Tout semblait si... Dure, depuis la Lune de Sang. Se souvenir des cris, du sang, de l'horreur qu'étaient les monstres et des morts. Cela faisait six jours qu'il n'y avait pas un instant où le cauchemar ne se jouait pas dans la tête de Jodariel. Sa mère, assassinée devant ses yeux... Son père qui en avait réchappé mais de si peu. La troupe, bon sang, toute sa famille, il n'en restait qu'un nombre si faible. Pourquoi? Les choses se passaient si bien pourtant. Les promesses de richesses, de nouvelles tournées dans les différentes villes d'Hyrules. Alors pourquoi le destin avait-il décidé de frapper si fort? L'odeur du sang, les visages déformés par la douleur, c'était bien deux choses qui avaient traumatisée la Goron. Elle avait eu la chance de s'en sortir indemne, mais elle aurait préféré en sortir avec bien plus de blessures si cela avait pût redonner la vie à quelqu'un. Mais voilà, les choses s'étaient déroulées ainsi, pas de machine arrière possible. Pas de moyens de sauver qui que ce soit.

Il y avait eu les enterrements, dans un coin apprécié des Comédiens, une zone de paix et de repos. Avec les rites appropriés bien entendu. Jamais la fille Embarr n'avait autant priée. Pour le bien être de sa mère, de ses proches, mais aussi la protection d'Hylia pour les survivants, dans l'espoir que le futur ne soit pas pire encore. Mais comment en être sûr? En tant que cheffe de la troupe, un ordre fut donné par Jodariel. Il n'y aurait plus de voyage. Le temps de se reconstruire, de se soigner aussi bien physiquement que mentalement. Elle s'occuperait de tout. De son paternel, de sa famille. Car elle avait jurée de ne pas les abandonner même dans les pires moments, et ils étaient en plein dedans. Il avait fallu être forte pour, malgré la peine et la tristesse, diriger tout cela. Et plus d'une fois la Goron avait craquée et s'était laissée aller dans la plus pure des tristesse car elle ne restait qu'une personne normale après tout, ce n'était ni une guerrière, ni une quelconque héroïne. Même la plus compétente des actrices ne pouvait cacher à jamais la douleur dans son cœur.

Mais quelque chose rendait cette douleur encore plus violente. Un autre sentiment d'abandon, par un ami. Avant que la première Lune de Sang ne frappe, la comédienne devait rejoindre Robyn dans une ville. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu, c'était donc l'occasion où jamais de repartir en équipe pour jouer une ou deux farces aux pauvres crédules... Mais tout avait été foutu en l'air. Pourtant, la jeune femme savait que son coéquipier de crimes stupide n'était pas loin, et c'est quelques pigeons voyageurs qu'elle lui envoya, dont son fidèle RrrouRrrou... Sans la moindre réponse en retour. Comme s'il s'était soit volatilisé, soit il avait décidé de laisser ce vide exprès. C'était donc toute seule que notre protagoniste a dû affronter toute les épreuves, de l'enterrement au déménagement permanent à la Citadelle. C'était seule, qu'elle pleurait ses morts. C'était seule qu'elle observait le ciel étoilée en quête de réponses.

Mais elle refusait d'abandonner, de rester sans rien Peut-être lui était-il arrivé quelque chose lui aussi? Peut-être n'allait-il pas bien? Etait-il mort? Jodariel ne pouvait pas laisser cela de côté, en son fort intérieur, elle espérait vraiment que tout cela s'arrangerait pour le meilleur. Ainsi, alors que la troupe survivante se dirigeait vers la Citadelle d'Hyrule, elle abandonna sa famille pour rejoindre le village de Melka, non loin. Plus précisément, la ferme de la famille Patel. La fille Embarr espérait qu'il soit là, présent, avec une excuse pour pardonner ce long silence... Et si jamais il n'était pas encore présent alors elle l'attendrait, pour être sûre que tout allait bien. En elle se mélangeait plusieurs émotions. Tristesse, colère, inquiétude, sans qu'aucune ne réussisse réellement à surpasser l'autre, comme une potion où la moindre secousse pourrait tout faire exploser. Son cœur se serrant à chaque pas ne sachant pas ce qu'elle espérait finalement...

Sur son chemin, il vint se mettre à pleuvoir. D'abord quelques gouttelettes, puis un puissant torrent, trempant sans prévenir la jeune femme obligée de courir plus vite qu'elle ne l'aurait voulu en direction de la ferme, le cœur tambourinant dans son torse. Il ne fallut que quelques minutes supplémentaires avant que Jodariel n'arrive, trempée, devant la petite maison des Patel, dont, de par la fenêtre, on pouvait observer la lumière d'une flamme. Quelqu'un se trouvait à l'intérieur... Mais qui? Hésitant un instant, le poing en suspension dans les aires, la fille Embarr hésita, avant de toquer à la porte, et de pousser cette dernière après être restée quelque seconde dans le silence, n'attendant finalement pas d'être invitée. En poussant la porte, c'est la chaleur de l'intérieur qui vint souffler à son visage, lui apportant un léger réconfort face au froid mordant de l'humidité. Avançant légèrement dans la maison pour se protéger de la pluie, elle pouvait apercevoir une silhouette. Celle d'un homme. Trop jeune pour être le père de famille, et de toute façon les traits indiquent à la perfection de qui il s'agissait : Robyn Patel. Son ami.. Qui semblait aller si bien, vue comme cela.

- Toi... Tu...

Une certaine colère s'était emparée du cœur de la Goron. Il semblait aller si bien, alors pourquoi? Pourquoi aucune réponse? Pourquoi ce silence? Son ami l'avait-il abandonné, après tout ce qu'ils avaient fait dans les dernières années? La jeune femme en avait les larmes aux yeux, s'approchant alors du Piaf jusqu'à arriver prêt de lui... Et de le gifler.

- Pourquoi je n'ai pas eu de réponse? J'avais besoin de toi Robyn! Tu étais l'ami dont j'avais besoin ces derniers jours! Et… Rien, personne, le néant! Je te voulais à mes côtés bon sang… Je te voulais à mes côtés Robyn…

Ne réussissant à retenir ses larmes, ces dernières vinrent à se mêler aux gouttes de pluies sur le visage de Jodariel qui s'avança pour poser sa tête contre le cœur de son ami. Avant de sangloter.

- Je te pensais mort bordel... Je pensais que tu avais rejoint ma famille de l'autre côté... J'avais besoin de toi...

La jeune femme vint à enlacer le Piaf, continuant de pleurer contre son torse, laissant aller peine et colère dans un mélange amer pour Jodariel.

- Tu es vivant… Tu es vivant… J’aurai pas supportée perdre encore quelqu’un à cause de cette foutue Lune…

Il y avait un millions de possibilités pour ces possibles retrouvailles entre Robyn et Jodariel. Mais y avait-il seulement un dénouement réellement heureux? Comment la Goron aurait réagi en voyant son ami blessé, ou pire? S'il n'était pas là? Que se serait-il passé si elle avait été blessée, ou perdue la vie? Mais voilà, le destin en avait décidé ainsi, avec des faits précis qui semblaient avoir fait souffrir avec profondeur les deux amis. Lorsque la comédienne entra dans la petite maison, elle ne fit même pas attention aux cris du Piaf, il fallait dire que le bruit de la tempête derrière elle réduisait profondément ses capacités d'écoute. Pourtant voir la confusion sur les traits du voleur demandant ce qu'elle faisait là était un comble qui réveilla encore plus la colère en elle. Ce qu'elle faisait là? Réellement? Le côté parfois insouciant et tête en l'air du jeune homme était bien souvent, aux yeux de la fille Embarr un amusement comme une frustration évidente. Et ici, difficile d'y trouver autre chose que cette frustration en déboulant presque comme un boulet de canon dans la direction de Robyn.

Cela dit, une partie de Jodariel, étouffée par la colère, était rassurée de le voir en bonne santé physique. De le voir prendre un minimum soin de lui tout en restant un poil désorganisé. Le fait de l'avoir giflé étant même un double soulagement. D'une part pour essayer de calmer la rage en elle, mais aussi se rendre compte que le Piaf était bien réel. Ce n'était pas la folie qui lui bouffait la raison ou des hallucinations par la tristesse. Son ami était bel et bien en vie, et c'était un lourd poids qui lui était retiré de son estomac. Mais Jodariel serrait des poings, elle attendait quelque chose, quoi que ce soit, une réponse, une réaction. Mais le silence contre lequel elle faisait face semblait si lourd. Comme si le Piaf aussi semblait souffrir de quelque chose. Quelque chose que ne pouvait pas encore voir la Goron beaucoup trop aveuglée par ses propres sentiments qui se mélangeaient en elle comme un torrent. Mais finalement, quand il brisa le silence, quelque chose se brisa dans le cœur de la fille Embarr. Des excuses. Simple, mais elle les savait sincères. Et étrangement, c'est tout ce qu'elle demandait, en plus que son compagnon de voyage soit en vie.

Cela amplifia encore plus ses larmes alors qu'elle s'était collée au Piaf qui, s'il espérait s'être protégé de la pluie et de la tempête, devait maintenant ressentir qu'une bonne partie de ses vêtements étaient plus que trempés avec la proximité que les deux partageaient. Cette étreinte... Elle en avait besoin. Qu'on l'a rassuré, qu'on la tienne contre elle, qu'on la réconforte. Car elle n'avait plus personne pour le faire. Sa mère n'était plus là, son père n'en était plus capable. La vie avait été si violente d'un coup, ses amis dispersés, peut-êtres morts comme une bonne partie de sa famille, comment ne pas devenir folle quand le chagrin et la crainte broie notre cœur et nous étouffe? Pour Jodariel, c'était impossible, avant d'être comédienne, elle était avant tout quelqu'un comme les autres. Avec des rêves, et des peurs. Sentir le menton de son ami sur son crâne pour ressentir tout de suite après le doux sentiment de balancement vint à faire sangloter encore plus la jeune femme, sa voix se déformant de plus en plus sous la tristesse. Elle extériorisait tout ce qui lui brisait le cœur depuis une semaine, et même si cela ne semblait pas se voir, cela lui faisait le plus grand bien. Robyn n'était peut-être pas quelqu'un qui vous rassurait tout les jours, mais il avait la particularité de le faire bien à chaque fois... Ou tout du moins, pour la Goron ça fonctionnait.

Les mots qui suivirent du Piaf avaient beau être simples, ils prouvaient cette réalité. Robyn tout comme Jodariel étaient présents, tous les deux, dans cette même pièce, en vie. Tout n'était pas parfait, bien au contraire. Tout n'allait pas bien, c'était sûr. Mais malgré la crise, malgré la tempête, il n'y avait pas qu'un océan d'abysse sombre, mais bel et bien un ou deux rayons de soleils. Ce n'était pas suffisant pour faire s'envoler tous les soucis, bien entendu, mais après tout, chaque feu commençait avec une étincelle, aussi petite soit-elle. Et cette étincelle d'espoir fût suffisante pour supprimer toute la colère de notre protagoniste. Se sentir enlacé aussi fort donnait une réelle solidité à la chose, et petit à petit ses sanglots se calmaient. Se voulant moins violent, les larmes coulant nettement moins, et le corps de la jeune fille connaissant de moins en moins de spasmes. Peut-être que si sa chevelure n'était pas entièrement trempée, aurait-elle ressentie la tristesse de son ami qui se déversait aussi sur sa tête? Dans tous les cas, elle se sentait rassurée, protégée. Presque comme dans un cocon suffisamment solide pour repousser son chagrin. Mais les mots qui suivirent, de la bouche du Piaf, lui donna la sensation que son cœur s'était arrêté. Le "Pas toi aussi"? Ces quelques mots en plus du reste vinrent à faire rattraper la réalité des choses à Jodariel.

Celle que, lorsqu'une catastrophe touche le monde, même si nous souffrons, nous ne sommes pas seuls à être frappés de plein fouet. La voix fragillisé de son ami vint à faire quitter la comédienne, l'étreinte rassurante qui fit rouspéter son corps. C'est ainsi qu'elle pût voir que des larmes avaient coulé le long des joues du Piaf, faisant aller serrer de nouveau le cœur de la fille Embarr. Mordant sa lèvre inférieur, la jeune femme vint à déposer sa main un peu froide et humide sur la joue de Robyn, effaçant une larme pour la remplacer par de l'eau. Essayant d'afficher un sourire, quelque peu brisé par sa tristesse, la jeune femme répliqua, reprenant alors les mots de son ami.

- Je suis là, Robyn. Et tu es là. Tout les deux, ensembles...

C'était à elle d'essayer de le rassurer un peu, comme lui l'avait fait. Ils étaient amis, c'était donc normal d'avancer main dans la main pour sortir d'un tel puits de mauvaises ondes. Posant alors sa deuxième main sur l'autre joue du Piaf, Jodariel vient à lui faire baisser légèrement la tête afin de déposer un léger baisé sur son front. S'il restait encore une zone non humidifiée sur la partie avant de Robyn, ce n'était plus le cas. Elle enlaça légèrement son compagnon en plus du léger bisous pour essayer de lui apporter une certaine chaleur comme elle avait ressentie, avant de le libérer.

- Je ne pourrais jamais te détester, Robyn, tu es un ami beaucoup trop précieux pour ça... Je n'aurais pas dû te gifler, désolé...

Essayant de déplacer une de ses mèches mouillées sur le côté pour libérer un peu plus son visage, Jodariel continuait de contempler son ami. Ils faisaient la paire, tous les deux, à pleurer, s'excuser et se soutenir. Mais ils faisaient tout de même une belle paire.

- Te savoir en vie est une véritable bénédiction... Cette foutue Lune m'a déjà bien trop pris... Parler ainsi de la mort vient à faire réapparaître quelques larmes au niveau des yeux de la fille Embarr dont les souvenirs de sa mère était encore trop proches. Pour que je te perde.

Une légère rougeur s'était affichée sur les joues de la Goron. Elle n'était pas quelqu'un de spécialement timide pour exprimer ses sentiments, de tout genre qu'ils puissent être de par ses talents de comédiennes et la proximité qu'elle pouvait avoir avec ses amis, mais la situation était-elle... Que les choses s'étaient amplifiées dans son cœur dont le rythme s'était accéléré depuis l'étreinte. Un léger frisson vint tout de même ramener Jodariel qui devait avoir accumulée une immense quantité d'eau sur son corps et dans ses cheveux... Chose qu'elle préféra mettre encore de côté, pour se concentrer sur le Piaf.

- Et puis... Depuis que l'on se connait, j'aime beaucoup trop notre duo pour le voir un jour être séparé définitivement.

Termina t'elle alors, un sourire sincère sur un visage en peine.

C'était toujours difficile de réussir à réfléchir correctement lorsque l'on était pris sous le torrent des émotions. Encore pire lorsqu' c'était des émotions fortes comme la colère et le chagrin. Pour Jodariel, même si elle avait en partie appris à maîtriser ce genre d'émotions pour la comédie, c'était bien différent de jouer quelque chose pour la scène et le subir de plein fouet dans la vraie vie. Finalement, regrettait-elle la gifle qu'elle avait mise à Robyn? Assurément, même si elle faisait du bien sur le coup, ce n'était pas une bonne chose à faire à un ami. Regrettait-elle ensuite de pleurer sur son torse en le maintenant fermement à cause de tout ce chagrin mélangé à la joie de le revoir? Cette fois-ci, pas du tout. Mais jongler entre ce qui ne se regrette pas et ce qui est à éviter reste toujours un jeu bien difficile. dont il fallait parfois subir les crises.

L'étreinte que Jodariel avait avec le Piaf semblait avoir un effet reposant pour les deux. Là où la Goron commençait petit à petit à calmer son esprit et son cœur, cette dernière pouvait sentir que son ami tremblait moins. Une simple présence amicale, un peu de tendresse dans une époque sombre, c'était la route de l'apaisement. Mais dans ce moment, difficile pour la fille Embarr de vraiment réfléchir sur la condition du voleur. Elle commençait à suffisamment le connaître depuis toutes ces années pour ne pas se rendre compte que Robyn semblait lui aussi bien au fond du gouffre. Que ce soit la question qu'il avait posée sur le fait de ne pas être détesté, les tremblements plus proches d'une peine profonde que d'avoir froid... Qu'avait-il bien pu arriver à ce plaisantin insouciant pour avoir été aussi chamboulé récemment en plus d'avoir fait le mort quelques jours? Ne souhaitant pas directement entrer dans ce sujet, préférant plutôt voir si le Piaf irait aborder cela, la comédienne resta encore un peu dans cette étreinte avant la remarque de son ami. Laissant un léger rire s'échapper de sa bouche face à la plaisanterie, la Goron se recula alors légèrement, brisant cette étreinte réconfortante. Chaque chose avaient une fin après tout.

- Pardon, je me suis peut-être un peu trop laissée aller.

Un léger sourire était revenu sur son visage. Se mettant alors à observer la petite maison dans laquelle ils se trouvaient. Froide, pour le coup. Pas de feu de cheminée, accablée en partie par le torrent et l'humidité de l'extérieur, ce n'était certainement pas le meilleur endroit pour sortir la tête de l'eau lorsque quelque chose n'allait pas. Mais Robyn ne devait malheureusement pas avoir mieux pour essayer de se ressourcer en tant que voleur. Il devait lui rester soit ça, soit la prison... Et malgré l'ambiance, la première solution restait la meilleure. Tournant la tête vers Robyn lorsque ce dernier proposa un verre, la jeune femme fit d'abord une mine légèrement intriguée. Il ne semblait décidément pas vouloir en parler, même, il proposait un verre. Jodariel connaissait que trop bien son compère pour savoir que, si ça continuait ainsi, ils risqueraient de finir en tant que deux ivrognes sous la pluie... Mais comment refuser au moins un peu d'alcool? Pour s'aérer un peu l'esprit et juste profiter des doux effluves d'une boisson alcoolisée.

- Bien entendu que tu m'en sers un allons. Ais-je déjà refusée un seul verre de toute ma vie? Enfin, sauf cette fois à Portua... Tu t'en souviens après avoir essayée de charmer ce capitaine pour une part de son butin? J'ai jamais vue un alcool ressembler autant à du charbon sur la couleur et l'odeur... Par Hylia...

Une anecdote qui commençait à dater d'il y a quelques années. Un petit partage des nombreux coups qu'ils avaient pût faire et des sottises. Mimant un dégoût, Jodariel fit en sorte d'afficher un visage prêt à vomir en se souvenant de l'odeur qui n'avait jamais réellement quitté sa mémoire au vue de l'horreur. Sûrement et en effet, la seule fois où elle refusa de l'alcool. Retrouvant une mine un peu plus sérieuse, la fille Embarr s'apprêta à lancer un sujet qui pouvait fâcher quand elle fût arrêtée par la question de se faire un feu pour se réchauffer. Voyant qu'il n'y avait alors que l'arc de son compagnon comme bois sec. Une légère grimace vint à tirer le visage de la Goron en remarquant qu'elle devrait subir l'effet du froid à cause de ses vêtements trempés, son seul espoir résidait maintenant sur le faite de ne pas attraper un méchant rhume ou la crève une fois cette journée terminée...

- Je pense que l'on pourrait commencer par la oui, je n'ai jamais réellement été emballée par tes talents d'archer...

Dit-elle, prenant une mine de profonde réflexion avant d'afficher un léger sourire narquois, ayant souhaitée embêter son ami qui était pourtant très doué dans cet art. Mais ce sourire vint doucement disparaître quand elle compris que non, il ne parlerait pas de lui même de ce qui semblait le peser. Il allait mal, il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer, ou ne pas connaître du tout le bon Robyn. Sauf que Jodariel était soucieuse de tout son entourage. Famille, amis, connaissances... Et le Piaf était un ami suffisamment important pour qu'elle s'en soucie presque comme un membre de sa famille... Pour ce qu'il en restait maintenant. S'approchant alors de son compagnon de crimes et délits, elle vint poser une main rassurante sur son épaule, plongeant alors son regard droit dans ses yeux. Elle afficha un visage tendre, un petit sourire en coin avant de reprendre.

- Robyn... On se connait depuis suffisamment de temps pour comprendre que quelque chose ne va pas et que tu noies le poissons derrière plein de choses mais... Tu sais que je tiens à toi. Que je ne te jugerais jamais et que je serais toujours une épaule solide pour t'aider et te soutenir. Alors, Robyn... permet moi d'être directe... Dit moi, qu'est ce qui ne va pas?

Elle espérait du plus profond de son cœur qu'il n'essaiera pas de s'en sortir avec une plaisanterie, ou par son insouciance habituelle, mais qu'il se livrerait réellement. Car pour ne pas rester dans une toile de ténèbres, il fallait parfois simplement lâcher tout ce que l'on avait sur le cœur.

Difficile de penser que la question pourrait sembler autant peser sur la conscience de son ami. Rien qu'à la réaction après cette demande... Quelque chose semblait vraiment difficile à vivre pour Robyn. C'est pour cela qu'elle ne réagit absolument pas quand il lui prit la main pour caresser son front et sa joue. C'était quelque chose d'assez étrange sur l'instant, mais après tout le Piaf semblait avoir besoin de réconfort, beaucoup de réconfort. Elle était habituée à en donner de toutes sortes, dépendamment de la situation ou de la personne. Si cela lui était profitable, ou juste pour soutenir quelqu'un. Mais ici, à cet instant, même si elle aussi souffrait, son ami avait besoin de quelqu'un. Et aucune raison que ce ne soit pas Jodariel qui vienne à la rescousse. S'il avait besoin de sa main, d'une étreinte, d'une oreille attentive ou qui sait encore, elle serait là pour le soutenir. Si on ne pouvait plus compter sur ses amis après tout dans nos pires moments, à quoi bon en avoir? Elle faillit même sourire à la phrase de son comparse, l'imaginant blaguer mais... Il n'y avait pourtant pas de sourire. Juste un haussement d'épaule aussi faible que son entrain. Prenant une légère initiative, elle vint décaler son revers de main qui était contre sa joue un peu plus haut, avant de la retourner pour y poser sa paume, et caresser une mèche de cheveux avec deux de ses doigts.

- J'ai beaucoup de mal à te mentir aussi tu sais. J'ai toujours été attristé de voir ton visage déçu.

Rétorqua-t-elle alors, un sourire doux-amer sur le visage. Difficile de savoir si ça aurait un quelconque effet, mais au moins espérait-elle que ce soit au minimum positif. Quand il vint faire sa demande pour sortir, comme il ne souhaitait pas rester, la fille Embarr sembla hésiter un instant. Retourner sous la pluie, alors qu'elle venait seulement de s'en protéger? Mais l'hésitation disparut bien vite en comprenant que cela lui tenait vraiment à cœur. Savoir qu'en plus il ne souhaitait pas la blesser lui fit louper un battement. Il savait parfois se comporter en véritable gentleman quand il le fallait ce doux Robyn. Mains entre les mains, front contre front, c'était presque une supplique au vu de la situation. S'il fallait sortir pour qu'il puisse sortir ce fardeau de son estomac, alors elle acceptait.

- Très bien, Robyn, on ira dehors, aucun souci à cela. Je veux que tu sois le mieux à même de parler.

Dit-elle, avant de frotter légèrement son front contre le sien dans une légère caresse. Cela ne dura qu'un instant avant qu'ils ne se séparent pour se préparer, mais au moins cela restait un moment de partage. Quand la comédienne vit son compagnon revenir avec une grande toile et la bouteille sous son bras, elle resta tout de même légèrement dubitative sur le temps de protection qu'ils auront contre la pluie. Bah, au moins l'air restait chaud, même s'ils finissaient tremper ils ne risqueraient normalement pas de trop chopper la crève... Enfin c'est ce qu'elle espérait. Mais les voilà à l'œuvre, dehors sous la pluie, un drap au-dessus de la tête en étant collé serré pour se protéger le plus possible. Malgré la situation qui semblait tout de même bien plus catastrophique qu'autre chose... Cela restait agréable finalement. Le silence seulement rompu par le bruit de la pluie s'abattant un peu partout. La proximité avec son ami. Si la situation n'était pas aussi tendue dans le cœur de l'un comme de l'autre, l'on aurait presque finalement pu penser à un élan romantique. Mais hélas, la réalité des choses peut souvent être bien différente de ce qu'elle affiche.

Une fois suffisamment éloignée de l'habitation, la Goron espérait enfin savoir ce qui semblait peser si lourd sur la conscience de son ami. Elle se promit de rester silencieuse jusqu'à la fin. En effet, valait mieux laisser quelqu'un parler jusqu'au bout après tout, que de le couper sans arrêt. D'une part cela fluidifie bien plus facilement le monologue de la personne, mais en plus cela donne plus de chance d'apaiser son discours et son cœur. Ainsi, quand il commença à parler de son arc comme étant celui de sa mère, la jeune femme eu d'abord le sentiment d'être une imbécile pour avoir plaisantée sur le talent d'archer de son ami, avant de retrouver un visage impassible, mais entièrement à l'écoute. Il se souvenait un peu de la mère de Robyn, Lyssandra. Tout du moins, des paroles qu'elle avait entendues d'elle. Un manque, une femme qui semblait important. Qu'il semblait tout de même aimer. énormément Ainsi, au vue de la situation, la suite risquerait sûrement de parler d'elle, et pour quelqu'un qui venait justement de perdre aussi sa mère... Nul doute que leurs cœurs résonneront ensemble dans ce tourment.

Il parla alors de son retour de Metzli, le pays des Twili, un lieu qu'elle n'avait jamais visité. La possibilité de perdre sa magie? Elle n'avait jamais entendu parler d'une t'elle possibilité. Mais lui-même semblait avoir compris l'impensable de la chose. Quand il parla de modifier ses souvenirs, le regard de Jodariel montrait qu'elle semblait avoir compris alors la suite de l'histoire. Mais elle ne dit rien. Pour laisser l'autre terminer. Même si ça semblait si difficile pour ce dernier qui semblait souffrir à chaque mots. Un doute rongea partiellement le cœur de la comédienne. Doutant si finalement faire souffrir son ami en lui faisant tout raconter était une bonne chose... Mais le doute s'envola bien vite. Oui, car elle était là pour le soutenir une fois la chose faite. Mais quand la suite arriva, cela vint bouleverser la pauvre fille Embarr. Elle s'attendait à certaines choses, mais pas spécialement à ce qu'elle perde entièrement la mémoire sur son enfant. Être ainsi effacer de la vie de quelqu'un, encore plus de par un parent si proche... Comme il disait, c'était presque une mort finalement, et il semblait s'en vouloir, se sentant en effet premier responsable de tout cela.

Que dire? Que répondre alors? Alors que la pluie tombait. Alors que le nature s'effondrait et se déchirait lors de cette tempête et qu'il ne restait que deux êtres vivants en proie à de profond tourments? La respiration de la Goron était lente, essayant de calmer son cœur, essayant de restreindre ses potentielles larmes, peinée par la douleur de son compagnon. Quand elle remarqua alors la bouteille tendue vers lui, elle ne se pria pas pour la prendre et déverser une bonne gorgée du breuvage. Encore une fois, un ton sec dans sa bouche. Jamais habituée à la première gorgée d'un doux, d'un fort ou de n'importe quoi. Mais la chaleur légère et pétillante de ce poison dans son corps malgré tout. Elle vint à planter son regard dans celui de Robyn après avoir déposé la bouteille sur la terre, l'enfonçant alors dans la boue de façon à ce qu'elle ne tombe pas. Que dire? Toujours aucune idée. Mais que faire? Elle semblait espérer quelque chose.

S'avançant alors, elle vint tirer le Piaf vers elle avant de l'éteindre de nouveau. Elle n'y mit aucune force, juste de la douceur. Déposant ses mains sur son dos, posant sa tête contre son épaule, serrant son torse contre sa poitrine. Restant dans cette position la un instant, toujours plongé dans un silence rompue par la tempête.

- Je... Je ne sais tellement pas quoi te dire Robyn...

Commença t'elle enfin, détruisant ce silence bien trop long.

- Ce que tu vie, ce que tu as dû traverser... C'est une épreuve bien trop cruelle pour n'importe qui... Même si de base personne ne mérite ça, toi encore moins.

Ne sachant plus trop quoi dire par la suite, elle vint simplement à essayer de réconforter son ami. Aider par l'alcool qui faisait déjà effet, aidé par la fatigue et la situation, les mains de Jodariel se déplacèrent de façon à attraper délicatement le visage du Piaf. Elle se déplaça légèrement en arrière, posant de nouveau sa tête contre celle de son ami, afin de continuer cet instant de douceur. Elle avait déjà du mal à gérer les décès, mais ça? C'était un tout autre niveau. Parfois, même une bavarde comme elle, une comédienne comme elle n'avait rien d'autre à dire que des simplicités. Mais au moins pouvait-elle compenser en soignant le cœur et l'âme. Levant doucement la tête, elle déposa un premier baiser sur son front, simple et rapide. Puis elle baissa la tête pour en déposer un second sur le nez, un peu plus long cette fois-ci. Tout en tenant toujours le visage de Robyn. Elle déplaça sa main droite pour permettre à son visage de déposer un troisième baisé sur la joue, toujours un peu plus long, afin d'y insuffler un peu de sa tendresse et d'amour. Avant de reculer de nouveau son visage et retrouver cette douce prise. Plantant son regard dans les yeux de son ami, la comédienne se mordilla doucement la lèvre, ne sachant vers quoi aller dans tout ça. Tous deux étaient blessés, tout deux étaient dans un moment d'émotions assez intense de tristesse. Et tous deux avaient besoin d'un peu de tendresse.

- Tu sais que je t'aime beaucoup, Robyn... Tu es l'un de mes plus fidèles amis. Mais tu es aussi un homme incroyable, et quoi que tu puisses avoir fait qui te pèse sur la conscience, tu resteras toujours une personne incroyable pour moi. J'espère... J'espère vraiment de tout mon coeur que le futur brillera pour toi, de nouveau. Et jusqu'à ce que ce jour arrive, je serai toujours là pour toi. Et encore après pour te soutenir.

Une légère inspiration, toujours dans l'espoir de le voir retrouver un semblant de sourire. Elle essayait d'avoir un visage plus lumineux, les yeux dans les yeux. Leurs visages sont assez proches, toujours fichus sous la pluie.

Quand on est assez proche de quelqu'un, que l'on en devient à être de bons amis sur qui l'on pourrait compter à la vie à la mort, on sait quand il faut simplement laisser couler quelque chose. Certes, oui, Jodariel avait eu besoin de Robyn peu de temps après la mort de sa troupe et de sa mère mais... Avec ce qu'elle avait entendu, avec toute les choses qui l'avaient tout autant bouleversée et attristée sur la maternelle du Piaf... Comment simplement encore en vouloir à quelqu'un qui avait subi sa haute dose de douleurs? Après tout, la Goron avait un cœur et une cervelle. Et avec sa carrure, un cœur sûrement plus grand que la moyenne pour englober tout son entourage dedans. Elle savait que parfois, son ami utilisait l'humour pour échapper au sentimentalisme et aux grands bouleversements. Parfois il utilisait l'alcool. Et dans ses souvenirs floues de soirées qui ne finissaient jamais, il utilisait les deux. Mais pas ici, pas à ce moment. Et ça touchait profondément la fille Embarr d'avoir ainsi été là pour éponger le cœur plein de larme d'une personne qu'elle considérait comme extrêmement précieux.

Jodariel, elle, avait vouée sa vie à jouer la comédie et s'amuser. Mais elle avait aussi vouée sa vie à protéger ceux qui étaient importants pour elle. Elle n'était pas parfaite, bien entendu. Peut-être même qu'elle n'y arrivait pas à tout les coups. Mais elle faisait de son mieux et mettait toujours son cœur à l'ouvrage. Ce n'était pas non plus la personne, sobre, la plus affectueuse malgré sa capacité à soutenir comme un rocher bien des choses. Mais elle pensait qu'apporter un peu de chaleur, un peu de réconfort et un brin d'amour à Robyn serait une bonne décision pour lui permettre de stabiliser son coeur et diminuer sa tristesse. Ce qui semblait, à son grand bonheur, marcher, même si ce n’était qu’un tout petit peu. Se battre pour ses amis, pour leur bonheur, pour les rassurer. C'était un beau but. Nul doute qu'Hylia serait contente d'elle d'agir ainsi... Moins pour le reste. Les quelques mots de son ami vinrent lui tirer un sourire, délicat mais sincère. L'étreinte, elle, accentua la douce chaleur qui enrobait son cœur sur ce doux moment. Certes la situation, sous la pluie, n'était pas des plus joyeuses. Certes c'était un binôme assez souvent poissard sur bien des plans, dont le plan de la vie. Mais, ils étaient encore en vie, et ils réussiront bien à relever la tête avec fierté, ce duo aux jolies minois, non? D'une douce voix marquée par un trait d'humour, la Goron reprit.

- Allons, Robyn, je ne compte pas quitter ce monde avant d'avoir marqué de mon nom les quatre coins d'Hyrule! Puis, avec un brin plus doux encore. Et encore moins le quitter sans être sûre que tu iras bien. Donc tu peux compter sur moi pour vivre encore longtemps.

Avait-elle peur de la mort? Oui, comme tout le monde. Ou tout du moins, comme beaucoup de monde. Elle craignait chaque jour pour sa vie, comme elle craignait chaque jour pour la vie de son entourage. Son père, sa troupe, Robyn... Tous avaient une grande importance dans son cœur mais aussi dans ce qu'elle était. Alors bien sûr que non, elle ne comptait pas mourir. Qu'elle ne comptait pas changer. Elle continuera de se battre pour eux, de pleurer avec eux, d'avancer à leurs côtés et d'être la fière roche solide qu'elle était. Ils n'étaient peut-être pas tous liés par le sang, mais au final... Quand on décidait de parcourir le chemin d'une vie avec quelqu'un, est ce que c'était si différent que d'être de sa famille? Et puis, abandonner quiconque qui comptait sur elle, qui comptait pour elle...  Ce serait bien trop douloureux, et elle aura bien du mal à regarder son reflet si elle devait agir ainsi.

Mais pour le moment, ce futur, ces combats... Ce sera pour une prochaine fois, un futur plus lointain. Elle avait quelque chose de très important à faire, passer du temps avec un ami qui semblait être tout autant une épave qu'elle sur le plan sentimental. Les paroles crûes de son ami vinrent à faire ricaner Jodariel. Elle non plus ne souhaitait pas se geler le corps. La pluie, le froid, pour elle? Non, vraiment pas ce qu'elle aimait le plus. Tout en aidant son compère à tenir solidement la fameuse tente de fortune, la fille Embarr reprit alors.

- Je préfère quand c'est l'alcool généralement qui se transforme en torrent, pas la pluie tu sais... J'approuve donc l'idée de rentrer. Cela dit à force de geler tu ferais sans aucun doute la plus belle des statues ailées qu'Hyrule n'ai jamais connu. Dit-elle alors, prenant le temps d'observer son ami de la tête au pieds avec un léger sourire au coin de la bouche en l'accompagnant de son clin d’œil légendaire. Aller, suis moi, direction un coin sec, je vais m'occuper de toi.

Elle aussi savait avoir un humour... Particulier. Pas toujours celui qui faisait mouche mais au moins détendait-il généralement l'atmosphère. Après tout, elle appréciait surtout l'auto-dérision et n'était jamais trop méchante avec ses amis. L'opposée de son humour contre les inconnues. Prenant la tête du duo, tenant d'une main le voile protecteur, de l'autre la main de Robyn, il ne fallut de nouveau pas longtemps avant de rentrer et se mettre à l'abri. Jodariel en profita pour fermer la porte et se poser contre celle-la. Le tissue, sa peau, tout collait contre le bois en plus d'y laisser une méchante trace d'humidité. Sans un véritable feu pour se sécher, tout en gardant des vêtements trempée, pour le coup oui, ils auront une belle fièvre demain. Y avait-il quelque chose à manger? Certes ses talents culinaire étaient basique, mais sans feu impossible de faire des miracles. Il ne restait donc qu'une chose, l'alcool. Au moins c'était une vieille amie elle aussi. Serrant fort ses cheveux pour y faire tomber un maximum d'eau avant de jeter la mèche ainsi formé dans son dos, elle tira un peu sur sa tenue trempée, un air mi ennuyée mi amusée.

- Je suppose bien entendu que tu as totalement de quoi changer nos vêtements et reprendre un minimum de force avec quelques trucs à grignoter hein?

Demanda t'elle alors, un léger sourire amusée sachant finalement que la réponse serait loin d'aller dans le sens d'une bonne finalité. Haussant les épaules, et sans attendre de réponse elle s'approcha alors du Piaf, prenant sa main qui tenait encore la bouteille d'alcool, levant le bras et la divine boisson avant de boire une bonne gorgée. S'il n'y avait pas de feu pour se réchauffer, ça fera amplement l'affaire. Son corps se détendant déjà un peu plus.

- Je n'ai rien prévue, pour les prochains jours... La troupe risque de rester un long moment à Hyrule donc elle n'aura pas besoin de moi. Si tu souhaites que je reste pour te tenir compagnie plus longtemps... La voix de Jodariel se fit un peu plus timide, malgré un sourire joviale. Je me ferais une joie de rester. Pour qu'on aille mieux, ensemble.

Une de ses mains toujours posée sur celle du Piaf tenant la bouteille, elle vint en déposer une autre sur son épaule comme pour le rassurer et le soutenir, attendant simplement sa réponse sur ce deal. Quoi de mieux pour deux noyées sentimentaux que de rester ensemble à boire, ressasser le bon vieux temps et essayer de rire un peu afin d'avancer, jusqu'à ce que la vie décide de nouveau d'infliger une nouvelle cruauté? Et puis, pour la jeune femme, c'était pas avec n'importe qui qu'elle passerait du temps, mais avec Robyn.

Bon sang, voilà que son ami prenait un air malicieux au premier sous entendu non voulu par la jeune demoiselle. Difficile de savoir si elle devait se sentir amusée ou faussement énervée par cette réaction alors qu'elle était sérieuse et innocente. Mais en y réfléchissant bien... Elle avait de quoi faire largement mieux que tout cela. L'amour que portait Robyn pour les aventures de ce genre pouvait sûrement amplement être utilisé à son désavantage. Lui rendant son petit sourire, elle vint s'approcher de lui, déposant une main sur sa joue, un regard malicieux elle aussi.

- Oh, Robyn... Tu penses à la même chose que moi hein?

Une voix presque suave sorti de sa bouche comme pour tendre encore plus l'instant, elle laissa alors la situation en suspens un léger instant, avant de légèrement décaler sa main vers l'oreille du jeune homme pour lancer une pichenette sur son lobe. Pas de quoi lui faire mal, mais au moins pour le surprendre et calmer un minimum les potentielles ardeurs du jeune garçon. Reculant rapidement sa main, Jodariel en vint à glousser, posant sa main sur sa bouche.

- Est-ce que je dois toujours jouer le rôle de celle qui gèle tes envies Robyn, enfin?

La situation était certes particulière oui entre les deux amis, mais elle n'était pas du genre à tendre CE genre de perches à un homme... Ou même une femme. Et puis, c'était toujours amusant de faire un peu redescendre son coéquipier du crimes lorsque ce denier agissait ainsi. Peu de temps après cela au moins se retrouvaient-ils au chaud, mais une véritable chaleur cette fois-ci. Il fallait dire quand on ne recevait pas de la pluie ou du vent en pleine tronche et continuellement ça aidait tout de même beaucoup. Se sentant déjà un peu plus sec malgré le fait de goutter sévèrement, la Goron resta immobile alors que le Piaf quittait son champs de vision, la poussant à tourner le regard, le portant vers la fenêtre pour observer les éléments de la nature continuer de se déchainer. Elle préférait en effet être dedans que dehors, le contraire serait de la folie. C'est n'est que lorsqu'il revint, lui jetant des draps qu'elle fût surprise, essayant d'utiliser au maximum sa dextérité pour récupérer tout ce qu'on lui jeta... Avec une réussite mitigée. Elle lança même un regard intriguée de cette passe hasardeuse.

Mais le regard intrigué devint rapidement un visage de joie en voyant le plateau qui contenait quelques mets simples. Du saucisson? Des baies? Et en plus il y avait encore la bouteille d'alcool? Mais c'était une véritable fête! Simple, certes, mais il n'y avait pas spécialement besoin de plus pour profiter de la vie quand on était avec un bon ami, hein?

- Toi, tu sais comment récupérer les meilleurs produits pour passer un bon moment hein? De la viande, de l'alcool, un peu de sucre et toi! Que demander de plus hormis plus d'alcool? Dit-elle, enjouée alors qu'elle retirait quelques gouttelettes de son visage. Au moins cela nous laissera donc jusqu'à demain pour continuer de passer du temps tout les deux. Pour rattraper un peu le retard que l'on a accumulé sans se voir et... Continuer de discuter.

S'exprima t'elle, avec son délicat sourire amusée. Elle espérait tout de même que le père de Robyn aille bien et qu'il était en lieux sûr malgré la tempête. S'il avait une jambe souffrante, ce serait définitivement mieux pour lui d'être en sécurité. Mais en parlant de sécurité... Jodariel ne s'en était pas rendu compte de suite, mais elle tremblait, et de plus en plus. Sûrement le faite d'être trempée elle et ses vêtements depuis un long moment. Elle avait espérée garder cela discret afin de ne pas inquiéter le Piaf, mais lui aussi avait remarqué cela au point de le souligner. Affichant une mine embêtée, la fille Embarr ajouta vite fait un :

- Ce n'est pas grave tu sais, c'est sûrement la joie qui me fait trembler d'excitation...

Bon, c'était pas très convaincant, mais elle ne s'attendait pas non plus à recevoir sur son épaule la main chaleureuse de son ami qui lui déplaça même une mèche de cheveux au niveau du front pour déposer un baisé. L'action fît légèrement rougir la comédienne qui senti une douce chaleur se former dans sa poitrine, réduisant alors les tremblements. C'était peut-être une action toute simple, mais elle appréciait réellement quand Robyn était tendre comme cela, quand il était aux petits soins.

- Merci...

Dit-elle en baissant la tête, un léger sourire niais sur le visage, faisant même un petit rond de jambe timide signalant une petite joie alors que sa tête se faisait masser, la faisant soupirer d'un plaisir sincère. Elle était vraiment heureuse et fier de pouvoir compter sur quelqu'un comme le Piaf. Sur quelqu'un aux petits soins. C'était un ami précieux, un ami proche. Une valeur sûr mais surtout quelqu'un qui méritait tout l'or du monde pour la joie qu'il apportait aux gens autours de lui, ou tout du moins, la joie qu'il lui apportait à elle. Une chose qu'elle ne lui avait jamais dit, c'est que l'un de ses rêves les plus fou, c'était d'abandonner sa carrière de comédienne pour partir sur les grands chemins afin de rester à ses côtés jour  et nuit pour vivre la meilleure vie possible et s'amuser par vents et marée. Mais voilà, c'était un rêve fou, elle ne pouvait définitivement pas abandonner sa famille de toute façon... Et en parler n'aurait pas d'intérêt si c'était pour que ça ne se réalise pas, non?

De nouveau, il fit preuve de tendresse, comme un mur de sécurité. Faisant rougir encore plus les joues de Jodariel quand ses paumes entrèrent en collision avec celles de Robyn. Les mots qu'il disait, la détermination dans la voix. Il était sérieux. Il n'y avait pas de sous entendue ou de plaisanteries dans sa façon d'agir et... ça faisait battre le cœur de la jeune femme. En relevant le visage dans la direction de son ami, elle se rendait bien compte de son côté charmant et séduisant. De cet aura protecteur qu'il se donnait alors. Elle sourit alors, presque timide comme une jeune demoiselle en détresse face à son preux chevalier.

- Je compte sur toi alors, mon beau protecteur. Elle fit alors un clin d’œil amusée à son attention.Mais je n'ai aucune raison de douté. Je sais de base que je pourrais mettre ma vie entre tes mains sans aucun problème, Robyn.

Termina t'elle de dire, de façon plus sérieuse. Elle le pensait vraiment. Sinon, elle n'aurait pas fait les quatre cents coups avec lui. Elle ne lui aurait pas révélé son identité de Poussières d’Étoiles qu'il aurait pût user et surabusée en chantage. Profiter de toute les fois où elle picolait comme un puits sans fond pour finir dans un état dramatique. Non, il avait toujours été son ami, sincère, amical, et protecteur. Alors pourquoi ça changerait? Pourquoi arrêterait-elle de lui faire confiance? Non, au contraire, elle savait qu'elle pourrait lui donner les clefs de sa damnation, qu'il brûlerait l'objet pour être sûr qu'il ne lui arriverait rien. C'était ça, des amis.

- Je suis heureuse de t'avoir dans ma vie, vraiment.

Continua t'elle de dire pour clôturer sa pensée. Le temps lui, passa un peu jusqu'à la proposition de dormir sur le lit du jeune Piaf. Une proposition fort intéressante qu'elle se voyait mal refuser. Le sol c'était marrant une seconde, mais elle dormait trop souvent sur du bois, avec des réveils bien trop compliqué pour apprécier le faire en étant trempée. Mais ce qui la fit tiquer c'est qu'il ne semblait pas s'ajouter à cette formule de dormir dans un lit. Encore une fois, pour Jodariel, c'était sûrement un côté protecteur pour ne pas mettre mal à l'aise la situation... Même si le faite qu'il ne plaisante pas au moins la dessus la fit lever un sourcil de surprise. Pouvait-il finalement être mature plus de dix minutes ce bougre de voleur? Pour le coup, c'était peut-être à elle de faire ce pas en plus dans la direction de son ami. Elle n'allait pas le faire dormir ailleurs que sur son lit, ça restait sa maison après tout. Enfin, potentiellement la maison de son père, mais théoriquement la sienne aussi...

Enfin bref, il méritait lui aussi de dormir au chaud et puis... Elle se sentirait plus en sécurité avec l'orage et la tempête aux côtés d'un ami, que seule. De la compagnie après tout, elle en avait cruellement besoin. Posant sa main sur le torse de Robyn, c'est avec une voix gênée qu'elle ajouta alors :

- Tu sais... On peut dormir tout les deux. Le lit me semble assez grand... Et puis j'ai... J'ai vraiment besoin de toi... Que l'on s'occupe de moi...

Avec ses mots, son coeur s'accéléra un moment. Elle approcha légèrement sa tête de celle du Piaf, pas si loin de ses lèvres... Sentant un souffle chaud, elle eu presque un quart d'hésitation avant de finalement déposé un baisé sur la joue de son ami. Pour le remercier de son hospitalité.

- J'aurais sûrement plus chaud ainsi de toute façon. Tu peux être sûr que ton hospitalité et ta bienveillance ne sera jamais oubliée par la grande Jodariel pour le jour où j'aurais mon propre manoir!

Continua t'elle, un peu plus sur le ton de l'humour pour apaiser l'atmosphère si particulier qui lui faisait vriller la tête et le coeur. Ne sachant plus trop la direction à prendre, se réfugiant alors derrière l'humour et son sens du spectacle. Elle hésita d'ailleurs un instant avant de commencer à retirer sa main du torse de Robyn, ne sachant pas spécialement la réaction qu'aura son ami...

La petite vengeance de Jodariel avait eu son effet escompté en voyant ainsi son ami hausser les épaules et frotter la zone attaquée. Certes ce genre d'humour pouvait parfois être utilisé par la comédienne lorsque l'alcool coulait plus dans ses veines que le sang, mais elle aimait tout de même utiliser son côté espiègle pour répondre à ce genre de choses. Même si au fond elle savait la magnifique personne qui régnait dans le cœur de Robyn et que derrière ces aires de charmeurs, il n'y avait pas à ses yeux âmes plus douce à côtoyer. Et puis, elle n'aurait sûrement pas osé agir ainsi si le Piaf n'était pas lui-même réceptif à cela. Chamaillerie, blagues et spectacle, rien à dire c'était un duo haut en couleur qui continuait d'exister dans le paysage d'Hyrule. Pour le plus grand bonheur de la fille Embarr qui ne souhaitait en aucun cas en voir un jour la fin. Même si pour cela il fallait soutenir toute les blagues et propositions futur de son camarade, ça en valait amplement la peine.

Si l'inconfort des tremblements et du froid était quelque chose plutôt pénible à devoir supporter, le réconfort qu'elle obtint par la suite, lui, était des plus enivrants. Elle avait vraiment de la chance, de pouvoir compter sur quelqu'un qui lui avait sûrement sauver la mise aussi souvent que l'inverse. A force de vivre des aventures aussi absurdes que palpitantes, d'avoir sans nul doute vue la souffrance et la mort d'horribles manières sans parler des simples moments de franche camaraderies.  C'était plus qu'une simple amitié finalement que la comédienne partageait avec le Piaf. Quand la simple présence de l'autre faisait battre votre cœur. Quand le moindre de ses gestes apportait son lot de plaisir et de bonheur. Quand sa voix émerveillait votre quotidien... Robyn apportait tout cela, et plus encore. Même si au tout début Jodariel avait pût être en colère, c'était surtout de la peur qui terrassait son âme. Mais à présent, chaque seconde en compagnie du fils Patel apportait un brin de lumière supplémentaire à sa vie, oubliant finalement presque tous ses drames à elle. La Goron continuait d'apprécier, en le montrant oralement par divers soupirs, le plaisir des doigts de son ami pour apaiser encore plus toute tension physique. Peut-être qu'elle aurait pût parler, continuer d'afficher certains problèmes profonds, montrer autant de sentiments que son ami... Mais rien ne voulait sortir comme véritable parole. N'y avait-il pas déjà eu trop de larmes à verser aujourd'hui? De toute façon, elle se répandra bien une autre fois en sentiments auprès du Piaf. Même si la jeune femme jouait souvent les dures à cuire, les protectrices de son entourage, elle pouvait facilement avoir les sentiments en miettes et se répandre en détresse. Avec Robyn, elle savait qu'elle serait écoutée. Quel que soit le moment, il l'écoutera, comme elle l'écoutait à chaque problème. Une confiance totale entre deux êtres aux lourds problèmes que la vie leur offrait par centaines.

Quand la session détente se termina, Jodariel souffla de déplaisir. Toutes les bonnes choses avaient toujours une fin certes, mais pourquoi cela arrivait si souvent? Au moins la suite des festivités était faite pour entièrement se vider l'esprit. Sentant son bras se faire tirer pour s'approcher du plateau tout en ayant la sainte offrande de l'alcool. Que la lumière d'Hylia soit béni pour avoir apporté aux êtres vivants conscients cette douceur alcoolisée s'exclama intérieurement la fille Embarr qui ne se pria pas pour dévorer un morceau de chaire, et boire une glorieuse gorgée d'alcool. Bien entendu, la comédienne n'était pas égoïste et elle redonna rapidement la bouteille à Robyn pour que lui aussi puisse en profiter. Sentant alors les picotements de l'alcool dans son esprit faire affaire. Ce sentiment chaleureux, c'était comme lorsqu'elle était chez elle entourée de sa famille. Mais tout cela était encore mieux, car c'était qu'une seule personne qui lui apportait tout ce plaisir.

Encore ce sourire taquin et son rire d'imbécile heureux, pensa Jodariel, avec son propre sourire aux lèvres par la remarque de son ami. Elle n'avait pas ressentie plus que cela le piquant de sa barbe mal entretenue, après tout elle était surtout occupée à apprécier le moment de tendresse. Mais alors qu'ils étaient maintenant installés sur des coussins, se penchant pour voir de plus prêt, cette barbe avait tout de même son charme. Même si elle ne souhaitait pas que ce manque de soin soit la conséquence de trop lourdes causes. Posant deux doigts sur le menton de son ami, sentant ce côté piquant, elle vint délicatement tirer le menton vers le bas, puis sur les côtés tout en observant avec un regard inquisitrice. Enfin, d'une inquisitrice alcoolisée. Elle vient à le lâcher presque quelques secondes après, laissant une délicate caresse sur sa joue.

- N'ai nul crainte, j'ai la peau suffisamment dure pour cela. Ce que je trouve incroyable c'est que tous les styles de barbes te conviennent. C'est presque de la magie ça, tu t'en rend compte?

Dit-elle alors, une voix mélangeant humour et fausse surprise avant de baisser délicatement la tête par les nouvelles paroles de son ami. C'est vrai que prise dans tout cela, se sécher ne lui était même pas venue à l'idée alors qu'elle souhaitait initialement se mettre au chaud. Ah, son esprit semblait pris dans quelques tourbillons! Enfin, si cela lui permettait de se faire encore une fois chouchouter en se faisant sécher le visage. Riant délicatement elle vint prendre le dernier morceau de nourriture qu'il pouvait rester afin de la tendre vers la bouche de son ami, lui offrant de bon cœur.

- Au cuisinier, la dernière part! A mon ami, ma générosité!

Riant à sa propre phrase, elle perdit l'équilibre avant de tomber en avant, réussissant à s'agripper sur le torse de son ami avant de se lever, s'appuyant en partie sur Robyn pour ne pas tomber par manque d'équilibre.

- Oui, c'est peut-être pas mon idée la plus responsable pour ne pas tomber malade... Je vais t'emprunter quelque chose je pense...

Dit-elle, avant de disparaître dans la pièce qu'avait emprunté le Piaf, tout en titubant légèrement. C'était peut-être son sixième sens ou l'habitude de cet état qui lui permet de se déplacer sans jamais se cogner. Elle ne connaissait pas du tout le lieu mais il ne fallait pas être devin pour comprendre que le lieu avec des vêtements sales devait sûrement en posséder des propres. Se déshabillant, elle vint déposer ses propres habits mouillés pour les poser à côté de ceux de Robyn. Elle avait oublié de lui demander de ne pas venir mais bon, à force de recevoir cette remarque il allait bien rester sagement de son côté, se disait-elle soupirant. Sa peau collait un peu à cause de l'eau, ainsi prit elle le premier bout de tissue qui lui permettrait de diminuer drastiquement cela avant d'enfiler un vêtement en laine qui semblait bien trop grand pour elle. Jodariel n'était pas forcément une personne minuscule, bien qu'un peu plus petite que son ami, mais au moins serait-elle au chaud avec un bas lui aussi trop grand pour elle. Aucun doute, le Piaf allait vraiment se moquer de ces vêtements, pour une comédienne habituée aux vêtements à la taille parfaite...

Alors qu'elle était revenue, que la bouteille avait été terminée, les derniers mots touchèrent la Goron en plein cœur, souriant niaisement en détournant le regard, les joues sûrement rougit par la gène ou l'alcool. Mais ce murmure lui avait apporter un frisson dans sa colonne vertébrale, et dans son esprit. Elle ne s'attendait pas à le voir ensuite fermer les yeux, bailler et se poser contre elle. Posant son regard sur lui, elle pouvait admirer à quel point cet homme qui était avec elle était beau. Le prenant alors dans ses bras, commençant à le bercer tendrement, tout le corps de la comédienne brûlait. Pas de maladie, pas de fièvre, mais d'une sensation si apaisante, si douce qu'elle n'avait jamais pris le temps d'étudier. Qu'elle n'avait jamais ressentie au contacte de quelqu'un d'autre. Mais ce dernier, comme à son habitude et sûrement sans le vouloir, venait de glisser sa tête sur les genoux de la Goron. Un léger rire sortit de la bouche de la fille Embarr.

- Non mais, vraiment? C'est moi qui sert d'oreiller? Alors que tu as littéralement des membres permettant d'en remplir? Ce monde est clairement à l'envers! Hein, Robyn?.... Robyn? Tu dors?

Elle attendit, pensant obtenir une réponse, une boutade ou quoi mais difficile de savoir s'il ne répondait pas par pure flemme, par inconscience alcoolique ou car il dormait. Bah, ce n'était pas grave. Il perdait encore une occasion d'écouter une blague incroyable. Déposant un premier baisé sur sa joue, la jeune femme passa une main dans ses cheveux, commençant à caresser à son tour le crâne du Piaf. Passant délicatement ses doigts abîmés par le travail et la vie entre chaque mèche de cheveux. Une autre main, elle, tenant celle de Robyn comme pour l'étreindre en partie en le rapprochant d'elle. Au moins les deux auront plus chaud ainsi, même si pour Jodariel on était déjà assez haute en sensation de température.

Bon sang ce qu'elle se sentait... Heureuse. La, dans une maison simple au milieu de la campagne. Si on oubliait la tempête, on aurait l'impression d'être loin de tous les problèmes du monde. Des champs aux alentours à gérer et s'occuper. De quoi manger, de quoi boire sans vivre dans l'excès. Se sentir dans le coin le plus paisible du monde. Et surtout, passer du temps avec une personne incroyable. Non, plus qu'incroyable. On ne donnerait pas sa vie à quelqu'un de "juste" incroyable. On ne ressentait pas tout ce qui rendait fou le cœur de la jeune Embarr pour quelqu'un de "juste" incroyable.

- Robyn, tu dors hein?

Demanda t'elle sans vraiment s'attarder sur une réponse, se doutant que de toute façon il devait sûrement être dans un état second au pire. Elle pourrait sûrement passer toute sa vie ainsi tellement la situation était belle. Aussi belle que lui était beau.  Elle posa sa tête alors sur son oreille, ses lèvres se mettant dans le creux de cette dernière.

- Je vous aime, mon prince charmant...

Dit-elle, déposant un nouveau baisé, avant de relever la tête. Réfléchissant alors. Cette vie... Elle en aurait bien voulue oui. Vivre avec Robyn, à ses côtés. S'occuper des champs, s'éloigner de la comédie, des responsabilités, de la gloire. Fonder pourquoi pas une famille ou juste profiter d'une vie à deux. Elle savait pertinemment qu'elle pourrait être capable de s'occuper de lui aussi bien qu'il s'occuperait d'elle. En plus de former sans nul doute un duo incroyable aussi bien en amour qu'en comédie. Ce serait un rêve si doux, oui. Un rêve si doux et à portée de main.

Son corps se remit à reprendre une température plus normale. Son cœur reprenant un rythme plus lent. Son sourire affichant une mine triste, les yeux presque humide. Oui, cette vie serait un rêve. Mais qu'elle ne pouvait pas embrasser. Qu'elle ne pouvait pas suivre ainsi. Pas après ce drame qu'est la Lune de Sang. Pas après que sa famille ait besoin d'elle. Que tout son entourage, puisse avoir besoin d'elle. C'était son devoir. Elle avait tellement donnée, et elle continuera de donner. Son corps, son temps, son futur. Et si elle ne pouvait embrasser entièrement l'amour qu'elle avait en son sein, elle offrirait tout de même sa vie à ce sentimental sur ses genoux. Pour qu'il puisse lui fonder un véritable futur. Fermant les yeux, tout en continuant de caresser la paume de sa main et les cheveux de Robyn, Jodariel essaya de garder sa respiration calme et ses larmes pour elle. Son ami n'avait pas besoin de se faire plus d'inquiétude encore.

Tout cela était son secret à elle.
Son fardeau le plus lourd.
Une comédienne ne prenait jamais sa retraite, et elle endosserait son rôle de protectrice jusqu'au bout. Quitte à perdre plus qu'elle ne puisse donner.