— An 1000, Lune 10, Jour 2.
@Xanto Odair

Deux semaines étaient passées depuis le retour du traitre dans les murs du château d’Itzal. Le bouleversement et l’émotion avaient accueillis l’ancien conseiller lors de leurs retrouvailles tragiques. La Reine Crépusculaire avait alors énoncé son verdict, celui de condamner le fils Odair aux cachots et de l’y laisser jusqu’à ce qu’elle se décide à en faire autre chose. Ou pas. Elle restait particulièrement incertaine face à cette réalité. Elle s’était trouvée bien incapable de le mettre à mort, comme elle s’en était doutée. Les mots échangés avaient été particulièrement difficiles à entendre et la rousse restait baignée d’amertume depuis lors. Plusieurs fois, elle s’était surprise à marcher vers les cachots, puis à s’arrêter pour faire demi-tour, changeant d’avis et préférant rester un peu plus longtemps dans la fuite. Elle se contentait de donner ses ordres aux gardes qui avaient pour obligation de ne jamais quitter la cellule du parjure.

Alors que la dixième lune débutait, Midona se surprit, à nouveau, à penser à Xanto. Ses pas l’avaient conduit jusque vers l’aile qui conduisait directement dans les sous-sols d’Itzal, où se terraient les cachots du château. Immobile, elle fixait les escaliers qui y descendaient avec entêtement. Elle n’avait pas tant envie d’y descendre mais cela faisait assez de temps qu’elle tournait en rond et qu’elle repoussait le moment fatidique. Cela aurait été cruel de le laisser aux oubliettes de cette manière. Malgré tout ce qu’il avait fait contre elle, la rousse ressentait une certaine culpabilité mais ne parvenait pas à discerner si celle-ci venait de leur passé commun, ou de la situation actuelle du corbeau.

La rousse s’avança finalement et descendit les escaliers pour rejoindre la cellule qui avait été attribué au félon. Elle avait demandé qu’il ne manque de rien, qu’il soit nourri correctement et qu’il puisse avoir de quoi se laver. Il y avait également un lit correct dans sa prison. Rien de luxueux mais il aurait pu être détenu dans des conditions bien pires que celles-ci. Midona était consciente que les conditions de son emprisonnement n’étaient pas acceptées par tous. Beaucoup ne comprenait pas la raison de cette absence de jugement du traitre à la couronne. Elle craignait que cela entache sa réputation de Reine fière et inflexible, et probablement que cela avait eu des répercussions sur la façon dont sa cour la considérait. Il était au moins certain que le regard qu’on lui adressait était bien différent de celui dix lunes plus tôt. Et pour cause, elle avait tant changé.

Quand elle s’arrêta finalement devant sa cellule, elle hésita à nouveau et dû se faire violence pour ne pas faire volte-face et remettre sa visite à un autre jour. Elle serra les poings, prit une grande respiration pour contrôler le pic d’angoisse qui lui perçait le cœur, puis s’adressa à l’un des gardes qui la salua avec respect. Aucun mot ne fut nécessaire pour se faire comprendre par les deux hommes en armure. Ils savaient bien qu’elle était là pour rendre visite au prisonnier. Aussi, l’un déverrouilla et ouvrit la grande porte en fer qui grinça dans le mouvement. L’autre commença à lui emboîter le pas et Midona lui fit signe de rester à sa place. Il hésita et ouvrit la bouche, certainement pour lui rappeler que l’homme pouvait être dangereux, que ce ne serait pas prudent d’y rentrer seule, et d’autres choses qu’elle trouvait particulièrement dégradante étant donné son statut. Elle avait traversé tout Hyrule toute seule, assurément faire face à son ancien conseiller ne devrait pas être trop difficile, en comparaison.

« — Vous restez à la porte. » Ordonna-t-elle avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit, et le garde fut bien obligé de garder sa place, près de la porte.

Alors Midona entra dans l’obscurité dans laquelle baignait la pièce d’un pas fébrile. Ses prunelles se fixèrent rapidement sur une ombre. Trop tard pour hésiter, désormais.

« — Xanto. » Sa voix était comme un murmure, comme une prière silencieuse.

D’innombrables discours lui étaient passés par la tête ces derniers jours et elle les avait tant ruminés qu’elle était bien incapable de trouver quoi que ce soit à lui dire maintenant. Les derniers mots qu’ils s’étaient échangés, avaient été les siens.

Par amour.

« — J’aurais probablement dû venir te voir plus tôt mais je n’ai pas réussi. » Elle fit front d’honnêteté. Après tout, elle n’avait jamais été une habile menteuse. Contrairement au corbeau face à elle.

L’accueil reçu était bien moins véhément qu’elle n’aurait pu imaginer. Xanto ne semblait plus déborder du même fiel que quinze jours plus tôt. À vrai dire, Midona non plus. Elle ne savait plus tout à fait quoi penser de lui. Elle l’avait aimé puis elle l’avait haï, du plus profond de son être. Et maintenant ? Elle ne savait plus ce qu’elle ressentait à son endroit. Du regret certainement, d’être à sa place tandis qu’il était à la sienne, alors qu’ils auraient pu se tenir tous deux au même endroit et ne pas souffrir de la place de l’autre. C’était ce qu’elle s’était imaginée pendant cinq ans mais toutes ses certitudes avaient volé en éclats. Oh, elle n’était plus sûre de rien désormais. Et cette incertitude était difficile à concevoir tant elle avait besoin de contrôle sur sa vie, pour s’assurer que tout se déroulerait parfaitement bien. Mais cela n’avait jamais été une réussite chez la jeune femme, à la lumière de cette année qui avait été pleine de rebondissements et de déception.

Son ancien ami était bien plus présentable que la dernière fois qu’elle l’avait vu. Il était propre et sentait le savon, cela embaumait agréablement la petite pièce sombre. La rousse savait qu’il était bien traité et qu’il ne faisait aucune vague. C’était même un peu louche venant d’un homme tel que lui. Xanto n’était pas du genre à se soumettre et à attendre que le temps passe. Pour autant, elle savait qu’il avait été surpris par sa clémence et espérait que cela l’encouragerait peut-être à être reconnaissant. À moins qu’il ne soit enfoui trop loin dans sa haine pour le voir. Elle n’en n'était pas certaine car son regard semblait moins dur sur elle. À moins que ce ne soit le sien ?

Elle le laissa parler, et se plaindre de façon sarcastique, de son enfermement. Ses gardes ne devaient pas être une présence très agréable pour le parjure, elle savait que la plupart désirait ardemment qu’il ne soit plus de ce monde. Heureusement que Midona savait se montrer convaincante quand il s’agissait de menacer. Il n’avait pas eu de visite non plus, elle avait interdit à quiconque de s’approcher de la cellule sans son aval. Il était hors de question qu’il monte d’autres personnes contre lui. Et dans ce même état d’esprit, elle s’assurait qu’un garde ne reste pas trop longtemps auprès de lui. Il était absolument hors de question qu’il se serve de sa langue de beau parleur pour se tirer de sa cage.

Il évoqua la lumière d’Hyrule et la rousse fit la moue. Le Royaume de Lumière ne lui manquait pas, la vie en exil ne lui manquait encore moins. Les personnes qu’elle y avait croisés, cependant… Elle avait été surprise de la bonté de certains. Sa position hiérarchique lui avait privé de certains liens avec autrui et la rousse avait bien été forcée de s’ouvrir aux autres pour survivre à la solitude et pour avancer dans sa quête. Si elle avait été particulièrement reluctante à cet exercice au début, elle en était désormais satisfaite car elle ne s’était pas sentit si vivante depuis très longtemps.

Il ne se leva pas pour l’accueillir, et Midona resta debout face à lui, ses mains gantées ramenées sur son ventre, ses doigts entrelacés. Elle était tendue. Mais la tension ne venait pas du fait qu’elle se retrouvait seule avec lui. Non, cela elle l’avait désiré. Elle était plutôt anxieuse de devoir, à nouveau, faire face à ses prunelles cristallines qui ne cessaient jamais de le hanter.

Qu’était-elle venue faire là, finalement ? Elle n’en était pas tellement sûre. La volonté de savoir, de comprendre, le comportement de son ancien ami. De revenir peut-être sur les mots échangés ? Et il y avait aussi la question du fragment d’ombre que Xanto était censé avoir en sa possession. Sauf qu’il ne l’avait plus, les gardes l’avaient fouillé. Elle voulait savoir ce qu’il en avait fait et quelle autre idée il pouvait avoir en tête. Par-dessus tout, elle voulait qu’il lui parle. Il n’avait rien d’autre à faire.  

« — Tu ne t’en doutes pas ? » Elle répondit par une interrogation, car elle n’était même pas certaine de savoir pourquoi elle était là, ni quel sujet aborder en premier.

Un léger silence s’en suivit, pendant lequel la rousse le dévisagea. Xanto n’était pas un homme particulièrement bavard. Et elle n’était toujours pas certaine que tout ce qu’il lui avait dit était vraiment réel. Peut-être était-ce cela finalement, la raison de sa visite, pour savoir si son ami était damné à tout jamais, ou s’il restait encore du bon en lui. Difficile de ramener le sujet après tout ce temps, même si les échanges faisaient toujours écho dans son cerveau.

« — J’ai besoin de savoir… » Sa phrase finit en suspens et la rousse détourna son regard pour fixer une pierre qu’elle ne voyait pas vraiment. « …Si c’était la vérité. » Ses prunelles rejoignirent de nouveau les siennes, incertaine. « J’ai besoin de comprendre pourquoi l’homme que je considérais comme un frère, est allé aussi loin pour me faire du mal. » Elle déglutit. « Est-ce que ça en valait la peine, Xanto ? »

Midona fit la moue, ramena l’une de ses mèches derrière une oreille. Elle avait laissé ses cheveux tomber librement dans son dos et ils étaient désormais assez long pour que ce soit un peu désagréable de ne pas les attacher. Pour autant, elle avait décidé de laisser libre court à ses longs cheveux de feu. Peut-être par simple provocation, en écho au souvenir qu’il avait rappelé lorsqu’il avait été ramené.

« — Si ton compte était bon, tu ne serais plus là. J’avais décidé de faire de toi un exemple. » Énonça-t-elle d’une voix vide. Difficile de savoir quelle émotion la transperçait en ce moment précis.  

Le bon vieux règne de la terreur et des menaces. Tout bon dirigeant de Metzli avait dû les manier. Midona ne le désirait pas. Pas envers lui, tout du moins.

Sa première défense fut le sarcasme. Rien d’étonnant de la part du corbeau. Elle avait l’habitude qu’il use des mots pour déjouer les questions. Il avait toujours été particulièrement habile dans la manipulation par la parole, et la rousse en avait pris d’autant plus conscience qu’elle savait désormais qu’il avait passé beaucoup de temps à lui mentir. Elle n’ajouta rien face à cette arrogance, se contentant de le dévisager silencieusement. Le Twili ne lui semblait pas aussi convaincant que par le passé mais l’homme n’était plus le même et elle ne savait plus tout à fait à qui elle avait désormais à faire.

Il se leva d’un geste lent, qui provoqua une tension supplémentaire dans les mains de Midona, sans pour autant qu’elle ne bouge ou qu’elle ne s’ébranle. Elle n’avait pas peur mais elle se méfiait tout de même de cet étranger pourtant si familier à sa vie. Il ne semblait pas menaçant mais il valait mieux être prudente que morte. Les gardes de la cellule pensèrent certainement la même chose car un brusque carillon d’armures et d’armes retirées de leurs fourreaux lui vint aux oreilles, dans son dos. Xanto, pourtant, resta à bonne distance de la Reine. Il s’était levé pour faire face à elle et la scruter à taille égale. La pensée qu’il ne voulait pas être toisé par la rousse lui fit esquisser un sourire, qu’elle contint dans les recoins de ses joues.

C’était la vérité.

Les soupçons de mensonge liés à la crainte d’être condamné à mort avait mis le doute dans l’esprit de la rousse. Maintenant qu’il lui assénait la vérité de ses mots, la jeune femme en ressentit un brusque sentiment de culpabilité et de chagrin. C’était de sa faute si son meilleur ami s’était éloigné d’elle. Enorgueillie par sa conquête de la Couronne, elle n’avait pas été en mesure de voir la souffrance chez lui. Elle s’en voulait tant. Midona fronça douloureusement les sourcils, le souffle coupé, comme si elle venait de recevoir un violent coup dans les côtes et qu’elle se devait de garder la tête haute et les épaules droites. Elle déglutit difficilement.

Elle était désolée. Accablée de ne pas avoir vu, ou de ne pas avoir voulu voir. Car il était toujours plus simple de ne pas voir la souffrance des autres quand on ne pouvait pas y remédier. Elle avait toujours dit que ses proches étaient importants pour elle, mais elle n’avait rien vu. Elle avait été aveugle à sa souffrance maintes fois. Le retour de bâton paraissait presque juste, sous cette nouvelle perspective. La jeune femme relâcha un peu ses mains lorsqu’elle prit conscience que ses ongles arrivaient à la piquer à travers les gants tant ses doigts étaient tendus les uns autour des autres.

La Reine crépusculaire s’enferma dans un mutisme, dévisageant Xanto comme si cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vraiment vu. Et c’était bien le cas. Quand avait-elle vraiment parlé avec lui, la dernière fois ? Quand avaient-ils été honnête et sincère l’un envers l’autre ? Trop longtemps, assurément. Peut-être que si elle en avait pris conscience plus tôt, elle ne serait pas le geôlier de son ami.

À nouveau, il utilisa un ancien surnom qui eut pour conséquence de faire légèrement rougir la rousse qui, cette fois-ci, détourna son regard. Elle fit quelques pas pour le contourner, se rapprochant de lui par la même occasion. Un mouvement dans son dos lui indiqua que ce n’était pas bien reçu de la part des gardes qui perdaient patience. La rousse les ignora.

« — De grandes choses… Seulement si le corbeau avait été couronné à la place de la corneille. » Croassa-t-elle avec un sourire un peu plus doux. Ces surnoms la ramenaient irrémédiablement à des moments plus heureux de sa vie. « Soyons honnête, tu n’aurais jamais accepté que je te prenne comme Roi, et je suppose que c’est la raison pour laquelle je ne me suis jamais lancée. » Elle eut une légère moue. « Bien trop fier, bien trop orgueilleux, pour prendre cette deuxième place. Ce n’était pas un jeu du destin, mais bien tes propres décisions. »

Midona hésita. Elle avait tant de choses sur le cœur qu’elle ne savait pas comment faire sortir. Debout, face à l’homme ténébreux qui avait tant compté pour elle, c’était peut-être le moment ou jamais de se confesser. Et tant pis s’il utilisait ses mots contre elle, tant pis s’il rejetait ses sentiments. Tant pis car rien ne serait plus comme avant dans tous les cas.

« — Xanto… » Oh, les mots étaient si lourds dans sa bouche et portaient le goût de la cendre. « Si tu t’attends à ce que je m’excuse d’être devenue Reine, sache que cela n’arrivera pas. J’ai obtenu la Couronne dans les règles. Si tu avais été un véritable ami, tu aurais été heureux pour moi. Au lieu de ça, tu as toujours cherché un moyen de renverser le destin. Et voilà où cela t’a mené ! » Une pointe d’agacement dans sa voix, un peu de colère. « Mais… Je suis désolée que tu aies vécu cela comme une trahison. Je ne voulais pas te blesser. Je voulais que tu restes près de moi. » Elle hésita à nouveau. « Tu étais l’homme sur lequel je pouvais me reposer, celui en qui j’avais une confiance aveugle. J’ai peut-être été naïve, mais si je ne peux pas faire confiance à mon meilleur ami, qui peut donc la mériter ? » Son absence laissait un profond vide dans son cœur.

Midona sentait de nouveau la colère dans ses veines à mesure que ses mots la ramenaient aux évènements plus récents et à sa trahison devant toute la cour de Metzli et, avant ça, à sa solitude lorsqu’elle était en Hyrule.

« — J’ai commencé à comprendre lorsque les lunes défilaient et que je n’avais pas de nouvelles de l’homme qui était censé remuer ciel et terre pour sauver sa Reine. Quelle stupidité de compter sur les autres, avec le recul, n’est-ce pas ? J’ai appris cette leçon aussi, grâce à toi. » Elle le dévisageait à nouveau, les sourcils froncés. « Et tu sais ce qui m’a fait le plus mal là-dedans ? » Lâcha-t-elle d’un souffle agacé. « J’ai appris ton mariage avec cette Hylienne et jamais, ô grand jamais, tu t’es rappelé que j’existais. »

La rousse n’avait pas prévu de ressortir cette amertume, mais puisqu’elle était là et qu’il était temps de parler. Elle ne savait rien de cette femme, même son nom lui échappait. Bien sûr, la question de son mariage semblait bien triviale à côté de toutes les autres accusations du corbeau. Mais Midona avait été particulièrement blessée par ce dédain et, même si elle comprenait aujourd’hui ce qui avait amené Xanto à la mettre de côté à ce point, le couteau n’en était pas moins douloureusement logé entre ses côtes.

Tant de paroles étaient restés coincées dans sa gorge lors de ces dernières lunes. Être coincé dans un royaume qui n’était pas le sien, être seule la majorité du temps, cela laissait beaucoup de temps pour réfléchir. Réfléchir au passé, réfléchir à l’avenir. Regretter ou non. Voir sans rien pouvoir y faire.

Le traitre resta silencieux, consentant à la logique de la rousse sur le fait qu’il n’aurait jamais accepté d’être son Roi Consort. Et Midona de hocher la tête en retour. Elle s’en était doutée. Peut-être s’était-elle-même imaginée sa colère si elle avait eu l’impertinence de lui en parler à nouveau. À vrai dire, lorsqu’il était revenu de cet exil après son couronnement, il avait été un peu différent et la rousse s’était simplement dit qu’il lui faudrait du temps pour accepter sa défaite. Comment aurait-elle pu s’imaginer qu’il avait passé ce temps à fomenter un plan pour la faire échouer ?

Devait-elle le remercier pour toutes ces leçons apprises dans la douleur qui l’éloignait désormais, irrémédiablement, des personnes qui comptaient réellement ? Si cela était bien une raison de le haïr profondément, ce n’était assurément pas assez pour lui trancher la gorge.

« — Et qu’est-ce que je te répondais ? » Elle marqua un silence, comme pour le pousser à se souvenir par lui-même. « Je te connais assez. » Midona roula un peu des yeux. Oh, elle avait été dupe aussi à ce moment-là visiblement. « C’est ce que je croyais » Une grimace. « J’ai connu le jeune garçon avec ses rêves de grandeur et ses désirs de pouvoir. J’ai connu le corbeau séduisant qui me semblait alors taillé pour supporter le poids de la Couronne. Il me racontait tant de choses, tout ce que je voulais entendre, en vérité. » Lui renvoya-t-elle, haussant un sourcil. « J’aurais dû faire plus attention à ce que tu me disais. Enfin, est-ce que cela aurait changé quelque chose ? » Non, plus Midona y réfléchissait et plus elle se disait qu’elle aurait tout fait de la même manière. Ses regrets ne se situaient pas à cet endroit.

Elle s’immobilisa et souffla. Elle aurait certainement pris son invitation pour un affront, aux vues de la situation dans laquelle elle était au moment de ses épousailles. Cela aurait eu au moins le mérite de lui faire penser à autre chose, et de prendre pleinement conscience de l’étendue de la manipulation du corbeau. Lorsqu’elle avait su que son ami s’était marié, il avait déjà passé la bague au dos à la jolie Hylienne. Alors à quoi bon ressasser le passé maintenant qu’il ne restait qu’eux deux ?

« — C’est bien dommage, j’aurais aimé la connaître. » Fit-elle d’une voix plus douce mais assurément amère. « J’espère qu’elle n’a pas eu à connaître cette facette hideuse de ta personne, cependant, avant de disparaitre. »

Midona le laissa s’approcher d’elle, ne reculant pas lorsqu’il vint lui faire directement face. Elle n’avait pas peur de lui. Ni aujourd’hui, ni jamais. Il était agacé par sa présence et par les paroles qu’ils s’échangeaient. La temporalité d’un prisonnier était toujours bien différente de celles qui ne cessaient de s’affairer ailleurs. Xanto n’était pas bavard mais la solitude devait être difficile à supporter, même pour un homme tel que lui. Cela ne faisait que quinze jours. Dans quel état serait-il dans plusieurs mois ? La torture psychologique n’était pas une arme que la rousse maniait, mais elle ne savait pas tout à fait quoi faire de lui, pour l’instant.

Combien de temps allait-il le garder emprisonné ? Le regard de la rousse tomba sur son visage puis de retour dans ses yeux. Elle ne pouvait pas lui répondre qu’elle ne savait pas. Ce serait bien trop honnête et elle marquerait, de ce fait, sa faiblesse dans sa prise de décision le jour de son retour. Le tuer aurait été bien plus simple d’une certaine manière, car il deviendrait vite encombrant pour elle.

« — Pourquoi ? Te languis-tu de ta solitude ? » Retorqua-t-elle. Son regard balaya la pièce. « Tu as tout ce qu’il te faut ici. Je peux te garder en cage aussi longtemps que cela prendra pour que tu te rendes comptes de ce que j’ai vécu. De cette atroce solitude que j’ai endurée. Peut-être la solitude saura faire remonter le peu d’humanité qu’il peut y avoir encore en toi. » De nouveau, elle le dévisageait. « Aurais-tu préféré que je te tue ? » Et mettre fin à toutes ses souffrances.

Elle marqua un silence.

« — La clef de ta cage, tu l’as déjà. Où le caches-tu ? » Elle faisait référence au Fragment d’Ombre et Midona n’eut pas besoin de lui dire de quoi elle parlait. Il savait très certainement que la rousse n’avait pas perdu son objectif de vue.

Elle avait été obsédée par ce caillou magique depuis tant de lunes désormais. Lorsqu’elle l’avait vu dans les mains de son ancien conseiller, l’espoir avait alors réapparu. Peut-être pouvait-elle raviver la couronne. Sourde aux paroles de son père ou de celles de ses amis, elle ne voyait pas comment elle ne pourrait jamais être légitime sans cette satané pierre. Ils ne comprenaient pas. Personne ne le pouvait. Sauf l’homme qui se tenait en face d’elle, peut-être.

Pendant sa convalescence, Midona avait été particulièrement faible et vulnérable. La tuer aurait été un jeu d’enfant. Même après, lorsqu’elle avait quitté la Citadelle d’Hyrule, une attaque de monstres un peu trop puissants aurait pu avoir raison de sa vie. Si elle avait survécu à l’attaque direct de Ganondorf, son corps en était ressorti violemment affaibli. Son ancien conseiller aurait pu lui ôter la vie à plusieurs moments sans aucun problème. Absente et certainement considérée déjà morte par une bonne partie de son Royaume, sa disparition aurait au moins eu une explication tangible. Mais il ne s’était pas lancé. Soit il avait été trop clément, lui aussi, soit il était primordial pour lui que la déchéance de la Reine passe par l’humiliation devant toute sa cour. Dans les deux cas, il avait échoué.

« — Quel dommage que toi et moi sommes tous les deux des lâches. » Rétorqua-t-elle avec un sourire, sincère cette fois-ci. Dommage, ou pas, ils étaient tous les deux vivants et leurs destins étaient peut-être toujours liés, d’une manière ou d’une autre.

Midona ne se voyait pas comme une femme lâche, pour autant. Jamais elle n’avait reculé devant le danger et c’était bien la raison pour laquelle le danger avait bien failli lui arracher son dernier soupir. Même plusieurs lunes plus tard, elle ne comprenait toujours pas la raison de son geste pour sauver le Roi d’Hyrule, sans pour autant le regretter. Elle avait embrassé les difficultés depuis le moment qu’elle avait engagé le combat avec ce satané Yiga.

Xanto sembla surpris que la rousse ramène sur le tapis sa possession de la pierre magique. Avait-il oublié son existence subitement ? Elle en doutait fortement. Connaissant le corbeau, il devait avoir une idée en tête et son emprisonnement se trouvait être un fâcheux contre-temps. La Reine se renfrogna un peu lorsqu’il lui expliqua ne pas l’avoir à portée. Elle le savait mais l’espoir qu’il l’ait caché quelque part dans les environs avaient encore été présents. Son corbeau détenait désormais le Fragment d’Ombre. Midona fut étonné qu’il lui en dise autant. Par déduction, son ancien conseiller avait dû envoyer la pierre à l’un de ses plus fervents défenseurs. Et, à moins qu’ils n’aient pas tous été présents le soir de son retour, la déduction tomba sur Cardan Vundahr. Oh, elle avait tant désiré lui arracher les yeux, à cet imbécile, à la façon dont il s’était adressé à elle. Sa mâchoire se serra, rien que d’y songer.

Ce satané corbeau. Midona se souvenait bien de lui. L’animal ne l’avait pas toujours apprécié, et manquer de se faire dévorer par son propre affilié n’avait pas réduit la distance entre les deux êtres. Le corbeau n’avait jamais manqué une occasion d’essayer de lui picorer les doigts.

« — Pourquoi me dis-tu tout ça ? » Il aurait pu garder sa bouche fermée et sa langue liée. « Est-ce un autre de tes mensonges ? » Elle le jaugea durement, sa voix résonnant sur les pierres de la cellule.

À quoi bon ? La rousse fit la moue. À quoi bon récupérer ce fragment alors qu’elle n’avait plus de couronne sur laquelle le sertir ? Plus que pour l’avoir, elle le désirait pour que Xanto ne l’ait plus en sa possession. Un artefact aussi puissant ne pouvait pas se trouver entre des mains malintentionnées. Et si le Fragment d’Ombre n’était plus utile pour légitimer son pouvoir, peut-être serait-il plus utile pour d’autres choses. Midona essayait d’entendre ce qu’on lui disait, elle essayait de se remettre en question et de rejouer les dés de toutes ses années de pouvoir sous le joug de la Couronne des Ombres. Mais ce n’était pas évident pour elle. Elle entendait la voix de l’Hesediel encore si clairement dans son esprit. Peut-être aurait-elle droit à un sourire de sa part s’il l’entendait remettre en question ses certitudes de la sorte ?

« — Et alors s’il n’y a plus de Couronne ? Un tel artéfact a la capacité de protéger Metzli, c’est bien cela le plus important. Nous ne sommes plus exclus comme du temps de nos ancêtres. » Elle marqua une pause. « Comment repousser Ganondorf si sa prochaine cible était Metzli ? » La perspective de faire face à l’homme qui l’avait hanté pendant toute son errance en Hyrule, ne lui apportait aucune joie. De temps à autre, elle en rêvait encore et l’imposante cicatrice sur son torse en était un odieux vestige. Elle comptait bien lui faire regretter de ne pas l’avoir tué.

Midona sourit à sa dernière phrase. Bien que la perspective ne soit pas trop déplaisante, elle ne pouvait pas tellement dire que cela était son intention, puisqu’elle n’était sûre de rien. Elle avait beau se creuser la tête, l’impasse persistait.

« — Xanto. » Une grande inspiration. « Tes manigances et ta trahison ne te laissent pas en position de force. La majorité de la Cour ne comprend pas pourquoi ta tête est toujours sur tes épaules. Ton nom ne t’apportera aucun laissez-passer, cette fois-ci. » Elle marqua une pause. « Tu mérites la prison à vie puisque je ne t’ai pas donné la mort. » Elle hésita, adressa un regard derrière elle, se rapprocha de lui pour se pencher jusqu’à son oreille. « Peut-être que si tu pouvais me ramener le Fragment… Mais même avec cette promesse, comment te croire à nouveau ? Comment croire que tu pourras œuvrer pour le bien de ton Royaume que tu as juré d’anéantir ? » Elle fronça les sourcils, sa voix était tombée en un murmure cette fois-ci, comme pour éviter de se faire entendre par l’oreille distraite des gardes.  

La Reine se redressa un peu pour regarder de nouveau son visage. Pourquoi lui dirait-il la vérité ? Pourquoi serait-il honnête alors qu’il était derrière les barreaux et que sa liberté en dépendait peut-être ? La jeune femme avait toutes les raisons du monde de se méfier de ce qui sortait de la bouche du corbeau face à elle. Et qu’importe ce qu’il lui dirait pour essayer de lui faire entendre le contraire. Après tout ce qu’il lui avait fait vivre, elle ne pouvait naturellement plus lui accorder la moindre confiance. Alors pourquoi faisait-elle cela pour lui ? Pourquoi lui laisser entrevoir une porte de sortie ? Aurait-il seulement fait la même chose pour elle ? La réponse était facile. Xanto ne l’aurait jamais fait. Mais Midona commençait à comprendre qu’elle n’était pas cet homme. Quant à savoir si cela était une bonne chose, seul l’avenir pourrait le lui dire.

« — Toutes tes leçons n’étaient pas mauvaises. Je ne t’aurais pas proposé la place de conseiller juste pour tes beaux yeux. » Ou juste par culpabilité, même si cela avait joué dans la balance, à l’époque.

L’envoyer avec quelqu’un pour s’assurer que Xanto ne ferait pas de mauvais pas n’était pas tout à fait une mauvaise idée mais elle savait à quel point le corbeau pouvait manipuler les esprits. De plus, Midona éprouvait des difficultés à faire confiance à d’autres individus qu’elle. Et il était hors de question qu’elle risque la vie de l’un de ses proches pour s’assurer que son ancien conseiller se comporterait correctement sous ses ordres. Il faudrait plus que cela pour la convaincre d’aller au bout de cette graine d’idée. Quand il suggéra Kayn, l’idée de lui rendre la tâche exécrable lui arracha un sourire. Les deux hommes ne s’étaient jamais entendus et, pour cause, leur vision sur la Couronne ne pouvait pas être plus opposée. La rousse secoua doucement la tête. Elle préférait garder son garde personnel auprès d’elle. Maintenant, plus que jamais.

« — Peut-être pas Kayn, j’en conviens. » Admit-elle, un sourire torve sur les lèvres.

La jeune femme le scrutait. Elle ne croyait pas un traitre mot au sujet de son corbeau. Ce n’était pas le corbeau qu’il devrait retrouver, mais bien la personne qui avait reçu le paquet. Et Midona était persuadée qu’il n’avait pas envoyé l’artéfact à n’importe qui. Tout ne restait que des suppositions mais elle n’avait aucune raison de douter que son ancien ami était assez intelligent pour avoir toujours un coup d’avance sur elle.

« — Je suis certaine que tu as une idée de l’endroit où ton satané corbac a emmené le fragment, ne me fais pas avaler tes salades. » Répliqua-t-elle un peu durement.

Elle écouta avec surprise la proposition que lui faisait Xanto, les sourcils froncés, le dévisageant en silence. Son idée n’était pas mauvaise mais Midona ne pouvait décemment pas y consentir, pour le moment du moins. La Reine sembla chercher dans le regard du prisonnier, la vérité de toutes ses paroles. Elle se détourna finalement de lui, passa une main sur son visage comme si réfléchir à ce plan serait particulièrement difficile. Elle signerait sa perte si quelqu’un l’apprenait.

« — Pourquoi accepterais-tu de faire ça, au juste ? » Fit-elle encore, toujours à voix basse. « Qui me dit que tu ne tueras pas cette personne que j’aurais envoyé avec toi dès que tu seras sorti d’Itzal ? Et que tu ne retourneras pas manigancer tes plans pour revenir me hanter plus tard ? » Pourquoi l’aiderait-il alors qu’il avait tout fait pour qu’elle ne puisse pas se saisir de la précieuse pierre ?

Son nom pourrait-il être lavé un jour, s’il parvenait à faire ce qu’elle désirait, à aller au bout de ses propres plans, pour une fois dans sa vie ? Pour le moment, la priorité pour la Reine était de mettre la main sur le Fragment d’Ombre. Permettre à Xanto de s’enfuir de sa cellule, cependant, n’était pas faisable. Midona ne le laisserait pas s’extirper de ses griffes, maintenant qu’elle le tenait. Et elle ne pouvait qu’imaginer la révolte dans les rangs de la noblesse et de la Cour de Metzli, s’ils apprenaient que la Reine, elle-même, avait libéré le traitre à la Couronne. Non.

Elle souffla, quand il ajouta qu’il lui manquerait. Non mais quelle arrogance ! La rousse lui adressa un regard un peu agacé. Le manque, elle avait eu huit lunes pour l’accepter. Sa trahison, puis son arrestation, n’étaient que des cicatrices supplémentaires, pour l’aider à l’enterrer définitivement de son cœur. Et même ainsi, il ne l’était pas entièrement. À vrai dire, Midona avait passé tant de temps avec Xanto qu’elle ne s’imaginait pas qu’il puisse disparaitre un jour. Du plus longtemps qu’elle pouvait se souvenir, l’Odair avait toujours été près d’elle. Il l’était toujours, d’une manière ou d’une autre.

« — Je dois y réfléchir. » Déclara-t-elle après un silence de réflexion.

Midona était bien trop consciente des répercussions qu’elle encourrait pour tomber dans un tel piège. Elle craignait que cela se sache. Elle craignait qu’il puisse, de nouveau, essayer de lui sauter à la gorge. Elle craignait, encore plus, que cette fois-ci il y parvienne. Et même si elle n’était plus la même, même si elle était entourée d’autres personnes qui pourraient potentiellement l’aider à se protéger, la cicatrice béante qu’il avait laissé dans son cœur ne lui laissait que le doute. À chaque fois qu’elle fermait les paupières, un tourbillon de doutes la pétrifiait, et il lui était alors bien difficile de discerner les bons choix des mauvais choix, ses propres choix de ceux pris sous l’influence d’autrui. Elle devait se reconstruire sa carapace pour éviter qu’elle ne vole à nouveau en éclats. Cela prendrait surement du temps. Elle avait saigné si fort, si abondamment, qu’elle se sentait vulnérable à chaque instant. Et la rousse avait été effrayée de la violence de ses propres émotions quand elle avait lâcher-prise, rien qu’un peu.

Mais elle était également consciente qu’elle ne saurait jamais si elle pourrait un jour récupérer cet homme, si elle n’y mettait pas un peu de risque. Et il lui était difficile de se résoudre à l’emprisonner à vie. La Reine n’avait plus qu’à espérer que sa clémence puisse avoir des répercussions positives sur la psyché du corbeau, pour qu’il lui redevienne fidèle, pour sa vie qu’elle n’avait pas prise. Elle en doutait. Mais l’espoir était tout ce qui lui restait. Cet espoir qui l’avait fait marcher un pas après l’autre, qui l’avait poussé à avancer, à croire qu’elle en était capable, pendant ces dernières lunes. Elle n’était pas prête à l’abandonner tout de suite.

La jeune femme fit la moue lorsqu’il arborait cette expression de surprise, comme si elle ne le croyait pas capable d’en venir à de telles extrémités. N’importe qui pouvait être capable de tuer, sous certaines circonstances et dans des évènements particuliers. Si tuer quelqu’un pouvait l’empêcher d’être tué, qu’est-ce qui le retiendrait alors ? Son visage renfrogné lui signifia qu’elle ne le croyait pas, ce n’est pas pour autant qu’elle répondit, se contentant de marcher dans la cellule, de s’éloigner de lui.

Elle avait bien une idée en tête, une personne que Xanto ne pourrait pas aisément manipuler mais elle n’était pas certaine de pouvoir se passer de sa présence auprès d’elle, ou même de risquer quoi ce soit qui pourrait mettre sa vie en jeu. La rousse avait d’autres idées mais il fallait qu’elle y voie plus clair pour prendre une décision. L’inaction n’avait jamais été son truc, peut-être que cela était la raison de tous ses maux. Elle n’était même pas certaine de pouvoir en prendre une, de décision. Pourtant, il faudrait bien qu’elle trouve un moyen de retrouver ce Fragment. Elle en était obsédée depuis le mutisme de sa couronne, et la destruction de celle-ci n’avait pas profanée cette obsession. Elle devait l’avoir en sa possession.

Dos à lui, elle tourna finalement sa tête pour lui adresser un regard du haut de son épaule. Déjà perdue dans ses pensées, elle en aurait presque oublié qu’il était encore là, dans la pénombre, désormais assis patiemment et réarmé de son arrogance. Il devait certainement penser qu’elle n’avait pas le choix de prendre cette décision pour parvenir à obtenir la pierre magique. Et voir son regard presque victorieux avait le don de l’agacer au plus haut point.

« — Rien n’est fait, Xanto. » Souffla-t-elle. « Entre te faire payer à vie ou récupérer le Fragment, je ne sais pas ce que je désire le plus. » Sa voix était cinglante cette fois-ci.

Elle avait bien une petite idée, mais si elle pouvait effacer ce petit sourire cynique de son visage, elle en serait bienheureuse.

« — Profite bien de ta retraite spirituelle. » Ajouta-t-elle d’un ton sarcastique.

La rousse s’avança vers la porte de la cellule et s’infiltra hors de sa cage. Elle adressa un simple hochement de tête aux gardes et reprit sa posture droite, inébranlable. Tant de tumultes vivaient en elle, qui pourrait s’en douter en posant son regard sur une personne d’apparence aussi froide ? En un instant, elle était hors des geôles de son château.

Un entretien avec sa conseillère s’imposait.