Dream up something wild and improbable | ft Fallon

Alors que le soleil déclinait doucement à l’horizon, la lourde porte en bois massif de la demeure de Hesediel s’ouvrit devant elle, la laissant enfin pénétrer dans l’enceinte de la demeure familiale. Contrairement à la cour de Metzli, l’air ici était empreint de quiétude et de sérénité qui enveloppa aussitôt la jeune femme, comme pour lui rappeler les moments paisibles de son enfance. Une sensation de soulagement l’envahi, dissolvant toutes les tensions qu’elle avait accumulées durant ces longs mois passés à la cour de Metzli.

Respirant profondément, savourant chaque inspiration qui remplissait ses poumons d’un parfum familier, mélange de senteurs de bois vieillis, de fleurs délicates et d’herbes sauvages, Fallon avança à travers le long couloir. Chacun de ses pas la rapprochait de sa chambre, de son havre de paix, mais aussi du petit salon, dans lequel elle savait qu’elle retrouverait sa famille qui lui manquait tant.

Une fois les douces retrouvailles terminées et qu’il est temps de se coucher, Fallon s’allongea dans son lit douillet et comme durant toute la journée, la jeune ombre se retrouva dans un état d’excitation mêlée d’appréhension. Les draps de soie caressaient sa peau, mais son esprit, lui, était empli de questions tourbillonnantes. Demain, elle passerait l’après-midi avec son fiancé, un homme qu’elle n’avait vu qu’une seule fois, mais qui serait peut-être son compagnon pour le reste de sa vie… La lueur tamisée de la chandelle sur la table de chevet créa des ombres dansantes sur les murs, accentuant l’atmosphère de mystère qui entourait déjà la jeune femme. Elle se perdit alors dans ses pensées, imaginait à quoi ressemblerait la journée de demain, à quoi ressemblerait son futur époux, cherchant des réponses dans l’obscurité de la nuit.

Des questions incessantes se bousculaient dans sa tête. Qui était-il réellement ? Quels étaient ses intérêts, ses passions, ses rêves ? Partageait-il les mêmes valeurs qu’elle ? Serez-vous compatible, capables de tisser un lien solde et sincère ? Et elle… Saurait-elle être à la hauteur de ses attentes et de celle de sa famille ?

Le cœur de la brunette battait la chamade, empli d’une curiosité brûlante. Elle désirait ardemment découvrir chaque facette de la personnalité de Cardan, de son histoire, de ses aspirations. Les mille et une possibilité qui s’offraient à elle résonnaient en elle mêlant un soupçon d’excitation à une légère anxiété… Pourtant, au-delà de ses inquiétudes, elle était animée par une curiosité insatiable qui l’empêchait de trouver le sommeil… Finalement, elle s’endormit des heures plus tard, bercée par l’espoir et la conviction que demain, cette rencontre avec son fiancé sera le début d’une histoire qu’ils pourront façonner tous les deux, une histoire où elle ne pourra que grandir, aimer et construire un futur plein de bonheur et d’épanouissement.

Le lendemain, alors que le soleil était à son zénith, une légère anxiété mêlée d’anticipation parcourue les veines de Fallon. Elle avait pris le temps de se préparer avec soin, choisissant une robe bleue dans laquelle elle se sentait bien, et qui lui permettait de monter à cheval. Elle avait également coiffé ses longs cheveux ondulés et ses jouées étaient légèrement rosées par une touche subtile de maquillage.

Soudain, un coup léger résonna à travers la demeure, réveillant le cœur de la jeune ombre qui battait déjà à un rythme effréné. C’était lui. Cardan. Son fiancé. Fallon resta quelques secondes complètement figée dans le petit salon où elle se trouvait, prise soudainement d’un petit moment de panique, jusqu’à ce que sa gouvernante vienne lui annoncer ce qu’elle avait déjà deviné « Gouvernante - Seigneur Vundhar est arrivé mademoiselle. » Se relevant du petit canapé, la jeune femme avança vers la porte d’entrée et les battements de son cœur s’intensifièrent à chacun de ses pas. Quand finalement, elle ouvrit la lourde porte, il était là. Il était grand, imposant, avec ses traits fins tandis que l’aura qui l’entourait attira immédiatement le regard de la brunette. Le sourire sincère que le Seigneur Vundhar adressa à sa jeune fiancée dissipa instantanément une partie de ses appréhensions. Les mots qui s’en suivirent et son cadeau étaient empreints d’une courtoisie raffinée et de bienveillance. Fallon était jeune, un peu naïve, certes, mais elle pu aussitôt sentir que lui aussi, c’était préparé rencontre. Il portait une tenue élégante, soignée, en parfait accord avec son statut et l’importance de l’occasion.

Le premier sourire que lui adressa Fallon était donc légèrement timide, elle s’efforçait de masque le tourbillon d’émotions qui bouillonnait en elle. Elle saisit néanmoins le bouquet et dit d’une voix douce en s’inclinant gracieusement « Lord Vundhar, je suis ravie de vous revoir. » Se redressant, elle planta son regard dans les yeux clair du brun et tenta de paraître le plus naturel possible. « Bienvenue dans notre demeure familiale. »

Alors qu’ils venaient d’échanger leurs premiers mots, Fallon sentie son cœur battre encore plus fort. Son fiancé avait un charme incontestable et ses magnifiques yeux qui captèrent son regard exercèrent une influence assez troublante sur la jeune femme. Elle perdit momentanément ses moyens, enveloppée par ce qu’elle avait déjà ressenti lors de leur première rencontre : Cardan avait quelque chose de captivant.

Les paroles de l’Ombre devirent alors légèrement hésitantes, trahissant son trouble intérieur. « Avez-vous fait bon voyage jusqu’ici ? La route depuis Romani n’a t-elle pas été trop longue ? » Tandis qu’elle parlait, des rougeurs se dessinèrent sur ses joues, témoignant de son embarras face cet homme et à la situation. Il fallait pourtant que Fallon se ressaisisse et qu’elle retrouve sa confiance habituelle, mais l’effet que lord Vundhar avait sur elle était indéniable.

C’était amusant de voir qu’avec une simple phrase, une tendre affection commençait déjà à s’éveiller, teintée d’une pointe de surprise et d’admiration. La simple idée que Cardan ait précipitée son arrivée pour rejoindre la jeune femme lui réchauffait le cœur d’une douce chaleur. Le regard de Fallon trahit d’ailleurs son émerveillement tandis qu’elle lui souriait toujours. L’imagine de lui, voyageant à travers des paysages pittoresques, pressant la calèche pour hâter son arrivée, éveilla en Fallon un sentiment privilégié. Elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il choisisse de raccourcir son temps de voyage pour être plus rapidement à ses côtés, mais cela la touchait profondément.

Est-ce que la jeune Ombre se faisait déjà des films en s’imaginant que leur impatience partagée était due à leur volonté à tous les deux de construire une relation durable ? Peut-être…

« Je ne crois pas avoir déjà eu la chance de voir quelque chose d’aussi beau. » Répondit la jeune femme à la question du brun. Son esprit s’emplit alors d’une douce envie de découvrir ces horizons lointains, et ses champs de fleurs dont il parlait avec tant d’enthousiasmes, mais aussi d’un léger sentiment de manque face à ses propres expériences assez limitées… Fallon avait été, c’est vrai, plutôt confinée dans les murs et dans le domaine de la demeure familiale, sans avoir eu la chance de parcourir aucune terre éloignée. Ce n’était cependant pas le moment de s’apitoyer sur son sors.

Alors que le Seigneur Vundahr demanda si le cheval de la brunette était prêt à partir en balade, un éclair d’excitation illumina aussitôt les yeux de cette dernière. Un sourire éclatant se dessina même sur ses lèvres alors qu’elle ressentait une joie indescriptible à l’idée de monter à cheval. Les chevaux avaient tous été une source d’émerveillement pour la Twili et Cardan s’en rendrait très rapidement compte. Chaque instant passé sur leur dos, ou simple à pied à côté d’eux procurait à la jeune femme un sentiment de liberté inégalé, une connexion profonde avec la nature et un bonheur pur. « Il est prêt oui. Il nous attend aux écuries. » Pour accompagner ses paroles, Fallon fit un petit geste de la main, invité son fiancé à la suivre.  

Ils se dirigeaient tous les deux vers l’écurie lorsque le Lord se pencha vers la jeune femme. Elle n’avait pas senti qu’ils étaient aussi proches jusqu’à entendre sa voix grave juste à côté de son oreille et de même sentir son souffle contre sa joue. Un frisson électrique lui parcouru immédiatement tout le corps avant qu’elle ne se ressaisisse et qu’à son tour un petit sourire espiègle se dessine sur ses lèvres, réprimant de toute évidence un léger rire. Observant discrètement derrière eux, Fallon compris rapidement qu’il parlait de sa gouvernante et bien qu’il s’agissent d’une vieille femme adorable, l’Ombre partageait le point de vue du brun à son sujet… Elle ne sembla alors absolument pas s’offusquer par sa question et répondit même assez bas pour être certaine que personne d’autre ne pourrait l’entendre : « Ne vous en faites pas, je ne serai pas très à l’aise non plus si je sais qu’elle est juste derrière nous, à nous épier. » La jeune femme avait vraiment envie de vivre ce moment en tête-à-tête avec son futur époux, de pouvoir échanger librement avec lui, sans l’imper d’un tiers qui pourrait potentiellement altérer avec leur intimité. Et pour une raison qu’elle ignore, la Twili fait déjà complètement confiance à son fiancé. Après tout, son père ne l’aurait pas choisi s’il n’était pas un homme bien non ? Sachant donc déjà comment se débarrasser de leur chaperon, Fallon demande avec un air malicieux aux coins des lèvres. « Si vous montez bien à cheval… Elle ne devrait pas être difficile à semer. » Fallon savait parfaitement de quoi elle parlait. La demoiselle retint alors un nouveau rire en se pinçant les lèvres. Est-ce qu’il la trouverait trop effrontée avec cette proposition ? Elle espérait que non.

Alors qu’ils arrivent devant les écuries, les yeux de la brunette se posèrent sur son magnifique cheval, un Frison pur race, qui l’attendait déjà, vibrant d’impatience. Son pelage noir, lustré brillait sous les rayons du soleil et ses yeux pétillants exprimant une excitation contagieuse. Un sourire illuminant son visage, Fallon s’approcha doucement de lui, caressant sa crinière et son chanfrein avec affection. Elle pouvait sentir son souffle chaud contre sa main, et sa présence majestueuse qui semblait lui dire : Je suis prêt, allons-y ! La connexion entre l’animal et sa propriétaire était palpable, une relation de confiance et de complicité forgée au fil du temps. « Je vous présente Cobalt. » Dit-elle en se tournant vers Cardan. Cela pouvait paraître étrange à dire, mais la Twili semblait heureuse de pouvoir présenter son fidèle destrier à celui avec qui elle allait partager sa vie.

Sans attendre plus longtemps, Fallon monta en selle avec détermination et élégance. Sa silhouette gracieuse se dressa fièrement, s’intégrant harmonieusement à la majestuosité de l’animal qui la portait. Elle attrapa alors les reines avant de lui gratter l’encolure. Quand enfin, elle reporta son attention sur son fiancé, elle demanda : « Vous êtes prêt ? » Elle ne sembla même pas s’inquiéter de sa gouvernante qui, un peu plus loin, montait elle aussi sur un cheval, mais qui semblait bien moins énergique que celui de la demoiselle.

Montée sur son magnifique Frison, Fallon resplendissait de beauté et d’élégance. Vêtue d’une robe bleutée dont la couleur chatoyante s’harmonisait avec la nature environnante. Les tissus délicats en soie, glissaient avec fluidité autour de son corps, soulignant sa silhouette délicate. Cette robe mettait même en valeur ses coupes féminines, tout en lui offrant une aisance de mouvement nécessaire pour cette balade à cheval. Ses cheveux bruns, longs et soyeux flottaient dans le vent, tels des rubans d’ébènes qui encadraient son visage souriant.
Cardan était lui aussi monté en selle, et la jeune Twilli l’observa un court instant. Sa posture suffisait à voir qu’il n’avait pas menti en disant qu’il était plutôt bon cavalier, ce qui la rassura un tant soit peu sur la suite de la journée. En effet, l’idée qu’il ait pu lui mentir pour l’impressionner lui avait effleuré l’esprit, mais la jeune femme se sentait à présent apaisée.

Le brun parti le premier. Fallon s’assura que Madame Elsie, sa gouvernante, était prête, elle aussi. Oh, la jeune Twilli n’avait pas oublié son plan, mais si elle voulait que cela passe pour un accident, ils ne devaient pas la perdre de vue trop tôt. Rejoignant donc Cardan en souriant, elle mit finalement son cheval à côté de lui, au pas, et prit la direction de la jolie petite vallée qui entourait la maison familiale.

Alors que leurs montures avançaient tranquillement, l’une à côté de l’autre, Fallon sentit son cœur battre un peu plus fort à mesure qu’elle s’efforçait de calmer ses nerfs et de paraître sereine devant son fiancé. Elle lança d’ailleurs un regard furtif vers lui, essayant de capter son regard sans paraître trop insistante. Il portait une veste, qu’il avait sans doute confectionnée lui-même se dit-elle. C’était peut-être un bon sujet pour entamer la conversation non ? Après tout, le but de cette journée était qu’ils fassent plus ample connaissance, au-delà des apparences.
Glissant une mèche de cheveux derrière son oreille, Fallon prit une profonde inspiration et se lança, espérant que sa curiosité ne serait pas mal interprétée. « C’est vous qui avez confectionné votre veste n’est-ce pas ? Elle est vraiment très jolie. » Fallon sentit finalement qu’il était temps d’aborder un sujet qui l’intriguait depuis un moment. Elle rassembla donc son courage, même si on pouvait toujours deviner à sa voix qu’elle n’était pas bien sûre de comment aborder la question. « J’ai entendu dire que vous étiez un très bon couturier », commença-t-elle, ses joues rosissant légèrement. « Est-ce vrai ? »

Avant d’écouter la réponse de son fiancé, l’esprit de la jeune noble vagabonda vers ses propres rêves et aspirations. Elle ne pouvait s’empêcher de se sentir à la fois admirative et un brin envieuse de la détermination dont avait fait preuve son futur époux pour poursuivre sa passion. Dans son cœur, elle ressentait une pointe de tristesse, car elle doutait pouvoir réaliser ses propres rêves… Son regard se posa sur les magnifiques chevaux qui les entouraient et un soupçon de mélancolie l’envahit. Tout comme sa mère, Fallon rêvait d’avoir ses propres écuries et de s’occuper des chevaux avec amour et dévotion… Mais en tant que demoiselle ainée d’une famille noble et reconnue à Metzli, ses responsabilités et attentes étaient bien différentes. Elle avait été élevée pour être une épouse respectable et n’avait pas vraiment d’autres choix que de se conformer aux désirs de son père pour le mariage…

Les paroles de Cardan se répandirent dans l’air, captivant aussitôt l’attention de la jeune ombre. Elle le fixa d’ailleurs, émerveillée par sa confiance en lui. Elle ne put s’empêcher de remarquer le ton fier de sa voix et l’assurance qui se dégageait du Twili. C’était comme si l’atelier de couture était son royaume et à voir ce qu’il était capable de fabriquer de ses mains, chaque fil et aiguilles obéissaient à sa volonté. L’état dans les yeux bleus de lord Vundahr trahissait une passion profonde, un feu sacré qui brûlait au plus profond de son âme. Fallon le sentait ! Et elle était à la fois surprise et impressionnée par l’ego assumé de cet homme. Elle avait entendu parler de son talent, mais elle ne s’attendait pas à ce niveau de dévotion. Un léger sourire se dessina alors sur ses lèvres, mélangeant sa fascination et son admiration.

« Les aiguilles au creux de votre cœur ? » Répéta-t-elle, les yeux toujours fixés sur lui. « C’est une passion admirable, monsieur. Rares sont ceux qui investissent leur cœur et leur âme dans leur métier de cette manière. Vous devez créer des merveilles ! » Elle sentit alors un frisson d’excitation la parcourir à l’idée de porter les créations d’un homme aussi passionné. Il proposa d’ailleurs aussitôt, après de lui confection sa robe de mariée. Les mots de Cardan tombèrent dans le silence… Une offre aussi généreuse semblait presque irréelle. La jeune femme le regarda, ses yeux s’agrandissant d’étonnement devant une telle proposition.

« Vous… vous feriez cela pour moi ? » Balbutia-t-elle, incapable de cacher sa surprise. Fallon se sentir soudainement émue par cette proposition et son compliment. C’était bien plus d’une simple offre de couture. Elle voyait cela comme un geste empreint de tendresse et d’attention, une sorte de déclaration silencieuse de la dévotion du Twili envers elle. Elle lui offrit alors un sourire radieux, sentant son cœur fondre devant tant de gentillesse. « J’en serais plus qu’honorée, » murmura-t-elle, ses yeux brillants d’émotion. « Merci beaucoup monsieur. »

Malgré la traduction, qui dictait qu’un futur marié ne devait voir sa futur épouse dans sa robe blanche, Fallon se fichait complètement des règles établies et en dépit du fait qu'elle ne connaissait Cardan que depuis peu, son geste généreux de vouloir coudre sa robe de mariée la touchait profondément. C'était comme si, à travers ce simple acte, il avait réussi à percer les barrières de son cœur naissant. Cette marque d'attention sincère la rendait curieuse, créant un lien entre eux bien plus puissant que n'importe quelle formalité sociale. Elle se sentait émue et reconnaissante, découvrant lentement que derrière l'assurance de ce couturier réputé se cachait un homme capable de gestes d'une tendresse inattendue.

Ce fut alors au tour de Cardan de se montrer curieux. Il lui demanda si elle aussi aimait coudre. La question rendit la jeune femme un peu nerveuse et ses yeux se posèrent su Cobalt un bref instant. Elle semblait fouiller ses pensées pour trouver les mots justes. Des souvenirs de son enfance resurgirent, doux et poignants. Elle se remémora les matins où elle se levait aux premières lueurs de l’aube pour s’occuper des chevaux en compagnie de sa mère, de l’odeur enivrante du cuire des selles et le bruissement apaisant des champs dans la brise matinale. « Je ne suis pas très habile avec une aiguille et du fil. » Commença-t-elle doucement, son sourire exprimant à la fois une humble admission et une fierté pour sa véritable passion. « Mais j’ai une passion, oui. Celle des chevaux. Ma mère m’a transmis cet amour lorsque j’étais enfant. Elle me répétait que l’âme d’une personne peut être trouvée dans le regard d’un cheval, et je crois en cela. Les chevaux ont ce don de comprendre nos émotions et de nous apaiser en quelque sorte. J’aime me perdre dans leur monde et sentir le vent sur mon visage lorsque nous galopons à travers les plaines. C’est un sentiment de liberté et une connexion avec la nature que je chéris profondément. » La jeune femme marqua une pause, laissant ses paroles flotter entre eux, espérant que Cardan puisse comprendre l’intensité de ses sentiments. Ses chevaux étaient plus que de simples animaux pour elle ; ils étaient ses meilleurs amis et représentaient l’héritage de sa mère.

À mesure que Fallon partageait ses pensées, elle sentit un flot de confiance l’envahir. Ses paroles semblaient glisser de ses lèvres avec une aisance naturelle, comme si elle parlait d’un rêve longtemps enfoui. « En vérité, j'aurais aimé posséder mon propre élevage de chevaux. » confia-t-elle, ses yeux s'illuminant d'une lueur passionnée. « Créer un lieu où ces majestueuses créatures pourraient galoper en toute liberté, où je pourrais élever et soigner chaque animal avec amour et dévouement. » Son regard se perdit dans l'horizon, comme si elle visualisait ce rêve dans les moindres détails. « Peut-être un jour.. » ajouta-t-elle, un sourire rêveur sur les lèvres.

Un instant après avoir partagé son rêve avec tant de passion, la Twili réalisa qu'elle s'était laissé emporter par son enthousiasme, dévoilant une part intime d'elle-même d'une manière qui pouvait sembler inappropriée dans ce contexte si formel. Une légère teinte de rouge apparut sur ses joues, et elle baissa les yeux, se sentant soudainement gênée. « Pardonnez-moi monsieur.» Dit-elle précipitamment, essayant de récupérer sa dignité. « Je ne devrais pas m'emporter de cette façon. C'est juste un rêve, après tout. » Elle leva alors les yeux pour rencontrer le regard de Cardan, espérant qu'il comprendrait sa spontanéité et qu’il l’apprécierait malgré sa soudaine réserve.

Si on avait dit à Fallon, que lors de son premier rendez-vous avec son fiancé, il l’aurait interrogé sur sa passion, elle n’y aurait pas cru. La jeune Twili était consciente de son manque d’adresse pour la couture et elle avait même avoué son désintérêt pour cette activité alors que le brun, lui, était un grand couturier renommé. Elle aurait peut-être dû réfléchir un petit peu plus avant de parler. De même, lorsqu’elle révéla avec ferveur son amour pour les chevaux, hérité de sa mère. Alors qu’elle partageait ses pensées intimes, une vague d’enthousiasme l’avait envahi, avant de sentir une pointe de nervosité en se rendant compte qu'elle s'était un peu emballée. Elle avait peur que son audace soudaine prenne un peu de cour l’homme qui la courtisait, mais heureusement, ce ne fut pas le cas.

La connexion que la jeune Ombre avait déjà commencé à ressentir avec Cardan s’intensifia lorsque les mots de ce dernier trouvèrent écho dans son esprit. Lorsqu’il trancha avec assurance en déclarant qu’elle aurait son élevage, un frisson d’étonnement parcourut tout le corps de la brune et ses doigts se resserrent sur ses rênes. Elle leva alors les yeux vers lui, captivée par ses mots qui l’enveloppaient dans une douce chaleur, dissipant toute réserve qu’elle aurait pu ressentir jusque-là. À travers les paroles du couturier, Fallon perçut non seulement l’acceptation de sa passion, mais aussi un profond respect pour ses aspirations. Elle sentit même une gratitude sincère envahir son cœur, déjà reconnaissant du soutien de son futur époux. Touchée par sa générosité, un sourire radieux éclata son visage alors qu’elle lui répondait d’une voix douce : « Je vous remercie, Cardan. Vos paroles me vont droit au coeur. »

Puis, un éclat de malice brilla dans le regard de Fallon. Elle inclina doucement la tête « Je promets de toujours me présenter avec dignité et élégance devant nos invités. » dit-elle, ses lèvres esquissant un sourire taquin. Elle laissa alors échapper un léger rire, consciente de la demande formelle, qui semblait presque comique dans leur conversation pourtant informelle. Oui, malgré son jeune âge et sa fougue, Fallon était bien consciente des attentes de la haute société et savait parfaitement comment s’y conformer. Cardan s’en rendrait compte rapidement.

Leur promenade continua et le Lord suggéra de trouver un endroit pour attacher les chevaux et se reposer un peu avant de continuer leur promenade. Fallon, les yeux pétillants d'une malice enfantine, répondit avec une étincelle dans le regard : « J'ai justement l'endroit parfait en tête, mais... Il nous reste un petit problème à régler. » Elle jeta alors un coup d’œil par-dessus son épaule, confirmant que sa gouvernante était toujours derrière eux, à une distance respectueuse, mais encore trop proche à son goût. « Alors, qu’en dites-vous ? » Ajouta-t-elle, alors que son sourire s’élargissait et qu’elle ne parvenait même plus à contenu son impatience.

Finalement, elle saisit les rênes de son cheval et lança sa monture au galop. Son cœur se mit à battre la chamade dans sa poitrine et l’adrénaline qui pulsait dans ses veines fit frissonner sa peau. Un rire joyeux s’échappa alors des lèvres de la jeune femme tandis qu’elle sentait le vent caresser son visage, laissant derrière eux leur chaperon, incapable de les suivre à une telle allure. En effet, alors qu’ils s’éloignaient au galop, la robe de Fallon flottait autour d'elle tel un voile léger, dansant au gré du vent.

Alors que Fallon guidait son cheval avec assurance, elle se fraya un passage à travers les collines qui entouraient la ville de Psysalis. La piste, à la fois étroite et sinueuse, était bordée d'arbres majestueux, leurs branches s'entrelaçant au-dessus d'eux pour former un tunnel naturel de verdure. Au fur et à mesure qu'ils montaient, la vue sur la ville de Psysalis se dévoilait peu à peu devant eux, révélant ses toits de tuiles rouges et ses tours élancées se dressant fièrement vers le ciel. Une fois arriver en haut, Fallon ralentit l’allure et se tourna légèrement sur sa selle pour jeter un regard en arrière vers Cardan. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres alors qu'elle l'observait, espérant secrètement que l'endroit lui plaisait autant qu'à elle.