Tomorrow is a hope, never a promise ↬ PV Jacerys

Tomorrow is a hope, never a promise

lune 10 jour 1

La vie était courte. Saoirse le savait. Elle le savait depuis longtemps ; depuis le décès si brutal et injuste de sa mère, mais aussi depuis qu’elle faisait face à de nombreuses âmes en peine lorsqu’elle devait abattre le marteau de la justice ; et il était impossible d’y échapper. C’était une réalité cruelle et douloureuse. Injuste, mais qui rendait la vie aussi belle qu’éphémère.
Alors pourquoi ressentait-elle un vide si intense depuis deux jours ?

Bien que pragmatique, Saoirse n’était pas sans émotions. Elle avait appris à les camoufler lorsqu’elle devait juger les autres, mais désormais seule, la goron laissait son visage se murer dans une expression de souffrance et de deuil. Cela ne faisait que deux nuits, deux longues nuits où elle ne pouvait que s’imaginer la douleur de la reine ; sa précieuse amie ; qu’elle laissait volontairement seule pour ne pas l’importuner de sa présence. Elle qui avait été si seule pendant de trop longues nuits, luttant contre le sommeil pour ne pas revivre ce traumatisme, elle ne pouvait qu’être empathique vis-à-vis du calvaire de Zelda, quand bien même elle ne voulut jamais d’enfants.

Incapable de dormir, Saoirse déambula lentement dans les couloirs du château. Les gardes avaient l’habitude. Ils se contentèrent d’un hochement de la tête en la croisant avant de retourner à leurs devoirs. Vêtue d’une longue robe lavande légère, elle marcha ainsi jusqu’aux jardins, où elle avait pour habitude de se perdre lorsque les tourments du passé revenaient la hanter.
Les bras croisés, elle laissait deviner une expression des plus sombres. Ses traits tirés témoignaient des larmes qu’elle avait versée— une douleur bien moindre par rapport au couple royal à n’en pas douter. Ses longs cheveux cendrés entouraient un visage endeuillé, tandis qu’elle s’immobilisait devant un rosier aux pétales ivoires.

Elle tendit une main pour effleurer la fleur, et son pouvoir s’activa. Elle cherchait à savoir si Zelda s’était récemment aventurée par ici, mais ce n’est pas elle que Saoirse devina dans sa vision…
Mais bien Jacerys.

Elle n’avait pas vraiment eu l’opportunité de le croiser depuis l’accouchement de Zelda. Son cœur s’alourdit dans sa poitrine tandis qu’elle se détournait pour scruter les environs. La vision était claire ; témoignant que cela était récent. Son faciès se masqua d’une certaine inquiétude tandis qu’elle faisait quelques pas vers l’intérieur des jardins royaux.
« …Votre Majesté ? » Appela-t-elle timidement, ignorant trop si elle réceptionnerait une réponse. Sa voix était un peu enrouée de fatigue et d’émotions. Elle ne parlait pas beaucoup depuis ce jour-là, qui aurait dû être un épisode de fierté et de fête pour le royaume.
Elle avait bercé cette malheureuse petite chose… et ses bras semblaient si vides depuis…

Une main sur la poitrine, Saoirse tourna un regard triste vers les fleurs blanches et ivoires qui l’entouraient. Ce n’était pas sans lui rappeler que c’était là exactement les couleurs qu’elle avait suggéré à Zelda à Fort-Lumière.
Sa gorge se serra à ce souvenir.

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Tomorrow is a hope, never a promise

lune 10 jour 1

La culpabilité mordit la poitrine de Saoirse dans une étreinte froide et piquante. Quelque chose lui soufflait qu’elle n’avait rien à faire ici, dans cette bulle isolante dans laquelle le roi s’était enfermé afin de vivre son deuil en toute tranquillité.
Naturellement, elle n’était pas ici volontairement, à espionner Jacerys. Le hasard faisait bien les choses et elle se retrouvait simplement là où il se trouvait, à une heure avancée de la nuit, à un moment où en théorie, personne n’errerait dans les couloirs du château— sauf elle, réputée pour être un fantôme entre ces murs blancs, bien qu’elle ait fait la paix avec son traumatisme, les vieilles habitudes avaient la vie dure.

C’était bien lui, qui s’approcha, s’étonnant de sa présence. En dépit d’une faible luminosité, elle devinait que son visage était tiré par la fatigue, le chagrin, l’épuisement, la lourdeur de son fardeau… Comme lui, Saoirse ne savait pas comment soutenir la reine et espérait que chaque jour qui passe puisse alléger le poids de ses souffrances. Elle avait le sentiment que Jacerys était dans le même cas.
Il souffrait, mais souhaitait soutenir sa bien-aimée. C’était impossible. Une déchirure insoutenable.

« Je… » Il avait raison. L’aube était loin ; il n’y avait aucune raison pour elle d’être ici, à errer dans les jardins. Elle baissa le regard à l’image d’une enfant intimidée, attristée d’avoir été prise la main dans le sac, puis redressa la tête en haussant mollement les épaules. Pourquoi mentir ? « …Il m’était impossible de trouver le sommeil, Votre Altesse. »
Elle leva les yeux pour les plonger dans les siens, notant qu’ils partageaient certainement le même mal. Comment dormir après un tel événement ? C’était si récent. Lorsqu’elle fermait les yeux, Saoirse oscillait entre le souvenir de Zelda, si heureuse, qui lui demandait d’être la marraine de cet enfant-à-venir, une idée certainement partagée par le roi, et l’image de cette malheureuse petite chose, si fragile et inerte, dans ses bras couverts de sang, qui ne poussait ni cri ni respiration, rien. Aucune pensée ne pouvait chasser ce qui hantait son esprit depuis.
Il n’y avait que la culpabilité, l’impuissance et la détresse.

Ses mains se serrèrent ensemble avec nervosité. Elle ne pouvait s’empêcher…
« Jacerys… » Elle parla tout bas, hésitante. « Comment… Comment va-t-elle ? » Saoirse n’avait pas revu personnellement Zelda depuis, ou alors très brièvement. Sa reine et amie était inconsolable, naturellement. Elle ne pouvait que comprendre. Cependant, sur le plan personnel, il n’y avait vraiment que le roi qui puisse dire comment elle se sentait. Le chagrin la dévorait, et certainement, l’empêchait de s’occuper même de sa propre personne. Mangeait-elle ? Était-elle parvenue à boire quelque chose ? Toutes ces questions hantaient Saoirse.

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Tomorrow is a hope, never a promise

lune 10 jour 1

La question était délicate, peut-être même déplacée. Saoirse ne cherchait pourtant pas à mal faire. Elle espérait entendre que la reine avait au moins cessé de verser ses larmes… Cependant, elle en doutait. Quelque chose en elle parvenait presque à deviner les cris de son âme dans les froids couloirs du château, qui semblaient si sombres et solitaires ces derniers temps. Le château pleurait la mort de cet enfant, le noir revêtait les fenêtres, comme lors du tragique décès du roi.
Tout, ici, rappelait à la reine la mort de ce petit.

Jacerys lui ouvrit son cœur en disant faire de son mieux pour soutenir Zelda. Malheureusement, il en souffrait également, autant de la perte de cet enfant-à-venir que de la douleur de sa bien-aimée. Tout n’était qu’un brouillard dans son esprit, jusqu’à ce qu’il ne demande si c’était là leur punition, poussant Saoirse à le dévisager avec inquiétude et surprise.
« Non ! Hylia ne le permettrait pas. » Lança-t-elle, comme un cri du cœur, si spontanément qu’elle se sentit maladroite. Jacerys avait ses fautes, peut-être, mais de là à faire une chose pareille ? Saoirse refusait de croire que la Déesse puisse faire ainsi preuve de cruauté envers ceux qui la vénérait.

Ce n’était pas envisageable pour la goron.

« Ne vous torturez pas avec de telles pensées. C’était… C’était une tragédie. Une tragédie que personne n’aurait pu envisager. Pas même la Déesse. » Voilà qu’elle essayait d’empêcher le roi consort d’empirer l’état déjà secoué de son esprit en pensant à des choses pareilles. « Croire une chose pareille promet de meurtrir davantage votre cœur. Il ne faut pas. » En d’autres circonstances, sans doute aurait-elle pu être puni pour s’être adressé à lui d’une telle façon. C’était le roi ! Après tout. Néanmoins, ici et maintenant, elle était une grande et précieuse amie de la reine Zelda, et non pas Saoirse Sadlyn, la conseillère.
Elle était là pour aider son amie, mais également Jacerys… Si tant était qu’elle en avait le pouvoir.

Elle se détourna du roi, se dressant de profil à lui en serrant ses mains contre sa poitrine, sous sa gorge.
« Je l’ai tenu dans mes bras. Il a tenté de respirer, il… Hylia a tenté de lui donner son premier souffle. Sa bénédiction ne l’a pas… Elle n’a pas eu le temps de… » Sa façon de déblatérer sans faire attention à ses propos était due à une grande fatigue, accumulée ces derniers jours. Maladroite et confuse, la dame se passa une main sur le visage, gardant son regard vers le sol.

« Pardonnez-moi. Mes pensées… ne sont pas claires ces derniers temps. »

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