More bad things ( Gabriel)

Les yeux posés sur la nouvelle tombe qui venait s'ajouter à celles déjà présente, je laissais un soupir de tristesse s'échapper de mes lèvres. Combien de morts faudraient-ils pour que le Mal s'arrête ? Le sang ne cessait jamais de couler, même au-delà de l'océan. Même si cette guerre n'avait pas été la leur, la nouvelle de la mort du suzerain Cantell était arrivé aux oreilles du village ainsi que la bataille qui y avait fait rage. Si je n'avais pas douté que les victimes avaient eu le droit à une cérémonie sur l'Île du Dragon, j'avais aussi de mon côté prononcer une courte prière pour ces vies parties trop tôt. Malheureusement, il n'y avait pas que les hommes qui semaient la mort mais aussi les monstres. Comme un mauvais présage, peut-être, ils étaient de plus en plus nombreux dans la région. C'était la raison pour laquelle j'étais retourné au village pendant qu'Ari était resté à la Citée d'Ordinn. Pas que je doutais que mes collègues du conseil soient incapables de protéger notre foyer mais c'était surtout que je n'étais pas serein à l'idée de laisser les morts sans vraiment les honorer comme il le faudrait.

- Puisses-tu reposer en paix auprès des trois déesses d'or

Soufflais-je en me baissant pour poser une fleur sur la terre fraichement retournée. Le vent, comme une réponse, faisant doucement voler mes cheveux blancs. Un moment de recueillement rapidement écourté lorsque j'entendis des pas hésitants et une voix s'adresser à moi sur le même ton.

- Kyoga...excuse-moi de te déranger mais il y a un membre royal de la Couronne qui vient d'arriver et...et bien il n'y a que toi de disponible...

C'était bien ma veine. Je n'étais pas vraiment très doué en diplomatie, laissant notre cheffe dans ce rôle mais il serait impoli probablement de renvoyer le visiteur après une si longue route depuis la citadelle. Hochant distraitement la tête, je laissais derrière moi le cimetière pour suivre le jeune Sheikah. En attendant, notre invité avait été installé dans une des bâtisses où la cheffe recevait ceux qui souhaitait lui parler. Une légère odeur de thé flottait déjà dans la pièce lorsque j'y entrais.

- Sir

Saluais-je poliment en m'inclinant, reconnaissant l'oncle de la reine Zelda si ma mémoire ne me faisait pas défaut. Je l'avais simplement aperçue lors de mes visites en compagnie d'Ari à la citadelle mais n'avait jamais eu le loisir de discuter avec lui. Il était curieux de voir le prince ici, je ne me souvenais pas d'une quelconque missive ou peut-être mon amie avait-elle oublié de le mentionner avant mon départ pour Cocorico.

- Je suis navré, notre cheffe est actuellement en dehors de nos murs. Mais si je peux vous aider à résoudre la raison de votre venu jusqu'à notre village ?

Annonçais-je après avoir pris place sur le fauteuil en face de mon interlocuteur. Si c'était au sujet des négociations pour l'indépendance de notre village, c'était un peu compliqué d'y répondre. Mais pour le reste, je saurai probablement me débrouiller pour que Gabriel Nohansen reparte satisfait.

J'espérais que la venue de sir Nohansen n'était pas porteuse de mauvaises nouvelles. Actuellement, j'étais visiblement le seul membre du conseil présent. Ari était à la Citée d'Ordinn pour continuer les négociations avec notre suzerain. Pour les autres en revanche, je ne savais pas vraiment. J'avais entendu dire qu'un groupuscule de monstre avait établi un campement non loin, peut-être étaient-ils partis là-bas ? J'avais l'habitude depuis le temps de ne pas être tenu au courant des mouvements des autres. Pas le moins du monde vexé d’être ainsi mis de côté. Ce n’était de toute façon pas mon rôle de leur demander des comptes. J’avais déjà fort à faire de mon côté depuis la première lune de sang. Ce manque d'information ne m’avait jamais porté préjudice jusqu'à présent ; j'étais d'ordinaire pas celui qu'on appelait pour une entrevue. Toutefois, je restais bien élevé et respectueux envers les membres de la Couronne. Ce dernier avait été bien installé en attendant mon arrivée. Un peu nerveux tout de même - il était plus facile de dialoguer avec un mort - je m'excusais pour l'absence de notre cheffe, expliquant que je ferai de mon mieux pour répondre à la raison de sa venue jusqu'au village Cocorico. Ma nervosité m'avait fait omettre de me présenter dans tout cela. Je me pinçais les lèvres avant de répondre :

- Kyoga Hikoshi. Je suis un membre du conseil.

Précisais-je même si mon interlocuteur avait bien dû se doute que le jeune Sheikah n’était pas aller chercher l’agriculteur d’à côté. Je n'avais pas l'habitude de me présenter aux autres, je devrais probablement faire l'exercice plus souvent afin de me familiariser au monde des vivants. Il fallait être honnête, les esprits qui venaient me hanter durant mon sommeil n'en avait rien à faire de mon identité. Ils étaient juste là pour se soulager ou demander mon aide. La bourde rattrapée, Gabriel avait alors ensuite raconté ce qui l'amenait jusqu'au porte du village des Sheikas. Soulagé de savoir que cela n'avait aucun rapport avec les négociations qui étaient en train de se faire pour la mi-indépendance des nôtres.

- Nous le sommes, évidemment. Ce qui se passe dans le royaume est problématique pour tout le monde. Il n'est guère possible de faire l'autruche. Ici comme partout ailleurs, nous subissons l'accroissement du Mal.

Il était difficile de faire abstraction des maux actuels, mais nous étions un peuple connu aussi pour sa neutralité lors des conflits. Aucun de nous n'avait levé la main pour aller combattre sur l'Île du Dragon par exemple. Les choses peut-être auraient été différentes si la Couronne avait demandé notre aide. C'était tout ce que nous souhaitions finalement, garder notre vie paisible autant qu'on le pouvait. Et nous étions fortement occupé déjà par les monstres.

- Je présume toutefois sir Gabriel, que votre préoccupation est liée aux négociations que notre cheffe a lancées ?

Demandais-je tout de même pour être certains de situer où le problème se trouvait. Il avait beau être venu comme un simple hylien d'après ses propres paroles, il restait toutefois proche de la reine et de son envie de protéger Hyrule. Il était donc utile de garder près de soi ses alliés et de vérifier si leur loyauté était toujours présente.  

Gabriel écouta attentivement le Sheikah devant lui, dans une attitude la plus diplomate possible. L’intérêt de ce voyage n’était clairement pas de venir se confronter au peuple du village Cocorico mais de comprendre leur place sur l’alignement politique du monde et par là, de commencer à forger des liens à nouveaux bénéfiques pour la Couronne.

Depuis longtemps, présumait-il, aucun prince hylien n’avait rendu visite aux Sheikah, ce qui voulait dire que lui, Gabriel, était sûrement en train de faire date dans l’histoire du village. Il était malheureux toutefois d’admettre que cette visite ne se faisait qu’en raison du réveil de forces maléfiques. Il avait fort ruminé sur le temps du voyage. Le prince n’avait informé que peu de personnes de son déplacement, pas même la reine. Mais le retour des troupes en Hyrule et le vacarme que cela engendrerait lui était profitable et à ceux qui voulaient être discrets.

Mais maintenant, il était à présent devant l’un des conseillers Sheikah et le prince devait commencer à le situer. Il n’avait vu de Sheikah que de très loin et tout ce qu’il savait d’eux, c’était la guerre intestine contre la Couronne et le récent mouvement qu’ils avaient engagé pour obtenir plus d’indépendance. Que voulaient-ils exactement ? La confiance en la Couronne ou en le suzerain d’Ordinn avait-elle était brisée depuis que le village subissait les assauts des monstres ? On aurait pu prendre Gabriel pour un médecin mais il était important pour lui de situer tout cela clairement dans son esprit. Il était clair qu’il appartenait à un camp, celui d’Hyrule et il espérait grandement que son attitude, peut-être inquisitrice, n’allait pas gêner le Sheikah devant lui, présumant qu’il était du même camp.

- Sir Kyoga, il y a bien des choses qui me préoccupent. Hyrule a été profondément bouleversé en trois ans de temps et beaucoup de choses semblent encore changer. Je suis attristé de le dire mais le pays de mon enfance n’est plus aujourd’hui et cela me préoccupe. Nous avons perdu notre roi, mon frère Roham alors qu’il défendait vaillamment le royaume. Dans toutes mes préoccupations, il y a bien plus que l’intérêt de ma famille ou de mon nom, mais bien le sort entier de tout le pays : des Hyliens aux Sheikah en passant par les Zora, les Gorons, les Piafs, les Kokiri et même encore les Gerudos.

Gabriel jouait peut-être sur la corde sensible mais tout ce qu’il disait à ce Sheikah, qui lui était pourtant parfaitement inconnu quelques minutes auparavant, était vrai. Vieux qu’il était, Hyrule avait tant changé que cela l’impactait beaucoup. Au diable avait-il envoyé sa méfiance naturelle. Les champs, les forêts et les bois de son enfance semblaient s’être évaporés dans un lointain passé dont il avait définitivement perdu les clés. Des Nohansen, il était devenu le plus vieux, et charge à lui de prendre soin de ces derniers. Cela impliquait de prêter main forte à sa nièce et de sillonner le royaume pour raffermir ses partisans.

- Mais excusez-moi, je m’éloigne de votre question. Il était important que cela soit clair entre vous et moi. Kyoga, la situation est en effet préoccupante mais sachez que je ne viens pas dans le but de vous réprimander. Je crois bien que la violence entre nos peuples n’a jamais été la solution, ainsi je ne lèverai jamais l’épée sur un Sheikah.

Il s’arrêta un instant, le temps peut-être de faire méditer à Kyoga les paroles que le prince avait prononcées.  

- Je pense que nous devons parler en hommes libres. Aussi puis-je commencer cette discussion. Sir Kyoga, quelle est votre position vis-à-vis de l’indépendance que demande votre Clan ?

J'avais hoché la tête tout en écoutant l'invité sur ce qui le préoccupait actuellement. Difficile de ne pas comprendre les inquiétudes de son interlocuteur, surtout lorsqu'on se trouvait dans la famille qui gouvernait actuellement Hyrule. Je le croyais lorsqu'il se disait soucieux du bien être de chacun. Il n'y avait rien de malsain qui se dégageaient de Gabriel. Nostalgique d'une époque où la paix régnait sur ses terres, qui se transformaient actuellement de plus en plus à cause des guerres, des alliances et du sang trop versés qui souillaient les prairies. Le défunt roi avait aussi périt en voulant protéger son peuple, une vie payé pour avoir lever le bouclier magique alors que le Mal se trouvait à la porte de son royaume. Ce n'était pas n'importe quelle menace qui frappait Hyrule, il était vicieux et incontrôlable. Je n'avais pas été absorbé par le rêve étrange que mes camarades avaient eu lors de la seconde lune de sang qui était apparu. J'en avais eu simplement des histoires, qui pouvaient paraître invraisemblable mais certaines victimes ne s'étaient jamais réveillées cette nuit-là. Sans compter la disparition en même temps des pouvoirs, comme si il avait fallu les donner pour que ce songe réaliste se fasse. Des théories avaient fusées naturellement au sein de conseil Sheikahs mais rien de concret au final car il n'y avait pas eu assez d'éléments pour comprendre. Une seule décision fût prise : être encore plus prudent. Que cela soit avec les monstres ou les êtres humains. Après tous les yigas étaient en réalité un clan qui recrutait de gré ou de force alors qui pouvait dire si la personne en face de vous n'était pas un traitre ? La méfiance n'avait fait qu'augmenter en prime et même si je doutais que Gabriel se serait fait corrompre, je restais sur mes gardes.

- Je l'espère bien. Je n'ai pas envie de déclarer un accident diplomatique.

Soufflais-je à la suite de la mention des tensions qui existaient entre les Sheikahs et la Couronne. Toujours présente cela dit depuis toutes ces années. Même l'idée que le frère du défunt roi vienne nous réprimander, était assez comique. Nous n'étions pas des enfants mais un peuple à part entière qui ne souhaitait que vivre pleinement, tranquillement sans avoir rien à demander à personne d'autre qu'à la Couronne dont malgré tout elle restait loyale. C'était d'ailleurs par loyauté que notre clan s'était retrouvé persécuté par sa propre alliée. C'était du moins ce que racontait les anciens parchemins.

- Pardon ?

Je ne cachais pas ma surprise. Ne m'étant pas attendu à cette question. Que l'on me demande mon avis sur un sujet que le conseil avait voté. Mais peut-être que le terme de vote échappait à un membre de la royauté après tout. Pas du tout à l'aise ceci dit de devoir partager mon opinion alors que j'étais d'accord avec Ari sur son projet d'indépendance et l'avait même aidé à convaincre les autres membres. Je ne savais pas vraiment sur quel terrain je devais aller, la pente me paraissait glissante dans n'importe quelle direction.

- Et bien même si ce projet a pu vous paraître surprenant et je le conçois très bien. Je...

La porte s'était brutalement ouverte, m'interrompant dans mes paroles, pour laisser entrer l'un de mes confrères qui était blessé à la tête. Je me redressais avant de m'approcher.

- Que s'est -il passé ?

Demandais-je tout en aidant l'homme à s'asseoir et en lui versant ensuite de l'eau dans une tasse. Je le laissais boire et reprendre ses esprits, l'inquiétude me faisant toutefois froncer les sourcils. Il me semblait que lui et quelques Sheikahs étaient partis en patrouille vers l'Est à la suite d’informations concernant la présence de monstres dans cette partie de la région.

- Nous sommes parties patrouillés vers l'Est. Il n'y avait rien de bien méchant juste quelques bokoblins et moblins. Mais un Mal plus dangereux avait élu domicile et notre combat avait dû le réveillé. Un Hinox nous ait tombé dessus par surprise. On a réussi à le semer mais il nous a bien suivis sur quelques kilomètres...Malheureusement, nous avons perdu quelques guerriers.

Je restais quelques instants figés. Un hinox qui se rapprochait du village, ce n'était pas bon. Surtout s'il trouvait un endroit où se rendormir il pourrait se réveiller et tuer encore une fois.

- Combien ?

- Kyoga...

- Combien ?

Répétais-je avec cette fois plus de dureté dans la voix. Je savais que nos camarades tombés avaient été laissés derrière. On n'avait pas vraiment le temps de les ramasser dans une fuite. L'homme savait très bien pourquoi je posais cette question et ça ne lui plaisait pas ce que je comptais faire ensuite.

- Trois mais tu...

Ne le laissant pas parler je me tournais vers notre invité, que j'avais dû abandonner. J'espérais qu'il ne l'avait pas mal pris.

- Sir Gabriel, je suis navré je vais devoir écourter notre entretien

Je m'inclinais respectueusement avant de me diriger vers la sortie.

- Kyoga c'est trop dangereux d'y aller tout seul !

Je me stoppais dans ma marche, me retournant à demi vers celui qui venait de m'appeler.

- Je ne suis jamais seul.

Rétorquais-je d'un air sombre avant de continuer mon chemin, l'entendant supplier Gabriel de m'arrêter. Qu'il essaye tiens. Oncle de la reine ou non, j'avais pris ma décision et il était hors de question de laisser les Sheikahs se faire dévorer. Je devais les ramener en un seul morceau afin de pouvoir les enterrer dignement. Puis je m'occuperai ensuite de l'hinox.

La tension monta d'un cran alors que la question de Gabriel semblait avoir été mal reçue par Kyoga. Le prince était venu dans l'optique de prendre le pouls des Sheikah, vis-à-vis de l'indépendance de leur clan mais aussi des aspirations qu'ils avaient pour l'avenir. C'était une chose délicate à exécuter, et la réaction vive de Kyoga lui rappela toute la difficulté de la tâche. Gabriel ne connaissait pas exactement les termes sur lesquels le conseil Sheikah été tombé d'accord. Beaucoup d'autres inconnues subsitaient dans son esprit, beaucoup trop pour lui permettre d'agir avec discernement, dans l'intérêt de sa nièce.

Malgré qu'il sembla heurter le Sheikah par l'imprudence de sa question, le prince hylien continua de le laisser parler. Parfois, il fallait mieux troubler son interlocuteur au prix de quelques erreurs pour mieux saisir les profondeurs de sa pensée. L'homme assis devant lui parut alors quelque peu mal à l'aise et alors qu'il reprenait la parole, Gabriel l'écouta de manière attentive ... Jusqu'à ce qu'un individu fasse irruption dans la pièce et ne coupe Kyoga.

Son écuyer s'agita mais le prince le calma tandis qu'il examinait brièvement du regard l'inconnu. Il était blessé à la tête et respirait fortement, comme à bout de souffle. Kyoga se précipita vers lui et le fit s'assoir puis lui donneau de l'eau. Gabriel ne bougea pas d'un iota mais nota avec quelle compassion le Sheikah agissait avec les siens. Au milieu de cette étrange scène, le prince se sentit étranger.

Après un instant, l'homme parla et la discussion qu'il eut avec Kyoga éclaira le vieux Garde Blanc. Les expressions de son visage se figèrent alors que l'inconnu faisait mention de l'Hinox. La répression d'une bande de monstres anodine s'était finalement terminée en bain de sang général.

La gravité extrême de la situation le poussa à se lever alors que le conseiller Sheikah se dirigeait vers les portes de la salle. Gabriel ne comptait pas rester les bras croisés. Il ne pouvait simplement pas. Il comprit la réaction de Kyoga et lorsque l'autre Sheikah l'implora de l'arrêter du regard, le prince déclina.

- Je comprends vos craintes, mais Sir Kyoga me semble être brave en plus d'être une fine lame au combat. Le devoir qui incombe à celui qui a choisi de protéger les siens ne m'est pas étranger.

Alors que son écuyer comprenait la portée de ses propos, Gabriel lui ordonna de se taire.

- Sir Kyoga, acceptez que je me joigne à vous. Il m'est incapable de rester ici alors que votre village est en danger.

Toute politesse retirée, cela n'était pas une demande. Gabriel tenait déjà le foureau de son épée alors qu'il rejoigniait Kyoga à la porte. Le prince Nohansen savait que sa proposition était audacieuse. Il espérait que Kyoga comprendrait que son acte n'était pas motivée par un besoin de prouver quoi que ce soit, mais par un désir sincère d'aider les siens et de forger une alliance basée sur le respect mutuel.

- En tant que chevalier, j'ai fait le voeu de dévouer ma vie à la protection des miens. Vous venez de dire que vous n'étiez pas seul, et cela est vrai. En tant que prince, je reconnais mon devoir de venir en aide aux alliés de la Couronne.

Le ton qu'il avait employé le fit craindre de passer pour un homme plus habile de ses mots que de sa lame. Pourtant, Gabriel était plus éloquent à l'épée qu'au verbe. Il scruta la réaction de Kyoga, espérant voir dans son regard la lueur de la compréhension et de l'acceptation.

Sans prévenir l'échange avec le frère du défunt roi avait tourné court. Je ne m'étais pas attendu à voir l'un de mes confrères entrés ainsi dans la hutte, blessé. Mon inquiétude avait rapidement grimpé en entendant ce qui s'était passé, oubliant encore plus la présence de Gabriel parmi nous. Je n'étais pas vraiment connu pour être un hôte impeccable, plutôt celui qui restait dans son coin et ouvrait la bouche uniquement si cela était nécessaire. Plus efficace avec une lame entre les mains qu'avec les mots, je ne comptais pas laisser mes camarades pourrir sur la terre ou finir dans l'estomac d'un Hinox. Je savais très bien ce que je devais faire, même si cela ne plaisait pas au Sheikah blessé. Après m'être excusé auprès de mon invité de devoir le laisser, je m'étais dirigé vers la sortie. Entendant les paroles du plus âgé, je m'arrêtais. C'était bien la première fois qu'un étranger me qualifiait de fine lame sans m'avoir vu combattre. J'étais plutôt l'homme à la chevelure blanche étrange qui trainait près du cimetière. Les mots toutefois m'avais fait plaisir sans que cela ne se voit sur mon visage.

- Je ne sais pas vraiment si cela est recevable.

Et s’il lui arrivait quelque chose ? Je serai le seul à blâmer de l'avoir entrainer dans un tel combat contre un hinox. Ce monstre était peut-être reparti chez lui, mais je n'en étais pas sûr non plus. Il était imposant et se réveillait au moindre bruit. De nombreux contes étaient nés à la suite de son apparition pour faire peur aux enfants et les rendre silencieux lorsqu'il le fallait. Sinon le Hinox allait venir les dévorer.

- Très bien.

Son discours avait fini par me convaincre. Plus nous étions, plus il y avait de chance de revenir sur nos deux pieds. Sir Gabriel était aussi connu pour ses talents à l'épée, ayant servi longtemps en tant que chevalier puis en entrant dans la Garde Blanche. L'avoir à mes côtés me rendait plus confiant dans mon devoir de rapatrier mes camarades. Néanmoins, si j'avais exprimé le fait que je n'étais pas seul, ce n'était pas grâce à la présence d'un allié mais ce dernier n'était pas obligé de le savoir. Tout ce qui était lié aux esprits, ne plaisait pas forcément à tout le monde et loin de moi était l'envie de faire reculer Gabriel dans sa proposition. Mon confrère blessé s'était levé pour se rapprocher de nous, se tournant vers le plus vieux pour le saluer.

- Je vous remercie sir Nohansen pour votre aide. Par les 3 déesses d'or faites attention à vous.

- Ne t'inquiètes pas et va voir les guérisseurs pour soigner ta plaie. Je n'ai aucune envie de devoir creuser une tombe supplémentaire.

Glissais-je avec un léger sourire en coin avant de me détourner pour enfin sortir de là. Je pu constater avec colère les sheikahs qui avaient eu la chance de survivre mais qui se retrouvait blessé. Certains plus gravement que d'autres.

- Je vais récupérer mes affaires, rejoignons-nous à l'entrée du village

Ce n'était même pas une demande mais un ordre. Sans attendre son accord, je rejoignais ma demeure et récupérer mon épée, mon arc et mon carquois. Je fourrais quelques potions dans mon sac et me dirigeais ensuite vers l'écurie où m'attendais Ebony.

- Je vais avoir besoin que tu sois fort mon ami

Soufflais-je en lui caressant le flanc avant de le seller et de monter dessus. Je rejoignais ensuite Gabriel qui m'attendais.

- Votre écuyer vient-il aussi ?

Demandais-je, même si j'espérais que non. Il n'y avait pas besoin d'une personne à surveiller dans l’entreprise dangereuse dans laquelle nous allions. Je serai bien allé avec quelques soldats mais on en avait besoin aussi pour assurer la sécurité du village. Et pas sûr qu’en voyant les autres revenir dans un tel état leur donnerait envie de nous suivre vers l’Est.