Dès que le vent soufflera (FB/Talirian)

Dès que le vent soufflera

Une nouvelle journée débutait sur le navire du Black Wind. Zucco prenait la barre avec un grand sourire, avant de laisser sa chère seconde héler les ordres à l'équipage, quand lui se contentait d'en rire. Rebecca faisait office de figure effrayante quand lui arrondissait un peu les angles, un duo parfaitement complémentaire et qui fonctionnait parfaitement bien. La preuve ? Les nombreux trésors trouvés et abordages réussis. Le capitaine était ravi, le soleil était haut dans le ciel, preuve que la chance allait leur sourire, de nouveau. Depuis l'ouverture des frontières, les possibilités s'étaient multipliées, et naturellement, le Narlarys s'était rendu sur ce continent dont il ignorait tout afin de glaner des informations utiles au Roi des Pirates. Et dérobant au passage, un beau trident Zora. Hé oui, le piaf ne perdait pas le Nord ! C'était une récompense normale à ses yeux, pour l'effort fourni. Et durant ce voyage sur la terre ferme, il avait fait quelques belles rencontres, dont celle d'un Zora, Talirian. Gamin émerveillé et curieux, il n'avait pas hésité à l'inviter sur son bateau dès qu'il le désirait. Bien rapidement cependant, il avait rejoint son bateau, la Mer des Cieux était sa maison, là où il se sentait à sa place, les cheveux au vent. La liberté comme étendard.

Deux lunes s'étaient déroulées depuis son retour du continent et sa rencontre avec le petit poisson - surnom affectueux. Par pur hasard, il mouilla au port de Portua et rencontra de nouveau Talirian qu'il invita à bord. C'était l'occasion pour lui de découvrir la vie ! Alors oui, aujourd'hui, Zucco était parfaitement disposé, tenant le gouvernail, son regard se posa sur son ami. "Alors marin d'eau douce, on se réveille à peine ?" Disait-il dans un sourire énigmatique. Non pas moqueur, non, après tout, il ne connaissait rien de la navigation. Cela lui rappelait avec nostalgie ses propres débuts et son amour naissant pour la piraterie. Le Black Wind, il en connaissait les moindres recoins et le chérissait comme son enfant. Laissant la barre à sa Seconde, il rejoignit le plus jeune en courant et gesticulant dans tous les sens, suivi de près par sa chienne, Verona. "Tu t'es remis de la veille ?" Oh l'alcool avait coulé à flot la veille, entre chansons paillardes, blagues grivoises et jeux. Les pirates savaient faire la fête évidemment ! Ce serait mentir de dire l'inverse, ils avaient une réputation à tenir - bien que pour Zucco, ça allait au-delà, il buvait quasiment tous les jours le bougre. Une façon d'oublier les blessures invisibles du passé, une fragilité que seule sa seconde entrevoyait.

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Black Wind Captain

Moi ? Je suis malhonnête ! Et on sait qu’un homme malhonnête le restera quoi qu’il arrive… Honnêtement, ce sont des hommes honnêtes dont il faut se méfier, parce qu’on peut jamais prévoir à quel moment il feront un truc incroyablement… stupide

Dès que le vent soufflera

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Partir en pleine mer sur un coup de tête, quand on a abandonné il y a à peine quelques mois des fiançailles, quitté l'armée et trouvé aucun autre but à suivre dans sa vie, c'est merveilleux. Talirian avait toujours rêvé de cette liberté dont jouissaient les pirates, et n'avait jamais eu trop de mal à les repérer, surtout parce qu'il avait la fâcheuse tendance à traîner dans leur repère. D'ailleurs, cela faisait quelques jours qu'il était arrivé à Portua, après avoir passé des semaines à errer dans les Landes Sauvages. Ce voyage avait été douloureux, et il avait eu l'impression de mourir à chaque fois que le soleil brûlait sa peau. Aujourd'hui, il en gardait des marques, des coups de soleil et de brûlures qu'il était aussitôt venu apaiser dans une cité où l'eau était omniprésente. Pourtant, au fond de lui, cette destination l'avait réveillé et lui avait donné envie d'y retourner. Cependant, les dangers seraient plus forts que lorsqu'il les avait quittés, alors il devait se préparer. Malheureusement, à l'appel du rhum et des pirates, il n'avait pas pu résister, et s'était adonné à une soirée bien trop arrosée, et le lendemain, c'est Zucco, le Capitaine, qui l'invita à venir sur le bateau dont les planches lui devenaient plus familières à force de les côtoyer.

A l'évocation de la veille, un sourire en coin réveilla le visage du Zora et le tira de ses rêveries. Il lève son nez vers le Capitaine avant de jeter son regard dans l'infini de l'océan. Il se souvient qu'il a trop rudement abusé du rhum, sa nausée et son mal de crâne l'en témoignant. S'il buvait avec parcimonie quand il était à Prokis, c'était loin d'être le cas quand il traînait avec cette troupe de pirates. Mais qu'est-ce qu'il s'amusait ! Il se sentait libre, libre d'oublier tous les soucis du monde. Quand il était encore soldat, il y a quelques lunes à peine, il n'avait pas le droit au moindre écart. Depuis qu'il voyageait, c'en était tout autrement. « Remis ? Évidemment. Je suis presque un pirate, maintenant. » plaisante-t-il en sachant pertinemment que c'est loin d'être le cas. « Je ne sais même pas comment je me suis retrouvé chez ces deux... Hyliens. » Il n'est même plus sûr de quel race ils étaient, ni comment ils avaient réussi à le convaincre de rentrer avec eux. Sûrement parce qu'il avait terriblement besoin d'oublier les mèches rousses qu'il voyait danser toute la nuit. Enfin, ce qu'il imaginait, puisqu'il n'avait croisé aucune rousse de la soirée.

« Il va me falloir encore quelques pintes de rhum pour tenir aussi bien que toi. T'as l'air aussi frais qu'un gardon. » marmonne-t-il en plissant les yeux vers le soleil. Il donne un coup qui se veut amical sur l'épaule de Zucco, mais rit comme un imbécile en se rendant compte qu'il a frappé plus fort qu'il ne l'aurait dû. Heureusement que l'équilibre du pirate était bien plus développé que celui du Zora. « La mer est comment aujourd'hui ? Je crois que je vais passer ma journée à jeter le contenu de mon estomac aux poissons. » Il s'appuie sur la rambarde pour regarder la mer d'un côté, et le large avec le port de l'autre. A la moindre secousse, il lui faudra s'accrocher pour ne pas passer par dessus le bastingage.

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@Talirian Delorial An 999, lune 5

Pour rien au monde Zucco ne changerait de vie. L'existence de pirate lui offrait une liberté sans pareille, alors évidemment, il ne pouvait que comprendre la volonté du Zora de prendre le large. Il ne l'avait d'ailleurs pas questionné sur ses motivations, se doutant bien qu'il cherchait à fuir une famille trop présente, ou une dulcinée trompée. Enfin, cela ne l'intéressait guère, il savait reconnaître les malveillants des bienveillants et ce petit poisson ne représentait aucune menace. Auquel cas il ne l'aurait pas invité sur son navire pardi ! Lors de leur première rencontre, il s'était souvenu de cela - à défaut du reste tant la soirée avait été arrosée. Comme la veille finalement où Tali avait fait profiter à l'équipage ses talents musicaux. Une énième fête qui se prolongea jusqu'au bout de la nuit, le capitaine n'était jamais bien loin d'ailleurs, jusqu'à ce que le sommeil - ou Rebecca, il ne saurait dire, le prenne.

Observant la mine fatiguée de l'invité, il esquissa un fin sourire amusé, le pauvre petit semblait avoir quelques difficultés à se remettre des excès de la veille. Il n'allait pas lui en tenir rigueur après tout, les pirates étaient connus pour boire à outrance, surtout sur le Black Wind. Le navire regorgeait de rhum, la calle en était remplie. Le Narlarys redoublait d'efforts pour ne jamais en manquer. Chaque halte était l'occasion rêvée pour remplir son stock encore et encore. Au grand dam de sa Seconde. Un rire franc traversa les lèvres du joyeux luron, rejoint par sa chienne. "Presque pirate ouais ! T'as encore du chemin à faire." Disait-il avec un air de défi, réhaussant son chapeau. "L'important n'est pas de savoir comment mais pourquoi." Il prenait la casquette du faux professeur, avant de poser ses avant-bras sur le bord du bateau dont il connaissait les moindres recoins. Il fut surpris par la force utilisée par son ami face à ce malheureux coup d'épaule. "Alors, on essaye de se la jouer bagarreur ? T'iras pas loin j'te le dis." Talirian avait plutôt l'apparence d'un musicien que d'un guerrier. Carrure fine, traits tout aussi longs, il était bien plus délicat que l'était le piaf.

Pouffant de rire, il aperçut sa chienne renifler les pieds du Zora. "Verona, laisse-le tranquille." L'animal s'exécuta avec un air de déception d'ailleurs, comme si elle avait senti l'odeur de la nourriture, tant convoitée. "J'ai de la bouteille petit, c'est le cas de le dire." Il ne comptait plus les années où il sillonnait les mers, que ce soit en tant que simple matelot ou capitaine. "Nous les pirates, on a de l'entraînement. Oh d'ailleurs ! J'ai trouvé ça en allant sur le continent." Il se mettait à courir les bras en haut, d'une manière un peu ridicule et se saisir de son trident Zora qu'il montra fièrement. Il manqua de peu de couper la tête de l'un de ses matelots passant par-là. "ça doit te parler, non ?"

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Il lève les yeux sur le Capitaine, toujours cet air amusé planté sur le visage. « Hum. Les deux sont liés, tu ne peux pas te demander comment sans t'être demandé pourquoi avant. Et se demander pourquoi juste pour savoir pourquoi, c'est ridicule. Autant demander à un Hylien de savoir comment il te charme et pourquoi ce ne serait pas à toi de le charmer. Non, moi je suis intimement persuadé que si je cherche le comment, alors le pourquoi en découlera. Ou l'inverse. » En se rendant compte du non sens de son monologue qui aurait pu tout aussi bien être un "tu sais, moi, je pense qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise situation...", Talirian se tait, et cligne plusieurs fois des paupières. Bon sang, il a dû avaler une certaine dose du liquide ambré des pirates pour en arriver au stade où il ne comprend même plus ce qu'il dit.

Alors, quand Zucco le charrie sur son physique de crevette, Talirian pousse un long soupir. « Te moque pas, je sais me battre. » Il n'en dit pas plus, parce que la tête lui tourne encore et que parler de son passé de soldat n'est pas dans ses habitudes. Il le fuit pour une bonne raison. Une chance qu'il sache nouer les lacets de sa chemise jusqu'à ses clavicules, pour cacher ses muscles bien présents. Lentement, pour éviter de vomir, il penche la tête vers la chienne de Zucco qui vient encore le renifler. Ce doit être rare d'avoir des poissons sur un bateau de pirate autre que dans l'assiette. « Oh t'en fais pas. Elle me mangera à peine le mollet qu'elle me recrachera. J'empeste la mer et la sueur, aucune chance que ma chair soit juteuse et tendre aujourd'hui. » plaisante t-il, même si son âme de Zora le fait frissonner jusqu'à la moelle. Il jette ensuite un œil à Zucco, le jugeant beaucoup trop en forme pour avoir vraiment bu. Cet homme carbure d'une étrange façon, et Tali l'admire de savoir encore placer un pied devant l'autre sans trébucher. Il l'observe et se rapproche, intrigué parce qu'il veut lui montrer.

Pour éviter que Zucco ne fasse une catastrophe en tranchant la tête d'un de ses matelots, et puisque Talirian ne sait pas résister à la curiosité, il s'empare du Trident à deux mains, d'un air émerveillé. Il est d'abord un peu déséquilibré tant l'arme est grande et lourde, mais il se recule et exécute de simples mouvements de bataille dans le vide, pour prolonger le plaisir d'avoir une arme de son peuple entre les mains. Gracieux, même s'il est encore ivre de la veille, il parvient à maîtriser le Trident aussi facilement que s'il l'avait toujours eu. C'était plus facile qu'avec une hache et plus naturel qu'avec des dagues, pensa t-il en s'arrêtant pour venir caresser le manche du bout des doigts. C'était magnifique, et cela lui rappela son peuple qui commençait sérieusement à lui manquer. Dans un souffle, il releva le menton pour observer le pirate et plissa les yeux quelques secondes, en silence.

« Comment tu as pu trouver ça sur le continent ? » Le Zora était quelque peu décontenancé, avant de se rappeler qu'il n'était pas sur un bateau de marins innocents. Il secoua la tête puis la tendit pour la fourrer à nouveau dans les bras de son nouvel ami, avant de s'arrêter à mi-chemin, comme si son corps refusait de s'en séparer. « Tu vas en faire quoi ? » Talirian pince les lèvres, regrettant de poser autant de questions et de montrer son intérêt pour quelque chose qui ne lui appartient pas. Zucco le lui a montré parce qu'il en est fier, c'est un trophée qu'il doit lui rendre. Brusquement, Talirian la lui remet entre les mains et recule, immédiatement soulagé de son poids. « Tu pourrais en tirer un bon prix et t'acheter tout le rhum que tu veux avec ça ! Mais ne tue pas les Zoras avec, ce serait trop humiliant. » En s'imaginant transpercé par une lame de son propre peuple, le bouclé a une soudaine envie de vomir -à moins que ce ne soit le mal de mer qui le prenne. Il se retourne et s'enfuit à nouveau vers les rambardes, vomissant par dessus le bord, la tête lui tournant drôlement pour quelqu'un qui n'avait plus bu une goutte d'alcool depuis plus de quatre heures.

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@Talirian Delorial An 999, lune 5

Il se tourna vers le Zora avec intérêt mais qui se mua en moue d'incompréhension face à sa trop longue tirade, probablement que celle-ci l'avait perdu et voilà que son regard se perdait sur l'immensité de la mer. Il remarqua un oiseau voler, des nuages en forme de cochon, de quoi ? Zucco arqua un sourcil en reposant son attention sur lui, tâchant de reprendre le fil, en vain. "Tu m'excuseras mais j'ai pas trop écouté c'que t'as dis. Les Zora savent pas faire court quand ils expliquent un truc ?" Plaisanta-t-il en venant lui tapoter gentiment l'épaule, visiblement le pauvre bougre ne comprenait rien à ce qu'il venait de dire aussi. "T'as sacrément dû picoler hier hein ?" Ajouta-t-il dans un sourire carnassier dévoilant quelques fausses dents en or qui brillaient au soleil.

Le capitaine arque un sourcil à ses mots, il savait se battre, soit. L'apparence ne faisait pas le moine finalement, à bien des égards, les plus redoutables guerriers se cachaient souvent derrière des physiques tout à fait banals. Mais c'était sans compter sur l'arrivée de son chien qui venait renifler la jambe du jeune homme. Chassant gentiment l'animal bien trop curieux, il éclata de rire à ses dires. "Détrompe toi, Verona est une vraie gloutonne, elle est même capable de bouffer des excréments, ce qui l'a rendu malade." Et la pauvre en était tombée malade d'ailleurs, une tare que Zucco avait dû gérer. Désormais, il faisait attention à ce qu'elle mangeait. Ah ce que les chiens pouvaient être stupides parfois. Pourtant, la brave bête était nourrie correctement - pas obèse ni maigre, son poids était parfait.

Enfin, ce sujet clos, il présenta sans attendre son trophée avec une certaine fierté. Ce trident Zora dérobé sur le continent faisait son bonheur. S'il continuait encore d'apprendre à le manier, il fut surpris de constater que son passager s'en sortait, après tout, cette arme venait de chez lui, c'était sûrement inné. Finalement, il savait vraiment se battre le p'tiot. Sourire en coin, il haussa les épaules, disant avec une innocence ironique. "Je l'ai trouvé par terre à Lanelle." Récupérant l'arme, il la fit tournoyer agilement avant de la reposer contre le mur de bois, là où était sa place. "Hé bien je compte la garder et en faire mon arme fétiche. Un cap'taine avec un trident Zora, c'est pas tous les jours qu'on en voit un, non ?" Il posa ses opales sur son ami. "Et puis ça me permet de me souvenir de ce que j'ai vu là-bas. Le continent n'a rien à voir avec ce que j'ai toujours connu. Et t'en fais pas, je tuerais pas des poissons avec, je n'tue personne gratuitement." Même s'il était un pirate, il avait une ligne de conduite, n'usant de la violence qu'en cas d'urgence.

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Après un long soupir, le Zora secoue la tête d'un air complètement désespéré. Zucco avait autant de filtres que lui, par moments. Et un vocabulaire grossier, en plus d'être terriblement malpoli. Pourtant, Tali ne lui en voulait pas d'avoir été élevé de la sorte. La vie de pirate, ça vous forge tout un caractère. A croire que quelques neurones sont partis en mer parce que le Zora était persuadé que ce qu'il venait de raconter avait du sens. « C'était court, tu l'as dis toi-même, c'est parce que t'as pas écouté. Et puis en vrai, j'ai pas pris plus d'alcool que d'habitude. Trois verres au moins. » Dis comme ça, oui, ça parait beaucoup. Pourtant, l'air marin lui donnait l'impression d'être relativement frais, et d'avoir l'esprit très clair. Au moins autant que quand il a bu un verre.

Après quelques secondes, Talirian papillonna des yeux en observant la chienne. Il eut un léger mouvement de recul tandis qu'une expression de dégoût habillait son doux visage. Oui, là, il était tellement dégoûté qu'il en aurait vomi le déjeuner qu'il n'avait pas avalé. Son âme serait sortie de son corps tellement il aurait vomi, d'ailleurs. « Mais c'est dégoûtant ma parole ! » Il imaginait mal cette adorable bête se mettre à manger des... Bon sang, il n'osait même pas prononcer le mot dans sa tête tant ça le débectait. Heureusement que les chiens ne ressemblent pas tant à leur maître que ça, sinon, le poisson serait déjà à l'eau depuis un bon moment.

Au moins, ils changeaient de sujet. Talirian était complètement épaté par la beauté du trident. S'il avait été mal élevé, il aurait réclamé de partir avec. Certaines personnes estiment que ce qui appartient à leur race leur appartient. Heureusement, Talirian n'est pas de ce bord-là. Le Piaf peut bien garder un trident de Zora s'il le souhaite, il ne le blâmera pas. Il est cependant reconnaissant que son nouvel ami le lui ait montré, car il venait d'égayer sa journée. « C'est tout ? » Il s'était attendu à une aventure bien plus palpitante. Les matelots, échoués sur une île, se seraient retrouvés à se battre contre un kraken qui gardait tout un tas de beaux bijoux et objets. Terrifiés, ils l'auraient terrassé de cet arme avant de s'enfuir avec l'objet de leur survie. Oui, il allait voir les choses de cette façon pour ne pas être déçu par la non-fiction de Zucco.

« Ce serait tellement cool, ouais. » Le bouclé ne peut pas nier qu'il aurait la classe, avec son trident. Trident dans une main, tête haute, fier de lui. Oui, l'image lui plaisait assez. Plongeant son regard dans le sien pour songer son âme et s'assurer qu'il ne mentait pas, le Zora hocha la tête, satisfait. « Prends en soin, s'il te plait. Que tu penses aux miens quand tu t'en serviras. Les Zoras te seront reconnaissants de traiter ce trident comme ton bien le plus précieux, cher Capitaine. » Le sourire de Talirian s'était fait plus grand, puis il observa l'océan avant de fermer les yeux lentement. La vie de pirate lui plaisait, il s'y habituait même si son corps lui montrait le contraire. Quand il rouvrit les paupières, d'ailleurs, il vit flou quelques instants. « Bon, mon bon Capitaine ! » s'exclame t-il en désignant le lointain du menton. « Tu dois bien avoir une idée sur l'aventure à suivre, non ? Parce que là, j'suis à deux doigts de m'évanouir. » plaisante t-il à moitié. Il avait besoin de sommeil, au moins trois jours consécutifs, ou d'une bonne dose d'adrénaline pour se remettre de sa soirée.

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Zucco avait été bien élevé, il n'était pas destiné à devenir un pirate mais l'est devenu par la force des choses. Mal accepté par sa famille qui ne l'avait toujours que méprisé, la vie en mer lui offrait une liberté qui n'existait nulle part ailleurs. Quitte à en perdre les bonnes manières, ça c'est sûr qu'il ne s'est pas forcément bonifié avec le temps notre bon vieux capitaine. Un rire lui parvint alors que le zora lui avouait n'avoir bu que trois verres au moins. Rien de bien impressionnant pour l'alcoolique qu'il était. Puis, un rire lui parvint à la réaction écœurée du poisson : hé oui, les chiens pouvaient manger n'importe quoi, Verona n'était pas une exception. La pâleur de Tali laissait présager une belle surprise tiens. "Si t'as b'soin de te vider, fais le par dessus bord, sinon tu nettoies !" Dit-il en continuant de rire, jetant un oeil amusé à sa pauvre chienne qui remuait la queue, sans comprendre la teneur de la conversation. Oh si elle savait...

Tandis qu'il faisait tournoyer le trident dans sa main, un sourcil se arquait. "Comment ça c'est tout ? C'est pas assez sensationnel ? Ah les jeunes..." Soupira-t-il en reposant l'arme contre le mur de bois. Quant à en prendre soin, il y comptait bien, après tout, il s'en servirait pour se défendre alors autant qu'elle soit en bon état. "Bien sûr, j'en prendrais soin." Ajouta-t-il en balayant ce sujet d'une main, distraitement, tandis qu'au loin, l'on pouvait entrevoir un ilot visiblement abandonné.

Le sourire du capitaine s'étirait pleinement. "Ton vœu va être exaucé ! On a eu vent qu'un petit trésor se trouvait sur cette ile. C'est petit mais on sera pas trop de deux." Ni une ni deux, les deux protagonistes se retrouvèrent dans une bourque de fortune. Evidemment, c'était Tali qui avait la tâche de pagayer, faut pas déconner non plus, n'est-ce pas ? Sa longue vue en main, Zucco scrutait les environs de l'île, la forêt l'empêchait de distinguer des potentiels dangers, mais qu'importe, ils étaient équipés. Attrapant son trident, le piaf rangea sa longue vue. "Rien à signaler, c'est aussi mort que le cerveau de Verona, mets-y plus d'énergie mon ami !"

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« Je vomirais pas ! » clame t-il sans en être vraiment sûr. Il lui faut quelques secondes à fermer les yeux et à souffler par la bouche pour s'assurer que tout va bien, et que son petit-déjeuner restera dans son estomac. Ce qu'il vit est tellement jouissif qu'il est hors de question de ruiner le voyage pour un pauvre vomi.

Regardant le trident, il hausse un sourcil aux propos de Zucco. « Quand on me parle de pirates, j'imagine que vous devez vous battre face à d'autres pirates pour récupérer votre butin. Tu as encore des deux jambes, aussi. C'est juste... Surprenant. » Talirian fronce les sourcils, essayant d'imaginer en vain comment Zucco pourrait se battre. Il l'a surestimé, on dirait, mais ça ne l'empêche pas de continuer à l'apprécier pour le pirate qu'il est. Et puis, sans mentir, ça l'arrange s'ils ne se mettent pas dans des situations trop difficiles car ça veut dire qu'il aurait plus de chances de rentrer vivant, et entier avec ses cinq membres !

Le choc passé, c'est l'excitation qui s'empare du Zora. Une excitation qui avait laissé place à un air boudeur, typique de Talirian. Il était en train de ramer à grand peine sur une barque qui menaçait de sombrer à chaque seconde. « Qui s'est dit que c'était une bonne idée d'ajouter des rames à une barque ? C'est l'idée la plus saugrenue qui existe. Et c'est terriblement long, on y arrivera jamais. » Une idée lui vient alors, et le Zora se lève sur sa barque, faisant légèrement tanguer de droite à gauche. Ni une, ni deux, il retire les vêtements qu'il porte pour les mettre à ses pieds, poussant un soupir de soulagement. « Franchement, qui a pour idée de laisser un Zora pagayer quand il peut nager ? » La seconde d'après, Talirian se jette à l'eau, prenant sa forme aquatique pour se mettre à pousser la barque, ce qui va nettement plus vite que s'il ramait. Enfin une bonne idée, malgré la gueule de bois ! L'eau est vivifiante, et il sent que sa nausée ne sera qu'un mauvais souvenir.

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