Voilà maintenant la moitié d'une troisième Lunes que Jodariel avait infiltré les rangs des Yiga. Et une chose était sûre... Ce n'était définitivement pas une partie de plaisir, au contraire. Elle avait dû faire bien des choses horribles qui risqueront sûrement d'hanter encore longtemps ses nuits. Vivre chaque jour au quotidien de l'esclavagisme lui donnant toujours autant d'envie de vomir. Tout ce qui tournait autour de l'Avatar du Néant l'effrayant de plus en plus. Mais elle se devait de continuer de rester, d'espionner. Elle n'avait toujours pas mis la main sur de véritables informations, et si elle rentrait définitivement bredouille... Ne risquerait-elle pas de perdre ce rôle, et donc, tous les acquis pour sa famille et son père? Ce serait alors inacceptable. Il fallait continuer, toujours plus loin dans cette folie nommée Yiga.

Et pour survivre à cette folie, il existait bien une personne qui, peut-être pas tous les jours, mais très souvent, était une bouffée d'air frais pour la Goron. Sorcha Barun. S'il y a bien une chose que la fille Embarr ne pensait pas trouver, ce serait un lien aussi fort. Elle pensait trouver des monstres, des meurtriers, des individus peu recommandables... Et bien entendu, c'était le cas. Mais étrangement, chez cette femme il y avait quelque chose de différent, de vraiment différent. Elles étaient Goron, bon, c'était un premier point commun. Elles avaient des points communs au niveau du caractère. Et plus de cela, Sorcha avait été l'une des premières personnes à avoir soutenu la Comédienne dans ses débuts. Comme un quatrième sens, peut-être que la Yiga avait compris les difficultés qu'encourait notre protagoniste. Ou alors qu'elle pensait que Jodariel était différent et qu'il fallait l'aider. Tout cela pour que, finalement, plus de deux Lunes après, elles étaient devenues de bonnes amies. Quand on était loin des siens, au milieu d'un nombre incalculable d'ennemies et où l'échec signifiait la mort ou la perte de ses libertés, avoir quelqu'un en qui on pouvait se confier, quelqu'un qui nous écoutait et avec qui le partage était possible... C'était une véritable bouffée d'air frais.

Nul doute que sans Sorcha, la fille Embarr aurait totalement vrillée dans la folie. C'est donc pour cela qu'aujourd'hui, elle se devait de remercier son amie. Cela faisait déjà un moment, hélas, que la pauvre chasseuse était blessée. Impossible pour elle donc de quitter le camp pour les diverses expéditions habituelles qu'elle faisait. Et ça, il fallait être aveugle pour ne pas remarquer que cela pesait sur le cœur de Sorcha. Elle broyait du noir. Et si les derniers jours étaient compliqué pour notre comédienne de venir en aide à cause des trop nombreuses tâches qu'elle avait à faire, se devant de redoubler d'effort pour espérer être la moins suspecte possible à cause des différents évènements ayant eu lieu récemment, ce jour là, c'était l'occasion parfaite. Peu de choses à faire, et donc plus de temps pour tout préparer. Faisant en sorte d'être la plus discrète possible pour ne pas tomber sur son amie de la journée, Jodariel vint à cueillir différentes fleurs, plantes et récupérer quelques provisions. Aliments et alcool. De quoi, d'une part, préparer un dîner pour deux, et surtout, pouvoir boire et noyer ses problèmes dans l'alcool. Si la comédienne savait cuisiner? Allons, on ne voyageait pas à travers tous les coins d'Hyrule sans connaître un minimum l'art de la table. C'était même une des premières choses qu'elle avait appris une fois capable d'utiliser ses dix doigts. Quand il fallait se débrouiller par manque de nourritures, on trouvait les choses comestibles de la nature. On améliorait leurs gouts et on servait pour régaler son monde.

Cela lui prit une grande partie de la journée que de tout préparer. Mettant ce qu'il y avait dans son sac, alcool compris, Jodariel se dirigea en direction de la maison de Sorcha. La nuit allait bientôt tomber en plus, l'occasion parfaite de s’abriter chez quelqu'un avant le terrible froid de la nuit des déserts, chose que la Goron détestait plus que tout de par sa nature. Une fois devant la porte, la jeune femme vint à se recoiffer, sortir un plat de pain farcis aux légumes et aux épices avant de toquer trois fois, question de politesse, puis d'ouvrir avec entrain. Savoir faire une bonne entrée, le point principal d'une actrice qui réussit dans la vie.

- Et voilà Vivivanne, prête à passer la meilleure des soirées avec, je vous la présente dans le mille, son amie, l'incroyable Sorcha!

Oui, une entrée assez remarquée pour quelqu'un qui se devait d'être une espionne, mais ainsi était la fille Embarr. En allant dans le positif, il était plus facile de rendre les gens positif. Même si c'était pour quelqu'un de l'autre bout du désert. Même si c'était pour quelqu'un qui avait fait des choses horribles... C'était une amie. Et même si c'était Vivianne qui était présente, et non Jodariel... Chasser le naturel, il revenait au galop, car on abandonnait jamais une amie dans ses tourments, non. On l'aidait. Déposant le sac avec ses provisions, il ne fallut pas longtemps avant que notre protagoniste ne lance un regard délicat vers Sorcha.

- J'ai aussi ramenée de l'alcool, pour mieux faire descendre la nourriture, j'ai tout préparée juste pour nous!

Et comme pour accompagner le geste à l'intention, elle présenta d'une main le plat de pains, et de l'autre, une bouteille d'alcool. Un air fier et amusé présent sur le visage. Une chose était sûre, à la fin de la nuit, la comédienne espérait remettre de la joie chez la chasseuse.

Que demander de plus dans la douce vie de Jodariel au monde des Yiga que le sourire de son amie Sorcha? Théoriquement, la liste pourrait être des plus longues, mais c'était déjà la plus douce des premières étapes pour notre comédienne. Bon certes, le rire de la guerrière était une deuxième étape bien rafraîchissante. Tout se déroulait donc correctement pour la Goron. Elle ne savait pas spécialement dans quel état elle allait retrouver son hôte et encore moins comment elle réagirait à tout cela, mais que ça parte d'une façon aussi positive était tout ce qu'il fallait au cœur de l'espionne. S'il y avait bien une chose qui ne changeait pas, que l'on joue un rôle ou non, que l'on soit chez soi ou à des jours de chevauchée, c'était bien de veiller sur les gens que l'on aimait pour la fille Embarr.

Sentir alors Sorcha l'étreindre avec chaleur fit encore plus sourire Jodariel qui vint rendre ce délicat moment de douceur. Bon sang, ce que ça pouvait être merveilleux que d'avoir quelqu'un que vous appréciez dans un environnement aussi hostile. Les mots de la guerrière vinrent faire rire à son tour la comédienne qui, une fois s'être reculée à contre cœur fit une pose presque héroïque largement exagérée comme elle pouvait réaliser dans ses spectacles. Toujours heureuse d'être appréciée par les gens, sûrement une marque de sa longue vie d'artiste.

- Oh, mon amie, tu sais bien que je suis sensible à tout type de flatterie! S'exprima t'elle alors avant de ricaner légèrement et reprendre sa pose normal alors qu'elle s'était approchée de la table. Mais c'est surtout moi qui suis heureuse de passer du temps avec toi. ça faisait longtemps et ça me manquait terriblement!

Une pure vérité. Passer du temps avec la Yiga était un peu le décompresseur ultime pour Jodariel. Il y avait souvent des rires, des belles histoires, et de l'alcool. Presque comme un moment simple hors du temps, hors de sa mission. Car bon, si elle devait compter ses autres relations dans le camp pour cela... Il y avait bien Zael de sympathique, mais il était à un tout autre niveau d’espièglerie. Et passer trop de temps avec lui finissait souvent par elle qui se recouvrait de ridicule. Sinon il y avait Einar, mais lui elle préférait généralement ne pas le voir DU TOUT. Trop effrayant, et il semblait deviner quelque chose d'inquiétant. Et puis de toute façon, personne parmi tous les serviteurs de l'Avatar n'arrivait à la cheville de son amie!

Alors que la fille Embarr présentait la nourriture et l'alcool, elle ne fût qu'à moitié surprise de voir la guerrière récupérer la bouteille. Cela s'était vu dans ses yeux. Puis bon, les deux femmes avaient déjà descendu une bonne quantité d'alcool depuis qu'elles se connaissaient. Mais difficile de ne pas sentir cette douce pointe de douleur de mettre à plus tard un plat qu'elle avait mis du temps à préparer. Cruelle destinée qu'elle noiera avec plaisir dans l'alcool. Lançant un nouveau rire à l'intention de Sorcha et son regard espiègle, Jodariel vint à répondre tout en suivant son amie.

- Tu sais en tout cas comment bien débuter les soirées!

Il ne fallut pas longtemps avant de s'installer aux côtés de la Yiga sur cette jolie banquette aux coussins confortables. C'est sûr que c'était bien plus joli et confortable que chez Jodariel tout cela. Entendre cependant l'ennui qui semblait s'abattre sur son amie ne réjouissait pas du tout la Goron qui fit une mine embêtée. Encore une fois elle était heureuse d'être un rayon de lumière, mais elle préférait l'être quand la personne était bien, pas quand elle était mal. Enfin, la demande de Sorcha fit lever un sourcil de la part de la comédienne. Des histoires intéressantes à raconter? Jodariel? Bien entendue qu'elle en avait des centaines, mais les raconter serait donner directement toute les pièces pour montrer qu'elle était une espionne. Et dans la Cité, sa vie était aussi passionnante que l'histoire d'une femme de maison dans un quartier bourgeois d'Hyrule. Mais si Madame Barun voulait quelque chose d'intéressant, alors Madame Barun en aurait!

- Oh, oui bien entendu! En parlant de rat mort d'ailleurs tu ne vas pas me croire! Rien qu'hier tu n'imagines même pas! Un rongeur. Immense! Au moins aussi gros que mon poing dans la cuisine alors que j'étais de corvée! Tu me connais, moi, courageuse j'ai sauté sur l'occasion. Armée de mon poignard, le vent dans les cheveux j'ai fait face à l'horrible voleur. Sa sentence pour un tel crime? La peine capitale, la mort. Il était rapide le bougre de poilue. Il m'a fait suer comme jamais j'ai suée. Mais il fit un faux mouvement, et finit d'un seul coup embroché après une feinte que toute génération de cuisiniers nommerons "La feinte Vivi"!

Prenant une pose de vainqueur, elle ne pût s'empêcher de rire de sa propre histoire, avant de se ressaisir.

- Sorcha, je suis aide de camp. J'adorerais te raconter des histoires passionnantes qui ferait rêver ton cœur et illuminer tes beaux yeux sombres. Mais je ne suis ni une guerrière ni une stratège ou autre. Mes aventures sont aussi ennuyantes que le rat que j'ai véritablement tué. A côté de cela, c'est banal. Je fais à manger, je range, j'aide les autres. Si limite parfois il y a quelqu'un qui souhaite passer une nuit avec moi et que je repousse généralement de manière bien sec et cassante. Je fais surtout des histoires pour dormir plutôt que pour vibrer!

Tout en parlant, Jodariel s'était mise à remplir les deux verres au à la moitié de leurs capacités. Quitte à boire, autant y aller franchement tout de même. Entre les histoires de Vivianne et la blessure de Sorcha, ce n'était pas les derniers potins qui feraient vibrer les foules.

- C'est vrai qu'on s'emmerde, cela dit. C'est pour cela qu'heureusement on a l'alcool et la compagnie de ceux que l'on apprécie, hein? Aller, trinquons tout de même pour deux des plus merveilleuses Yiga de ce camp!

Prenant son verre, elle vint trinquer dans celui de la Yiga en accompagnant son geste d'un clin d’œil avant de descendre le verre avec quelques petites gorgées pour le déposer avec encore un peu de contenant. La douce sensation de chaleur, la brûlure dans la gorge, le goût... Particulier. Puis elle se mit à tousser en ressentant déjà le premier effet enivrant de ses boissons de prédilection.

- Le premier verre... Toujours le plus difficile...

Dit-elle, avant d'afficher un regard toujours aussi surpris. C'était une malédiction tout de même de galérer à chaque fois de boire le premier verre! C'était son organisme ou un défaut de conception à la naissance à ce niveau la? Relevant la tête, elle vint afficher son plus joli sourire à Sorcha, la regardant droit dans les yeux.

- Un jour j'espère tout de même avoir la chance d'éblouir cette pièce de vrais aventures comme tu sais si bien le faire, Sorcha.

Posant une main sur l'épaule de son amie, Jodariel espérait sincèrement pouvoir un jour faire bien plus pour la Yiga que ça...

Être comédienne. C'était la toute la vie de Jodariel. Avant même d'être une espionne, avant même d'être une Embarr. C'était une star. Faire vibrer le monde, apporter des émotions fortes. La joie, la colère, la tristesse, la peur... C'était tout un art que de savoir comment raconter une histoire, comment la rendre vivante. C'était un art d'être un soleil pour son entourage comme si l'on était l'actrice principal quotidienne. Mais la Goron avait depuis sa toute jeune enfance appris tout cela, pour en faire sa force, son vrai pouvoir. Et si elle pouvait s'en servir pour soutenir et rendre heureux les gens qu'elle aimait, alors c'était la meilleure façon de se servir de ses pouvoirs. Voir le sourire de Sorcha, entendre son rire, la savoir heureuse alors que potentiellement son âme traversait les abysses de la déprime... C'était tout ce qu'il fallait pour remotiver d'autant plus celle qui se faisait appeler Vivianne.

Même si la "réalité" des choses étaient tout autre que ce fantasme d'aventure contre un rat, même si Jodariel s'ennuyait bien plus qu'elle ne voulait l'admettre à rester comme une simple bonne à tout faire dans un endroit clairement hostile, au moins elle avait l'alcool, et une amie pour passer au travers de tout cela dans des soirées certes trop rare au goût de la blonde, mais heureusement capable de l'apaiser un minimum. Ainsi, après ses paroles, la fille Embarr avait commencée à boire, rapidement suivit de la fille Barun qui approuvait la remarque du bien difficile premier verre. Ne faisant de prime abord pas attention à l'autre Goron, notre protagoniste resta un instant le regard perdue dans le vide, un léger sourire aux lèvres en ressentant l'alcool se propager enfin dans son corps. Elle n'avait pas bue depuis au moins une journée, c'était finalement son addiction pour ne pas devenir folle de sa vie... Quand la main de Sorcha vint se poser sur la sienne, cela fit légèrement sursauter l'espionne qui se tourna alors vers son amie qui s'était bien rapprochée sans même que la comédienne ne le remarque. Mince, ses pensées étaient vraiment profonde...

Penchant légèrement la tête sur le côté droit, laissant ses cheveux glisser légèrement sur son visage, l'itinérante afficha un large sourire en écoutant la voix de la chasseuse s'élever, se demandant alors ce qu'elle pourrait bien dire... Ne s'attendant pas à quelque chose d'aussi sérieux. Ouvrant alors la bouche par sa surprise, Jodariel ne savait pas comment réagir à cela. De la joie? De l'horreur? De la fierté? De la peur? Gardant un demis sourire avec une bouche légèrement ouverte par la surprise, il était difficile de ne pas réagir, étant alors obligée de mettre en œuvre tout son talent de comédienne. L'espionne voyait bien le regard pétillant de son amie qui, pour elle, lui faisait une proposition en or. La joie dans sa voix d'espérer voir la fameuse Vivianne accomplir de véritable mission pour l'Avatar, pour le Clan. Mais pour notre protagoniste tout cela était si enivrant et si risqué... C'était le risque d'agir, d'être découverte. De passer pour un ennemie auprès de la couronne. Le risque de prendre du plaisir à agir à l'encontre de certain principe, ou au contraire montrer que peut-être elle n'était pas entièrement dévouée....

Mais c'était la possibilité de sortir de ses cuisines, de sa routine morose. La possibilité de vivre des aventures avec son amie, de se libérer l'esprit et l'âme en tant qu'itinérante. C'était aussi la possibilité de faire plus, d'être au cœur de l'action et d'envoyer à la couronne de précieuses choses... L'esprit balançait, ne sachant quoi dire, quoi faire... Mais le silence durait déjà depuis de longues secondes, et la peur que cela puisse perturber Sorcha ou la faire douter fit réagir Jodariel qui secoua rapidement la tête comme pour montrer qu'elle reprenait tout ses esprits. Elle devait prendre une décision... Et c'est son cœur qui prit le pas sur la raison.

"Bon sang, Sorcha c'est... C'est une occasion en or que tu m'offrirais la tu sais..."

Commença alors Jodariel, regardant le fond de son verre rouge, les yeux légèrement écarquillés, toujours sous la surprise.

"Que tu penses à moi et que tu souhaites me proposer c'est... Une véritable preuve d'amitié. Vraiment. Mais tu es sûre? Je ne suis définitivement pas une grande guerrière et... j'aurais peur de faire foirer mes tâches plus importantes..."

Montrer que l'on souhaitait accepter pour faire plaisir, tout en mettant les doutes en avant. C'était une bonne technique pour rester sur un entre-deux sans blesser la personne. Pourtant, la fille Embarr ne pût s'empêcher de rajouter quelque chose qui allait à l'encontre total de son envie initial de rester la dessus... Comme portée par cette attention si touchante de son amie.

"Mais... Si mon amie pense que je peux le faire, alors je n'ai aucune raison de douter. Cette possibilité pourrait-être intéressante... Et l'on pourrait s'échanger des histoires incroyables, ou raconter nos histoires en duo autours d'autres boissons, hein?"

Tout en utilisant le mot boisson, Jodariel vint à boire un nouveau coup pour continuer de se donner du courage. La conversation commençait à dévier vers quelque chose de potentiellement trop dangereux pour la Goron, son coeur et le fanatisme qu'elle portait pour sa famille et ses amis prenant le pas sur sa raison et sa mission, la Star décida alors de passer sur autre chose.

"Mais je propose de mettre ce sujet pour une autre fois, pour une discussion peut-être plus... Professionnel? C'est une soirée pour s'amuser, boire et jouer les commères, après tout! Ma précieuse et incroyable amie mérite de rigoler un bon coup!"

Grand sourire sur les lèvres, Jodariel leva alors son verre haut vers le ciel, ajoutant alors :

"Pour l'incroyable Sorcha, la meilleure amie que l'on puisse avoir!"

Puis, elle vint à descendre une nouvelle gorgée d'alcool, espérant alors avoir déviée la discussion sur d'autres horizons...