Queen of Twilight ••

Midona Vajanská

« Some call our realm a world of shadows, but that makes it sound so unpleasant. The twilight there holds a serene beauty. You have seen it yourself as the sun sets on this world. »

Voilà mes mémoires. Lors des évènements difficiles dans ma vie, il m’arrive d’écrire dans un petit carnet que je garde précieusement auprès de moi. Jamais je ne dois montrer mes émotions, les écrire permet parfois de les extirper un peu de mon cœur. Cela me soulage et m’apaise.

La chronologie de ma vie

An 972, Lune 4, Jour 12 •• Midona a grandi dans le royaume de Metzli où on lui a appris à se comporter fière d’être une héritière des grands sorciers noirs. Elle était l'enfant unique de ses parents. Sa mère mourut l'année de sa naissance, des suites de couche. Elle fut élevée par son père et divers précepteurs. Les relations entre le père et la fille furent tumultueuses.

An 995, Lune 6, Jour 16 •• Midona est victorieuse des Épreuves des Héritiers. Elle devance Xanto Odair, pour son plus grand étonnement.

An 995, Lune 6, Jour 18 •• Couronnement de Midona au château d’Itzal. Le Royaume fête l'arrivée au Trône d'une nouvelle Reine.

An 999, Lune 9, Jour 9 •• Première Lune de sang et nuit de terreur dans tout le royaume.

An 999, Lune 9, Jour 10 •• La jeune Reine sécurise ses frontières, s’assurant une protection contre les monstres ainsi que ses voisins, déterminée à ne pas répéter les erreurs du passé.

An 999, Lune 9, Jour 24 •• Premier contact avec le Roi d’Hyrule et, par conséquent, la Princesse Zelda.

An 999, Lune 10, Jour 13 •• Elle envoie son conseiller et ami, Xanto, en Hyrule pour récupérer des informations.

An 999, Lune 12, Jour 12 •• Elle se rend dans le Royaume d’Hyrule, discrètement et avec l’aide d’Anju Elzo. Son conseiller lui avait dit que le Roi, Rhoam Nohansen, désirait la voir, et elle apprit qu’il accusait son peuple d’être les instigateurs de la terreur de la Lune de Sang. La fille de celui-ci, Zelda, restait davantage sur la réserve, même après avoir entendue la litanie de la Reine des Twilis, sur la souffrance de son peuple et leur innocence dans les épouvantables évènements.

An 999, Lune 12, Jour 28 •• Arrivée à Portua, ville portuaire d’Hyrule, la jeune Reine rejoignit les festivités du Millénaire de l’Unification tout en restant discrète sur sa présence et son statut. Elle se retrouve mêlée à l’attaque de Ganondorf contre le Roi d’Hyrule et s’interpose au péril de sa vie lorsque le Yiga attaque Rhoam Nonhansen. Réduite à livrer un combat en corps à corps, l’homme finit par la transpercer de son trident, juste en dessous de sa poitrine. La douleur la terrassa et elle s’écroula au sol, gisant dans son propre sang, à bout de force. Sa couronne roula à côté d’elle, et Ganondorf tenta de la prendre. Quand il la toucha, la couronne le rejeta vivement, assez puissamment pour le projeter plus loin, dans un jet de lumière. Elle retomba au sol à ses côtés, inerte. Midona tomba dans l'inconscience sur cette dernière image, certaine qu'elle expirait son dernier soupir.

An 1000, Lune 1, Jour 10 •• Réveil de son coma dans la Citadelle d’Hyrule. Les médecins de la citadelle prennent bien soin d’elle et l'aident à se remettre de ses maux. Elle en gardera un violent traumatisme psychologique.

An 1000, Lune 1, Jour 20 •• Sa quête de réponse avec Xanto et Anju débute. Tandis qu’elle les met en recherche d’informations sur sa couronne et la disparition de ses pouvons, elle prend son mal en patience, le temps que son corps se remette d’aplomb.

An 1000, Lune 1, Jour 22 •• Midona nomme Remna Merlyn comme régente pour la remplacer sur son trône le temps qu’elle soit légitime à le rejoindre. Une fois ses blessures complètement guéries, la reine crépusculaire se mit en quête sur les terres de la lumière. Elle rencontra de nombreuses personnes, sous le couvert de l’anonymat, ainsi que la reine de la couronne de lumière également. Tout son temps fut mis à bon escient, le nez dans les différents bouquins des diverses bibliothèques d’Hyrule, cherchant des descriptions de près ou de loin des fragments. Elle chercha sans relâche un indice, en vain.

An 1000, Lune 2, Jour 10 •• Elle recherche des informations sur les fragments d'Ombre et comprend rapidement que la quête sera ardue. Elle rencontre un Piaf qui se présente à elle comme un voleur et tente de l'envoyer sur sa quête.

An 1000, Lune 3, Jour 3 •• Sa quête l’emmènera jusqu'à Ordinn où elle fera la rencontre d'une Goronne sans que cela ne lui apporte beaucoup d'aide. Elle rentre de la Montagne de la Mort épuisée et pessimiste.

An 1000, Lune 3, Jour 5 •• Elle rentre en contact avec un membre des Sheikahs pour recevoir des informations, pensant que des érudits pourraient l'aider davantage. Elle ressortira bredouille, alimentant son sentiment d'échec.

An 1000, Lune 4, Jour 1 •• Deuxième Lune de sang. Midona est accablé d'un terrifiant cauchemar où elle retrouve son ami et conseiller, à sa place comme Roi de Metzli, lorsqu'elle rentre chez elle. Elle vivra plusieurs nuits d'insomnie à la suite de ce cauchemar.

An 1000, Lune 5, Jour 28 •• Elle fut présente, dans l’ombre, au mariage de Zelda Nohansen et de Jacerys Thovald.

An 1000, Lune 6, Jour 1 •• Midona descend jusqu'à Lanelle dans sa quête de Fragment. Elle n'y trouvera rien.

An 1000, Lune 7, Jour 11 •• Rencontre avec Naboris Dragmire avec laquelle un pacte d'alliance est conclu.

An 1000, Lune 7, Jour 15 •• Réception d’une missive anonyme, qui lui conte les difficultés de son Royaume. C'est trop. Midona décide de rentrer, couronne ou pas.

An 1000, Lune 7, Jour 26 •• Elle prend la route jusqu'à Metzli, en compagnie du même Piaf qu'elle avait essayé de missionner, quelques lunes plutôt.

An 1000, Lune 8, Jour 1 •• Midona retrouve sa cousine et conseillère avant de se jeter dans la fosse aux lions. Elle fait ensuite face aux nobles qui attendaient son retour depuis le début de l'année. Le retour est particulièrement difficile. Ce jour funeste fut marqué par la trahison de Xanto Odair et de la destruction partielle de son château par une magie inconnue et particulièrement dévastatrice.

An 1000, Lune 8, Jour 2 •• Elle fut la première au courant quand on trouva un passage secret sous les décombres du château. Elle est bien décidée à en savoir davantage et se prépare à faire face à ce mystère.
Le même jour, elle envoya un ancien acolyte de Xanto, Trascer Citeri, à la recherche du traitre en échange de sa propre vie.

An 1000, Lune 8, Jour 5 •• Son cousin, Zarg, lui fait part de son désir d'en apprendre davantage sur la Confrérie Noire. Elle avait d'autres souhaits pour le jeune homme mais accepte qu'il poursuive sur cette quête, désirant tout autant que lui comprendre ce qu'il s'est passé à Itzal ce soir-là.

An 1000, Lune 8, Jour 10 •• Dans sa volonté de devenir plus puissante, Midona revoit son instructeur, Aleksander Hesediel, pour améliorer sa magie d'ombre.

An 1000, Lune 8, Jour 13 •• Hésitante, elle se rend au chevet de sa cousine qui s'est réveillé de son coma.

An 1000, Lune 8, Jour 16 •• Midona revoit le fils de son instructeur, Sebastian, de façon un peu fortuite. Ils se retrouvent dans une fâcheuse posture qui leur permet d'évacuer d'anciens ressentiments. Elle mettra plusieurs jours à s'en remettre.

An 1000, Lune 8, Jour 18 •• Elle retourne au domaine de sa famille alors que cela faisait si longtemps qu'elle n'y avait pas mis les pieds. L'accueil de son père est glacial mais les mots qu'ils échangèrent lui permis de comprendre certaines choses.

An 1000, Lune 8, Jour 20 •• Midona revoit Anju Elzo, son espionne personnelle, pour la première fois depuis son retour à Metzli.

An 1000, Lune 8, Jour 22 •• En compagnie de Sebastian, elle se rend à Abyssal pour voir les dégâts du port de ses propres yeux, et pour mener l'enquête.

An 1000, Lune 9, Jour 12 •• Xanto est ramené à Itzal pour faire face à la condamnation, la sienne. Midona décidera finalement d'être clémente envers l'homme qu'elle avait autrefois considéré comme son meilleur ami. Incapable de se résoudre à lui donner la mort, elle décida de l'emprisonner dans les cachots d'Itzal.

An 1000, Lune 10, Jour 2 •• Midona rend visite à Xanto alors qu'il est emprisonné. Elle prend conscience qu'elle n'est toujours pas capable de le tuer et qu'elle n'est pas encore prête à faire le deuil de son ami, en dépit de toutes les souffrances qu'il a provoqué. Le même jour, elle en parle à sa conseillère.

An 1000, Lune 10, Jour 21 •• Elle accueille la Reine d'Hyrule pour la première fois à Itzal.

BREATH OF HYRULE

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« This could be the end of everything
So, why don't we go somewhere only we know? » ☾

Le couronnement de l'Héritière Vajanská

Lorsqu'il n'est plus possible d'ignorer le poids de cet immense fardeau
An 995, Lune 6, Jour 18

J’ai réussi. J’ai obtenu la Couronne des Ombres. J’ai supporté son poids sur mes épaules. Toute ma vie durant je n’ai vécu que pour cette épreuve des Héritiers. Je ne comprends toujours pas tellement pourquoi c’est moi qui fus victorieuse. Xanto aurait dû être couronné à ma place, c’était lui qui était destiné à être Roi, pas la petite fille incertaine que j’étais, la jeune Midona qui n’avait pas envie de s’alourdir des responsabilités royales. Alors pourquoi moi ? Est-ce que je le mérite, pour tous les efforts que j’ai réalisé toute ma vie ? Je ne voulais même pas participer à l’épreuve. À quoi bon ? Je n’avais pas de désir d’obtenir cette couronne. Xanto était le meilleur choix. Le seul.

Pourquoi.

Pourquoi.

Pourquoi…

Xanto et moi… Nous avions des projets une fois qu’il deviendrait roi. Il n’avait aucun doute que ce serait sur lui que se poserait le dévolu de la couronne. Et je le croyais. Je n’avais aucun doute sur sa victoire. Il ne pouvait pas en être autrement. Il voulait que je devienne sa Reine et que nous soyons tous les deux régents du Royaume Crépusculaire. C’était son désir et je crois que j’aurais aussi désiré cet avenir. Assurément les deux plus grandes familles de Metzli devaient s’unir.

En tant qu’héritière, je me devais de vivre pour la couronne. Alors au diable mes sentiments ! Même si je ne ressentais pas de désir pour lui, j’aurais certainement accepté d’occuper cette place intime auprès de lui, pour l’avenir de mon Royaume. Mes devoirs vont à la couronne, par mon corps et mon âme. N’ai-je jamais eu le choix ?

Aujourd’hui, j’ai été couronnée. La cérémonie fut grandiose. J’étais un peu embarrassée. Xanto n’était pas là. Il a disparu le soir des épreuves, quand j’ai gagné à sa place. Je ne l’ai pas revu. Il ne m’a pas félicité. Je comprends sa douleur car je sais qu’il tenait à ce trône. Mais je croyais que nous étions amis. Je croyais que j’étais plus importante que la couronne. Est-ce que je me suis trompée ? J’espère qu’il reviendra. Je ne peux pas lui proposer la place à mes côtés, il n’en voudra jamais… Alors peut-être que s’il devenait mon conseiller ? J’ai confiance en lui. C’est un homme fier et orgueilleux mais je suis certaine qu’il désire le bien du Royaume. Je crois qu’il acceptera. J’espère.

Toute la noblesse de Metzli était là. Tout le monde m’a acclamé. J’ai été félicitée par tant de personnes que cela me donne le tournis. S’ils savaient que je suis une fraude, que je n’ai jamais voulu de cette couronne, me respecteraient-ils autant ? Je ne suis même pas certaine qu’ils soient sincères envers moi. Les félicitations me réchauffent le cœur mais je ne sais pas vraiment ce que je ressens, au fond de moi. Est-ce que je suis heureuse ? Soulagée ? Fière ? Ou bien suis-je déçue que les projets que j’avais soient réduits à néant, écrasés par le poids de la Couronne des Ombres ? Je ne peux pas mettre de mots dessus. Je crois… Je crois que je suis sidérée.

Je me suis éloignée des personnes que j’aimais, par crainte qu’ils soient blessés… Non. Il y avait certainement un peu aussi... De l’égoïsme. Je ne voulais pas qu’ils me ralentissent. Si je dois réaliser un mariage politique, si Xanto change d’avis, je suis prête à réfléchir à nouveau à nos projets d’avenir. Je peux faire en sorte d’unir la famille Odair et Vajanska. Nous serions légitimes à gouverner tous les deux, je le sais. Ne pas aimer, ne pas désirer, pour ne pas regretter plus tard mes choix. Je dois me protéger de mes sentiments pour qu’ils ne m’emprisonnent pas plus tard. Je serais mariée à la Couronne d’Ombre, puisque celle-ci m’a choisi, puisque j’ai été victorieuse. Et tant pis si je ne dois jamais connaître le réel amour. Mes devoirs passent avant tout. Oh, Père s’esclafferait s’il me lisait… Moi, qui suis prête à vivre pour la Couronne alors que j’ai passé mon temps à désirer être ailleurs, à désirer être une autre personne.

Je suis la Reine Crépusculaire désormais. Jamais plus je ne pourrais me défausser. Fini les espoirs de vivre une vie à peu près normale, loin des manœuvres politiques et de tout ce que cela implique. Adieu les années presque insouciantes lorsque j’étais Héritière. J’étais une bonne élève, je serai une bonne Reine.

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La débâcle d'une sauveuse

La mort semble si douce en comparaison
An 1000, Lune 1, Jour 20

La lumière est aveuglante. Tout mon corps me fait souffrir. Pourquoi suis-je encore en vie ?

Je ne me souviens pas de tout. Surtout de ses grands yeux gorgés de sang, de son sourire malsain, quand il a transpercé mon corps de son trident. Je suis morte. Je l’étais. Je ne pouvais plus respirer. Je ne pense qu’à cette douleur. Elle a terrassé mon corps et engourdi tout mon être. Tout n’était que douleur et souffrance. Même respirer était douloureux, alors à quoi bon continuer d’essayer ? Facile à dire maintenant que je n’y suis plus. Je me souviens avoir tout fait pour continuer à affluer l’air dans mes poumons. Parce que je ne pouvais pas mourir. Je me souviens distinctement me dire « pas ici, pas maintenant ». J’avais le goût du sang dans la bouche, l’odeur du sang dans les narines, le liquide poisseux coulait de moi sans que je ne puisse rien y faire. Rien que d’y songer à nouveau, mes mains en tremblent et ma gorge se serre. Je suis encore secouée, je le sens. Dans le plus profond de mon être, il a laissé une cicatrice que je ne pourrais peut-être jamais soigner.

Je me souviens… Que lorsque j’ai fermé les paupières, j’ai ressenti une intense colère, une rage sourde, car je n’étais pas censée crever comme ça, en essayant de protéger un homme qui m’avait accusé de tous les maux de son Royaume. Qu’est-ce que cela veut dire de moi ? Que je suis une femme stupide ? Que j’ai tellement besoin d’être aimée, adorée et reconnue, que je peux mettre ma vie en danger pour ressentir l’un de ces sentiments ou tous à la fois ? Quelle stupidité. J’ai alors été aveuglée par l’éclat sombre de ma couronne quand il a essayé de la prendre. J’ai perdu conscience à ce moment-là, certaine que j’avais tout perdu.

J’étais si vulnérable. J’ai perdu. Moi, la femme la plus puissante de Metzli, mise en échec par un renégat. Je me demande encore comment je ne suis pas morte. Dix jours que j’étais entre la vie et la mort, comme endormie mais pas tout à fait. J’ai l’impression d’avoir entendu Xanto venir me voir, Anju également, mais je n’en suis pas certaine. C’est peut-être mon cerveau qui m’a joué des tours. Parce que je ne voulais pas être seule. Quitte à mourir, autant être entourée par des gens de confiance.

Ils sont venus tous les deux me voir cette semaine. Nous avons parlé de ma Couronne qui a perdu tous ses pouvoirs quand Ganondorf l’a touché. Ils étaient consternés. Je ne peux pas leur en vouloir. Je les ai failli et, avec eux, j’ai failli à tout Metzli. Je ne peux décemment pas retourner dans mon Royaume alors que la Couronne est devenue muette. Alors j’ai décidé que je trouverai un Fragment d’Ombre pour raviver l’éclat sombre de ma couronne. Hors de question que je retourne à Itzal tant que tout ne sera pas revenu à la normale. Tant pis si cela me prend du temps. Surement, il doit y avoir des érudits qui connaissent des informations sur les sorciers de Metzli ? Je ne peux pas croire qu’Hyrule ait grandi sans connaitre le Royaume du Crépuscule, peuplés de leurs frères et sœurs d’autrefois.

J’ai décidé que je partirai de la Citadelle… dès que les médecins me laisseront partir. Ils me prennent pour une petite chose faible, cela me dégoute. J’étais décidée à partir le plus vite possible mais ils ont fortement insisté pour que je reste, au moins jusqu’à la deuxième lune, avant de pouvoir monter à cheval. Je ne vois pas de quoi ils ont peur. La cicatrice est moche mais elle a l’air en bonne voie de guérison. Quant aux maux de l’esprit, je leur dis que tout va bien. Je ne sais pas si mes yeux me trahissent mais je ne crois pas qu’ils me croient. Ils ont au moins la décence de ne pas insister. Dès que possible, c’est décidé, je vais aller chercher cette pierre magique et réanimer la Couronne des Ombres. J’ai également envoyé Xanto à sa recherche. J’espère que tout ceci ne sera bientôt plus qu’un mauvais rêve, l’un de ceux que l’on peut balayer d’un battement de cils.

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En quête de rédemption

La solitude et l'errance
An 1000, Lune 7, Jour 28

Huit lunes pour quoi finalement ? Des bribes d'informations, de fausses pistes, des angoisses et des cauchemars.

Je profite que Robyn soit endormi pour écrire mes pensées car nous approchons de Metzli et je ne pense pas que j’arriverai à écrire plus tard. Il dort si profondément que je ne pense pas qu’il se réveillera de sitôt. Je ne peux pas tout à fait le lui dire mais je suis très reconnaissante qu’il soit auprès de moi. J’essaye de le lui dire, bien sûr, mais il finit toujours par mal prendre ce que je lui dis. L’angoisse du retour est un peu moins terrifiante avec lui à mes côtés. Je ne sais pas si je pourrais le revoir par la suite, une fois que j’aurai atteint mon but. Je l’espère. Après tout, je lui ai promis que je ferai en sorte de retrouver sa mère. Je n'ai qu’une parole et il a bien mérité que je la tienne. C’est un homme sincère, il ne mérite pas ce qui lui arrive. Je ne sais pas trop pourquoi je l’aide car lui ne m’a pas apporté le Fragment d’Ombre que je lui avais demandé. Il n’est pas utile à ma quête. Mais je l’aime bien, au fond, même s’il est agaçant. J’espère qu’il ne tombera jamais sur ces mots…

Dans quelques jours, je serai de retour à Itzal. Je rentre les mains vides avec une couronne toujours inerte. Ma quête fut un échec. Je suis allée à Ordinn où j’ai rencontré Zarina Hema, une femme qui m’a semblé sincère mais qui ne m’a pas été d’une grande aide. Au moins sur ce sujet-là car la Goronne m’a évité de mourir de chaleur sur la Montagne de la Mort. Ce qui n’est pas mal, tout de même, lorsque j’y réfléchis. Elle m’a dit qu’elle avait cru voir un Fragment d’Ombre au cœur de la montagne mais elle n’était pas certaine et, à mesure que le temps passe, je ne sais plus si je peux la croire. Il faudra que j’aille vérifier cela un jour mais ce ne sera pas pour tout de suite. Les Sheikahs n’ont pas été d’une grande aide non plus. Ils ont même été parfaitement inutile. Comment le Royaume voisin du nôtre, nous a-t-il autant effacé de ses mémoires ? Zelda est une femme juste mais je ne peux pas m’empêcher de ressentir une certaine amertume face à cela. Nous étions des Hyliens, jadis. Le voyage jusqu’à Lanelle ne m’a également rien apporté, si ce n’est de me dire que Metzli me manquait terriblement.

Il y a quelques jours, j’ai rencontré la fille de l’homme qui a essayé de me tuer, Naboris. J’ai été frappée par la ressemblance de la jeune femme, ses yeux… J’ai été parfaitement détestable avec elle, je le sais bien, mais je n’ai pas vraiment confiance en elle. Alors pourquoi ai-je accepté son pacte ? Je n’en suis pas entièrement sûre. J’aimerais que les Twilis puissent vivre en paix et je crains que son père ne nous attaque ensuite. Je désire ardemment me venger de cette ordure qui a essayé de me tuer et qui a provoqué mon exil en Hyrule. Je jure de lui faire regretter toute la souffrance qu’il m’a provoqué. Je le tuerai de mes mains.

Je suis soulagée de rentrer à Metzli mais je suis terrifiée à l’idée de retrouver toute la Cour, après tout ce temps. J’ai si peur de leurs regards. Pourront-ils me reprendre comme Reine ? La tâche a dû être ardue pour Remna, je suis désolée pour elle, son père était bien meilleur Roi qu’elle n’était Reine par intérim. Dans tous les cas, il faut que je rentre. Ma quête est un échec et je ne vois pas comment parcourir tout le Royaume inlassablement me permettra d’y arriver. Je ne sais pas où je vais. À quoi bon ? Je suis écœurée de ne pas y être parvenue. J’entends d’ici Xanto se moquer de moi. Lui n’a pas été aussi reclus. J’ai appris qu’il s’était marié à une femme d’Hyrule. Cela me dégoute. Pendant que sa Reine erre ici, Monsieur prend du bon temps. Il aura intérêt à avoir une bonne raison de ne pas m’avoir mise dans la confidence.

Ils m’ont tant manqué. J’ai tellement peur que ce ne soit pas réciproque, qu’ils me rejettent…

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L'abomination de la trahison

L'affaissement de mes certitudes, l'égarement de mon cœur
An 1000, Lune 8, Jour 2

Je l’ai condamné à mort.
Ce frère qui m’a poursuivi toute ma vie. Je serai sa déchéance et sa disparition. Il ne peut pas en être autrement, pas après ce qu’il m’a fait, pas après la souffrance qu’il m’a provoquée. Je lui faisais confiance, à cet homme, j’ai mis ma vie entre ses mains. Jamais je n’aurais dû être aussi faible avec lui. C’est entièrement ma faute.

Ô Xanto, je jure de te faire souffrir de la manière dont tu m’as fait souffrir, ce soir-là. Je pensais rentrer auprès des miens, retrouver mes proches, mes amis. Je n’y ai trouvé que des visages étrangers, de la rancœur et des doutes. J’aimerais pouvoir me dire que je n’ai pas mérité de tels sentiments à mon égard mais je n’en suis pas certaine. Peut-être ai-je provoqué moi-même cette chute en me comportant comme si rien ne pouvait jamais me toucher. Je suis une femme forte, c’est ce que je pensais, et ce dont je me suis toujours persuadée. Mais est-ce réellement la vérité ? Après ces dernières lunes, après ce retour si difficile, je ne pense plus être si féroce. J’ai envie de me battre mais à quoi bon ? Et pour qui ? Pour le peuple de Metzli qui était déjà prêt à me remplacer pour un autre, plus charismatique et plus mielleux ? Je suis dégoutée, écœurée.

Ce sont des traitres. Tous. Y-a-t-il une personne dans mon propre royaume qui mérite ma confiance et ma clémence ? Je n’en ai plus le sentiment. Seule ma famille est encore digne de celles-ci. Même eux, je ne sais plus si je peux leur faire entièrement confiance. Plus de confiance aveugle pour quiconque. J’ai essayé de me protéger, pourtant, des autres et de leurs sombres desseins. Je suis retombée pleinement dedans, trahie par l’homme que je considérais comme le plus proche que j’avais. Si j’avais eu un frère, il aurait arboré son visage. Oh, que je suis idiote d’avoir cru que j’aurai pu être aimée par un homme pour la personne que j’étais et que je suis. Tout ce qu’il a toujours vu en moi était la couronne. Peut-être que quand nous étions enfants, les choses étaient différentes. Mais j’aurai du prendre conscience qu’il ne voulait que ma déchéance, pendant tout ce temps, depuis le moment que la Couronne des Ombres a coiffé mes cheveux de feu.

Comment faire confiance à nouveau ? Comment ne plus être le pantin de cette paranoïa ? Je n’y arriverais pas. C’est au-dessus de mes forces. Je n’en ai plus, de force, pour continuer à combattre. Si l’absence du Fragment d’Ombre ne semble plus être tout à fait dans les récentes préoccupations, je sais que cela reviendra et que je devrais alors savoir me défendre. Je suis Reine parce que j’ai gagné la Couronne des Ombres, maintenant qu’elle est réduite en morceaux sous les décombres de la salle du Trône, je n’ai plus aucune légitimité.

Enfin parmi les miens, je me sens une étrangère. Ils me regardent, ils sont déçus. Je ne suis plus la Reine que j’étais. Je suis différente, trop différente. Ils ne veulent plus de moi. Ils auraient préféré Xanto et je ne peux pas leur en vouloir. Je les ai abandonnés. J’ai cru que je pouvais régler le problème de ma couronne par moi-même mais je n’y suis pas parvenu.

J’ai échoué.

Et j’ai condamné mon frère à la mort.

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Par amour ou par faiblesse

Les regrets d'antan
An 1000, Lune 9, Jour 13

Je ne peux pas le tuer.

Cela aurait été si facile de lui couper la tête. Tout mon corps me hurlait de lui arracher les yeux et de l’écorcher vif pour toute la souffrance qu’il m’avait fait endurer. J’avais envie de lui faire mal, qu’il souffre autant et même davantage. Je le désirais ardemment. Pourquoi devrais-je être la seule à souffrir et à faire le dos rond, accepter mon sort et attendre que la prochaine tempête ne me terrasse ? Pourquoi serait-ce à moi de tout supporter, et accepter la trahison de l’homme que je considérais comme mon meilleur ami, presque mon frère ? Il était l’homme en qui j’avais le plus confiance sur toute cette terre. J’en ai éloigné d’autres, parce que je savais que je pouvais compter sur lui, qu’il était l’homme sur lequel je pouvais me reposer, en toutes circonstances.

Que j’ai été sotte. Idiote !

Je croyais être méfiante mais il semblerait que je l’ai été avec les mauvaises personnes. Je n’ai jamais cru Xanto capable d’une telle traitrise et voilà que je tombe de haut. S’il fut capable de tenter de me renverser, alors n’importe qui pourrait le faire ? Je veux avoir confiance en Talia mais je ne peux m’empêcher de craindre, toujours, qu’il arrive la même chose. J’ai peur. Je suis terrifiée. Horrifiée à l’idée qu’un autre de mes proches puisse me planter un poignard dans le dos. Je l’ai dit à Sebastian et j’en étais certaine, mais je ne peux pas vivre uniquement pour moi-même… Ce n’étaient que des mots, je voulais juste me protéger. De lui, d’eux, des autres, de tous ceux qui peuvent me faire du mal, ou qui risquent de le faire un jour.

Condamné à la prison.

Il pourrit dans les cachots d’Itzal, et c’est probablement ce qu’il mérite. Xanto ne mérite pas de vivre pour ce qu’il a fait. J’entends les murmures de la Cour de Metzli à mon passage. Ils questionnent ma faiblesse. Et comment leur en vouloir ? Même moi, je sais que c’est de la folie de le garder en vie. Ce n’est qu’une preuve supplémentaire de ma faiblesse. Il s’en servira contre moi, comme il l’a toujours fait. Je ne peux pas lui faire confiance. Impossible. Alors pourquoi ne puis-je pas me résoudre à lui ôter la vie pour que le problème ne croupisse plus sous mon château ?

Je ne peux pas le tuer.

Cette phrase qui me hante, je la murmure dans mon sommeil et je m’entends la répéter avec douleur dès que je pense à lui. J’ai l’impression de l’entendre également la nuit, lorsque je me réveille en sursaut, terrassée par les mêmes cauchemars qu’en Hyrule. Mon persécuteur est toujours là, il prend le visage du Twili ou celle du Yiga, en fonction de mes états d’âme et de mes angoisses. Ne parviendrais-je jamais à m’en défaire ? Me suis-je laissée bernée par ses mots ? Je garde une grande tristesse en moi, depuis qu’il m’a avoué -si seulement je pouvais faire confiance en sa parole- qu’il m’avait aimé. Si je peinais à y croire, mon esprit semblait déjà le savoir. Je me sens détruite, vide, depuis. Comme si j’avais perdu une partie de moi, brisée à jamais dans les décombres de mon château, juste à côté des morceaux de ma sublime Couronne. Je ne suis qu’une imbécile, pour n’avoir rien vu ou rien voulu voir. J’en paye désormais le prix.

Par amour ou par faiblesse, je l’ai condamné aux geôles d’Itzal, à la flétrissure dans les souterrains du château qu’il aurait voulu gouverner.

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