They say we are what we are |ft Ejo

Fin de lune 1. Talirian n'a plus le cœur à rien depuis des semaines. Alors que tout son corps est projeté dans le présent et même le futur, son esprit, lui, a décidé de s'arrêter à ce jour précis où sa vie s'est envolée. Assis inlassablement sur le même fauteuil à regarder par la fenêtre tout en serrant un foulard rouge entre ses doigts, il ne ressemble plus qu'à l'ombre de lui-même. Les plantes qu'on le force à prendre pour réduire la douleur de sa jambe ne font qu'engourdir un peu plus son esprit. Elle aurait dû vivre. Même s'ils n'avaient jamais pu s'aimer comme un couple le ferait, ils avaient réussi à trouver un équilibre dans leur amitié qui était enviable aux yeux de tous. Ils étaient prêts à se lancer dans l'aventure d'être ensemble pour que leurs familles soient fières, et même après avoir rompu leurs fiançailles, les deux amis s'étaient juré de se marier si leurs cœurs ne parvenaient pas à trouver la paix ailleurs. Désormais, chaque infime rêve ensemble était réduit à néant.

Le silence accompagnait même ses journées, laissant son imagination voguer vers une autre contré. Un endroit désertique, qu'il avait détesté, et qui pourtant semblait être le lieu même de sa destinée. En tant que Zora, les Landes sauvages n'étaient pas faites pour lui. Pourtant, elle y avait été et s'était ralliée à cette cause qui tentait de faire bousculer les choses. Lentement, jour après jour, Talirian se laissait rêver. Peut-être qu'il était temps pour lui d'y aller et d'enfin changer le monde comme il le souhaitait. Il se leva alors de son fauteuil et s'empara de sa béquille pour quitter la pièce. D'ici quelques minutes, l'horloge de la salle à manger allait sonner et un ami viendrait lui rendre visite. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas passé de temps en sa compagnie, et même s'il s'en réjouissait, il craignait de voir sa réaction.

Soucieux de malgré tout accueillir son invité dans les meilleurs conditions, Talirian se mit à préparer lui-même l'eau pour le thé, bien qu'il gardait de côté une bouteille d'alcool pour noyer les soucis. On lui avait souvent demandé pourquoi il faisait tout lui-même et n'embauchait pas une gouvernante, mais il avait toujours estimé que personne ne méritait ce travail, de devoir tout préparer pour les autres. Glissant les sachets sur le plateau, il fut néanmoins forcé d'avouer qu'il aurait bien eu besoin d'aide pour transporter les tasses jusqu'au salon de thé. Alors qu'il avait transporté péniblement la moitié de ce qui était prévu, il entendit l'horloge retentir et n'eut d'autre choix que d'abandonner ses allers retours pour s'en aller claudiquant jusqu'à la porte d'entrée. Tout naturellement, il ouvrit cette dernière et s'assit sur le perron pour patienter jusqu'à ce que son ami ne pointe le bout de son nez. Enfin, quand il le vit arriver, ses épaules s'apaisèrent et il parvint même à sourire, bien qu'il se sentit trop épuisé pour se redresser tout de suite. « Ejo ! » le salua t-il en finissant par se planter sur ses deux jambes. « Pour être honnête, j'ai préparé du thé, mais je ne dirais pas non si tu me traînais à la taverne. » avoua t-il le plus simplement du monde, même si l'envie de se mêler à la foule était loin d'être présente.

Fin de lune 1. Enfin. C'était avec joie qu'Ejo retrouvait sa maison, sa région dans laquelle il avait grandie. Cela faisait quelques lunes qu'il était parti de chez lui à la suite du conseil de son grand-père. Ce dernier manquait terriblement au Zora et il avait dû prendre sur lui pour ne pas faire demi-tour dès le début de son voyage. Puis par la suite, le musicien avait été pris par son voyage et ses nombreuses découvertes. Les rencontres qu'il avait faites tout au long de son périple et même l'adoption d'un renard avaient fini par le convaincre que l'idée de son grand-père n'avait pas été si mauvaise. Après avoir parcouru une bonne partie du centre d'Hyrule, Ejo avait décidé de retourner chez lui. Au lac il avait fait la connaissance d'une gentille rouquine. Ce qui l'avait mis encore de meilleure humeur. Il ne lui avait pas fallu très longtemps pour rejoindre Prokis puis descendre la rivière afin de trouver son grand-père. Les retrouvailles furent ponctuées de larmes de joies et de soulagement - surtout pour le plus vieux. Ejo était la seule famille qui lui restait après tout, même s'ils avaient échangé des lettres. Le jeune Zora avait donc raconté tout ce qu'il avait vu depuis son départ, jusqu'à tard dans la nuit. Il avait donc appris de la bouche de son papi que Talirian était rentré blessé il y avait quelques temps maintenant. Surpris mais content de retrouver son ami, ce dernier avait envoyé une missive à Talirian pour qu'ils puissent se voir - normalement il y serait allé sans prévenir mais son grand-père avait préféré qu'il fasse cela dans les règles de la bienséance.

La réponse de Talirian n'avait pas tardé à revenir et Ejo avait donc retenu avec soin l'heure. Son ami était visiblement logé dans son ancienne demeure. L'impatience avait été la compagnie du Zora jusqu'à ce que l'heure du rendez-vous sonne. Ce dernier s'était dirigé tout en sautillant joyeusement en prenant garde ne pas faire tomber la tarte aux pommes qu'il avait soigneusement faites. Ne pas venir les mains vides faisait aussi partie des règles de bienséance. Talirian l'attendait déjà, assis devant l'entrée.

- Tali !

Sourire sur les lèvres, il serra son ami contre lui avec l'un de ses bras, l'autre étant occupé, une fois ce dernier sur ses deux jambes. Il grimaça légèrement lorsque l’autre Zora lui parle d’aller à la taverne. L’alcool ne l’avait jamais attiré et la seule fois où il avait bu il avait été écœuré. Ejo s’était donc cantonner à l’eau et au jus de fruits.

- C'est bien le thé ! On pourra manger de la tarte aux pommes avec

Déclara-t-il en montrant le panier qu'il tenait dans sa main. Ejo suivit ensuite son ami à l'intérieur, remarquant qu'il boîtait. Visiblement, son état n'allait pas mieux. L'inquiétude était visible sur son visage.

- Qu'est-ce qui t’es arrivé ?

Avait-il vu un soigneur ? Ou bien s'était-il contenté d'un simple médecin ? Ejo pouvait l'aider à aller mieux, peut-être pas à le guérir totalement mais soulager sa plaie par exemple était tout à fait possible.
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Le sourire et la douceur d'Ejo avaient quelque chose de réconfortants. Il avait beau être plus jeune, parfois, Talirian le trouvait bien plus sage que lui-même, la faute à leurs différences. C'est en le prenant rapidement dans ses bras que le barde se rend compte que son ami n'est pas venu les mains vides. Une tarte aux pommes, donc. Ejo savait y faire avec ses amis, pour remonter malgré lui le moral. Le bouclé l'avait toujours vu comme un homme capable de faire briller à nouveau le soleil le jour où il s'éteindrait. Poussant un soupir, il hoche la tête, son cœur tout à coup réchauffé par l'idée de se remplir un peu plus l'estomac. « Que serait un thé sans sa délicieuse tarte aux pommes ? » commente-t-il en refermant la porte derrière lui, non sans avoir jeté un œil inquiet aux alentours. Enclenchant le verrou, par crainte qu'un intrus s'y invite, les deux Zoras traversent lentement le couloir pour gagner le petit salon de thé, faisant grincer quelques planches de bois sous leurs pas.

Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Les mots résonnent dans son crâne et il ne répond pas tout de suite, s'immobilisant devant son fauteuil. Son regard coule jusqu'à sa propre jambe alors qu'il semble en proie à de terribles démons intérieurs. Au fond de son regard, une lueur étrange se profile, déformant un instant les traits de son doux visage. Serrant la mâchoire, il secoue la tête pour chasser l'horreur de la scène qui lui revenait sans cesse. « J'ai oublié les tasses dans la cuisine. Prends le temps de t'installer. » s'excuse-t-il sans répondre aux interrogations du jeune Zora. Il a besoin d'encore quelques minutes pour chasser la couleur rouge du sang imprégné dans sa rétine, et celle du corps sans vie de son amie qui avait tenté de le protéger. Pas à pas, il quitte péniblement la pièce pour revenir un peu plus tard avec le reste du plateau, qu'il pose sur la table entre leurs fauteuils. Il sert ensuite le thé de sa magnifique théière aux motifs aquatiques, avant d'ouvrir le pot à sucre à côté, au cas où Ejo en souhaiterait.

« Je ne crois pas en avoir parlé à quelqu'un d'autre que le médecin. » soupire-t-il en s'affalant sur son siège, oubliant momentanément ses manières de noble, à croire que ses longs voyages l'avaient rendu tout à fait banal. Il se penche finalement pour remonter le bas de son pantalon, dévoilant l'épais bandage sur lequel le sang s'était encore un peu accumulé. « C'est arrivé au Millénaire. Mais ça ne guérit pas, malgré les onguents que l'on m'apporte. » avoue-t-il en plantant son regard sur le roturier, l'air inquiet. Talirian sait que ce dernier à d'excellents pouvoirs utiles dans ce genre de situation, mais n'oserait jamais demander de l'aide, de crainte de ne briser sa fierté. « J'espère que tu n'es pas revenu pour ça, je sais que les rumeurs vont vite et que ma mère ferait tout pour que son fils ne perde pas sa jambe, malgré ses supplices. » ajoute t-il en souriant, amusé. Il n'oserait rien redire à sa génitrice, mais serait vexé qu'elle ne fasse pas confiance au médecin que lui-même avait choisi.

Fin de lune 1. Voir un ami blessé ne faisait jamais plaisir. C'était naturellement que l'inquiétude s'était emparée du cœur d'Ejo en voyant l'autre homme boité. Il ignorait ce qui lui était arrivé depuis qu'ils s'étaient séparés, depuis que le jeune musicien avait quitté Lanelle pour faire son deuil et chercher aussi Mysa. Cette dernière s'était littéralement évanouie de la surface de la terre, ce qui était d'autant plus inquiétant. Pour autant, Ejo ne voulait pas croire que sa meilleure amie était morte. Il croyait en elle et en sa force. Maintenant, il avait un blessé face à lui et il avait bien fait de lui apporter une tarte aux pommes. Un dessert remontait toujours le moral.

- Hum...un peu triste ?

Suggéra-t-il avec un sourire. Un thé sans aucun accompagnement c'était face à ses yeux. Il y avait toujours au moins des petits gâteaux - surement parce qu'il avait pris une mauvaise habitude en compagnie de Mysa. Le Zora avait fini par questionner tout de même son hôte, ce qui lui paraissait normal. Il n'avait pas songé à mal en s'intéressant sur l'état de son ami en tous les cas. Ce dernier esquiva la question, invitant Ejo à s'asseoir pendant qu'il allait chercher les tasses. Le plus jeune craignait d'avoir fait une boulette et n'avait pas voulu fâcher Talirian. Il s'installa tout de même, sortant la tarte aux pommes de son panier pour la poser sur la table basse. Son ami était ensuite revenu avec un plateau avant de servir le thé. Ejo le remercia chaleureusement ensuite.

- Par Jabu...je n'y étais pas mais j'ai entendu que ça a été affreux...

Un roi était même tombé sur ce jour-là. La citadelle s'était teintée de noire le temps du deuil et le Zora était arrivé pile à ce moment-là. La princesse avait perdu un père aussi et il pouvait comprendre la douleur de cette dernière. Mais en tant que roturier, c'était compliqué de simplement toquer à la porte du palais pour apporter du réconfort. Ce n'était pas comme ici, où Ejo connaissait la fille de la suzeraine et était aussi connu comme étant le fils d'un soldat.

- C'est étrange...est-ce que c'est infecté ?

Le regard du Zora s'était fixé sur le bandage ensanglanté. Inquiet pour son ami en apprenant que la blessure ne guérissait pas.

- Tali, j'étais même pas au courant que tu étais blessé ! Ou même ici ! Je suis simplement venu saluer mon grand-père car il me manquait

Rétorqua-t-il avec un sourire tout en secouant la tête. Puis, Ejo voyait mal la mère de son ami lui envoyer un message, sachant qu'elle ignorait tout simplement où il se trouverait. Il n'y avait que son grand-père qu'il tenait informé sur l'endroit où il demeurait quelques jours. Le Zora bût une gorgée de son thé avant de se lever pour se mettre à genoux devant la jambe de Talirian.

- Je peux ?

Demanda-t-il en levant son regard vers son ami. Ce dernier n'était pas obligé d'accepter son aide. Ejo avait le pouvoir de le soulager au moins. Sa blessure ne serait pas totalement guérie selon si elle était superficielle ou non. Ce n'était pas si Talirian s'était juste coupé avec un couteau.

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Bizarrement, Tali est soulagé d'apprendre qu'Ejo a échappé au destin qui s'est abattu sur le peuple au Millénaire. « Une chance que tu n'aies pas été dans les parages, alors. » commente t-il sincèrement. Quelquefois, il oublie que le roturier est plus jeune que lui. Mais quand ils discutent de ce monde et de ses tragédies, Talirian ressent le poids de l'âge sur ses épaules et ressent une immense compassion pour son ami. Le noble se serait sacrifié volontiers pour le sauver s'il avait été présent au massacre. Et pour préserver son mental, il aurait voulu lui faire oublier ce qu'il avait vu. C'est une vision ridicule du monde, qui empêcherait certainement les plus jeunes de faire face aux dangers les plus coriaces, il en convient. « Je n'en sais rien, je ne comprends rien au langage de mon médecin. » ment-il pour ne pas perdre la face.

Un sourire triste peint son visage à l'instant. Il est vrai qu'il n'avait pas pris la peine d'avertir ses proches amis de son état actuel ni du fait qu'il avait fini par se poser à nouveau dans ses anciens appartements. Probablement par crainte de ne voir personne revenir, mais aussi parce que Talirian a toujours détesté que l'on s'inquiète inutilement pour lui. De plus, il avait une autre épreuve à traverser et pour laquelle les larmes ne cessaient de couler. « Je n'allais pas te déranger pour mon pauvre état. Et puis, je suis revenu pour les funérailles de ma fiancée. » commente t-il en laissant le prénom d'Elizée tourner en boucle dans son esprit. Il avait déjà averti Ejo qu'ils avaient rompu leurs fiançailles, mais malgré tout, il ne l'avait jamais vu autrement pendant ces derniers mois. « Comment se porte ton grand-père ? » Le Zora avait autant cherché des nouvelles de ses amis qu'il en avait donné. Il aurait dû commencer par là, et il aurait pu, si son esprit ne s'était pas attardé sur certains détails.

Dégustant une gorgée de son propre thé, le barde manque de s'étouffer face à la propostion de son ami. Il se doutait bien qu'il aurait mieux fait de se taire plutôt que de s'étaler sur le sujet. Maintenant, il allait se sentir redevable toute sa vie, et il allait être obligé d'admettre qu'il a besoin d'aide. Tant de détails qui le gênent profondément et qui le rapprochent de ses objectifs profonds. « Ejo ! » peste t-il en le voyant s'agenouiller devant lui. Pourtant, il le laisse faire, penant soin d'afficher un air déçu sur son visage. Déçu d'être tombé si bas au point de lui refuser son aide. Il se penche finalement dans un soupir et relève le bas de son pantalon qu'il cale sous son genou, puis retire délicatement le bandage qui lui enserre la jambe. Revoir la plaie fait de nouveau manquer un bond à son coeur mais il le cache, observant juste la plaie sur laquelle la croûte ne se forme pas. Et si le Mal s'était aussi bien infiltré dans son esprit que dans cette plaie, l'empêchant à jamais de passer à autre chose ? « Tu vois, c'est pas si grave. » Pourtant, c'est assez profond, et ça le pique. Il n'a pas appliqué les bons soins, il le sait et ça se voit. L'infection a peut-être déjà commencé à lui ronger la jambe.

Quand il laisse son dos se caler contre le dossier du fauteuil, il se sent misérable. « Si je guéris, je n'aurais plus aucune preuve de ce que j'ai vécu. Elle m'en voudra et le Mal s'abattra sur moi. Je préfère mourir d'une infection que de guérir et d'oublier. » souffle t-il. Parce qu'il est là le problème, s'il n'a pas demandé d'aide, c'est parce qu'il estime devoir souffrir autant qu'elle a souffert, par équité. Il lui a empêché d'être heureuse et d'avoir une famille. Il l'a empêché de tomber amoureuse d'un autre Zora malgré lui et c'est aussi à cause de lui qu'elle a cessé de croire en Hylia. S'il craque, il cessera lui-même d'y croire.

Fin de lune 1. Si Ejo avait en effet échappé de peu aux sombres festivités du Millénaire de l'Unification, ce n'était pas le cas de son ami. Il aurait préféré en voyant son état, que lui aussi fût épargné. Il était un peu déçu aussi que Tali ne lui ait pas donné de nouvelles. Ce dernier savait que le musicien était capable de soigner les blessures. Quand bien même c'était pour ne pas le déranger. Ejo avait bien fait de venir rendre visite à son ami. Surtout que sa blessure ne semblait pas allez mieux depuis que le médecin l'avait soigné. C'était aussi un fait inquiétant.

- Haha je veux bien te croire

Ejo n'y connaissait pas grand chose non plus, du moins il savait les bases comme tout le monde mais ce n'était définitivement pas son métier. Il était simplement capable de différencier certaines plaies mais cela n'allait pas plus loin.

- Les fu...Oh non je suis désolé

Cela ne faisait pas longtemps que le jeune Zora était arrivé et il ne savait donc pas ce qui était advenu de l'ex fiancée de Tali. Il se sentait un peu con et surement que son interlocuteur aurait voulu être seul. Même s'il avait rompu les fiançailles, il y avait tout de même un lien entre eux qui s'était créé.

- Il va bien. Mais j'ai peur qu'il se sente un peu seul dans sa cabane. Il se faisait aussi du souci pour toi.

Son grand-père habitait depuis des années loin du village de Prokis au bord de la rivière dans sa cabane de pêcheur. Même si cela faisait longtemps qu'il ne vendait plus de poissons sur le marché, il n'avait jamais voulu quitter sa demeure pour rejoindre les habitants. Ejo était surement le seul entre les deux Jotaro à s'en faire. Alors s'il ne pouvait pas aider son grand-père, il pouvait au moins le faire avec Tali. Ce dernier allait surement refuser mais le Zora refusait de partir après le thé sans avoir essayé. Ce dernier s'était donc agenouillé sur le sol, offrant un sourire innocent à son hôte lorsque celui-ci l'interpella. Malheureusement pour lui, le musicien était têtu. Il regarda son ami remonter la jambe de son pantalon - non sans un soupir - et enlever le bandage. Ejo n'avait pas pu s'empêcher de grimacer en voyant la plaie qui n'était pas du tout très jolie. Pas étonnant qu'il boitait.

- Si une blessure guérie permettait d'oublier ça se saurait

Rétorqua t-il tout en examinant la blessure du regard. De toute façon, la coupure était vraiment très profonde et il était presque impossible de ne pas avoir une cicatrice à la fin.

- Les blessures du cœur sont celles qui font le plus mal et ne guérisse jamais. J'ai eu de la chance lorsque les monstres ont attaqué Lanelle mais pas mon père. Je n'ai pas eu de blessure mais mon cœur saigne tout de même depuis sa disparition.

Ejo leva son regard triste vers celui de Tali. Il savait ce que cela faisait de perdre un être cher. Ils n'avaient pas eu une relation père et fils facile mais pour autant, la mort de son paternel l'avait profondément affecté. Il était resté des jours entiers enfermés dans leur maison à ne pas vouloir sortir ou voir qui que ce soit, même pas son grand-père. Ce fût finalement Pavetta - une jeune femme qu'il considérait comme une mère - qui avait réussi à le déloger de là.

- Je doute sérieusement qu'Elizée souhaiterait te voir souffrir ainsi. La seule chose qui s'abattra sur toi ça sera son courroux !

Déclara t-il avec un léger sourire avant de poser délicatement sa main sur la plaie de son amie. Ejo ferma les yeux, se concentrant pour faire appel à son don. Quelques secondes passèrent, et de la sueur se mit à couler sur son front et une goutte de sang de son nez. Pour autant, le Zora ne lâchait pas prise, la blessure prenant peu à peu une couleur plus naturelle.

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Un petit sourire perce les lèvres de Talirian, dont la carapace révèle une petite félure. Le plus jeune  Il a pu compter de nombreuses fois sur le grand-père d'Ejo et lui a aussi filé quelques coups de main quand personne ne pouvait le faire. Longtemps, il avait mis son côté de noble pour faire des tâches que certains trouvent ingrates, mais qui pouvaient le soulager. Ils discutaient longtemps, de tout et de rien. « J'irai lui rendre visite. » promet-il auprès d'Ejo. Ainsi, s'il ne le fait pas, il n'aura jamais la conscience tranquille et son ami aura toutes les raisons de lui en vouloir.

Si seulement il avait continué cette conversation, il aurait pu détourner encore un peu le sujet et ne pas révéler le mal qui le ronge. Mais il connait Ejo et avec son jeune âge, il le sait têtu et obstiné, surtout lorsque ça concerne la santé de ses proches. Après tout, avec le tournant qu'il souhaite donner à sa vie, ce ne serait pas plus mal qu'il se confie et qu'on le convainc de poursuivre sa route ici plutôt qu'à l'autre bout d'Hyrule où le danger nuit après nuit. Mlaheureusement, quelque chose l'empêche d'avouer la vengeance qu'il espère mener. Calant la paume de sa main gauche sur son visage pour masquer ses rides d'inquiétude et de douleur, il accroche la seconde à l'accoudoir dans l'espoir de se retenir de hurler de rage. « Le corps et l'esprit sont liés. Si mon corps guérit, mon esprit aussi. » souffle t-il pur le contredire, plus par fierté qu'autre chose.

Déglutissement il laisse retomber son bras et observe la tristesse sur le visage d'Ejo. Ils ont bien des choses en commun et Talirian est soulagé de savoir qu'il peut compter sur quelqu'un d'aussi compatissant que son ami. Il avait presque perdu son père à cause de l'Avatar du Mal qui l'avait plongé dans un sommeil sans repos, alors il imagine non sans mal le coeur déchiré du Zora. Tant d'êtres à Hyrule sont dans leur situation qu'y penser lui devient tout à coup épouvantable. Si seulement quelques familles étaient encore en paix, mais il en doute. Il ne commente pas ses propos, son visage exprimant à la place des mots une profonde compassion.

Le bouclé sourit tristement en s'imaginant la jeune femme venir le hanter jusqu'à la fin de ses jours s'il se permet de souffrir, quitte à y laisser sa peau. Si seulement il savait. Si seulement il avait vu son dernier regard et son geste de désespoir, il comprendrait plus facilement pourquoi Talirian est à deux doigts de craquer. « Elle voulait... » sa phrase se perd alors qu'une grimace indigne tort les traits de son visage. La douleur est présente quand il sent les fibres de ses muscles et de sa chair se refermer couche après couche à une vitesse vertigineuse. Il vit en quelques secondes une guérison qui aurait dû prendre des semaines et son corps n'est pas exercé à cela. Quelques gouttes de sueurs perlent entre les mèches de son front. Mais ce n'est rien comparé à Ejo, dont le visage change du tout au tout à l'utilisation de sa magie. « Arrête, ça suffit, tu vas te blesser. » peste le bouclé en voyant le sang couler de la narine du guérisseur. Il se penche en avant, attrape une serviette en tissu sur la table et la lui tend, déposant doucement une main sur son épaule en soupirant. « Je sens déjà presque plus rien. Mon corps fera le reste. Avec les bons onguents et un peu de tarte. » soupire-t-il en observant sa chair déjà presque entièrement guérie. A ce stade, s'il est prudent et qu'il applique les bons conseils, il devrait bientôt n'avoir qu'une cicatrice pour souvenir. Alors qu'une larme solitaire s'écrase sur sa lèvre après avoir glissé sur sa joue, il s'éclaircit la voix. « Merci. » Ce n'est pas souvent qu'il remercie les autres, mais aujourd'hui, il est sincère. Lentement, il entoure ses bras autour d'Ejo pour le serrer contre lui, reconnaissant de tout ce qu'il a toujours fait pour lui. Si seulement il avait la possibilité de lui rendre la pareille un jour, il la saisirait sans crainte.

Fin de lune 1. Ejo est soulagé de savoir que son grand-père aura de la visite. Même si ce dernier ne disait rien, il devait probablement se sentir seul de temps en temps. Le vieux Zora avait quelques amis mais ils étaient aussi âgés et peu enclin à marcher jusqu'à sa cabane. Ejo savait que s'il demandait à d'autres Zoras d'aller le voir, cela énerverait son papy alors il préférait ne rien tenter. Mais si Tali s'y rendait de son propre chef, il n'y avait aucune raison pour que le grand-père s'énerve. Puis il aimait bien le jeune Zora aussi.

- Merci

Un sourire sur les lèvres, il pourra au moins repartir avec la conscience un peu plus tranquille. Cependant, un autre souci s'était ajouté concernant son ami. Ce dernier était blessé et sa plaie avait pris une direction pas du tout encourageante. Ejo s'inquiétait plus pour ses proches que pour lui-même et il lui paraissait évident de ne pas pouvoir rester les bras croisés alors qu'il avait le pouvoir de guérir. Ça ne serait pas tout beau tout neuf cependant, il était pas non plus un grand guérisseur mais au moins il souhaitait soulager Tali et lui éviter de finir avec la jambe coupée. Son ami n’était vraiment pas sérieux dans ses soins et la perte de son ex fiancée devait certainement aussi y être pour quelque chose. Ejo s'était laissé aussi dépérir lorsqu'il avait perdu son père et il n'était pas vraiment très fier de cela. Il avait inquiété son grand-père alors qu'il était la seule famille qui lui restait. Hors de question que Tali en fasse de même, tant pis si pour cela le musicien devait dire des choses blessantes.

- Tu as tort Tali

Souffla-t-il. Une blessure extérieure pouvait disparaître mais celles qui touchaient le cœur malheureusement, ce n'était pas aussi simple. Elles pouvaient être aussi bien plus douloureuses et il n'y avait aucun remède pour les soigner contrairement à une plaie. Un peu d'onguent et un pansement et hop...La blessure de Tali ne serait peut-être qu'un souvenir mais jamais son ami n'oubliera la manière dont elle se sera faite. Tout comme il ne pourra jamais oublier Elizée. Cette dernière ne souhaiterait certainement pas que le son ancien fiancé finisse amputer ou souffre inutilement. Aussi, Ejo décida-t-il de soigner son ami malgré les protestations de ce dernier. Ce n'était pas une blessure légère, elle allait lui demander beaucoup d'énergie pour reprendre le bon chemin de la guérison. Après quelques secondes, la plaie était bien plus jolie tandis que le teint du Zora était devenue pâle. Ce dernier avait retiré ses mains, levant son regard vers son ami.

- Hum...tu as intérêt...

Il essuya le sang qui avait coulé de son nez à l'aide de sa serviette. Il se sentait vidé de toute son énergie mais ne regrettait absolument pas son acte. Si Tali allait mieux c'était le principal. Ce dernier avait passé ses bras autour du corps du musicien pour le serrer contre lui. Ejo lui rendit son étreinte avec un sourire épuisé sur le visage.

- Tu sais que tu peux compter sur moi Tali, toujours. Ne l'oublie jamais d'accord ?

Déclara-t-il avant de se séparer de son ami.

- Maintenant aide-moi à me lever qu'on puisse manger cette délicieuse tarte et après je m'occuperai de ton pansement


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Jusqu'ici, il avait toujours adoré l'effet positif des mots que Ejo avaient sur lui. Aujourd'hui, il les déteste jusqu'au plus profond de sa moelle. Entendre la vérité n'a jamais été son fort, lui qui a passé son temps à fuir et faire comme si de rien était. Les choses auraient pu être différentes, s'il avait accepté la mort de Elizée plus facilement, ses fréquentations, ses faiblesses ou les sentiments naissants qui auraient pu lui appartenir, s'il avait laissé tomber ses fiançailles bien avant. Il y a tant de choses qu'il cache au fond de lui, par crainte de voir son monde bousculé. Aujourd'hui, alors que le chaos s'étend sur les terres du Royaume et que l'esprit de Talirian songe à changer de camp, son ami joue sur l'équilibre perdu de sa vie.

 L'apaisement de la blessure est immédiat sur sa jambe, mais également sur son esprit. La douleur envolée, il se sent plus léger, et serait presque enclin à demander de l'aide pour le convaincre de rester à Prokis. « Je te promets de ne jamais l'oublier. » souffle-t-il avec la conviction nouvelle que c'est une promesse facile à tenir. Si seulement... Si seulement une prophétesse pouvait le ramener sur le droit chemin en lui promettant que l'avenir sera beau, doux, et mérite d'être vécu en Hyrule et non loin de sa ville natale. Mais cela n'arrivera pas. Poussant un soupir, il laisse Ejo s'éloigner, regrettant que ses pouvoirs soient bénéfiques pour les autres et néfastes pour lui. En voyant le sang sur la serviette, il regrette de ne pas avoir été plus prudent, et sait qu'il ne le sera jamais à cause de son déni et de son mauvais instinct.

Le Zora se lève alors, surpris de ne plus rien ressentir alors que sa jambe le brûlait depuis des mois. Quelques fourmis parcouraient son mollet et s'estomperaient d'ici quelques minutes. Avec précaution, il aide enfin Ejo à se redresser puis à s'installer sur le fauteuil près de lui. Sa jeunesse frappe soudainement Talirian, qui a tendance à également se méprendre sur leurs différences. « Je suis capable de m'occuper de mon pansement. Maintenant, c'est à moi de m'occuper de toi. » le réprimande t-il, les joues bien plus colorées qu'auparavant. Il se déplace déjà mieux, même si une gêne persiste par habitude, et va s'emparer d'assiettes et de couverts dans le vaisselier. Il les dépose sur la table, s'empresse de découper deux beaux morceaux de tarte qu'il leur sert et s'installe à nouveau dans son fauteuil. « Parle moi de tes voyages, mon ami. » lui demande t-il en souriant avec bienveillance. « Les villes que tu as visitées, les plats que tu as mangés, les gens que tu as rencontrés. Tes récits me manquent en ton absence. » Peut-être ont-ils découvert des paysages dont ils peuvent débattre ensemble, se moquer de gens qui le méritent ou simplement imaginer ce à quoi cela pourrait ressembler. Oublier juste le temps d'un instant qu'autour d'eux, le monde brûle et que leurs chemins se sépareront bientôt pour de nombreuses lunes.

Fin de lune 1. Ejo était loin de se douter des mauvaises pensées qui assaillaient son ami présentement. Tout ce qu'il voulait c'était que ce dernier aille mieux que cela soit physiquement et moralement. Il était beaucoup plus difficile de guérir d'une blessure du cœur que sur sa peau. Néanmoins, le Zora était capable de guérir un peu les blessés et c'était tout à fait naturel pour lui d'utiliser son don pour soulager Talirian malgré les protestations de celui-ci. Il avait aussi tenu à rappeler à son ami qu'il pouvait toujours compter sur lui, chose que le noble avait tendance à oublier parfois afin surement de ne pas inquiéter le plus jeune. Satisfait de la promesse du Zora, et maintenant que ce dernier avait une plaie bien plus jolie il était temps de déguster ce thé et cette tarte aux pommes qu'Ejo avait faites avec tout son amour.

- Hum...je sais pas trop vu l'état dans lequel c'était...Oublie pas que tu dois le changer régulièrement hein ?

Rappela-t-il avec un sourire chaleureux. Ce n'était pas dit sur le ton de la réprimande, simplement un conseil d'ami avec un soupçon d'inquiétude sur la capacité de Talirian de prendre soin de lui. Si Ejo n'était pas rentré à Lanelle, qui sait si le plus âgé n'aurait pas fini avec une seule jambe ? Pas vraiment très pratique pour se déplacer. Et une fois dans l’eau, est-ce qu’il n’y avait plus qu’une seule nageoire ?

- Olala Hyrule est si grand, si vert...Mais ça manque d'eau quand même ! Heureusement les habitants là-bas sont très gentils, je me suis fait un tas d'amis d'ailleurs. Ils sont tous très fort ! J'espère un jour pouvoir te les présenter !

Commença-t-il à raconter avant de prendre une bouchée de la tarte aux pommes. Elle était vraiment délicieuse, et Ejo était plutôt fier de lui. Il ne savait pas vraiment par où commencer, le Zora n’avait jamais vraiment été très ordonné dans ses idées.

- J'ai visité pleins de petits villages, Portua qui se trouve près de l'océan...Par Jabu je n'avais jamais vu un tel spectacle, de l'eau à perte de vue comme ça ! Puis bien évidemment la citadelle mais c'était un peu tristounet je suis arrivé peu après la mort du roi...

Le peuple n'avait pas vraiment eu le cœur à rire à ce moment-là et Ejo avait dû attendre quelques jours pour que la capitale retrouve un peu d'animation et de couleurs. Il n’avait pas pu cela dit leur en vouloir, après tout il avait lui aussi perdu un suzerain lors d’une bataille. Il avait même eu une prière pour la princesse Zelda dont il avait seulement entendu parler. Mais la pauvre venait de perdre son père et ça aussi le Zora savait ce que cela faisait.

- J'ai trouvé un travail de marchand, qui me permet de gagner des rubis tout en voyageant ! C'est chouette non ? Ah et puis j'ai rencontré aussi un garçon très gentil avec les cheveux tout bouclés comme les tiens quand tu étais plus jeune !

Eardan avait été la première connaissance d'ailleurs de la citadelle. Il lui avait montré les meilleurs tavernes, auberges et autres endroits pour s'amuser.


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Talirian hoche la tête, regrettant presque aussitôt de faire ce genre de promesses. Prendre soin de lui-même n'avait jamais été son fort, puisqu'il faisait tout dans le mauvais sens et qu'il passait son temps à se blesser inutilement, comme la fois où il s'était tordu la cheville parce qu'il avait fait le malin et avait voulu sauter du balcon de l'auberge. Peu importe. Là, il s'agissait de bien nettoyer et de changer le pansement régulièrement. Avec un peu d'effort et de volonté, il y penserait chaque matin. S'il avait eu une gouvernante, elle aurait pu s'en souvenir pour lui, mais il avait toujours fait le choix de se débrouiller seul et assumerait. « J'y penserais, cesse de t'inquiéter pour moi. » conclut il en laissant un soupir de dépit s'échapper de ses lèvres. Il n'a pas le choix, et l'amitié qu'il porte à Ejo est trop profonde pour qu'il rompe son serment tout de suite. En tout cas, celui-ci, car un autre a déjà été brisé malgré eux.

Au moins, le sujet de conversation change et fait sourire Talirian, qui en oublie la douleur de sa jambe. Lui aussi avait vu des étendues vertes et d'autres, plus sèches, comme les Landes sauvages. Il s'était émerveillé de la même façon qu'Ejo, même si avec le temps, certains paysages avaient perdu de leur splendeur. Il en détestait certains pour être tombé dans la boue par maladresse, et d'autres parce qu'il ne pouvait plus y respirer. La magie avait cessé d'exister par endroits, à sa plus grande tristesse. Au moins, aux propos de son jeune ami, le bouclé en retrouve un peu et les souvenirs des plus beaux courts d'eau lui reviennent. « Je ne doute pas que tu te sois fais des amis. C'est facile pour toi. » commente-t-il en souriant enfin, soulagé d'apprendre que malgré les horreurs des dernières lunes, Ejo a su s'amuser et s'ouvrir au monde. Il en avait besoin.

Dégustant une part de tarte, Talirian se laisse emporter dans le récit du Zora, l'air curieux. Ses sourcils se haussent de surprise à chaque détail, révélés par le goût exquis de la tarte aux pommes. Avec des talents pareils, c'est normal qu'Ejo n'ait eu aucun mal à se faire des alliés partout où il est allé. Au fond, Talirian le jalouse un peu de cette innocence, et regrette qu'elle disparaisse un jour. « Il n'y a rien de plus merveilleux que l'océan pour des Zoras comme nous. Si on avait dû naître ailleurs qu'à Lanelle, ça aurait été Portua. » assure-t-il avant de faire la moue. « Oui, l'ambiance devait être moins festive que quand j'y suis allé. » Ces anecdotes lui donnaient envie de repartir en voyage. Retrouver de vieux amis, et pourquoi pas, une ancienne amante. Après tout, maintenant qu'il n'était plus fiancé, s'il ne souhaitait pas suivre la voie des Yigas, il pouvait encore se forger un avenir serein et tranquille.

L'air rêveur, la tarte suspendue au bout des lèvres, il revient à la réalité soudainement car Ejo lui a donné un détail très croustillant. Il repose son morceau, boit une gorgée de thé pour que l'eau bouillante le ramène à la réalité, et se penche légèrement en avant, sourcils froncés. L'excitation dans la voix du jeune homme avait attisé sa curiosité. « Ah oui ? Et lui aussi, je pourrais le rencontrer ? » Il ignore qu'il l'a déjà rencontré, et plus si affinités, mais peu importe, rien ne saurait gâcher sa joie face à un potentiel amour naissant. « Les garçons aux cheveux bouclés sont les meilleurs, crois moi sur parole ! » Il rigole en parlant bien évidemment de lui, même s'il est sûrement le pire qui puisse exister. « Et tu vas retourner là-bas pour le voir ? Ce serait une occasion géniale, de retrouver un ami. » Il insiste sur ce dernier mot pour embêter Ejo et étudier sa réaction. Peut-être que le Zora se fait des idées, mais il n'a pas eu l'occasion de le taquiner depuis trop longtemps, autant en profiter.

Fin de lune 1. Difficile pour Ejo de ne pas s'inquiéter pour les autres et encore plus de ses amis. Il était en effet ce genre de poissons à se faire du mouron pour pas grand-chose comme par exemple la simple petite égratignure ou chute. A force il allait surement finir par avoir pleins de cheveux blanc malgré son jeune âge. En tous les cas, il était impossible pour lui d'ignorer l'état dans lequel se trouvait Talirian même si grâce à son don de guérison, sa blessure avait tout de même meilleure mine. Il sentait toutefois que son ami avait besoin de le faire seul.

- Désolé mais tu es mon ami, je suis obligé de m'inquiéter ! Mais je te fais confiance pour prendre soin de ta blessure

Assura-t-il avec un sourire complice. Le temps était venu de changer de sujet de conversation et Ejo avait effectivement beaucoup de choses à dire depuis son départ de Lanelle. Beaucoup de nouveautés dans sa vie d'ailleurs car le Zora n'avait jamais quitté la région depuis sa naissance. Alors certes, il y avait parfois des étrangers qui venait visiter le domaine Zora mais c'était une minorité finalement. Aussi, le musicien avait-il pu rencontrer différentes races, différentes personnes. Plus ou moins sympathiques.

- Je ne dirai pas que c'est facile disons que c'est plus simple de cataloguer les gens que j'apprécie de cette manière ! Ce n'est pas toujours l'avis de l'autre personne d'ailleurs qui me fera simplement comme une simple gouttelette d'eau dans sa vie

C'était aussi une façon comme un autre de vaincre sa solitude en se pensant entourer. Ejo n'allait pas mentir en disant que son grand-père, sa maison ne lui avait pas manqué lors de son départ pendant des jours. Sur la route il avait toutefois eu la chance de faire la rencontre d'un renardeau qui était ensuite devenue son compagnon de voyage.

- Tu sais qu'à Portua il y a des gens qui ont une maison qui va sur l'eau ? Elle flotte et tout, cela leur permet de voyager sur l'océan puisqu'ils ne peuvent pas nager comme les Zoras ! Je suis même monté dessus !

S'exclama-t-il avec des étoiles pleins les yeux. Il se souvenait parfaitement de la scène comme si elle s'était déroulée hier. Comme promis, il n'avait pas parlé de Kahlan à d'autres personnes.

- Tu es aussi allé à la citadelle ?

Demanda-t-il avec curiosité. C'était évident que oui mais Ejo n'avait pas revu son ami depuis pas mal de temps alors ce dernier ne lui avait pas raconté ce qu'il avait durant son périple. Le Zora n'avait pas fini de raconter le sien et partagea sa rencontre avec Eardan, dont la chevelure lui avait rappelé celle de Talirian autrefois.

- Si tu veux ! Il est très gentil d'ailleurs et il espère devenir chevalier ! Je sais pas pourquoi faut commencer par être écuyer mais bon...

Il haussa les épaules face à cette étrange façon de faire mais chaque région avait ses coutumes après tout.

- Oh je vais être obligé de rentrer de toute façon ! J'ai trouvé un travail en tant que marchand, je suis juste rentré parce que grand-père me manquait et je voulais m'assurer qu'il allait bien ! Mais pourquoi tu as dit "ami" comme ça ? Oui on est amis Eardan et moi !

S'exclama-t-il avec un sourire. C'était évident qu'il allait venir le voir une fois de retour à la citadelle. Après tout, c'était sa première vraie amitié en dehors d'ici.



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Au moins, Ejo n'était pas une gouttelette de poison dans la vie des autres, même si tous ne le considéraient pas comme son ami. En soi, ce n'est pas étonnant que les deux Zoras se soient toujours entendus. Talirian a beau être festif, il passe son temps à répandre la joie autour de lui, et l'aura solaire d'Ejo a toujours été compatible avec la sienne. Le compter parmi ses amis lui fait plaisir, même s'il n'aime pas l'idée de devoir la vie à ses amis.

Terminant une première part de tarte, le bouclé s'en sert une deuxième, affamé. Les pâtisseries d'Ejo sont pires que les plus belles femmes des bordels d'Hyrule. Il suffit d'en goûter une bouchée pour avoir envie de s'en gaver pour l'éternité. D'ailleurs, peu dérangé par son éducation, Tali lèche le bout de ses doigts salis par les morceaux de pomme. Il a toujours eu la flemme d'utiliser des couverts pour manger proprement. Après tout, les plats sont meilleurs quand ils sont dégustés sans artifices. « Une maison sur l'eau ? » Il avale sa bouchée de pâte, les yeux grand ouvert. Il aurait dû passer par là-bas, il le savait ! Il aurait pu y acheter une propriété et s'y poser dès que possible, il aurait été le plus heureux des hommes, libre de nager quand bon lui semble. « J'y crois pas ! Une maison-bateau qui flotte ? Mais comment une maison peut flotter si elle n'est pas soutenue par des milliers de Zoras ? Avec toute cette pierre... » Déjà, le noble est reparti dans ses profondes pensées, imaginant tant bien que mal comment on peut faire flotter une maison sur de l'eau. Malheureusement, ses compétences en architecture sont loin d'être les plus innées.

« Oh, oui, il y a longtemps. Mais je déteste la citadelle. » Les murs qui s'étendent jusqu'au dessus des maisons, les douves, les gardes, tout lui rappelle sans cesse qu'il aurait pu être comme eux, arme à la main, prêt à défendre leur Reine à tout prix. Lui, Talirian, n'aurait rien pu faire que de sourire aux étrangers. Il y avait bien des souvenirs positifs dans cette cité, mais aucun ne serait assez sain pour l'oreille de son ami, alors il se tut, l'esprit aussitôt détourné par l'étrange rencontre du jeune homme. « Va savoir. On te demande de te battre sur un pied si c'est possible. Comme si ça suffisait ! Enfin, quand même, un chevalier ! A quoi il ressemble ?  Il est beau et grand ? Assez fort pour être en sécurité dans ses bras ? » Le barde ne mâchait jamais ses mots. Pourtant, par politesse, il ravala le reste de ses questions et préféra engloutir le reste de son goûter pour laisser le loisir à Ejo de parler encore de ses découvertes. Pourtant, quelques secondes plus tard, il avale de travers et manque de s'étouffer avec sa part de tarte, devenant tout rouge. Talirian pose sa part sur le bord de la table et boit une grande gorgée de thé, s'efforçant à sourire en se disant que par chance, ses joues rouges seront interprétées comme la conséquence de l'étouffement.

« Donc, tu vas être marchand... » C'est une information qui intéresse Talirian, qui ne peut pas être plus fier d'Ejo en ce moment-là. Et quand le Zora lui demande pourquoi il s'imagine tout ça, Tali se met à rigoler d'un air amusé. « Je sais pas, c'est en voyant ta tête ! » Il hausse les épaules et se renfonce dans son fauteuil, secouant doucement la jambe pour faire tomber les miettes par terre. « Tu sais, je n'aurais pas la chance de tomber amoureux, ni de me marier. Alors, si quelqu'un d'autre peut le vivre pour moi, je suis heureux ! » Mensonge. Son cœur se met à battre plus fort, et il s'en veut de faire remonter de terribles souvenirs à la surface. « Désolé, je ne voulais pas te vexer ni imaginer quoi que ce soit. En tout cas, il a l'air vraiment sympa, j'ai hâte de rencontrer ton nouvel ami. Oh, et j'espère que tu nous referas une tarte, tu as un palais en or ! » le complimente t-il, ayant retrouvé son éternel sourire, maintenant que la douleur physique s'était envolée.

Fin de lune 1. Talirian était aussi stupéfait que le jeune marchand le jour où il avait découvert l'existence de bâtiment capable d'aller sur l'eau et d'y voguer comme un poisson mais tout en restant à la surface. Toutefois, Ejo ne se rappelait pas avoir vu de pierre mais plutôt du bois comme celui des arbres. Il y avait aussi des grands draps qu'on appelait des voiles et qui permettait de faire avancer le bateau avec le souffle du vent. C'était ce dont il se souvenait des explications de Kahlan, capitaine pirate. Une rencontre qu'il ne pouvait pas raconter à son ami, car il avait promis de garder le secret sur son identité. Mais pas de parler de son navire - sans toutefois rentrer dans les détails.

- Non il n'y a pas de pierre tout est fait en bois comme une cabane...D'ailleurs c'est rigolo car l'endroit où dort le capitaine s'appelle une cabine ! Je crois que le reste dort dans le bateau mais je suis pas sûr j'ai pas vraiment visiter leur maison...Ca ne se fait pas !

Ejo était surtout resté sur le pont à écouter sa nouvelle amie et comment fonctionnait un bateau. Autant dire qu'il en était ressorti émerveiller mais aussi avec des tonnes de questions pleins la tête.

- Ah bon pourquoi ? ...Oh oui..je comprends

Il avait oublié que c'était là-bas que l'ancienne fiancée de Talirian avait perdu la vie. Une perte horrible à laquelle Ejo pouvait compatir car lui aussi avait perdu quelqu'un de proche ; son père mais aussi sa meilleure amie. Même si le musicien gardait espoir qu'elle était toujours en vie, Mysa lui manquait affreusement. Ils avaient toujours été ensemble alors c'était étrange de ne plus voir son beau sourire soudainement.

- Il est un peu plus grand que moi ! Fort surement ! J'imagine qu'on doit se sentir en sécurité dans ses bras vu que son souhait est de protéger Hyrule non ?

Le Zora n'avait pas compris le sous-entendu de son ami, bien loin de se douter que ce dernier avait des idées pas du tout innocente à l'esprit. Celui d'Ejo était toutefois bien trop pur pour les comprendre. Les questions de Talirian lui apparaissaient donc surtout étrange car logique et il ne pensait pas que son ami était devenu stupide depuis la dernière fois qu'ils s'étaient parlés.

- Ça va ??

S'inquiéta-t-il en voyant son interlocuteur s'étouffer avec la tarte aux pommes. Heureusement plus de peur que de mal car après avoir bu un peu de thé, le visage de son ami commençait à devenir un peu moins rouge.

- Mange doucement, on a tous notre temps ! Mon grand-père dit toujours qu'il faut savoir apprécier la nourriture et prendre son temps sinon on se sent mal après.

Déclara-t-il avec un sourire. Ejo avait toujours vu son papi comme une personne très sage et gentille. C'était après tout lui qui l'avait quasiment élevé car son père avait été trop occupé par son travail de soldat. Le jeune musicien ne connaissait pas sa mère, il n'en avait aucun souvenir non plus.

- Qu'est-ce qu'elle à ma tête ?

Il avait froncé les sourcils, ne sachant pas si son ami était en train de se moquer de lui ou non. Ejo avait écarquiller les yeux lorsque Tali s'était mis à parler de mariage, d'un coup alors que le Zora n'avait pas vraiment l'ambition d'une telle chose. Déjà, il fallait la bonne personne pour cela et tout comme son ami, il n’était encore jamais tomber amoureux.

- Ah c'est pas avec moi que tu seras heureux ! Je suis encore célibataire

Souffla-t-il un peu penaud. Il aurait bien aimé rencontrer l'écaille de sa vie comme dans les livres mais c'était pas encore le cas. Du moins, c'était ce qu'Ejo croyait.

- Et bien si jamais tu passes à la Citadelle n’hésite pas à venir me voir au marché ! Je pourrais te le présenter après !

Proposa-t-il avec un sourire.

- Je suis content que ma tarte te plaise ! Je t'en ferai une autre avant de partir comme ça tu penseras à moi en la mangeant.




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Une maison en bois, oui, ça parait logique. Faire flotter du bois est bien plus évident que de la pierre ou des feuilles. Ce doit être magique, et Talirian espère voir un jour ce genre de choses, bien qu'un odieux pressentiment à ce sujet lui serre le cœur. Seulement, son jugement est obscurci par ses souvenirs douloureux, alors qu'il sait qu'Ejo en a en commun avec lui. Ils connaissaient tous les deux Mysa, qui était leur amie. Le père d'Ejo aussi n'avait pas eu de chance. Des deux, ils ne lanceraient pas une compétition pour savoir qui a perdu le plus de choses, car la douleur est trop présente. Sans Näde, sans Zachary, Tali a perdu quelques flèches à sa boussole, mais il lui en reste.

« Le genre d'ami dont tu as besoin. » commente le bouclé, qui ne peut qu'approuver la nouvelle fréquentation d'Ejo. Avoir des amis hors de Lanelle est une bonne idée et rassure Talirian. Au vu de ce qu'il s'apprête à faire, il est important que son jeune ami ait des personnes sur qui compter et qui sauront le protéger. Des personnes qui seront capables de la tuer, lui, Talirian Delorial, si jamais il devenait trop dangereux après avoir rejoint la pire des régions.

Alors qu'il manque de s'étouffer et de mourir sans aucune élégance, il regrette d'inquiéter le marchand. Il lui sourit en hochant la tête, se sentant aussi stupide que... Que s'il avait fait une gaffe. Il avait évité de peu de créer une catastrophe -pas sa mort, mais d'avouer qu'il connaissait bien le jeune chevalier. « Ton grand-père est un homme de sagesse. Et moi, je suis un homme d'estomac. » Certes, ça ne justifie pas le fait d'oublier de mâcher. Maintenant, il faisait attention de ne pas s'étouffer vraiment et prenait soin de déguster chaque bouchée. Leur conversation était si légère, si normale, que Talirian se sentit presque mal de devoir faire des promesses qu'il ne saurait tenir. Ce n'est certainement pas vers le Nord qu'il allait voyager prochainement, mais plutôt vers l'Ouest, et ils ne pourraient pas être plus éloignés que lorsqu'il aurait rejoint la contrée où sa fiancée avait établi tous ses plans. D'ailleurs, peut-être qu'il serait devenu un Yiga bien plus tôt, s'il l'avait finalement épousé.

« Évidemment que je passerais ! Moi aussi, j'ai besoin de nouveaux amis. Et les amis de mes amis, sont des amis. » Ils ne pourraient jamais remplacer ses meilleurs amis, mais il s'en contenterait. Ejo lui pardonnera si en plus de venger Elizée, il parvient à retrouver ceux qui leur manquent tant. « Tu sais... » Il finit son temps avant de jeter un œil autour de lui, l'air gêné du mensonge qu'il va prononcer. « Je pense qu'après tout ce qu'il s'est passé, je vais devoir songer à véritablement me marier. » En soit, oui, ça lui avait traversé l'esprit. Rester à Prokis et vivre une vraie vie de noble était ce que sa famille attendait de lui. « Donc si tu l'acceptes, je pourrais te rendre visite avec elle, et nous ferons une grande fête ! » Il lève sa tasse comme il lèverait une pinte et se met à rire, plus sincèrement que depuis ces dernières lunes. « Comme ça, tu pourras me préparer autant de tartes que mon estomac pourra en avaler. » commente t-il, triste que cette vision ne puisse jamais se réaliser.

Fin de lune 1. Ejo avait besoin de tous ses amis, sans eux il ne serait pas aussi heureux. La solitude, ce n'était pas vraiment son truc. D'ailleurs c'était une des raisons pour laquelle lorsqu'il avait quitté Lanelle ça avait été difficile pour lui. Errer seul dans la nature n'était pas évident pour un jeune Zora qui n'avait jamais quitté sa maison. Mais on ne pouvait cependant pas lui enlever son courage. Puis Ejo avait rencontré ensuite un renardeau qui était devenu son meilleur ami à poil. Il aurait bien aimé que Tali le rencontre mais par sécurité, Ejo avait préféré le confier à son patron durant son absence. Les routes n'étaient pas sur et le musicien n'avait pas envie que Dixie soit blessé.

- J'ai aussi besoin de toi tu sais

Déclara-t-il avec un sourire. Il ne fallait pas que Tali s'imagine qu'il allait être mis de côté par rapport à Eardan. Le jeune Zora n'était pas du tout comme ça et il faisait de son mieux pour mettre tous ses amis à égalité dans son coeur. Sauf Mysa, car cette dernière avait une place à part bien plus importante. C'était pour cette raison qu'Ejo faisait toujours tout de son mieux, notamment dans la préparation de plat. Il savait que son ami aimait bien manger même si pour autant ce dernier devrait faire attention. La crise de toux passé, le Zora s'était mis à rire face aux paroles de Tali.

- Tu devrais quand même faire attention !

Ejo avait déjà perdu ses parents, sa meilleure amie, il ne voulait pas en plus rajouter un ami sur la liste. Ce dernier avait échappé de justesse à la mort lors du Millénaire de l'unification. Une fête dont le Zora n'avait pas été présent mais avait beaucoup entendu parler. Hyrule y avait perdu son roi.

- Ca c'est vrai ! Du coup tu as pas mal de nouveaux amis depuis qu’on ne s’est pas vu !

S'exclama-t-il avec enthousiasme. Le pauvre Tali devra faire un long séjour si jamais Ejo comptait lui faire rencontrer tous ses nouveaux amis et surtout connaissances.

- Oh. Déjà ? Mais avec qui ?

Ejo était assez curieux de savoir qui pourrait être sa nouvelle épouse et en même temps un peu surpris étant donné que son ami venait de perdre son ex-fiancée. C'était peut-être aussi une manière de tourner la page. Le musicien avait tendance à oublier que son interlocuteur venait d'une famille noble et que par conséquent il avait certains devoir à accomplir. Lui n'était qu’un simple roturier, fils de soldat. Aucune obligation et d'ailleurs son grand-père n'avait jamais mentionné le mot mariage ou même petite amie dans une conversation.

- Tu pourras venir avec qui tu veux ! Je serai toujours content de te faire déguster ma tarte

Il n'était pas le genre de Zora à refuser des visites et surtout passer du temps avec ses proches.

C'est touchant d'entendre le Zora lui dire que lui aussi est un ami sur lequel il a besoin de compter. Tali ne le contredis pas, touché que le temps et la distance ne les ai pas poussés à s'oublier. « Je fais attention. J'en ai juste assez de rester cloîtré ici, après des lunes de voyage. » prétend-il. « Pas grand monde à te faire rencontrer, je le crains. Toutes ces personnes ne sont que des connaissances, pas vraiment des amis. » Même si certains avaient laissé une marque plus profonde dans son cœur que d'autres. Il espérait qu'ils s'échangeraient des lettres et se reverraient. « Personne ne vous égalera, toi, Näde, Zach ou Joda. » dit tristement Tali, qui n'avait pas de nouvelles des trois autres. Il pourrait se faire mille amis qu'ils ne seraient jamais aussi bien que ces drôles d'énergumènes dont il s'est toujours entouré. Quelques autres personnes l'avaient fait vibrer d'une autre manière, mais il avait fait le deuil de leur relation. On rencontre des gens, on grandit avec, puis on s'en détache et on continue de vivre sa vie sans eux.

Talirian hausse les épaules et se met à rire, comme si la situation était comique et non dramatique. Maintenant que Ejo lui avait remis la jambe d'aplomb, il pouvait à nouveau courir vers sa destinée ! Et si celle-ci impliquait un mariage, il ne ferait pas tarder les choses, de peur que la situation ne s'envenime à nouveau. « Je ne sais pas, Ejo. Mais je trouverais. Mes parents m'ont éduqué pour le mariage. » Dix ans qu'il repoussait ce terrible moment, et qu'il les décevait. En fait, il les décevait depuis sa naissance, avec sa personnalité enfantine et son besoin constant de s'amuser. Quelle femme noble voudrait elle d'un homme comme lui ? On lui avait toujours fait croire qu'il n'attirerait que de jeunes filles ou des femmes désespérées, prêtes à lui arracher jusqu'à la dernière écaille. Il avait ri, longtemps, mais avait cessé de se moquer le jour où Eli avait quitté ce monde dans ses bras.

Cette fois, le sourire du Zora fut réel, et sincère. Il les voyait autour d'une grande table et de leurs amis respectifs, à rire et parler de tout, à débattre de la meilleure ville en Hyrule et à déguster un buffet entier de tartes et de pâtisseries. Alors, avant de tomber dans la nostalgie de ces instants qu'il ne vivrait jamais, Talirian finit par hocher doucement la tête en soupirant. « Tu sais, ça me fait vraiment plaisir de passer du temps avec toi, cela fait longtemps que je n'avais pas eu une conversation aussi normale. » Sûrement parce que la douleur s'était estompée, éclaircissant assez son esprit pour envisager un avenir, loin d'ici, mais un avenir tout de même. « Je devrais me reposer. Et tu as sûrement beaucoup à faire... » Congédier ses amis n'est pas facile, mais le bouclé sent que c'est la bonne décision, s'il ne veut pas changer d'avis sur ses intentions.

Fin de lune 1.Ejo pouvait comprendre que c'était compliqué pour son ami de devoir rester ici alors qu'il avait l'habitude de bouger. Vu l'état de sa blessure il était tout de même préférable que Tali se repose encore quelque temps, le Zora avait déjà réparé les bêtises du plus vieux qui n'avait pas été capable de prendre soin de sa plaie. Ejo était prêt à venir tous les jours s'il le fallait pour vérifier la blessure mais son ami risquerait de mal le prendre. Il souhaitait tout de même faire confiance à son hôte qui à mon avis ne désirerait pas finir avec une jambe en moins. Son ex fiancée ne voudrait pas cela quand bien même Tali pensait mériter ce qui lui arrivait actuellement.

- Oh non je parlais de mes nouveaux amis en fait !

Evidemment, ce n’étaient pas des personnes proches comme Tali ou Mysa. Mais le Zora aimait bien passer du temps avec eux, comme Eardan par exemple. C'était plus simple de voir l'écuyer que le soldat pour manger ou boire un verre. Il avait déjà entendu parler des trois personnes que venait de mentionner son ami mais il ne les avait jamais vraiment connus. C’étaient des nobles et même si ça n'avait jamais dérangé le musicien cette histoire de classe pour se faire des amis, il était tout de même hors catégorie. C'était déjà en soi un miracle qu'il puisse s'amuser avec la fille de la suzeraine depuis son enfance. Il espérait pouvoir continuer de le faire, si cette dernière était toujours en vie.

- Tu as des nouvelles d'eux ? Je sais que Zach est un noble de la citadelle de ce que tu m'as dit.

Nadë, tout le monde la connaissait ici, c'était une jeune femme proche d'Aphera qui allait souvent à la citadelle pour représenter Lanelle. Jodariel, en revanche, il savait simplement que c'était une comédienne mais il ne l'avait jamais vu sur scène. Il faut dire qu'avant la disparition de son père, il avait été occupé entre s'entraîner à l'épée, à pratiquer sa magie et prendre soin de son grand-père.

- Mais toi, tu veux te marier ?

Ejo ne comprenait pas vraiment comment on pouvait être éduquer au mariage. Pour lui, c'était un acte qui devait se faire uniquement par amour et non simplement pour le bon plaisir des parents. Evidemment, il avait conscience que ça existait aussi en politique pour réunir des terres et autres choses. Il était surement encore trop innocent pour comprendre tout cela. Mais le Zora ne souhaitait pas que son ami soit malheureux en se retrouvant dans une vie non choisie. C'était dure la vie de noble finalement.

- Moi aussi ça m'a fait très plaisir de te revoir !

Il espérait que la prochaine fois ça ne serait pas dans une situation aussi délicate et qu'ils pourront faire un concours de nage tiens.

- Oui bien sûr je vais te laisser te reposer. De mon côté, je dois aller saluer mon père et d'autres personnes. Si tu as besoin de quoique ce soit n’hésites pas !

Déclara-t-il avec un sourire avant de se lever pour embarquer le service à thé et le poser dans la cuisine. Il lui semblait que Tali avait une servante pour laver la vaisselle. Le Zora revint ensuite dans le salon.

- Je te laisses le reste de la tarte si jamais tu as d'autres invités !

Il s'approcha ensuite de son ami pour le serrer dans ses bras et lui déposer un bisou sur la joue.

- Prend soin de toi et fais attention à ta jambe hein ?

Rajouta-t-il d'un ton sérieux avant de prendre son panier puis de se diriger vers la sortie accompagné par Tali. Il salua ce dernier une dernière fois et partie enfin de la maison pour se diriger vers le cimetière où était enterré son père. Il avait un tas de choses à lui raconter depuis son départ.

Quand Ejo demande des nouvelles des amis de Talirian, ce dernier hausse les épaules, le coeur amer. C'est étrange, mais il sent qu'il a envie de pleurer et il pense que c'est le fait de ne plus ressentir de douleur intense à sa jambe qui le met dans un tel état. « Ils me manquent. » le silence qui s'ensuit est révélateur du vide dans le cœur du Zora. « Je ne connais pas de personnes plus douces et plus amusantes qu'eux deux. J'ai toujours pensé qu'on ferait notre vie ensemble, tous les trois côte à côte. Même quand Zach aurait à sa tête un Royaume, même quand Näde aureait le merveilleux mariage qu'elle mérite. » Il n'avait jamais songé une seule fois à ce à quoi ressemblerait leur vie si l'un d'eux venait à mourir en premier. Dans son cœur, ils étaient éternels. Éternels jusqu'à ce qu'il les abandonne pour ses propres raisons. Mais au moins, ils prendront soin l'un de l'autre, ça, il n'en doute pas une seule seconde.

Talirian sourit à son ami, presque triste de ne pas savoir quoi répondre à cette question. Il ne s'imagine pas enfermé dans un mariage, non, où il ne devrait partager sa vie qu'avec cette seule et unique personne. Il ne voudrait même pas avoir d'enfants, et encore moins être obligé de montrer l'exemple et de tenir une famille lors d'un repas important. Il ne serait pas heureux dans ces conditions. « Je veux me marier avec une femme qui me laissera autant de libertés que je lui en laisserais. » Il la laisserait prendre un amant sans aucune jalousie. En fait, il lui faudrait que cette femme soit une amie, qui partage ses rires et ses folies. Autrement dit, pas sûr qu'il trouve cette femme dans la noblesse Zora.

Leur rencontre touchait à sa fin. Poussant un soupir de soulagement, la présence d'Ejo avait fait beaucoup de bien à son moral. Elle avait aussi décuplé son envie de faire quelque chose de fou pour marquer sa propre histoire. Il ressentait l'envie furieuse de découvrir qui il est réellement, et de comprendre tout ce dont il est capable. « J n'hésiterais pas. Je sonnerais à ta porte si j'en ressens le besoin. Tu es l'un de mes plus proches amis, après tout. » C'est vrai, et ça ne coûte rien de le lui dire avant que leurs chemins ne se séparent. Le Zora laisse son ami débarrasser la table et quand il revient, il le serre en retour dans ses bras, peut-être plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Cette courte étreinte a l'odeur de la lavande dans un champ ensoleillé. « Je ne pourrais jamais autant te remercier qu'en prenant soin de ma jambe. » Souriant, il l'accompagne à la porte et le laisse repartir, le cœur amer de lui avoir menti.