait ? »

Ce n'était pas faute de le lui avoir annoncé d'entrée de jeu qu'elle n'avait rien à craindre. Le petit bandit lui avait donné son nom, il lui avait laissé voir son visage, sans la menace d'une arme, franchement, elle n'avait pas de raison de se plaindre. D'accord, rien ne l'empêchait encore de demander une rançon. Ce serait un peu compliqué par contre sans connaître son identité.

« Je ne vous ai pas bâillonnée même si ce n'est pas l'envie qui manque. »

Un rictus en coin revint marquer son visage et creuser ses joues. Se moquerait-il d'elle ? Si peu. De toute façon, il était sûrement aussi grande gueule que la Twili, d'habitude. Robyn essayait juste de ne pas envenimer davantage la situation. Bien que cela arrivait sans qu'il ne fasse exprès. Il toussota un peu avant de retrouver son sérieux au lieu de soupirer, mais sa patience commençait à se faire mince.

« Je ne vous ai pas attaché les mains et les pieds. »

Peut-être qu'en continuant d'énoncer des faits qui ne pouvaient être niés, elle verrait la vérité, à son tour, aussi limpide que son reflet dans le miroir. Il ne comptait pas la forcer à lui parler. Il aurait été tellement plus simple de reprendre cette conversation du tout début, sur de nouvelles bases, afin d'éviter ce grand malentendu. Cependant, il n'y avait que dans les contes que le temps pouvait s'écouler de cette façon.

« Je ne vous ai pas arraché tout ce qui fait de vous une personne. » ajouta-t-il un peu amèrement, en fixant le sol.

Du vécu. Cela doit se sentir. Et c'est lui qui se faisait reprocher son manque de politesse ? Cette grande farce lui passa au travers de la gorge. Il se pencha un peu plus en avant sur sa chaise, posant une main lasse contre sa joue, comme s'il avait une énigme devant lui. C'était un peu ça. Il était pris entre l'arbre et l'écorce.

« Qu'est-ce que j'attendais de Metzli franchement ... ? »

La reine Midona avait prétendu pouvoir l'aider, effacer toutes ses dettes, mais en échange d'une quête insensée, parce qu'elle n'avait pas le choix, pas par pure bonté d'âme. D'ailleurs, s'il devait retourner de l'autre côté de la frontière les mains vides, c'est son cou qu'il mettrait en jeu, cette fois-ci, et ça ne l'étonnerait pas plus que cela que la rousse décide de se débarrasser d'un Piaf aussi sot. Il n'avait plus de ses nouvelles depuis un bon moment ... Il espérait qu'il ne lui était rien arrivé de mal quand même. Dans le cas contraire, cela signifiait qu'elle avait bien vite oublié son serment et le petit voleur qui avait croisé sa route. Du coup, il devait se débrouiller tout seul. La routine quoi.

« Tout ce que je voulais, c'est retrouver ma mère. »

Robyn devait faire preuve d'un calme olympien afin de ne pas hausser la voix et l'effrayer de nouveau, ce qui n'était possible que par des années de lourd contrôle afin de garder son secret bien gardé. Il serra les poings. Il avait déjà assez perdu de temps ! Cela ne faisait qu'une année. Mais dans son monde à elle, il n'existait pas, depuis plus de trente ans. Est-ce que Lyssandra accepterait cette réalité et lui laisserait prendre une petite place dans sa nouvelle vie ? Est-ce qu'elle resterait sur ces terres presque hors d'atteinte ? Il en savait foutrement rien. Il ne savait même pas si elle était heureuse, tel qu'il se l'imaginait. Plus heureuse qu'avant ...

« Alors voyez-vous, d'un autre point de vue, ce n'est pas moi qui est coupable d'enlèvement. C'est l'un des vôtres. C'est vous. »

Sa voix sifflante était lourde d'accusation. Il ne l'avait pas touchée et pourtant il avait l'impression de venir de la frapper droit au coeur avec son venin. La magie brûlait dans ses veines tel un appel implorant de réclamer justice. Il lui tourna le dos. Et la tension retomba, en un instant, avant qu'elle ne se soit enroulée trop férocement autour des épaules et du cou frêle de la précieuse courtisane, tandis que des larmes coulaient en silence sur son visage, dissimulé parmi les ombres qui ne pouvaient pas murmurer ce lourd secret à Fallon : il ne faut pas frapper un homme déjà à terre.

Si elle était une sorcière, alors, qu'était-il ?

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C’est celle que l’on choisit

La main déposée contre son épaule apporta immédiatement une touche de réconfort à Robyn, lui qui avait depuis toujours le contact facile, le poids sur ses épaules semblait alors s'alléger et il se détendit tout naturellement, d'autant plus lorsque la belle affirma qu'elle répondrait à toutes ses questions. Il releva un peu la tête et essuya ses larmes avec le mouchoir en soie, avant d'esquisser un large sourire, franc et lumineux, exprimant toute sa reconnaissance. Puis, il reposa les yeux sur le mouchoir en question, et son sourire se rétrécit, juste un tout petit peu. Oh. Il l'avait probablement assez malmené comme ça. C'était trop de luxe pour un homme tel que lui. Il n'avait même pas demandé la permission de l'utiliser. Au moins, il n'y avait aucune tache de sang. Il remit donc le tissu entre les mains de sa propriétaire, les refermant avec délicatesse, autant que possible, pour s'excuser.

« Je suis désolé moi aussi. Avec tout ça, je pense que je ne vous ai même pas présenté de vraies excuses ! »

Il posa une main contre sa nuque, baissant les yeux, visiblement embarrassé. Il commençait à cumuler. Il faut dire qu'il restait un peu maladroit depuis qu'il avait compris qu'il était la seule raison pour laquelle son arrivée en Hyrule ne lui laisserait pas tout à fait un agréable souvenir. Robyn décida donc de se planter à genoux devant la dame pour implorer son pardon, la tête bien basse, comme son père lui avait dit qu'il fallait faire ! Il ne savait pas trop si c'était pour le faire tourner en bourrique, mais au moins il devait avoir l'air sincère. Le Piaf finit par se redresser, le regard mêlé de curiosité et d'espoir, restant assis sur le sol, pour le moment, laissant à la Twili tout le loisir de le surplomber et d'en profiter pour lui lancer ses ombres sous la gorge si c'était ses véritables intentions, en lui faisant baisser la garde, si peu méfiant. La possibilité qu'elle souhaite le dénoncer aux autorités ne lui avait même pas traversé l'esprit.

« Vous voulez vraiment m'aider ? »

Robyn se demanda pendant quelques secondes comment elle pourrait y parvenir si la reine avait eu l'air elle-même un peu embêtée par sa situation. Cependant, ce n'était pas suffisant pour le démoraliser. Qui ne tente rien n'a rien dans la vie ! Et puis Midona ne connaissait pas tout, il l'avait bien compris, même s'il n'aurait jamais eu le cran de le dire tout haut. De toute façon, au point où il en était, le Piaf était prêt à tout essayer. Il était à court d'idées. Il aurait pu demander à sa cousine si elle ne pouvait pas le lancer sur une piste pour rompre un sortilège pareil, mais il préférait que le moins de personnes possible soient au courant de cette affaire. Il ne mettrait jamais en péril la sécurité de sa mère.

« Le problème ... c'est que même si je la trouve ... Elle a été comme ... hypnotisée ? J'ai tellement de questions que je ne sais pas trop par quoi commencer. »

Il se pinça le nez en soupirant. C'était toujours aussi compliqué à expliquer. Ou alors, il ne connaissait juste pas assez de mots pour cela. Il aurait dû commencer par expliquer pourquoi sa mère était devenue prisonnière de Metzli, sûrement, en partie par sa faute, mais il suivait le fil de ses pensées désordonnées. Ces mêmes pensées qui le firent se relever d'un bond avec toute l'énergie dont il était capable pour saisir à nouveau les mains de la jeune fille avec enthousiasme, passant d'une émotion à l'autre comme on change de chemise.

« J'ai une idée ! Toutes vos affaires sont chez moi. Ce serait quand même mieux pour discuter. S'il reste quelqu'un d'autre, on pourra leur tirer les oreilles ensemble, vous en faites donc pas, princesse ! Vous pourriez vous asseoir confortablement et vous rafraîchir un peu. Je suis sûr que ça aurait fait le bonheur d'une petite fille mais vous aviez pas mérité tout ça. Vous êtes quelqu'un de bien. Ah ... Je ne sais pas trop si je pourrai retrouver votre carrosse, et dans quel état, vraiment désolé ... Je l'aurais fait réparer sinon ... D'habitude, les carrosses, ils sont vides. Je vous le jure. J'y comprends rien. C'est aussi confortable que ça en a l'air dites ? »
Mince, il parlait tout seul, là. C'était un trait de caractère qu'il se faisait parfois reprocher.
« Désolé. »

Il rentra légèrement le menton et plongea ses mains dans ses grandes poches, rembruni, le regard quelque peu fuyant, en attendant de savoir s'il devait lui montrer le chemin menant à Melka ou juste la ramener en lieu sûr pour ne plus jamais la revoir. Il n'était pourtant pas du genre timide. Il ne savait juste plus trop où se mettre, le pauvre Robyn. Ce n'était pas un mauvais gars, mais il lui en demandait peut-être beaucoup de le croire sur parole. À moins que toutes ses petites mimiques la fassent rire ?

Il ne savait toujours pas comment l'appeler non plus. Cependant, cette touche de mystère avait un certain charme qui plaisait beaucoup au voleur, lui qui savait à quel point préserver certains secrets était important. Ce serait une marque de confiance qu'il devrait remporter, peut-être, si elle lui en laissait la chance, comme on laisse le soleil percer les nuages à l'horizon.