Nadë outragée, Nadë brisée, Nadë martyrisée, mais Nadë libérée (ft. Nadë)

Nadë ne compte même plus les jours, ni les lunes depuis qu’elle est enfermée à Celestia. Non, le compte lui donne envie de vomir et de tout abandonner. La belle Zora n’est plus que l’ombre d’elle-même, se levant péniblement, se déplaçant avec difficulté, ne faisant plus aucun effort ni pour s’habiller, encore moins pour coiffer ses longs cheveux blonds. Elle passe ses journées, soit au lit, soit assise au bord de la fenêtre à regarder les montagnes, et parfois elle lit un peu… D’ailleurs, on ne l’entend même plus parler, ne prenant même plus la peine de saluer les servantes qui lui apportent ses plats ou de l’eau chaude pour sa toilette. Toute once de joie de vivre semble avoir déserté son corps et son cœur meurtri, délaissé…
La naïade est donc encore dans son lit lorsqu’un bruit, provenant de la fenêtre attire irrémédiablement son attention. Absolument personne ne vient à son balcon habituellement, pas même les oiseaux qui ont peut-être deviné que derrière le verre se trouvait une prison… À cet instant, il y a pourtant bel et bien quelqu’un dehors, la Zora peut tout à fait discerner sa silhouette. Une telle situation aurait pu faire peur à la jeune femme dans d’autres circonstances, mais c’est sa curiosité qui l’emporte et elle finit par enfin se lever pour s’avancer de la grande fenêtre. Repoussant délicatement le fin rideau qui la protégeait du soleil en pleine journée, Nadë reconnaît alors aussitôt l’une des espionnes de la princesse Zelda et aussitôt son visage s’illumine. Pas une seule seconde, elle n’imagine que la jeune Sheika et pu changer de camp et elle lui ouvre même avec beaucoup de hâte !

Le visage de la jeune femme s’illumine aux paroles de la brune, bien qu’à présent, elle n’ait plus rien d’une lady. Elle n’a pas pris la peine de se coiffer et ses cheveux sont tirés en arrière dans un chignon désordonné. Elle porte une chemise de nuit par-dessus laquelle elle a enfilé un gros gilet d’homme pour la couvrir du froid et son visage semble amaigri, creusé et fatigué… Mais il avait suffi qu’elle entende le mot « libérer » pour que cela n’ait aucune foutue importance ! Se reculant pour laisser la chevalière entrer dans la pièce, Nadë lui répond à voix basses, bien qu’elle ait beaucoup de mal à contenir sa joie. « Oui ! Asumi Miz'Kyosia ! La reine m’a déjà parlé de vous. » Et bien que les deux jeunes femmes n’aient jamais vraiment eu l’occasion de se côtoyer, ou d’échanger, elles s'étaient toutes les deux aperçues de nombreuses fois et savaient qu’elles pouvaient l’une et l’autre se faire confiance. Soulagée, la naïade inspire avant de reprendre la parole. « Je n’arrive pas à croire que la reine à envoyer quelqu'un. Je n’arrive pas à croire que je vais enfin sortir d’ici ! Mille mercis Asumi !»

La vue d’un visage amical a fait beaucoup de bien à la Zora et elle peut enfin entrevoir une réel opportunité de quitter ce satané château, néanmoins, la réalité la rattrape très vite. « Mais il y a des gardes partout… » Reprit-elle si bas qu’elle due se rapprocher de la Sheika pour être certaine qu’elle puisse vraiment l’entendre. « Je n’ai pas votre agilité, ni votre rapidité… » La raison de Nadë l’a rattrapé au grand galop et elle doit se rendre à l’évidence : quitter sa cage dorée ne va pas être si simple. Tous ses espoirs reposent donc sur la brune. Elle était arrivée jusqu’ici, elle avait sans doute un plan pour repartir ? Quoi qu’il en soit, et peu importe ce qu’il se passerait par la suite, la Zora serait éternellement reconnaissante envers l’espionne qui avait risqué beaucoup pour venir jusqu’ici…

Les yeux de la blonde pétillaient de joie en observant la belle Sheikah. La joie… Une émotion que Nadë avait peur de ne plus jamais ressentir puisque cela faisait plusieurs mois qu’elle n’avait même pas esquissé un réel sourire. Il faut dire aussi que la Zora ne s’attendait pas à ce que l’espionne de la reine Zelda ait un tel humour. Dans une autre situation, la naïade aurait pouffé de rire, c’est certain ! Cette autodérision n’était pas sans lui rappeler celle d’un certain prince, mais ce n’était absolument pas le moment de laisser ses idées divaguer. Nadë reposa donc son attention sur Asumi, surtout que cette dernière affirmait que la reine et le roi n’abandonnait jamais personne. À l’évocation de Jacerys, la Zora sentie comme une pointe lui perforer la poitrine. Zelda et Jacerys étaient mariés à présent ! C’est vrai ! Et dire qu’elle n’avait pu assister ni à leur mariage, ni au couronnement… Il y avait tant de choses à rattraper et cette pensée fit quelque peu perdre l’éclat de joie qu’affichait la blonde jusqu’à présent. D’autant plus qu'Asumi avait réussi à venir jusqu’ici, mais rien ne leur garantissait qu’elles pourraient repartir facilement…

Les deux femmes en étaient tout à fait conscientes, et alors que la brune expliquait à Nadë qu’elle allait devoir se faire violence, la jeune noble répondit aussitôt. « Je suis prête à absolument tout pour sortir d’ici ! » Même à se salir les mains, si c’était pour retrouver sa liberté et sa vie d’avant. Et ceux sans aucun remords, car ils étaient si peu ici à avoir fait un geste pour elle… « Je vous écoute ! » Fini par dire la naïade, en plongeant ses yeux noisette dans ceux de l’espionne. Asumi avait absolument toute la confiance de Nadë qui écouta avec beaucoup de sérieux chacune de ses instructions.

Hochant la tête à chacune des informations que lui transmettait la brunette, la Zora balaya la chambre, sa cage, du regard. Il n’y avait vraiment pas grand-chose ici qu’elle souhaitait garder. Quelques bijoux chers à son cœur seulement, mais elle les portaient déjà. Alors elle rassura la Sheikah, puisqu’il était évident qu’elle ne devrait absolument aucun dédommagement ! « Je n’ai rien de valeur ici, et vous risquez déjà beaucoup pour moi, pour me devoir quoi que ce soit par la suite. Par contre, si nous sortons d’ici, c’est moi qui vous serez éternellement redevable ! » Et Nadë pesait chacun de ses mots. Il suffisait de voir la détermination dans son regard pour comprendre qu’elle était véritablement sincère.

La Zora chercha ensuite du regard ce qu’elle avait comme vêtements noirs. Malheureusement, pas grand-chose, à part le châle qu’elle portait déjà sur les épaules et qui la couvrait à peine… Elle chercha tout de même discrètement dans l’une de ses malles et trouva finalement un manteau, dans les tons violets, mais très foncés qui ferait parfaitement l’affaire ! Elle l’enfila par-dessus sa chemise de nuit et se retourna vers la Sheikah. « Qu’en pensez-vous ? Ce sera assez discret ? » Elle n’avait de toute manière pas beaucoup mieux…

La naïade s’avança alors vers le balcon pour se pencher légèrement par-dessus le bord. Le vide qui s’étendait en dessous aurait du faire peur à la demoiselle, elle qui après tout était bien plus à l’aise dans l’eau que dans les airs. Mais ce fut tout le contraire. Nadë se sentit envahi par l’adrénaline et une certaine excitation et avant de se retourner vers la brune venue la délivrer, elle prononça une promesse tout bas. « Je verrais le soleil se lever hors de ce château, et loin de ce royaume de malheur. »

Rien ne pourra entacher la détermination de Nadë ce soir ! Alors si la jeune femme dit vouloir voir le soleil se lever dans un autre royaume, elle fera tout pour !
La nouvelle de l’absence des hommes et des femmes capables de se battre laissa un goût amer dans la bouche de la naïade alors qu’elle observait l’espionne empoigner sa corde. D’un côté, elle ressentait un immense soulagement à l’idée que sa fuite serait facilitée par l’absence de défenseurs, mais d’un autre côté, la réalité de la situation la frappa de plein fouet.
La Zora savait pertinemment que l’absence des hommes au front signifiait que de nombreuses familles seraient déchirées, que des vies seraient bouleversées par la guerre… La tristesse et l’injustice de la situation l’envahirent, elle qui avait, elle-même été touchée par un conflit en tant que prisonnière politique. Elle ne put s’empêcher de penser aux autres innocents qui subiraient les conséquences de cette guerre et des choix du stupide roi de pacotille qui dirigeait Hebra.

Heureusement, que les paroles d’Asumi tirèrent rapidement Nadë de ses pensées. Il fallait qu’elle reste concentrée si elle voulait retrouver sa liberté ! Elle observa donc le grappin et attrapa la paire de gants que l’espionne lui tendait, qu’elle enfila aussitôt. Si pour le moment, la Zora ne posait pas trop de questions, elle ne put se retenir de laisser échapper un petit rire alors que la belle Sheikah décrivait le splendide petit-déjeuner auquel elles auraient droit toutes les deux, une fois loin de ce château de malheur. « J’ai vraiment hâte d’y être ! » Lança donc la blonde à la détermination inébranlable. Elle était prête à tout pour quitter le château de Celestia, alors quand elle observa l’espionne disparaître là où la corde avait été soigneusement préparée pour la descente en rappel, elle ne montra aucune peur ni hésitation. Ses yeux brillaient d’une résolution féroce, et son cœur battait avec une certitude implacable.

Nadë s’approcha du rebord de la fenêtre à son tour, le regard fixé vers la nuit étoilée au-delà. Elle pouvait sentir le vent nocturne caresser son visage, lui apportant un souffle de liberté longtemps désiré, à moins que ce ne soit Valoo qui lui souhaite bonne chance…
La Zora ne se préoccupait déjà plus des risques. Elle savait que cette descente en rappel serait périlleuse, elle qui n’avait jamais été une grande sportive, mais elle était prête à l’affronter de front ! Elle vérifia tout de même rapidement l’attache de la corde, s’assurant qu’elle était correctement fixée, puis elle se prépara à glisser hors de cette fenêtre, prête à descendre dans l’obscurité de la nuit, vers sa liberté !

Lorsqu’elle s’accrocha à la corde, comme Asumi venait de lui montrer, une lueur d’excitation vint illuminer le visage de la blonde. Finalement, elle n’était pas effrayée par les hauteurs, ni par l’inconnu qui l’attendait plus bas et sur le reste du chemin. La seule chose qui comptait à cet instant pour Nadë, était de s’échapper de cette prison dorée. Elle commença donc à descendre lentement, avec sa grâce habituelle, ses mains et ses pieds cherchant à maîtriser chaque centimètre de la corde. Chaque descente la rapprochait d’Asumi et de son objectif !

Lorsque Nadë atteignit enfin le sol, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. Elle était un peu essoufflée, son cœur battait rapidement, et ses jambes tremblaient légèrement. Elle n'était pas une habituée à faire tant d’effort, et cette descente en rappel avait été une épreuve physique et émotionnelle intense. Mais malgré sa fatigue, elle ne pouvait s'empêcher de sourire, fière d’elle-même et se tourna vers l’espionne de la Couronne le visage rayonnait, attendant de toute évidence la suite du plan !

Une fois les pieds solidement ancrés sur le sol, Nadë sentit une vague de soulagement l’envahir. Cette sensation fut rapidement remplacée par une chaleur réconfortante alors qu’elle entendait la voix d’Asumi. Les mots de l’espionne firent d’ailleurs sourire la Zora. Son ton léger et son humour bien placé aurait même beaucoup fait rire Nadë, si la situation ne les obligeait pas à être discrètes. Plus que tout, la blonde se sentait reconnaissante envers cette femme qui avait risqué sa propre sécurité pour venir la libérer et pendant un court instant, la perspective de travailler avec elle dans les services secrets de sa majesté lui semblait bien plus attrayante que n'importe quelle fonction d’ambassadrice. Avec un léger rire qui s’échappa tout de même de ses lèvres, la naïade répondit donc doucement « Je pourrais bien y penser, après tout, je commence à me lasser des châteaux ennuyeux et des princes laids. »

Une fois le grappin récupéré, Asumi s'accroupit dans l'obscurité de la nuit, invitant Nadë à faire de même pour pouvoir lui chuchoter leur plan. L'ambassadrice écouta attentivement le plan de la Sheikah, ses yeux brillant dans l'obscurité alors qu'elle visualisait chaque étape. Elle acquiesça silencieusement pour montrer qu'elle avait bien compris. Les mots de l’espionne de la couronne étaient précis et confiants, et la sirène sentait sa propre détermination croître à mesure qu'elle entendait le plan se dérouler. Elle se prépara alors mentalement pour le défi à venir, se concentrant sur la tâche à accomplir. La blonde hocha finalement la tête et chuchota la voix pleine de résolution : « Très bien. Je vous suis ! »

Alors qu'elles contournaient le garde, Nadë se fondait dans l'obscurité avec une discrétion impressionnante. Tel un fantôme glissant à travers les ombres, elle ne faisait aucun bruit, ses mouvements étaient fluides et silencieux. Le garde, le fameux Jean-Patrick, semblait être totalement inconscients de leur présence. Il ne sourcilla même pas lorsque les deux jeunes femmes passèrent derrière lui, aussi discrètes qu'une brise nocturne.

Une fois qu'elles furent à une distance sûre, Nadë et Asumi reprirent leur progression à travers le jardin, se rapprochant de leur objectif. La discrétion de la Zora avait rendu leur contournement du garde remarquablement facile, et elles savaient que le reste de leur évasion se déroulerait de la même manière, avec agilité et détermination ! Malheureusement, alors qu’elles avançaient avec précaution, l’inquiétude commença à monter chez la naïade, à cause du tunnel mentionné par l’espionne un peu plus tôt. L’idée d’affronter des monstres dans ce passage sombre et étroit était plus qu’intimidant. Elle se tourna donc vers la brune, une lueur d’appréhension dans les yeux « Asumi ? Est-ce que vous plaisantiez à propos des monstres dans le tunnel ? » Demanda-t-elle à voix basses, espérant secrètement que la réponse serait affirmative…