[ULTIME] Dans l'ombre de Pratima

— An 1000, Lune 10, Jour 25.
MJ @Zelda Nohansen
Avec @Zarg Vajanská & @Talia Vajanská & @Anju Elzo

Le jour était enfin arrivé. Elle allait descendre dans le sous-sol que la destruction du château avait révélé. Accompagnée des personnes en qui elle avait confiance, elle désirait découvrir des informations qui pourraient lui être primordiales pour la suite de son règne. Elle espérait seulement qu’elle ne perdrait pas la vie dans une entreprise aussi risquée. Les doutes de ses proches la tiraillaient et l’avaient tenu éveillée une bonne partie de la nuit. Le sommeil était finalement venu la cueillir en milieu de nuit et elle n’avait fait aucun cauchemar, dormant d’un sommeil de plomb pendant une ou deux heures, pas assez pour qu’elle soit bien reposée. Cela était devenu habituel chez la Souveraine, que de dormir seulement quelques heures par nuit. L’adrénaline la tira de son lit ce matin-là, peu encline à rester dans son lit à attendre que le sommeil veuille bien lui revenir.  

La Reine s’habilla rapidement, prenant bien soin d’enfiler des vêtements qui ne la gêneraient pas trop, au cas où elle devait faire face à des situations dangereuses. Pas de jolie dentelle ni de vêtements qui risquaient de s’accrocher dans des endroits exigus. Elle portait une tenue proche du corps qui lui serait probablement plus utile que ses atours royaux habituels. Impossible de savoir ce qui les attendait réellement là-bas et l’inconnu était hautement angoissant pour la rousse. Plus que sa propre vie, elle craignait de menacer celles de ses proches, de sa famille, de ses amis. Elle n’était pas certaine de pouvoir se remettre de la perte de l’un d’eux s’il leur arrivait une horreur. Mieux valait ne pas trop tergiverser là-dessus. Après tout, elle n’avait forcé personne à la rejoindre, ils étaient tous consentants.

Midona arriva dans la Salle du Trône effondrée bien avant tout le monde. Postée devant les escaliers qui menaient jusqu’au sous-sol interdit. Le regard froid et le visage fermé, elle était concentrée sur les marches qui menaient dans les entrailles d’Itzal. Cela faisait deux lunes qu’elle pensait sans arrêt à ce qu’elle pourrait y trouver, elle était, plus que jamais, prête à faire face à ce que l’ancienne Reine de Metzli avait préparé pour elle. Plus qu’une recherche de Fragment d’Ombre, cette quête dans le caveau de la Reine Pratima était comme une manière de se sentir légitime à nouveau alors qu’elle n’avait plus sa Couronne. Si elle méritait réellement d’être la Reine alors elle devrait passer cette épreuve avec brio. Mais elle n’en savait rien, vraiment. Le doute et l’inconnu l’accompagnaient avec inquiétude.

La rousse attendit patiemment ses compères et, quand ils furent tous présents, se tourna finalement vers eux.

« — Je vous suis reconnaissante de m’y accompagner. » Sa voix était froide, sévère. Elle était bien trop crispée pour sourire ou pour montrer une quelconque émotion. « Allons-y. »

La Reine mena la marche dans un premier temps pour descendre les escaliers qui n’en finissaient pas, elle crut un moment qu’ils étaient infinis car ils s’enfoncèrent toujours plus profondément. À mesure qu’ils avançaient, la lumière devenait de plus en plus rare et les pas se devaient d’être plus précautionneux. Un silence particulièrement terrifiant les enveloppa dans la descente et personne n’osa le briser. Surement pas Midona qui restait concentrée sur son objectif et sur son souhait de savoir ce qu’il y avait dans cette pièce secrète. Il n’y avait plus que cela qui comptait vraiment en ce moment précis. Tout son corps était tendu à s’en crisper douloureusement la machoire.

C’est alors qu’une puissante sensation d’oppression lui comprima brusquement la poitrine. La rousse en eut le souffle coupé pendant un instant et porta instinctivement la main à son cœur. Elle eut la désagréable impression qu’on lui pétrissait l’organe à pleine main, qu’on le serrait jusqu’à ce que le sang ne soit plus en mesure de circuler. Cela ne dura pas. Mais ce fut assez long pour qu’un violent frisson lui tombât dans la colonne vertébrale. Les choses s’annonçaient déjà. Midona tourna vers ses compagnons des prunelles anxieuses et discerna qu’ils avaient forcément ressenti la même chose qu’elle.

Il ne fallait pas ployer le genou tout de suite et Midona était déterminée à aller au bout des choses, à comprendre, à trouver ce qu’elle désirait ardemment. Elle voulait, ou plutôt devait, en savoir plus. Bien sûr, elle comprendrait que l’un de ses compères décide de faire demi-tour, aussi tourna-t-elle régulièrement le visage vers ces derniers, s’assurant qu’ils étaient bien derrière elle, et qu’ils allaient bien. Comme si elle pouvait les protéger de quoi que ce soit. La Reine ne se rendit pas compte de leur entrée en zone de silence magique. Elle avait, en cas de coup dur, toujours sa dague dans le fourreau attaché à l’une de ses cuisses.

Ils pénétrèrent dans un petit couloir et des chuchotements vinrent la troubler brutalement. Des murmures de voix étranges s’insinuèrent dans son esprit, des voix qu’elle ne connaissait pas, des choses difficilement compréhensibles. La rousse fronça les sourcils et porta une main à sa tête, la secouant doucement en laissant échapper un léger grognement d’inconfort. Elle se concentra davantage. Elle ne devait pas perdre son objectif de vue. Elle n’était pas là pour succomber au premier piège de son ancêtre, elle était bien plus forte que cela !

« — N’y succombez pas ! » Leur ordonna-t-elle, comme si cela changerait quelque chose.

Midona parvint à rester concentrée même si elle se retrouva soudainement un peu désorientée lorsqu’ils arrivèrent devant les trois couloirs. Quel couloir prendre ? Qu’est-ce qui les attendrait au bout des entrailles du château. La rousse était désormais concentrée sur cet obstacle, laissant de côté les voix qui continuaient de chuchoter au fond dans son esprit dès qu’elle n’était plus assez vigilante à les repousser. Elle réfléchit un moment, cherchant à discerner quelque chose au fond de chaque boyau lugubre mais il n’y avait aucun moyen d’en savoir plus, pour son plus grand désarroi.

« — Je propose de prendre le couloir du milieu. » Fit-elle après un long silence.« À moins que nous ayons un moyen d’être certain de ce qui nous attend de l’autre côté, nous ne pouvons compter que sur le hasard et espérer que la Reine Pratima sera clémente. »

Elle n’y croyait pas beaucoup, à la clémence de son ancêtre. Celle-ci n’était pas connu pour ce trait de caractère là. Midona était déterminée, elle espérait que ses compagnons le seraient tout autant.

Résumé:

Lancer de dés:

— An 1000, Lune 10, Jour 25.
MJ @Zelda Nohansen
Avec @Zarg Vajanská & @Talia Vajanská & @Anju Elzo

L’atmosphère était étrange, un peu étouffante, sans qu’elle ne puisse réellement savoir pourquoi. Les voix qui essayaient de s’insinuer dans son esprit n’étaient pas innocentes dans cette sensation. Tel un murmure dans le fond de son âme, elles chuchotaient sans cesse. Devait-elle y comprendre quelque chose ? Peut-être était-ce un avertissement ? Et si les voix qu’elle entendait se trouvaient être toutes les personnes qui avaient essayés d’aller au bout de cet endroit pour y découvrir ces secrets ? La Reine Pratima aura certainement préparé une ribambelle de pièges pour s’assurer que ses biens ne finissent pas entre les mains de n’importe qui. Midona se mortifiait à l’idée d’avoir pu emmener ses amis et sa famille dans leur propre caveau. Risquer sa vie était autre chose que de risquer la vie des autres. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne craignait plus la mort. Depuis qu’elle l’avait regardé droit dans les yeux, deux gros yeux rouges gorgées de sang et de colère. Elle inspira profondément par le nez comme avant de s’enfoncer dans les profondeurs abyssales de l’océan, immobile et pleinement concentrée sur sa tâche.

Personne n’émit d’autres choix, ses compères vivant les voix plus intensément que la Reine rousse. Zarg prit les devants malgré tout, non sans un regard soucieux adressé à ce dernier par sa cousine. Celle-ci le suivit de près pour s’assurer qu’ils ne marchaient pas directement à sa mort. Ils s’avancèrent dans le couloir du milieu d’un pas déterminé mais précautionneux, le silence était palpable mais aucunement rassurant. Une violente sensation d’oppression lui tomba de nouveau dessus lorsqu’ils pénétrèrent dans cette nouvelle salle, vide, de premier abord. Midona balaya la pièce d’un œil perçant puis s’avança prudemment, dépassant Zarg pour s'approcher de la grande statue au centre. De nombreux débris jonchaient le sol de la salle, vestiges du tremblement de terre qui avaient fait s’écrouler une partie du château deux lunes plus tôt.

La Reine se redressa, détaillant silencieusement la statue encapuchonnée en position de prière. Elle se demanda si elle représentait Pratima ou si elle était la représentation d’autre chose. Étonnant qu’elle soit en train de prier car la majorité des Twilis ne portaient aucune croyance en une religion. À moins qu’elle ne prie pour la Reine elle-même. Était-ce Metzli ? La rousse secoua lentement la tête, peut-être réfléchissait-elle trop. Le silence régnait dans la pièce, perturbé par les bruits de pas des quatre Twilis qui foulaient la poussière de la grande salle inquiétante. Le regard de Midona tomba sur l’inscription gravée en bas de la statue, une énigme, qu’elle lut dans un murmure.

« — On ne peut ni me voir, ni m’entendre, ni me toucher, ni me sentir, ni me goûter. Mais si l’on me prononce, je ne suis plus. »

Elle réfléchit puis se tourna vers Talia, adressant un regard à Zarg puis à Anju. Si elle avait tout d’abord pensé au « mot » comme réponse à cette énigme, cela ne semblait pas être juste puisqu’elle pouvait bel et bien entendre ou toucher un mot. La rousse fronça les sourcils, réfléchissant au silence assourdissant de la pièce.

« — Qu’en pensez-vous ? » Dit-elle à voix basse, comme si elle craignait que la statue ne s’éveille.

Elle les laissa prendre les devants, cette fois-ci, prête à se faire entendre si la réponse ne lui plaisait pas. Midona avait confiance en ses camarades et plusieurs cerveaux valaient mieux qu’un seul, si seulement ils pouvaient se concentrer assez pour poursuivre en sa compagnie.

Résumé: