À peine a-t-elle ouvert les yeux que ses dames de compagnie se sont précipitées dans ses appartements pour lui souhaiter une magnifique et belle journée. En effet, ce n'est pas n'importe quel jour aujourd'hui. Fêtant ses vingt-trois automnes en ce jour, Zelda allait sans doute recevoir bon nombre de lettres et de présents pour lui souhaiter la plus belle des journées. La princesse se sent plutôt de bonne humeur aujourd'hui, rien qu'en regardant les visages radieux de ses dames de compagnie qui ont toutes fais l'effort de venir la saluer et l'enlacer dès le matin en ce jour de fête. En plein cœur des préparatifs pour le Millénaire de l'Unification, toute la Cour est également en effervescence et l'anniversaire de la princesse risque de donner encore plus de rythme à tout cela. Zelda s'y prépare mentalement alors qu'elle commence dors et déjà à se demander à quoi ressemblera sa journée. Ces dernières lunes furent particulièrement éprouvantes à cause de tous les tracas qui tourment son esprit alors un peu de répit, un peu de joie, ne seront pas de refus. Juste un instant.

Mettant du cœur à l'ouvrage, la princesse Zelda apparaît très vite dans les couloirs menant à la Cour et dans la salle du trône où les décorations continuent d'être imaginées. L'Hylienne s'est depuis le début portée volontaire pour aider et faire part de ses idées pour embellir comme jamais auparavant la Citadelle et le Chateau d'Hyrule en prévision des festivités du Millénaire de l'Unification.
Naturellement, son père est déjà là et il la salue. Rhoam Nohansen n'a jamais été un homme qui avait pour habitude de se montrer câlin et tactile y compris avec sa fille unique. C'est un père aimant à sa manière et hélas, parfois, l'Hylienne ne le comprend pas toujours. Zelda est toutefois surprise lorsque son père l'accueille avec un grand sourire, déposant un tendre baiser sur le haut de sa tête. Heureuse de voir son paternel aussi joyeux et démonstratif, lui qui d'habitude, est plutôt réservé et est du genre à mettre une grande pression sur les épaules de sa fille.

« Je te souhaite de passer la plus merveilleuse des journées, ma fille. Aujourd'hui, tu as vingt-trois ans, Zelda. Tu es devenue une magnifique et belle jeune femme » dit-il, d'une voix calme, ne cachant pas une certaine fierté et admiration pour sa princesse.
« Merci, Père. Je vous remercie de tout cœur. » Il faut reconnaître que Rhoam fait rarement preuve d'autant de délicatesse et d'affection vis-à-vis de sa fille, alors, elle garde précieusement ses paroles dans son cœur pour s'en souvenir à chaque fois qu'elle doutera de l'amour que lui porte son père.

À ces mots, son père se tourne vers l'entrée de la salle du trône dont les portes viennent de s'ouvrir, des pas arrivant dans leur direction. La princesse se tourne et son sourire s'illumine tel un soleil lumineux venant ensoleillé une immense vallée. Puis, Rhoam reprend la parole, portant une main sur l'épaule de sa chère princesse. Zelda est loin d'imaginer la raison de la venue de son cousin au sein de l'immense salle du trône, et à quel point il a sûrement dû batailler longuement avec le Roi pour obtenir sa permission.

« Cousin ! Je suis heureuse de te voir aujourd'hui ! Comment te portes-tu ? » demande-t-elle, toute souriante et heureuse de voir ce visage familier et ô combien réconfortant lors des périodes de nuages et de tourments. Il est son phare dans cette nuit sans fin qui parfois envahit bien trop son âme pourtant si radieuse et si lumineuse. À cet instant, Zelda s'incline doucement pour faire une petite révérence à l'égard de son cher cousin pour le saluer.

Zachary s’était levé plus tôt qu’à son habitude ce jour-là afin de s’assurer que tous les derniers détails soient fin prêts. Il n’avait eu de cesse d’accaparer le personnel du château depuis la veille afin que tout soit parfait pour sa très précieuse princesse, sans qu’elle ne soit mise au courant, ignorant les sourires amusés que cela pouvait causer. Ce n’était pas comme si leur jeune prince leur ajoutait beaucoup de travail avec ses demandes. Chacun et chacune avait déjà un rôle à remplir et si une grande fête se préparait assurément, le chevalier avait également besoin de tout un pique-nique, car il souhaitait partager un moment privilégié avec sa cousine qui devenait une jeune femme devant son tendre regard rempli de fierté, bien qu’il s’inquiète parfois de l’avenir et des changements que le temps continuerait à opérer sur Zelda. Cependant, aujourd’hui, il n’y avait de place pour aucun tourment. Zachary s’en était fait le serment. Elle s’était tellement dévouée auprès de la Citadelle ces derniers jours, pour préparer le Millénaire, qu’elle méritait au moins cela au lieu de cette couronne qui pesait parfois si lourdement sur ses épaules en l’absence de Myranda. Il avait donc pris soin d’emballer la couverture brodée d’étoiles que lui-même avait reçu en cadeau, au cas où une brise légère devait se lever ou qu’ils aient besoin d’un coin d’ombre, soigneusement pliée et dissimulée dans le fond du grand panier d’osier. Tout cela lui rappelait le temps passé, alors que le royaume était encore paisible, avant qu’il devienne plus mature, et cela le faisait sourire, presque malgré lui, nostalgique, ne manquant pas de remercier chaleureusement chaque personne qui croisait son chemin, par poignées de main ou mots bien choisis. Il ne serait pas étonné de trouver quelques surprises et petites douceurs parmi leurs affaires, comme du jus de fruits ou même du bon vin, après tout, tous deux n’étaient plus des enfants, mais ils demeuraient précieux aux yeux de leur Citadelle.

Zachary réalisa tout à coup qu’il allait peut-être arriver en retard tant il était concentré à la tâche ! Au pas de course, il traversa les couloirs menant à la salle du trône, s’excusant vaguement au besoin. Il ne risquait pas d’être en sueur ni d’avoir le souffle coupé pour si peu. Est-ce qu’il avait failli faire vaciller un vase d’une inestimable valeur au détour d’un tournant par le fait même ? Peut-être bien, mais l’important c’était qu’il avait réussi à le rattraper juste à temps, à bout de bras et dans un exercice complexe d’équilibre qui le fit grimacer et presque tituber sur le dos, non ? Un petit raclement de gorge lui fit réaliser que son acte n’était pas passé aussi inaperçu qu’il l’aurait souhaité, les gardes étaient décidément partout et toujours au poste, mais il se contenta d’en rire en haussant les épaules avec nonchalance, attendant ensuite patiemment que les portes lui soient ouvertes, maintenant qu’il avait frappé doucement pour annoncer son arrivée, conservant une distance raisonnable. Il respectait ce moment d’intimité entre un père et sa fille, d’autant plus lorsqu’ils étaient rares, et cette journée était spéciale pour cette raison également.

« Bonjour, chère cousine ! Il fait un temps radieux pour cette journée en ton honneur. » répondit-il aux salutations qui lui étaient adressées, un grand sourire aux lèvres.

Zachary en était ravi. C’était un bon signe. Son plan allait se dérouler parfaitement, il en était persuadé. Il évalua toutefois d’un regard rapide la tenue de Zelda, se retenant tant bien que mal d’arquer un sourcil perplexe. Leur promenade s’annonçait certes tranquille mais ce ne serait pas l’idéal de monter à cheval dans cette robe. Il s’attendait également à une petite remarque marquée d’enthousiasme puisqu’il la connaissait bien, quoique sur ce point, il était possible que la présence du roi la rende plus timide afin d’éviter des remontrances quant à ses manières. Tout de même, son instinct lui disait que quelque chose clochait. Il adressa ainsi une question muette à Rhoam du regard, ne sachant plus trop où se mettre. N’avait-il pas encore annoncé la bonne nouvelle ? Attendait-il simplement que tout le monde soit réuni ? Laissait-il à Zachary le soin d’annoncer son projet et d’en récolter les honneurs ? Avait-il plutôt changé d’avis ? Voulait-il retirer cette immense faveur accordée ? C’était son droit. Le prince pouvait évidemment offrir son autre cadeau à sa cousine dans les jardins du château, pendant qu’ils profitaient de ce temps splendide avant l’arrivée de la saison froide, mais il s’était fait une telle joie à l’idée de lui faire cette belle surprise ... Et cela lui avait demandé beaucoup d’efforts pour approcher son oncle afin d’obtenir une permission toute particulière malgré les arguments qui lui étaient présentés contre cette idée, tous sages et mesurés. Confus, un brin méfiant peut-être, Zachary attendait avec un sourire fin mais tendu de découvrir les dernières humeurs de Sa Majesté. Il ne pouvait guère s’opposer à sa volonté et comprenait le désir de protéger leur joyau le plus précieux en ce monde. Mais il la protégerait toujours, au péril de sa propre vie, s’il le fallait, il n’y avait rien à craindre dans ce cas, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme s’il comptait s’éloigner jusqu’à un relais ou une autre ville non plus, juste assez pour apercevoir quelques montagnes ou aller à la rencontre d’une délégation en chemin.

Ah, quelle bonne idée d’avoir gardé le secret jusqu’au dernier moment ! Il enviait cette sagesse. Zachary serait ainsi le seul à connaître le goût amer de la déception, en vérité, bien qu’il n’aimait pas mentir à sa famille. Ce n’était pas la première fois que le prince se laissait emporter entre enthousiasme et excentricité. Peut-être était-ce un simple malentendu de sa part. il ne devait pas se laisser abattre pour si peu. La perspective d’un pique-nique dans la cour pouvait être tout aussi amusante, s’il y mettait du sien, le défi serait plutôt de trouver un lieu où personne ne viendrait les déranger …

Cette journée allait être merveilleuse ! Zelda le sent. Et lorsqu'elle peut apercevoir à l'entrée de l'immense salle le visage de son cher cousin se dessiner, elle ne peut que ressentir une profonde joie à l'idée de pouvoir voir Zachary. Avec les préparatifs du Millénaire de l'Unification, la princesse avait tellement eu la tête ailleurs que leurs moments à eux deux étaient devenus beaucoup plus rares. Il faut dire que Zelda aide aux préparatifs avec tant de ferveur et de motivation qu'elle a tendance à ne pas savoir où aller !

Loin de s'imaginer le projet entre son père et son cousin, Zelda interroge du regard les deux hommes près d'elle. N'osant pas se jeter dans les bras de Zachary, la princesse lui adresse tout de même un regard complice et amical, espérant justement le faire à l'abri des regards. Rhoam Nohansen n'apprécie pas toujours les manières de Zelda et il n'hésite pas à se montrer dur envers elle ; et il n'y avait plus la douce présence de Myranda pour apaiser le Roi quant à l'éducation exemplaire de sa fille.
Néanmoins, le silence est rapidement brisé par Rhoam lui-même qui, bien soudainement, se met à sourire. Il pose alors ses deux mains sur les frêles épaules de Zelda, lui affichant un large sourire.

« Ma fille. Aujourd'hui est ta journée et je veux que tu puisses en profiter pleinement. Comme tous les ans, nous dînerons ensemble ce soir mais pour le reste, aujourd'hui, tu es libre de tes obligations. »

C'est si inattendu, Zelda n'y croit pas. Elle cligne rapidement des yeux, comme surprise d'une telle réaction de la part de son père. Bien-sûr, cela lui fait plaisir mais elle se demande bien quoi faire pour occuper sa journée si elle ne peut participer aux préparatifs et s'en défaire le temps d'un jour.

« Je... » prononce-t-elle, mais ne pouvant pas terminer le début de sa phrase.
« Mon cher neveu, » dit le Roi, redressant son visage souriant vers Zachary, échangeant alors avec lui un regard complice. « Je te laisse la suite. » Le grand Hylien espère alors que son neveu puisse comprendre qu'il lui laissait l'honneur d'annoncer la bonne nouvelle à Zelda. En cette journée, il lui confiait le joyau du royaume et le Roi espère sans doute qu'il ne fasse pas erreur en ayant accepté de libérer sa fille de ses obligations le temps d'une journée entre cousins. Aussi, Rhoam avait fait le choix de ne rien annoncer sans la présence de Zachary et laisse donc ce dernier faire ce qu'il doit être fait pour révéler la surprise à la princesse.

Ne comprenant pas exactement les échanges de regards entre les deux Nohansen, Zelda se tourne tour à tour vers l'un et l'autre avant de finalement se rapprocher de son cousin, laissant un peu à contrecœur son père.

« Avez-vous projeté quelque chose ? » demande-t-elle à voix haute, un peu étonnée mais également enthousiaste à cette idée.

La légère tension qui s’était emparée du corps de Zachary s’évapora rapidement et tout naturellement lorsqu’il entendit que cet anniversaire serait légèrement différent de leurs traditions habituelles. Il dut se retenir au lieu de rejoindre immédiatement sa famille pour leur offrir une grande étreinte chaleureuse ou simplement laisser libre court à son énergie pour trépigner sur place comme un gamin. Par contre, au courant de la soirée, en privé, nul doute qu’il laisserait plus de place à cette joie de vivre qui lui réchauffait déjà le cœur.

« J’ai demandé à ce que nos montures soient préparées ce matin. Nous partons à l’aventure, Zelda. »

Son regard bleu brille de complicité quelques secondes avant qu’il retrouve son sérieux. Après tout, si la garde de la Citadelle est très efficace à la tâche et que cela fait quelques jours que le calme semble régner autour de la Citadelle selon les rapports, cela ne signifie pas forcément que tout danger est écarté et il ne sait pas si la rapière de la princesse sera suffisante pour la protéger alors que lui-même avait été blessé dans un affrontement de ces monstres, victime de son imprudence, inutile de le rappeler.

« Il faudra rester près de moi et obéir si je décide qu’il vaut mieux rentrer. D’accord ? »

La promesse scellée, il relâcha ses mains et salua également son oncle avant de se retirer. Cette fois, il fit un peu plus attention à son trajet, surtout que le personnel du château risquait de l’avoir à l’œil maintenant. Zachary l’attendrait près des écuries, près de la sortie, prêt à partir, fixant solidement le panier sur le dos de son cheval avant de simplement profiter de l’air frais et du bon temps. Il se demandait si sa cousine aurait une envie particulière pour cette promenade. Ils avaient souvent emprunté le chemin de Fort Lumière ou encore en direction de Lanelle … Et puis ils devaient être rentrés avant la fin de la journée pour le dîner. Pour sa part, il était tout aussi nerveux qu’il était emballé à l’idée de cette journée très spéciale.

Ne sachant pas ce qu’il l’attend, la princesse regarde tour à tour son père et son cousin. Elle semble les questionner du regard en silence jusqu’à ce que Zachary ne commence à annoncer la chose. Partir à l’aventure à cheval. Les yeux clairs de Zelda s’illuminent et pétillent d’une joie indescriptible – il est à cet instant très difficile pour elle de retenir sa joie mais elle parvient à contenir son envie de bondir de bonheur. Restant droite, la princesse porte simplement ses mains sur son cœur et son regard s’adoucit pour laisser place à l’expression libre de ses émotions. C’est une grande première pour la jeune femme qui peut enfin profiter d’une journée de liberté en dehors des murs parfois trop étroits du château pour un esprit aussi fort et aventurier comme le sien. Les balades à cheval sont une activité que la princesse aime beaucoup faire mais depuis la Lune de Sang, elles se font hélas rares et surtout, toujours très proches du château ou de la Citadelle.

« Par Hylia… » dit-elle d’une voix enthousiaste. Elle semble à peine se rendre compte à quel point cela a dû être terriblement difficile pour son cousin d’obtenir la permission de la prendre en balade à cheval pour sa journée d’anniversaire en plein cœur des préparatifs pour le Millénaire de l’Unification.

Regardant tout autour d’elle, Zelda trépigne d’impatience et son cœur tambourine dans sa poitrine de joie et de bonheur. Ses prunelles pétillent et elle regarde longuement Zachary pendant quelques secondes, partageant avec lui un regard complice dont seuls eux deux peuvent en connaître la profondeur en raison de leur relation très forte. Car après tout, liés par le sang, si Zachary n’est peut-être pas son frère mais un cousin, aux yeux de Zelda, cela avait toujours été comme s’il était un frère aîné pour elle. Doucement, la princesse hoche la tête et laisse ses bras redescendre le long de son corps, faisant légèrement bouger le bas de sa longue robe blanche et rose.

« C’est promis. »

Dit-elle en scellant une promesse.
L’Hylienne observe Zachary qui se retire de la salle après quelques instants, sans doute pour préparer les derniers détails avant son arrivée aux écuries. Bien vite, Zelda quitte à son tour l’immense salle et se retire pour laisser son père seul mener les préparatifs. Elle se déplace avec grâce au sein du château pour se permettre de changer de tenue et opter pour une tunique bien plus appropriée pour une balade à cheval que sa longue robe élégante.

Au bout de longs instants, la silhouette de la princesse se présente aux écuries. Zelda observe le ciel un instant, tournant sur elle-même en écartant les bras pour laisser son enthousiasme s’exprimer davantage. Puis, en quelques pas, Zelda marche vers son cousin qui semble prêt à partir en étant accompagné de leurs deux chevaux respectifs. D’un geste tendre, la princesse salue les chevaux avec quelques caresses avant de se retourner vers Zachary, souriante.

« C’est un cadeau inestimable… Je n’ose imaginer à quel point cela a dû être difficile de convaincre Père de me laisser une journée hors du château. »

En effet, cela n'avait pas été de tout repos afin de se voir accéder à sa requête. Pour Zachary, il n'y avait pas de meilleure récompense que le précieux sourire de la princesse. Il n'y avait donc aucun obstacle qu'il n'oserait affronter dans ce but bien que son oncle soit une des rares personnes qui parvenaient vraiment à l'intimider, par respect, plus que par crainte de cette présence imposante. Elle se dévouait tant pour que la Citadelle soit resplendissante. Il avait bien remarqué que cela l'épuisait. Il était alors tout naturel de la laisser souffler un peu, le temps de quelques heures, bien que le château et la Cour ne quittaient jamais complètement leurs pensées.

« Je dois reconnaître que c'est un meilleur cadeau qu'une grenouille. » répondit-il en riant doucement, secouant la tête de gauche à droite.

Le prince s'en souvenait encore comme si tout cela était arrivé la veille. Pourtant, cet incident remontait à plusieurs années maintenant. Il en avait fait du chemin pour devenir un chevalier digne de ce nom. Au fil du temps, c'était devenu une petite blague, sans méchanceté aucune, se prêtant bien au jeu. Zachary s'assura une dernière fois que les selles étaient solidement fixées à leurs montures tout comme le panier que ce brave Flamme allait devoir porter. Dans le cas contraire, la curiosité de sa cousine aurait probablement eu le dessus dès qu'il aurait le dos tourné.

« Il ne reste plus qu'à choisir notre itinéraire. » approuva-t-il, prêt à prendre la bride ou à aider Zelda à monter avant d'en faire de même.

Il faudrait déjà commencer par quitter la Citadelle. Nul doute que leur présence dans la cité allait attirer quelques regards curieux, peut-être même que leur route serait interrompue par de courts échanges, ce ne serait pas étonnant. Elle était née pour briller.

S'autoriser une pause dans un tel quotidien royal est une chose très rare alors, la princesse ne peut qu'avoir un éclat de gratitude dans son regard quand elle s'imagine déjà profiter de l'air frais en dehors des murs du château. Depuis la récente Lune de Sang, ses sorties se faisaient plus rares, moins longues et espacées. Son père tenait à ne pas l'exposer à un danger et préserver l'avenir d'Hyrule, confinée dans de beaux quartiers. Zelda décrit toujours le château comme étant un édifice d'une beauté resplendissante et elle en parle toujours avec une certaine fierté d'être née Nohansen ; même si parfois le poids des responsabilités la rattrape et la fait revenir à la réalité. Lointains sont les rêves d'évasion et de liberté, on prépare sans relâche la princesse à devenir un jour une reine lorsque le moment sera venu.

L'Hylienne ne perd pas son sourire lorsque son cousin lui rappelle cette fameuse plaisanterie qui commence à dater de plusieurs années maintenant. Zelda secoue doucement sa tête pendant qu'elle continue de caresser les chevaux avec tendresse.

« Peut-être mais nous voilà des années plus tard à en parler encore et à en rire. Je ne l'oublierai pas de sitôt ! Ce sont de doux souvenirs qui nous suivront pendant encore quelques années, j'en ai bien l'impression. » Répond d'une voix douce la princesse. Laissant son cousin faire les dernières vérifications, Zelda l'observe en silence, bras croisés sur sa poitrine. Lorsque tout est enfin prêt, la princesse tend la main à Zachary afin qu'il puisse l'aider à s'installer sur son cheval. L'Hylienne se tient le dos droit et prend entre ses doigts fins les rênes de sa monture, attendant que son cousin ne fasse de même.

« Je suppose qu'à partir de maintenant, nous devons improviser ? Nous pourrions essayer de nous éloigner un peu de la Citadelle, du moins, si cela nous ait autorisé. » Une part d'elle ressent un sentiment de libération quand elle pense au fait qu'elle n'a pas a se sentir observée par tout un groupe de gardes royaux autour d'elle. Mais une autre part d'elle se sent nerveuse à l'idée de s'éloigner si loin des murs dans lesquels elle est confinée depuis plusieurs lunes maintenant. Mais son cœur le sait, Zelda récupérera bien vite son esprit aventurier et épris de liberté.

Zachary haussa les sourcils à la remarque presque anodine de sa cousine et pourtant lourde de sens. Si cela leur était autorisé ? Pour qui le prenait-elle ? Il lui avait fait la promesse d'une petite aventure. Ce n'était pas en restant sous le couvert de la Citadelle que cela se réaliserait. Certes, il ne faudrait pas s'éloigner à des kilomètres non plus. Il fallait rentrer pour le diner. Le prince n'osait même pas imaginer ce qui lui arriverait si cette règle n'était pas respectée à la lettre ! Il avait acquis la confiance du Roi, il l'avait amplement méritée, nul doute possible, cette noble âme, alors il ne pouvait pas se permettre de commettre le moindre geste qui pourrait la mettre en péril. Encore moins si cela nuisait à la sécurité de sa cousine. Oh, cette rose possédait bel et bien ses épines, mais son protecteur ne se le pardonnerait jamais s'il lui arrivait malheur, sous ses yeux, par sa faute, par excès de zèle, ou d'arrogance, selon le point de vue.

Après avoir réfléchi quelques minutes, Zachary choisit la direction du nord pour leur itinéraire. Cela ferait différent de Célesbourg même si l'accueil était toujours chaleureux. Il n'y avait pas besoin de discussion particulière, quelques banalités, pointant une fleur ou un oiseau coloré prenant son envol, avant que l'hiver ne fasse son nid. Au bout d'un certain temps, Zachary trouva l'endroit qu'il cherchait, une petite clairière au milieu d'une forêt de pin, près d'un étang à la forme particulière qui avait su charmer le prince ailé au cours de son périple quelques années plus tôt.

« Ici, cela me semble bien pour faire une pause, qu'en dis-tu, Zelda ? »

S'asseoir ensemble sur l'herbe – enfin, il avait pris une nappe, pour leur pique-nique et pour éviter de salir leurs vêtements – cela devait faire bien des années que cela ne leur était pas arrivé. Encore moins sans une présence externe. Zachary savait que ces moments de liberté se feraient de plus en plus rares, à mesure que les années avançaient, que son couronnement approchait. Il voulait lui offrir autant de merveilleux souvenirs que possible.